L’évolution des théories du commerce international.

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L’évolution des théories du commerce international

Avec la nouvelle théorie systématisation de 2 nouveaux arguments : rendements d’échelle croissants et différenciation du produit. Intérêt : a permis d’expliquer des éléments importants du CI qui jusque là restaient ignorés par les théories traditionnelles. Deux aspects émergent de ce point de vue : - le commerce intra branche, avec les raffinements sur la différenciation (horizontale et verticale) ; - la persistance des spécialisations avec les « districts industriels » et le développement récent de l’économie géographique. Dans ces deux domaines, c’est Paul Krugman qui a été le premier contributeur (1979 pour la différenciation du produit) et de nombreux approfondissements théoriques et empiriques ont suivi (cf. par ex. la théorie des politiques commerciale et industrielle stratégiques).

Mais les avancées récentes de la théorie du CI se font dans un domaine différent, avec l’étude des firmes exportatrices. La disponibilité de nombreuses bases de données relatives aux firmes a conduit, au milieu des années 1990, à envisager le commerce international sous une nouvelle perspective, celles des firmes exportatrices. Les premiers travaux empiriques portent sur les entreprises américaines ; en séparant la population globale et donc en comparant les firmes exportatrices et non exportatrices il s’agit de déterminer les causes et les conséquences d’une activité d’exportation pour les firmes. Cette démarche a été ensuite étendue à de nombreux autres pays. Le principal résultat empirique, confirmé par toutes les études, est celui de l’existence d’une forte hétérogénéité des firmes : les firmes exportatrices présentent des caractéristiques originales, et ces caractéristiques existent préalablement à l’exportation.

L’étude des données sur les firmes américaines exportatrices présentées par Bernard et al. [2007] permet de mettre en évidence les caractéristiques suivantes : les firmes exportatrices sont relativement rares : dans l’ensemble des secteurs produisant des biens susceptibles d’être échangés internationalement, seules 15 % des firmes sont exportatrices. Une analyse par secteur pour l’année 2002 indique une forte variabilité de ce pourcentage selon les secteurs, les deux extrêmes étant le secteur des ordinateurs et produits électroniques, avec 38 % et celui de l’édition, avec 5 %. Mais si l’on s’intéresse, par secteur, au pourcentage des exportations par rapport à la production, on constate que la part moyenne des exportations est relativement faible : elle n’est que de 14 %, avec des extrêmes de 21 % pour les ordinateurs et de 7 % pour le secteur boissons et tabac. Ces données sont incompatibles avec les enseignements des théories traditionnelles du commerce international : on ne peut identifier l’existence d’avantages comparatifs qui, pour ces théories, sont définis au niveau des biens ;

les firmes exportatrices sont différentes des autres firmes : en comparant les caractéristiques des deux groupes de firmes (exportatrices et non exportatrices), on met en évidence que les premières sont plus grandes, plus productives, versent des salaires plus élevés et que leurs intensités en capital et en travail qualifié sont plus élevées que les secondes. Dans un premier temps, le résultat relatif aux intensités en capital et en travail qualifié semble compatible avec les avantages comparatifs des Etats-Unis : il y aurait simplement un glissement du raisonnement, en passant des secteurs (comme dans la théorie traditionnelle) aux firmes. Mais Bernard et al. [2007] indiquent que des résultats identiques ont été trouvés pour des pays en développement, caractérisés par une abondance relative en travail non qualifié ;

les gains de bien être liés à la libéralisation des échanges ont une nouvelle origine : les travaux menés sur différents pays ont montré que la libéralisation du commerce extérieur a conduit à une modification de la structure de la population des firmes. Les firmes peu productives ont vu leur production diminuer ou sont sorties des marchés, alors que les firmes les plus productives ont crû et sont entrées sur les marchés à l’exportation. La résultante de ces mouvements est un accroissement de la productivité moyenne qui, en raison de l’accroissement de la concurrence des importations, peut entraîner une diminution des prix et à un accroissement des revenus réels. Les orientations récentes de la recherche pour expliquer le commerce international et ses effets proposent des formulations pour rendre compte des données empiriques brièvement évoquées ci-dessus. Les principes généraux de la modélisation sont les suivants :

les modèles reposent sur une approche microéconomique dans laquelle les marchés où sont produits des biens différenciés connaissent des mouvements d’entrée et de sortie des firmes ; les firmes sont hétérogènes, certaines ont une productivité forte, d’autres une productivité faible ; il existe des coûts spécifiques à l’exportation qui rendent cette activité profitable uniquement pour les firmes les plus productives ; si les barrières au commerce international s’abaissent, deux effets vont se produire. D’un côté, chaque exportateur augmente ses exportations (on parle ici de marge intensive) et, de l’autre, de nouvelles firmes peuvent entrer dans les marchés d’exportation (la marge extensive). A partir de ce schéma très général, de nombreuses spécifications particulières ont été développées (voir Bertrand et al. [2007], Chaney [2008], Crozet et Koenig [2010]) qui permettent d’enrichir les nouvelles théories du commerce international et sont compatibles avec les données empiriques sur l’hétérogénéité des firmes.

Les firmes exportatrices : quelques éléments sur le cas français à partir d’une publication des douanes d’octobre Données sur 7042 entreprises exportatrices.