Le Surréalisme Le surréalisme est un mouvement littéraire et artistique né après la Première Guerre mondiale ; ce mouvement succède au dadaïsme. Ce mouvement repose sur le refus de toutes les constructions logiques de l'esprit et sur les valeurs de l'irrationnel, de l'absurde, du rêve, du désir et de la révolte. Le dot Surréalisme a été inventé par le poète Guillaume Apollinaire qui écrivait en 1917: “Quand l’homme a voulu imiter la marche, il a créé la roue qui ne ressemble pas à une jambe. Il a fait du surréalisme sans le savoir.” Max Ernst - L’Ange du foyer ou Le Triomphe du surréalisme (1937)
Le mouvement surréaliste repose, donc, sur la volonté de libérer l'homme des morales qui le contraignent et des académismes qui l'empêchent d'agir, c'est-à-dire qui nuisent à la force créatrice: les surréalistes cherchèrent à libérer l’Homme du rationalisme de la culture bourgeoise occidentale, jugé étouffant et obsolète.
Le surréalisme est souvent caractérisé par son seul usage de l’insolite, ses rapprochements parfois surprenants, par où il cherche à transcender la logique et la pensée ordinaire pour révéler des niveaux de signification plus profonds et des associations inconscientes. Aussi a-t-il contribué à promouvoir les conceptions freudienne et jungienne de l’inconscient.
Définitions 1.mouvement littéraire et artistique défini et théorisé par le poète français André Breton en 1924, qui, s’opposant aux valeurs morales et esthétiques de la civilisation occidentale, affirma la prééminence du rêve et de l’inconscient dans la création. Issu d’une rupture avec le mouvement Dada en 1922, le surréalisme était à l’origine un projet essentiellement littéraire, mais fut rapidement adapté aux arts visuels (la peinture, la sculpture, la photographie, le cinéma). 2. Petit Larousse: “Effort pour dépasser le réel, en puisant dans l’irrationnel et l’imaginaire. Mouvement artistique et littéraire dont le but est d’exprimer la pensée pure en excluant toute logique et toute préoccupation morale et esthétique.” 3. André Breton , fondateur du mouvement, dans le premier Manifeste en 1924 donne la définition de Surréalisme et écrit: “Automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ».
Origines LES PRECURSEURS Ils se retrouvent au XIXe siècle: 1.le « supernaturalisme » de Gérard de Nerval, le poète qui sait se promener dans le monde des reves; 2. le « surnaturalisme » d'Emmanuel Swedenborg et de Charles Baudelaire, le poète qui descend “au fond de l’Inconnu pour trouver du Nouveau”;
3. le défi de la pensée d’ Arthur Rimbaud, le poète “voyant” qui veut « changer la vie » par le “déréglement de tous les sens”; Par sa formule "JE est un autre," Rimbaud préfigurait la conception surréaliste du poète considéré comme "modeste machine d'enregistrement" ; il proclamait que le poète doit se mettre en retrait pour observer le déroulement de ses pensées, permettant à la poésie de se développer par elle-même. À 21ans, Rimbaud considérait l’écriture comme un échec et l'abandonnait en faveur de l'aventure réelle.
Et influences… 1. Le philosophe Karl Marx (« transformer le monde »); 2. les recherches de Sigmund Freud et surtout de son interprétation des rêves (1899) pour sonder l’inconscient de l’homme et découvrir donc l’homme dans sa totalité, la convinction du lien profond unissant le monde réel et le monde sensible des rêves et d'une forme de continuité entre l'état de veille et l'état de sommeil.
L’histoire du mouvement 1.LE DADAISME Le nihilisme de Dada est à la base de la pensée surréaliste. Le “Dadaisme” est un mouvement intellectuel, littéraire et artistique qui, entre 1916 et 1925, se caractérisa par une remise en cause de toutes les conventions et contraintes idéologiques, artistiques et politiques. Le mouvement nait en Suisse en 1916 sous un écrivain roumain, Tristan Tzara, qui rassemble des artistes réfugiés pour échapper la guerre. En 1919, le groupe se rend à Paris et en 1923 il se dissout. Les “Dadaistes” se proposent de faire table rase des valeurs qui appartiennent à la société bourgeoise: dégoutés par la guerre et la bourgeoisie qui a voulu cette guerre longue et absurde, ils veulent effacer tout ce qui appartient au passé, dans un esprit “anarchique”. Ils veulent détruire toutes les valeurs sociales (patrie, armée, religion, famille), morales et littéraires. Ce mouvement a mis en avant l'esprit d'enfance, le jeu avec les convenances et les conventions, le rejet de la raison et de la logique, l'extravagance, la dérision et l'humour. Ses artistes se voulaient irrespectueux, extravagants, affichant un mépris total envers les "vieilleries" du passé comme celles du présent qui perduraient.
