Risques bancaires Jézabel Couppey-Soubeyran Université Paris 1 & PSE Le risque dans tous ses états, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées Mardi 9 septembre.

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Transcription de la présentation:

Risques bancaires Jézabel Couppey-Soubeyran Université Paris 1 & PSE Le risque dans tous ses états, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées Mardi 9 septembre 2014

Introduction La crise économique actuelle fait suite à la crise financière enclenchée en Les banques ont une part de responsabilité importante dans cette crise : elles ont pris trop de risques dans un contexte trop permissif (politique monétaire accommodante, réglementations et supervisions insuffisantes) Qu’est-ce que le risque bancaire ? Comment le prévenir ? Plus de sécurité financière est-il préjudiciable à la croissance ? Quelle est la portée des réformes actuelles ?

Qu’est-ce que le risque bancaire ? Au niveau microéconomique, le risque bancaire est un ensemble de « risques individuels » Au niveau macroéconomique, le risque bancaire est un « risque systémique » Le risque systémique n’est pas une simple somme de risques individuels La gestion des risques individuels ne suffit donc pas à prévenir le risque systémique. La prévention des risques bancaires nécessite une double approche : micro et macro-prudentielle

Bilan simplifié d’une banque ActifPassif - Prêts interbancaires - Crédits à la clientèle - Portefeuille titres - Immobilisations - Emprunts interbancaires - Dépôts de la clientèle - Titres de dette (certificats de dépôt, obligations) - Fonds propres Hors-bilan

Bilans comparés d’une banque de proximité mutualiste et d’une banque universelle Source : Parlons Banque, coll. Doc en Poche, La Documentation française, sept

Importance des fonds propres Seule ressource non remboursable du bilan Fonds propres = éponge permettant d’absorber les pertes éventuelles Différentes « variétés » de fonds propres, les vrais (« core equity ») et les autres. – Vrais fonds propres = actions + réserves – Autres « fonds propres » = titres hybride, FRBG, participations, …

Evolution historique de la part des fonds propres au bilan des banques

Solvabilité

Liquidité

2 risques majeurs Le « risque d’insolvabilité » et le « risque d’illiquidité » sont les deux risques majeurs à prévenir au bilan d’une banque Prévention du risque d’insolvabilité fonds propres Prévention du risque d’illiquidité actifs liquides et ressources stables Deux risques qui peuvent être liés ou pas ! – Un risque d’insolvabilité peut déclencher le risque d’illiquidité (bank run ou market run) – Une banque solvable peut succomber au risque d’illiquidité

A chaque métier son risque Activité de crédit  risque de crédit Activités de marché  risque de marché (risques de moins-value, de taux d’intérêt, de taux de change, …) Conduite des activités et process  risque opérationnel

A chaque risque son poids Toutes les activités (tous les actifs) ne pèsent pas le même risque. L’actif total de la banque peut se découper en montants d’actifs pondérés par leur risque (RWA). Dans une grande banque universelle: – le risque de crédit = 75% du RWA – le risque de marché = 15% du RWA – le risque opérationnel = 10% du RWA Un poids calculé selon 2 méthodes : approche standard fournie par le superviseur ou auto- évaluation (48%/52%)

Avant la crise, très grande confiance des banques dans leur capacité à gérer leurs risques individuels … Développement d’outils de gestion des risques (contrôle interne): – Scoring, datamining, systèmes experts, … – Modèles de « Value at risk » : calcul de la perte maximale potentielle (à 95%, 99% de niveau de confiance) d’un portefeuille sur un horizon donné et à partir d’une certaine distribution. – Très fort engouement pour ces modèles VaR en dépit de leurs limites soulignées par les théoriciens de la finance

Excès de confiance « Il est faux de croire que l’on peut éliminer le risque, seulement parce qu’on peut le mesurer », Robert Merton, en 1998 après la quasi-faillite du fonds LTCM. Pas tant d’humilité du côté des banques … Fort activisme des lobbies bancaires dans les années 1990 afin d’obtenir l’autorisation du régulateur d’utiliser leurs modèles pour calculer la couverture réglementaire en fonds propres

Forte incidence sur la prise de risque Outils de gestion interne  « Illusion du contrôle »  prise de risque Outils d’externalisation du risque : – Titrisation : transformation de créances à priori non négociables en titres – Dérivés de crédits : instruments de transfert du risque de défaut des emprunteurs  Bouleversement du modèle d’activité des banques : « origination – distribution »  prise de risque

