Chapitre I : Introduction au management des risques : Aversion au risque, asymétrie d’information et réglementation bancaire Dr Babacar Sène Msc Banque & Ingénierie Financière
Introduction Générale La gestion des risques est au cœur de la finance: Finance d’entreprise Ingénierie Financière Finance de marché Finance quantitative Economistes et financiers se sont intéressés au concept d’aversion au risque et d’asymétrie d’information
Les secteurs concernés par la gestion des risques Les banques : risque de marché, opérationnel, risque de crédit, risque de liquidité Les sociétés d’assurance : risque de marché, risque de liquidité, risque opérationnel, risque de crédit Les sociétés de gestion d’actifs : risque opérationnel, risque de crédit, risque de marché, risque de liquidité Les fonds de pension et de retraite : risque de marché, risque de liquidité, risque opérationnel, risque de crédit Les Institutions de microfinance : risque de liquidité, risque opérationnel, risque de crédit Les sociétés de capital risque : risque opérationnel, risque de liquidité
Questions : 1 – Pourquoi est il important de manager les risques ? 2 - Les décisions financières sont elles risquées ? 3 - Quels sont les outils utilisés en finance pour modéliser le risque ?
L’avénement du risque dans les décisions financières Les décisions financières doivent prendre en compte des sommes futures ( qui seront encaissées ou décaissées ) dont le montant n’est pas connu avec certitude.
Les décisions financières Le chiffre d’affaires prévisionnel. la détention d’action cotée en bourse. l’approvisionnement en matière première. Prêt bancaire au particulier et entreprise la détention d’obligation à taux variable indexé sur le libor ( London Interbank Offer Rate ). La détention d’obligation à taux fixe ( Fixed Rate Bonds ) La mise en place d’un FCP la liste est très exhaustive
Institutions financières en faillite au niveau national Banque Nationale de développement du Sénégal ( BNDS ) en 1990 Banque Sénégalo – Koweïtienne en 1990 SONAGA - SONABANQUE en 1989 Société Financière pour le Développement de l'Industrie (SOFISEDIT) en 1989 Union de Banques Sénégalaises (USB ) en 1989 Bank of Credit and commerce International (BCCI) en 1991
Big Losses :Institutions financières en faillite au niveau international Allied Irish Bank ($700 million) Barings ($1 billion) Enron’s Counterparties ($ billions in lawsuits) Hammersmith and Fulham ($600 million) Kidder Peabody ($350 million) LTCM ($4 billion) National Westminster Bank ($130 million) Orange County ($2 billion) Procter and Gamble ( entreprise ) ($90 million) Soc Gen ($7 billion) Subprime Mortgage Losses ($ tens of billions)
Section 1 - Aversion au risque et asymétrie d’information A - L’aversion au risque B - Les situations d’asymétrie d’information
A - L’aversion au risque Une entité ou un acteur est averse au risque s’il ne veut pas prendre de risque. L’aversion au risque est généralement observée sur les marchés suivants : Marché de l’assurance ( automobile, santé etc ) Marché bancaire Bourse Marché des matières premières
Exemples de situation d’aversion vis-à-vis du risque( Banques ) Prêt d’une banque à un client particulier : demande de police d’assurance, hypothèque d’une maison Prêt d’une banque à une entreprise : demande de police d’assurance, garantie, hypothèque. Prêt d’une IMF à un particulier demande de garantie ou garantie solidaire.
Exemples de situation d’aversion vis-à-vis du risque ( Particuliers ) Achat de produits d’assurance : Automobile santé vie maison voyage etc
Exemples de situation d’aversion vis-à-vis du risque( Bourse ) Préférence des investisseurs pour des titres à revenus fixes ( obligations à taux fixes, TCN à taux fixes ) Achat d’actions + assurance de portefeuille ( produits dérivés ) Achat de matières premières + assurance ( produits dérivés )
B - Asymétrie d’information L’objectif du prêteur ou de l’acheteur est de déterminer l’information non disponible détenue par l’emprunteur ou le vendeur.
Exemples de situation d’asymétrie d’information La banque prête à un client et ne dispose pas d’information exhaustive sur lui La banque prête à un client et ce dernier augmente son comportement vis-à-vis du risque ex post Un investisseur achète des actions d’une entreprise dont il ne dispose pas d’information Une IMF prête à un client et n’a pas de visibilité par rapport à ses activités exactes L’assureur ne dispose pas d’information sur l’assuré
L’approche de l’asymétrie d’information en pratique Le prix nobel en économie : George A. Akerlof « The market for « lemons » : quality uncertainty and the market mechanism ». Le marché des véhicules d’occasion aux Etats – Unis. Ce marché peut être assimilé au marché des crédits bancaires.