“Dada” est un mot trouvé par hasard dans le disctionnaire et signifie “cheval” dans le langage des enfants et “marotte” (= idea fissa) dans le langage figuré. La version la plus courante quant à l'origine du mot est celle du hasard ludique : un dictionnaire ouvert au hasard et un coupe-papier qui tombe sur le mot « dada ». En réaction à l'absurdité et à la tragédie de la Première Guerre mondiale, ils baptisent le mouvement qu'ils viennent de créer en ce nom et aussi en opposition avec tous les mouvements se finissant en -isme.
Dada n'est « ni un dogme, ni une école, mais plutôt une constellation d'individus et de facettes libres », précisait à l'époque Tristan Tzara. Hétéroclite et spontané, Dada s'est aussi imposé comme un mouvement sans véritable chef de file. Tous les dadaïstes étaient présidents.
Le Futurisme Mouvement italien d’avant-garde qui nait en France, à Paris: c’est là que Filippo Tommaso Marinetti (1876-1947) publie en 1909 le Manifeste du Futurisme. Il s’oppose à toute forme de tradition, à tout ce qui se rapporte au passé…le refus est total (contre Dante, Poe, Baudelaire, Verlaine, etc.…après les avoir « beaucoup aimés »); il rejette la tradition esthétique et exalte le monde moderne, en particulier la civilisation urbaine, les machines et la vitesse. Il prône l'amour de la vitesse, de la violence, de la machine, la guerre « comme seule hygiène du monde ». En France, c’est Guillaume Apollinaire qui contribue à la diffusion des idées futuristes; La théorie des « paroles en liberté » fait entrevoir ce que sera « l’écriture automatique » des Surréalistes.
Luigi RUSSOLO, Carlo CARRÀ, F. T Luigi RUSSOLO, Carlo CARRÀ, F. T. MARINETTI, Umberto BOCCIONI, Gino SEVERINI
Le surréalisme est vivant et se porte bien... QUELQUES DATES 1924: publication du premier Manifeste Surréaliste par André Breton et naissance du mouvement. D’autres écrivains suivent le chef de file. Le mouvement surréaliste connut son apogée dans l’entre-deux-guerres. 1929: Breton propose un Second Manifeste. Le groupe a ouvert un bureau de recherches surréalistes et publie une revue. Après 1929, le mouvement se rapproche du Marxisme et Breton, suivi de quelques compagnons, passe de la revolte pure à l’engagement dans le Parti Communiste: “Le Surréalisme au service de la Révolution”; Le communisme attirait de nombreux intellectuels à cette époque et le mouvement flirta brièvement avec Moscou ; mais les Soviétiques exigeaient une complète allégeance et la subordination de l’art aux objectifs de l’Etat. Les surréalistes cherchaient la liberté absolue et visaient à promouvoir une profonde révolution psychologique et spirituelle, non à changer la société sur un simple plan politique et économique. Pendant la deuxième guerre mondiale le groupe se disperse et se reconstitue la guerre terminée toujours autour de Breton; de nombreux membres parisiens cherchèrent refuge à New York, quittant Paris pour rejoindre les existentialistes. A la fin de la guerre en 1945, l’expressionnisme abstrait avait détrôné le surréalisme en tant que mouvement artistique actif le plus important du monde occidental. 1969: Breton continua d’exposer sa vision jusqu’à sa mort en 1966. Trois ans après la mort de Breton, le mouvement se dissout définitivement, mais beaucoup d’autres ont continué jusqu’à aujourd’hui à produire des oeuvres inspirées par le surréalisme. L’influence actuelle du surréalisme ne doit pas être sous-estimée, ni déniée. Le surréalisme est vivant et se porte bien...