Encadrement réglementaire des risques individuels : Bâle 1, 2, 3 Depuis 1989, les banques sont tenues de respecter un ratio de solvabilité (ratio Cooke à l’origine) Couvrant initialement le risque de crédit puis les risques de marché (à partir du milieu des années des 1990’s) puis le risque opérationnel à partir de Bâle 2 (2007) Dispositif renforcé dans le cadre des accords de Bâle 3

Bâle 1 En 1988, le Comité de Bâle recommande le ratio Cooke : FP / crédits pondérés par les risques > 8% Pas d’accord en matière de liquidité 3 problèmes relatifs au ratio Cooke : – Définition très souple des FP (tier 1, tier 2 …). Résultat : seulement 4% de tier 1 (dont 2% de core tier 1) exigés pour satisfaire au ratio de 8% ! – Poids du risque des actifs mal mesurés (fondés sur la nature juridique du débiteur), trop peu sensibles aux risques des actifs – Assiette de risques insuffisante limitée au risque de crédit

Bâle 2 Bâle 2 entendait remédier à deux de ces problèmes : – En élargissant l’éventail des risques couverts (risque de crédit, risques de marché, risque opérationnel) – En sophistiquant la mesure des risques (cf. littérature des années 1990) 2 voies de « sophistication » – Les modèles internes d’évaluation des risques (modèles VaR)  approche « avancée » – Les notations externes  approche standard Le ratio devient FP / RWA > 8% Résultat : « Le mieux est l’ennemi du bien ! », les banques profitent de leurs modèles pour optimiser les pondérations, faire baisser le RWA et ainsi économiser des FP.

RWA/A Les actifs finement pondérés ne représentent plus qu’une faible fraction de l’actif total: 30 à 50% selon les groupes et selon les pays. D’où de grosses différences possible entre FP/RWA et FP/A Exemple (A & H, 2013) : – fin 2011, au bilan de la Deutsche Bank, les 55 milliards de fonds propres représentaient 14% des actifs pondérés par les risques de la banque (381 milliards) mais seulement 2,5% de l’actif total (2200 milliards) ! – Quand une banque européenne déclare avoir 10% de FP, c’est en fait 5% voire 2 à 3% de FP en % de son actif total !

Global Financial Stability Report, FMI (avril 2008)

Bâle 3 Rapidité inédite : – Pas moins de 14 ans entre la création du Comité de Bâle en 1974 et Bâle 1 (1988) – 10 ans entre Bâle 1 et 1 er doc soumis à consultation de Bâle ans de consultation (signature en 2004) – Bâle 2 entre en application quand la crise éclate ( ) – Sommets de crise du G20 : Washington en Novembre 2008, Pittsburgh en septembre 2009 – Bâle 3 voit le jour un an après la demande formulée à Pittsburgh !

Les recommandations de Bâle 3 Des fonds propres de meilleure qualité, en plus grande quantité Un ratio de levier Deux ratios de liquidité Coussin contracyclique et surcharges pour les banques systémiques  « macroprudentiel »

Des fonds propres de meilleure qualité, en plus grande quantité Plus de « vrais » fonds propres … : au sein des 8%, la composante dure des fonds propres de base passe à 4% à partir de 2014, 4,5% à partir de 2015, 7% à partir de 2019 (à partir de janvier 2014 dans l’UE avec CRD IV). … en plus grande quantité : un coussin de conservation de 2,5% (mis en place progressivement jusqu’à être complètement incorporé en 2019) … mais toujours en % des RWA

Un ratio de levier (à partir de 2018) Limitation du levier d’actifs par un ratio de levier indépendant du risque des actifs : – FP/A > 3% (à titre de comparaison, A & H préconisent un ratio de levier de 20 à 30% !) – Assoupli en janvier 2014 (nouvelles règles de calcul des opérations sur dérivés sur la base des positions nettes)

Deux ratios de liquidité : LCR et NSFR Liquidity coverage ratio : un ratio de court terme visant à ce que les banques soient capables de résister à une crise de liquidité sévère sur environ 30 jours – Actifs liquides haute qualité / engagements à 30 jrs > 100% Net stable funding ratio : un ratio plus structurel (à horizon d’un an) pour réduire les écarts de maturité entre actifs et passifs et accroître la stabilité des ressources – Ressources stables à 1 an / besoin de financements stables à 1 an > 100%