Définition de l’aléa moral Phénomène, dû à l’asymétrie d’information entre le principal et l’agent dans une transaction, qui veut que l’agent modifie son comportement après la signature du contrat et augmente son niveau de risque. Par exemple, dans le contexte de l’assurance automobile, l’assuré a tendance à conduire moins prudemment lorsqu’il se sait bien assuré.
Marché d’asymétrie d’information AcheteurVendeur Asymétrie d’information
Suite Deux moyens pour l’acheteur de connaitre la qualité du bien avec certitude : Tous les biens ont soit une bonne qualité ou une mauvaise qualité L’acheteur peut utiliser un expert pour évaluer la qualité du bien
SUITE Imperfection exogène Imperfection endogène Sélection adverse et Aléa moral
Moyens pour réduire l’aléa moral qui découle d’une situation d’asymétrie d’information Demande de garantie Analyse financière Rating ou scoring Evaluation des actions de l’entreprise Assurance
Section 2 : La réglementation bancaire
Section 2 : Configuration des risques bancaires selon Bâle I et Bâle II : du ratio Cooke ou Ratio Mc Donough Les accords de Bâle ont mis l’accent sur l’exigence de fonds propres pour couvrir le risque de crédit et le risque de marché Le risque de crédit Il peut être défini comme le risque de perte ou de défaut de paiement d’une contrepartie ( c’est le risque de contrepartie ) Le risque de marché Les risques de marché pris en compte dans le ratio de solvabilité bancaire sont les suivants : Le risque de taux d’intérêt, le risque de taux de change, le risque de variation du prix des titres,
Suite D’après le ratio Cooke : l’exigence minimale du ratio de solvabilité se détermine de la manière suivante : Ratio Cooke
SUITE Les fonds propres sont définis dans la première section. Les fonds propres utilisés ici sont les fonds propres prudentiels qui servent de calcul aux exigences minimales à respecter FPE = FP de base + FP complémentaires+ FP surcomplémentaires
Les fonds propres de base Ces fonds propres sont appelés aussi « tier one » Le capital Les dotations Les réserves Les primes liées au capital Le report à nouveau Les provisions réglementées et les fonds pour risques bancaires généraux
Fonds Propres complémentaires ( « tier two » ) Les subventions d’investissement Les écarts de réévaluation Les réserves latentes positives de crédit bail Les avoirs bloqués d’actionnaires Les titres et emprunts à terme subordonnés à durée déterminée
Les fonds propres surcomplémentaires « tier three » Ces fonds sont essentiellement constitués d’emprunts subordonnés de durée supérieure ou égale à 2 ans non assorties de garanties Si la banque n’a pas de risque de marché à couvrir, les fonds propres surcomplémentaires ne sont pas intégrés.
A- Ratio Cooke et pays de l’UEMOA Les pays de l’UEMOA à l’instar des autres pays ont adopté au départ les normes de Bâle avec une certaine souplesse pour protéger les déposants : Le minimum exigé pour la couverture est de : FP / risque = 4%. Mais très vite les autorités de supervision bancaire ont senti la nécessité de s’aligner de façon ferme en ramenant le ratio à 1 minimum de 8%. A la différence de Cooke, le ratio ne prend pas en compte le risque de marché.
Suite La circulaire de la commission bancaire de l’UEMOA du 23 Juin 2000 qui a institué l’organisation du contrôle interne dans les banques et établissements de crédit oblige ces derniers à recenser les risques suivants : Le risque de contrepartie Le risque de marché Le risque de liquidité Le risque de règlement Le risque opérationnel et juridique
Contrôle par les commissaires aux comptes La réglementation prudentielle reposant en grande partie sur des données comptables, celles-ci doivent présenter toutes les garanties de fiabilité. Aussi, la loi bancaire a-t-elle prévu la certification des comptes des banques et établissements financiers par des Commissaires aux comptes, choisis sur une liste agréée par la Cour d'Appel ou tout autre organisme habilité en tenant lieu.
suite En outre, le choix des Commissaires aux comptes est désormais soumis à l'approbation de la Commission Bancaire qui pourra ainsi juger de la compétence et de la moralité des personnes appelées à certifier les comptes des banques.
Contrôle interne des opérations bancaires Les banques et les établissements financiers doivent se doter d’un système de contrôle interne permettant notamment de vérifier le respect des dispositions et usages en vigueur dans la profession et de garantir la qualité de l’information financière et comptable.