Surréalisme : le clan des amis Surréalisme : le clan des amis. Avant d'être un groupe de combat idéologique dont les prises de position avaient toujours valeur d'exemple et jouaient certainement dans les courants d'opinion de leur époque (1920-1939), les surréalistes étaient un groupe d'amis dont la jeunesse justifiait le caractère souvent passionnel, exalté par l'intransigeance qu'elle suppose. Raymond Queneau, Max Ernst une poignée d'amis où se distinguent Max Morise, Paul Eluard, Robert Desnos, André Breton et leurs amies du moment). Tant par la mode, une atmosphère générale que l'attitude des personnages on est bien au coeur des "Années Folles"
1.L’exploration du subconscient Le surréalisme exploite les travaux de Freud et en particulier ce qu’il appelle le “inconscient”: la psychanalyse se met au service de la littérature. La psychanalyse aide à explorer le domaine obscur et inconnu de l’inconscient, du reve et de la folie. L'idée d'une "topique" psychique est présente dans la pensée de Freud dès 1895. Freud élabore un appareil psychique constitué de systèmes doués de fonctions différentes et disposés dans un certain ordre les uns par rapport aux autres. D'après la théorie psychanalytique, l'inconscient est un maillage d'idées, de perceptions, d'émotions constituant le psychisme. Il ne s'agit pas simplement de l'opposition à la notion de conscience mais d'une structure réactive et dynamique. Par exemple, un changement à une des mailles provoqué par une perception peut entraîner des modifications sur une plus grande partie du psychisme. Cette structure fonctionne avec ou sans conscience ce qui peut paraître contradictoire avec son nom.
Le thérapeute - Magritte
Freud introduit une conception tout à fait neuve de l'inconscient Freud introduit une conception tout à fait neuve de l'inconscient. On avait en effet depuis longtemps remarqué que certains phénomènes échappent à la conscience : les phénomènes d'ivresse ou de transe donnaient eux aussi des exemples d'abolition de la conscience. Or, l'inconscient qu'introduit Freud n'est pas simplement ce qui ne relève pas de la conscience. Par inconscient, Freud entend à la fois un certain nombre de données, d'informations, de désirs tenus hors de la conscience, mais il entend aussi l'ensemble des processus qui empêchent certaines données d'arriver à la conscience et permettent aux autres d'y accéder, comme le refoulement, le principe de réalité, le principe de plaisir, la pulsion de mort. Ainsi, Freud pose l'inconscient comme origine de la plupart des phénomènes conscients eux-mêmes.
La seconde topique Les trois instances de l’appareil psychique Dans la seconde topique proposée par Freud, notre comportement est le résultat d’une subtile équation entre trois instances distinctes : Le Ça : présent dès la naissance, il s’agit de manifestations somatiques (agressives, sexuelles ; aspect instinctif et animal). Si le Ça est inaccessible à la conscience, les symptômes de maladie psychique et les rêves permettent d’en avoir un aperçu. Le Ça obéit au principe de plaisir et recherche la satisfaction immédiate, c’est une sorte de marmite où bouillonnent tous nos désirs refoulés, soit nos pulsions de vie et de mort. Le Moi : le Moi est en grande partie conscient, il est le reflet de ce que nous sommes en société, il cherche à éviter les tensions trop fortes du monde extérieur, à éviter les souffrances grâce, notamment, aux mécanismes de défense (refoulement, régression, rationalisation, etc.) se trouvant dans la partie inconsciente de cette instance. Le Moi est l’entité qui rend la vie sociale possible. Il suit le principe de réalité. Le Surmoi : depuis la naissance jusqu'à cinq ans, l’enfant hérite de l’instance parentale, groupale et sociale, il emmagasine quantité de règles de savoir-vivre à respecter. Le Surmoi se développe lorsque le complexe d'Oedipe est résolu. Dans les sociétés judéo-chrétiennes, en intériorisant les règles morales ou sociétales de ses parents et du groupe, l’enfant, puis l'adulte pratiquent le refoulement. En effet, le Surmoi punit le Moi pour ses écarts par le truchement du remords et de la culpabilité. Il apparaît donc, comme un policier interne.
Il y a trois systèmes décrits par Freud dans sa première topique : Le conscient (Cs) : Il est situé à la périphérie de l'appareil psychique, recevant à la fois les informations du monde extérieur et celles provenant de l'intérieur. C'est le lieu d'accès direct des représentations à la conscience et en lui ne s'inscrit aucune trace durable des excitations. Ce système respecte des règles (logique, temporalité...) pour se protéger et garantir sa survie en refoulant tout ce qui pourrait menacer l'adaptation du sujet. Le préconscient (Pcs) : Il est situé entre le système inconscient et conscient. Il est le plus souvent rattaché au conscient et on parle alors de système perception-conscience, Il est séparé de l'inconscient par la censure qui cherche à interdire aux contenus inconscients la voie vers le conscient. L'inconscient (Ics) : C'est le siège des pulsions innées, des désirs et des souvenirs refoulés ; c'est la partie la plus archaïque de l'appareil psychique. Ce système ne comprend que des représentations de choses, il ne peut pas les verbaliser. Ces représentations ne connaissent ni négation ni doute, elles ne respectent ni les règles de la logique, ni de la temporalité ordonnée. Elles sont régies par le principe de plaisir. On peut représenter l'inconscient comme la partie immergée de l'iceberg. La censure : La censure est une instance particulière qui laisse passer uniquement ce qui lui est agréable et retient le reste. Ce qui se trouve alors écarté par la censure se trouve à l'état de refoulement et constitue le refoulé. Dans certains états comme le sommeil, la censure subit un relâchement de sorte que le refoulé puisse surgir dans la conscience sous forme d'un rêve. Mais comme la censure n'est pas totalement supprimée, le rêve devra subir des modifications. En effet le contenu latent (le sens caché du rêve) sera déformé par la censure pour devenir le contenu manifeste (c'est-à-dire le rêve tel qu'il apparaît au rêveur ou, au moins, le souvenir que le rêveur en a).