Assouplissement du LCR Révision récente du ratio de liquidité de court terme (LCR : exigence d’un encours suffisant d’actifs liquides de haute qualité pour faire face à une crise de liquidité): – Ce ratio avait été défini avant la crise des dettes souveraines – La redéfinition des actifs liquides de haute qualité s’imposait (extension de la gamme des actifs éligibles à des obligations et des actions d’entreprise) – Le ratio de liquidité à court terme minimal sera de 60 % en 2015 ; il sera relevé de 10 points de pourcentage chaque année, jusqu’à atteindre 100 % en 2019

Coussin contracyclique et surcharges pour les banques systémiques Une micro-touche de macroprudentiel : -Un petit coussin de conservation contracyclique compris entre 0 et 2,5% de fonds propres, à la discrétion des autorités nationales : l’exigence augmente (jusqu’à 2,5%) dans la partie haute du cycle puis redescend (jusqu’à 0) en phase de basse. -Surcharges systémiques : exigences de capital supplémentaires définies individuellement pour prendre en compte les risques de contagion et limiter le risque d’aléa moral des établissements systémiques

Les surcharges systémiques Source: Conseil de Stabilité Financière, nov. 2013

“Basel: the mouse that did not roar” (Martin Wolf, 14 sept 2010, The Financial Times)

Transposition de Bâle 3 Bonne élève, l’Union transpose rapidement les accords de Bâle 3 : – entrée en vigueur des nouvelles règles en 2014 (paquet législatif CRD4 adopté par le parlement européen en avril 2013) Les USA ont été accusés de trainer des pieds – Difficultés à faire appliquer les textes du Dodd-Frank Act – Préférence US pour le ratio de levier (>5% depuis avril 2014, 6% pour les banques US bénéficiant de la garantie des dépôts du FDIC). – Réglementation transposant Bâle 3 approuvée en juillet 2014

Quel impact sur le financement de l’économie ? Bâle 3 très critiqué par les banques : rationnement du crédit ? Augmentation du coût du crédit ? … Shadow banking ? Les études d’impact du comité de Bâle montrent que l’ajustement s’opère sans difficulté

Résultats de l’étude d’impact du BCBS de mars 2014 (à partir des données de juin 2013) Étude périodique réalisée pour 2 groupes de banques (G1: banques internationales avec un T1>3 mds d’euros ; G2: autres banques) CET1 moyen des banques du G1 et du G2 = 9,5% Manquent 57,5 mds de FP (à comparer à 456 mds de profits en 2013) pour que toutes les banques du G1 > 7%; manquent 27 mds de FP pour que toutes les banques du G2 > 7% (un semestre de profit en 2013). Ratios de leviers : 4% en moyenne pour G1 (3,7% pour les banques systémiques); 4,6% pour G2. LCR : 114% en moyenne pour G1, 132% pour G2

Plus de stabilité financière ne signifie pas moins de croissance Le bilan doit comparer les coûts pour l’activité bancaire et les gains en termes de stabilité financière Au-delà d’un certain seuil, le lien entre finance et croissance se rompt : Trop de finance = moins de croissance (cf. rapport juin 2014 ESRB)* Si Bâle 3 parvient à renforcer la stabilité financière, l’effet sur la croissance sera positif ! C’est bien plus pour son excès de prudence que B3 peut être critiqué – Trop peu de dispositions macroprudentielles dans Bâle 3 – Ratio de levier trop faible

*Trop de finance = moins de croissance Source : « Is Europe Overbanked ? », Reports of the Advisory Scientific Committee, n°4, ESRB, juin 2014.

Bâle 3 protège-t-il du risque systémique ? Renforcement du microprudentiel – à peine suffisant pour contenir les risques individuels – clairement Insuffisant pour prévenir le risque systémique Le risque de défaillance globale peut provenir : – D’une défaillance en chaîne (effet de domino) – D’un choc commun – Dans les 2 cas, des interactions entre les comportements amplifient les difficultés initiales

Le risque systémique : des cercles vicieux, plus qu’un simple effet domino Hausse du prix des actions Hausse de la demande d'actions Hausse du prix des titres Hausse des collatéraux Hausse du crédit Risque bancaire Risque souverain

Cycle financier Ces boucles expliquent l’ampleur du cycle financier : – Phase d’emballement (boom, optimisme, euphorie) – Point de retournement (crise systémique) – Phase de repli (« bust »)