Les risques à couvrir par les fonds propres Les risques pris en compte au dénominateur du ratio Cooke sont les risques de portefeuille bancaire d’activité courante ( risque de crédit ) et les risques issus de l’activité de marché. Pour déterminer le risque de crédit à retenir au dénominateur du ratio les risques sont pondérés en fonction de la classification par catégorie et en fonction des types de concours accordés
Classification du risque de crédit dans les pays de l’UMOA : la méthode forfaitaire 0% pour les avoirs en caisse et en banque 20% pour les créances chez les administrations centrales 50% pour les prêts garantis par les hypothèques fermes 100% pour la clientèle entreprises en dehors des prêts garantis par hypothèque.
Classification du risque de marché Pour les risques de marché le calcul se fait selon la méthode standard ou la méthode de notation interne ( rating interne ).
Enseignements ou limites Avantages Le ratio Cooke a permis une solidité du système dans son ensemble. Le ratio a permis d’éviter des défaillances inattendues des établissements de crédit. Inconvénients Le caractère rigide et forfaitaire du ratio, les estimations très approximatives des risques ainsi que l’évolution des marchés ont rendu obsolète un contrôle bancaire reposant uniquement sur des normes de fonds propres.
B- Les accords de Bâle II : La réforme du ratio Cooke envisagée sous le nom « Mc Donough » se caractérise principalement par trois piliers essentiels : 1 er Pilier : Exigence minimale de FP 2 ième Pilier : Surveillance prudentielle 3 ième Pilier : Discipline de marché Ces trois piliers ci-dessus se renforcent et se complètent mutuellement
Suite Ces trois piliers constitue les propositions du Comité de réglementation et de contrôle bancaire de Bâle.
I - Pilier I : les exigences de fonds propres La nouveauté c’est l’introduction d’un nouveau risque à couvrir à savoir le risque opérationnel :
II - Pilier II : le processus de surveillance prudentielle L’objectif visé à travers ce deuxième pilier est de s’assurer que les banques appliquent des procédures saines pour déterminer l’adéquation de leur fonds propres. Les banques doivent informer la commission bancaire de la méthodologie utilisée pour contrôler le risque.
III- Pilier III : Discipline de marché L’objectif visé à travers ce troisième pilier est la production d’information de qualité par les établissements assujettis afin de conforter la réglementation. La mise en place de ce pilier nécessite une étroite collaboration entre les autorités de supervision bancaire, les ordres des experts comptables et les établissements bancaires.
IV – Les risques
1. Le risque de crédit Rating de la contrepartie Rating de la garantie Estimation de la probabilité de défaut ( grâce à la méthode des scoring) Exemple probabilité de défaut estimée par Standard & Poor’s
Probabilité de défaut estimée par Standard & Poor’s Notes attribuées à la contrepartie AAAAAABB Probabilité de défaut 0,51%0,79%1,41%3,68%
Suite Exposition au moment du défaut Taux de perte c’est à dire le montant irrécupérable Ainsi la perte attendue est égale PA = PD*PCD*Exposition PA = perte attendue PCD = Taux de perte en cas de défaut E = exposition
2 - Le risque de marché Le risque de taux d’intérêt Le risque de change Ces risques peuvent être mesurés grâce à la VaR ( Value at Risk ) ou à la gestion actif passif ( asset liability management ).
3 - Le risque opérationnel L’objectif de suivi des risques opérationnels n’est pas de les piloter mais de les réduire au maximum ( c’est à dire pas de suivi dynamique ). Parmi les risques opérationnels il y a : Les risques informatiques Les risques juridiques et humains Les risques de dysfonctionnement Voir le tableau suivant.
Mesure des risques opérationnels Pour mesurer le risque opérationnel les autorités de Bâle II ont proposé dans le Quantitative Impact Study trois méthodes Approche indicateur de base Approche standard Approche avancée
Approche indicateur de base Selon cette approche le risque opérationnel doit être couvert par une charge de capital ( K ) égal à un pourcentage fixe du produit annuel brut moyen positif sur trois ans. K IB exigence de fonds propres PB produits annuels brut positif sur trois années N = nombre d’années écoulées X_ = environ à 15% fixé par la réglementation
Approche standard L’approche consiste à déterminer une charge de capital moyenne sur trois ans sur la base du produit bancaire brut( Gi ) en 8 lignes de métier pondéré selon une matrice (Bi) Bi = finance d’entreprise et activité de marché 18%, banque de détail 12%, banque commerciale 15% etc K = somme (Bi*Gi)/3 i = 1 à 8
Approche de mesure avancée Cette approche utilise la VaR comme dans le cas du risque de marché. Cette approche sera développée au niveau du chapitre qui traite du risque opérationnel.