Freud représente en 1920 une tentative de cartographie de l'appareil psychique: elle comporte trois instances : le ça, le moi et le surmoi.
Freud restera fidèle à sa conception de la théorie première de l'appareil psychique. Il va cependant introduire la seconde topique en 1923. Cette seconde topique se superpose à la précédente et introduit trois nouvelles instances : le ça, le Surmoi et le Moi. Le ça: Il est dans l'inconscient et il est immuable. le Ça est le lieu où éclosent les pulsions, le réservoir à libido ; il est totalement inconscient C'est l'instance la plus primitive. Le ça est le réservoir de la libido, du désir sexuel mais aussi d'autres désirs tels que : le désir de domination, de maîtrise, de jouissance et de savoir. Le "ça" cherche des satisfactions immédiates. Le Surmoi: Il est dans l'inconscient et il est immuable. Il refoule et censure de façon archaïque et infantile. C'est en partie l'intériorisation des désirs parentaux. Il représente la barrière de critique auto-imposée, intériorisée. On peut le décrire comme un agresseur interne puisqu'il retourne la pulsion de mort contre le sujet, mais un agresseur utile car garant des interdits sociaux introjectés par l'individu lui permettant ainsi de vivre en société Le Moi: le Moi est le responsable des mécanismes de défense inconscients Il est en grande partie dans l'inconscient mais il n'est pas entièrement immuable.C’est la personne dans sa globalité, la raison et le narcissisme Le Moi s'efforce d'établir un équilibre entre les interdits et les refoulements du Surmoi, les désirs du ça et les nécessités de l'action sur le monde extérieur et de la vie sociale
2. LA PASSION ET L’AMOUR Le désir, qui est au coeur de la psychanalyse freudienne, est revendiqué à travers les thèmes de l’amour et l’éloge de la femme, dont l’amour irradie sur le monde et tisse des liens étroits entre amour, désir et érotisme. Les pulsions prennent leur source dans une excitation corporelle. Au contraire d'un stimulus, la pulsion ne peut être évitée ou fuie. Elle doit être déchargée dans le conscient. Il existe plusieurs moyens de décharger une pulsion : le rêve, le fantasme, et la sublimation. Une pulsion qui n'est pas déchargée est alors refoulée. Freud distingue deux types de pulsions principales : la pulsion de vie (Éros) et la pulsion de mort (Thanatos).
Éros représente l’amour et le désir tandis que Thanatos représente la mort, les pulsions destructrices et agressives. Thanatos tend donc à détruire tout ce qu’Éros construit (la perpétuation de l’espèce par exemple). Le masochisme en est un excellent exemple Le thème de l’amour est développé par tous les poètes surréalistes
3 LA LIBERATION DU LANGAGE Le langage doit exprimer l’inexprimé: notre langage exprime d’habitude la raison et il est philtré par elle. Le refus de la raison comporte en meme temps le refus du langage normalement utilisé. Voilà pourquoi les Surréalistes utilisent des procédés littéraires qui explorent de nouvelles techniques de création, qui laissent le champ libre à l'inconscient et forcent la désinhibition des conditionnements : le compte-rendu des rêves, l’écriture automatique, les récits dictés pendant le sommeil forcé, les cadavres exquis, sollicitation du hasard objectif. Le mouvement accorde à ses productions littéraires et plastiques, le statut d'expérimentation scientifique
4 LE COMPTE-RENDU DES REVES Selon Freud, son travail sur les rêves est le plus important de tous, celui qui devrait survivre à tout. Il écrivait que le rêve est la voie royale de l'inconscient
Les rêves sont des représentations de désirs refoulés dans l’inconscient par la censure interne. Les désirs se manifestent dans le rêve de manière moins réprimée qu'à l'état de veille. Les associations du patient sur son rêve permettent de révéler son contenu latent. Voilà pourquoi les Surréalistes trouvent que les rêves sont une richesse qu’il ne faut pas perdre: il faut les raconter pour les conserver. Pendant les séances surréalistes, ils s’abandonnent à la dictée de l’inconscient. Desnos excelle dans cette pratique.