Ampleur du cycle financier temps boom bust Croissance du Crédit, de l’endettement, des prix d’actifs, etc. Crise systémique

Cycle financier plus ample, plus long que le cycle réel (Borio, 2012, BIS WP n°395)

Prévenir le risque systémique dans ses deux dimensions Dimension temporelle (formation du risque systémique dans le temps) : contrer le cycle financier Dimension transversale (répartition du risque systémique entre les SIFI’s) : réduire la prise de risque des SIFI’s  politique macroprudentielle

Objectif et instruments de la politique macroprudentielle La politique macroprudentielle – a pour objectif de prévenir le risque systémique – au moyen d’instruments prévenant la formation du risque systémique dans le temps (dimension intertemporelle) : réguler le cycle du crédit et celui des prix d’actifs (coussins contracycliques, provisions dynamiques, LTV, LTI, …, contrôle des flux de capitaux) Limitant la contribution des groupes financiers au risque systémique (dimension transversale): surveiller les établissements systémiques (surcharges systémiques, …)

Quelques avancées institutionnelles En Europe, la mise en place en 2011 d’un conseil européen du risque systémique (European Systemic Risk Board) Aux Etats-Unis, mise en place du Financial Stability Oversight Council (FSOC) puis du systemic risk council En France, mise en place de Corefris en 2010 remplacé par le « haut conseil de stabilité financière » introduit par la loi de séparation et de régulation des activités bancaires (juillet 2013)

Articulation nécessaire avec la politique monétaire Le taux d’intérêt a une incidence forte sur le cycle financier (prise de conscience tardive) Mais le taux d’intérêt ne pas être le seul instrument utilisable face à des objectifs multiples (stabilité monétaire, stabilité financière, stabilité macroconjoncturelle) Il faut au moins autant d’instruments que d’objectifs (règle de Tingergen) et allouer en priorité chaque instrument à l’objectif pour lequel il est le plus efficace (règle de Mundell) Deux policy-mix envisageables selon l’efficacité que l’on prête à la politique macroprudentielle

policy-mix séparé / policy-mix intégré Blanchard, O. (2012), ‘Monetary policy in the wake of the crisis’, in Blanchard, O., Romer, D., Spence, M., Stiglitz (eds.), In the Wake of the Crisis, Cambridge: MIT Press

Outre le prudentiel Le secteur bancaire souffre de graves problèmes structurels (rapport Liikanen 2012, rapport ESRB juin 2014 « Is Europe Overbanked ? ») : – Banques trop grosses (TBTF, implicitement subventionnées par l’Etat) – Europe trop bancarisée – Concentration excessive Réponses actuelles : – Union bancaire (3 volets indispensables mais mal articulés dans le temps) – Séparation (Règles Volcker aux USA dans Dodd-Frank Act de 2010, Rapport Vickers au RU (2011), Liikanen (2012) et réforme Barnier (2014) en Europe, loi de séparation et de régulation des activités bancaires en France (2013) Autres pistes encore peu explorées : – Fiscalité : taxe proportionnelle à taille du bilan et du hors-bilan ? – Politique de la concurrence

Conclusion : le risque bancaire est-il aujourd’hui sous contrôle ?

Un peu de lecture ! « Is Europe Overbanked ? », Reports of the Advisory Scientific Committee, n°4, ESRB, juin FMI, Global financial stability report, avril 2014 (chapter 3 !) Anat Admati & Martin Hellwig, The Bankers’ New Clothes. What’s Wrong with Banking and What to Do about It ?, Princeton University Press, 2013, 416 p. Les réformes de la régulation bancaire, décembre 2013, n°174, Idées économiques et sociales Rapport Liikanen (2012) Le financement de l’économie dans le nouveau contexte réglementaire, Rapport du CAE n°104 (déc. 2012)

Augmentation de l’actif bancaire Source : Rapport Liikanen (2012)

Le poids du secteur bancaire (en % du PIB, 2011) Source : Rapport Liikanen (2012) N.B: axe vertical coupé – Luxembourg = 2400% !

Actif total des groupes bancaires (UE & US, 2011 en % du PIB national) Source : Rapport Liikanen (octobre 2012)

Subventions implicites des grandes banques anglaises, allemandes et françaises (en milliards d’euros) Source : New Economics Foundation, « Quid Pro Quo. Redressing the privileges of the banking industry », 2011