5. L’ECRITURE AUTOMATIQUE L’écriture automatique des surréalistes est une méthode d'écriture inventée par André Breton et caractéristique du mouvement. À la source de cette invention et de cette pratique, il y a les travaux de Freud sur l'inconscient. L’inconscient se manifeste, en effet, au travers des rêves (la « voie royale » pour accéder à l'inconscient), mais aussi des lapsus,des jeux de mots, etc.. Pour trouver un nouveau langage qui puisse faire sortir l’inconscient, les Surréalistes utilisent ce procédé: l’écrivain n’est qu’ “un simple enregistreur” et il est libéré de toutes contraintes formelles. Breton imagina cette technique consistant à écrire le plus rapidement possible, sans contrôle de la raison, sans préoccupations esthétique ou morale, voire sans aucun souci de cohérence grammaticale ou de respect du vocabulaire. L'état nécessaire à la bonne réalisation est un état de lâcher-prise, entre le sommeil et le réveil.
Le premier ouvrage écrit avec cette méthode a été Les Champs magnétiques d'André Breton et Philippe Soupault, publié en 1919. Il fut le point de départ du mouvement surréaliste. Par l'écriture automatique, les surréalistes ont voulu donner une voix aux désirs profonds, refoulés par celle de la société, cette « violente et traîtresse maîtresse d'école », selon le mot de Michel de Montaigne. partiellement le symbolisme universel. »
Le cadavre exquis Une autre technique utilisée pour faire surgir l’inconscient de l’écriture est celle du “cadavre exquis”: jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes.» L'exemple devenu classique, qui a donné son nom au jeu, tient dans la première phrase obtenue de cette manière : « Le cadavre - exquis - boira - le vin - nouveau ». L'ordre syntaxique: nom-adjectif-verbe-COD-adjectif doit être respecté pour que la phrase soit grammaticalement correcte. Il fut inventé dans la maison du 54 rue du Château où habitaient Marcel Duhamel, Jacques Prévert et Yves Tanguy. Il n'était au départ qu'une activité ludique.
6. LE DESANGAGEMENT-ENGAGEMENT La première période du mouvement est marquée par l’héritage du Dadaïsme, son esprit de révolte, le désir de liberté, une attitude anarchique et désengagée: les Surréalistes se méfient de l’engagement et de l’action politique car leur but est tout simplement de libérer l’homme pour « changer sa vie », comme le disait Rimbaud. L’expérience des guerres met en évidence que pour changer l’homme il faut « transformer le monde » comme le disait Marx: du désangagement les Surréalistes passent à l’engagement dans le Parti Communiste ce qui provoque bien des séparations et des éloignements
Le mouvement Dada était antibourgeois, antinationaliste et provocateur Le mouvement Dada était antibourgeois, antinationaliste et provocateur. Les surréalistes continuèrent sur cette lancée subversive. « Nous n'acceptons pas les lois de l'Économie ou de l'Échange, nous n'acceptons pas l'esclavage du Travail, et dans un domaine encore plus large nous nous déclarons en insurrection contre l'Histoire. » (tract La Révolution d'abord et toujours). Ces principes débouchent sur l'engagement politique : certains écrivains surréalistes adhèrent, temporairement, au Parti communiste français . Aucun parti, cependant, ne répondait exactement aux aspirations des surréalistes, ce qui fut à l'origine des tensions avec le Parti communiste français. André Breton n'a pas de mots assez forts pour flétrir « l'ignoble mot d'engagement qui sue une servilité dont la poésie et l'art ont horreur. » Dès 1930, pourtant, Louis Aragon acceptait de soumettre son activité littéraire « à la discipline et au contrôle du parti communiste ». La guerre fit que Robert Desnos et Paul Eluard le suivirent dans cette voie pendant quelques années. Condamnation de l'exploitation de l'Homme par l'Homme, du militarisme, de l'oppression coloniale, des prêtres pour leur œuvre qu'ils jugent obscurantiste, et bientôt du nazisme, volonté d'une révolution sociale ; et plus tard, enfin, dénonciation du totalitarisme de l'Union Soviétique, tels sont les thèmes d'une lutte que, de la guerre du Maroc à la guerre d'Algérie, les surréalistes ont menée inlassablement. Ils ont tenté la synthèse du matérialisme historique et de l'occultisme, en se situant au carrefour de l'anarchisme, et du marxisme, fermement opposés à tous les fascismes et aux religions.
Les auteurs surréalistes