Dans l’histoire automobile, peu de voitures grand public peuvent se vanter d’avoir connu un succès ininterrompu après leur lancement. La Chevrolet Corvette fait partie de ces rares voitures qui, après pratiquement 60 ans d’existence, sont toujours aussi populaires auprès des amateurs de sportives. Sortie de l’usine le 30 juin 1953, la Corvette sera destinée à connaitre un énorme succès. Voici donc un tour d’horizon de six générations d’histoire! C à 1962 — la naissance de la Corvette La Corvette de cette première génération est facilement reconnaissable à son devant massif et à ses doubles phares apparus en 1958 (comme le permettait la législation de l’époque). Sortie tout droit de l’imagination d’Harley Earl, l’un des plus célèbres stylistes du 20e siècle qui s’était inspiré des roadsters anglais, devenus très populaires auprès des GI qui revenaient d’Europe après leur service militaire. Le nom Corvette, d’ailleurs, vient du navire de guerre qui portait ce nom. La Corvette fut présentée à près de visiteurs pour la toute première fois au Motorama de 1953 à New York.

Les 300 premières Corvette à sortir de l’usine d’assemblage furent de couleur Polo White avec l’intérieur rouge. À l’époque, les concessionnaires Chevrolet à travers l’Amérique du Nord voulaient tous vendre des Corvette… mais à la fin de septembre 1953, seulement 50 Corvette avaient trouvé preneur. À la fin de cette même année, 183 des 300 Corvette produites furent vendues. Avec ces ventes modestes dues à un prix très élevé et à des performances plutôt ordinaires, Chevrolet décida donc de diminuer sa production prévue pour l’année 1954, passant de à unités. L’Amérique ne semblait pas encore prête pour cette nouvelle voiture sport, mais la filiale de General Motors, elle, y croyait. À la fin de 1954, les ventes avaient atteint véhicules. Allure sport mais mécanique dépassée La motorisation des premières Corvette était quelque peu modeste. Le moteur, un six cylindres en ligne développant 150 chevaux et surnommé Blue Flame, était peu performant. De plus, les Corvette 1953 et 1954 n’étaient disponibles qu’avec une transmission automatique à deux rapports. Il faudra attendre 1955 pour voir arriver la transmission manuelle.

Toujours à la recherche d’une identité propre, la Corvette fut dotée en 1955 d’un nouveau moteur V8. Rappelons ici que le concurrent Ford venait d’introduire sa nouvelle voiture sport, la Thunderbird, au Salon de Detroit en février Et ce fut un succès pour le constructeur à l’ovale bleu : plus de véhicules vendus la première année ! En 1956, la Corvette était désormais disponible pour la première fois avec une peinture deux tons en option et un toit rigide démontable. Heureusement, l’année 1957 arriva! Aux dires des historiens automobiles, ce fut l’année où tout changea. Le moteur 283 pouces cubes fit son apparition avec ses 220 chevaux et il pouvait même atteindre 270 avec un carburateur quatre corps. La seconde innovation de cette année-là fut le circuit d’injection (fuel injection), composante indispensable qui permit à la Corvette d’atteindre 283 chevaux. On introduisit aussi la transmission manuelle quatre vitesses en option. À l’époque, le prix d’une Corvette de 220 chevaux dotée d’une transmission manuelle à trois vitesses était de 3 176,32 $. En 1957, Corvettes furent produites. En 1958, le prix monta à $, avec un équipement similaire et la production atteignit véhicules. Dans un marché automobile en mutation, la Chevrolet Corvette avait su trouver sa place.

La carrosserie fibre de verre Tandis que toutes les voitures fabriquées aux États-Unis étaient en acier, chez Chevrolet on avait décidé de produire la carrosserie de la première Corvette en fibre de verre. Cette innovation coûta $ (équivalant environ à $ aujourd’hui) pour concevoir la Corvette du Motorama de Grâce à la fibre de verre, la carrosserie de la Corvette ne pesait que 411 livres. La production de la Corvette franchit enfin le cap des unités en 1960 avec une production totale de unités. Le début des années 60 est synonyme de changements pour la Corvette. En effet, avec son fameux ducktail design (l’arrière de la voiture aux allures de queue de canard), la Corvette de 1961 donnait un avant-goût des années à venir. Bien que le moteur soit demeuré le même (le 283 pouces cubes), on augmenta sa puissance jusqu’à 315 chevaux. L’année 1962 est l’année d’introduction du moteur V8 de 327 pouces cubes qui pouvait développer jusqu’à 360 chevaux et la production grimpa à Le prix de vente augmenta aussi, à $. Au total, Corvette de première génération furent assemblées.

Six générations de ce roadster légendaire se sont succédé depuis cinquante-trois ans. Toujours avec succès, grâce à un look ravageur, un moteur très musclé et un extraordinaire rapport prix-performances. Le rêve californien ? Descendre Santa Monica Boulevard vers la plage, en écoutant le grondement sourd de sa Corvette, en guise de bande-son. C’est ainsi depuis plus de cinquante ans. Née en 1953, la plus célèbre voiture de sport américaine, qui en est aujourd’hui à sa sixième génération, est aussi la plus vendue de tous les temps : 1,2 million d’exemplaires ! Son concepteur, Harley Earl, dessinait des carrosseries spéciales pour les voitures des stars hollywoodiennes lorsqu’il fut repéré dans les années 20 par le patron de Général Motors, Alfred Sloan. Le talent de Earl allait ensuite faire merveille. Sous son impulsion, le design devint l’élément primordial du produit. Au point que l’on a dit de ses voitures qu’elles «avaient rendu visible le psychisme américain». Elles ont en tout cas révolutionné l’industrie automobile de l’époque. Earl avait découvert avec émerveillement les MGA et autres Jaguar XK 120 rapportées d’Europe par les GI. Rêvant de créer une voiture américaine ressemblant à ces jolis petits monstres, il proposa à Chevrolet, une des marques de GM, de construire un cabriolet sportif à dollars pour les étudiants. Un pari osé, car la marque n’avait aucune expérience de ce marché. Ainsi fut lancée la première Corvette, qui tomba pile dans l’air du temps.

Elle présentait une innovation majeure : sa carrosserie en fibre de verre, au style ravageur. Mais, sous le capot, les choses étaient plus frustes : un six-cylindres de camion (3,9 litres) développant 150 chevaux, une boîte automatique à deux rapports et des freins à tambour ordinaires. Molle, difficile à maîtriser, cette première version, finalement vendue dollars, faisait pâle figure face aux petites anglaises et italiennes. Le succès fut donc long à se concrétiser. Les trois premières années, exemplaires seulement trouvèrent acquéreur, ce qui conduisit GM à envisager d’arrêter la production. Mais le constructeur y renonça en voyant Ford, son concurrent honni, lancer la Thunderbird sur le même créneau. La fierté de Chevrolet était en jeu ! De plus, un ingénieur nommé Zora Arkus- Duntov croyait dur comme fer en l’avenir de la Corvette. Il profita du lancement du nouveau V8 maison pour l’installer sur le millésime 1956 du roadster, et l’équipa d’une boîte manuelle à trois vitesses. C’est en grande partie grâce à ce bloc de 4,3 litres et de 210 chevaux que les ventes de la Corvette se mirent alors à décoller. Devenue puissante et fiable, elle trouva enfin son public. Arkus-Duntov changea aussi les suspensions et les freins, puis muscla encore le moteur (240 chevaux) et lança la voiture en compétition.

Première apparition aux 12 Heures de Sebring en 1956 et première victoire en catégorie Grand Tourisme. Cinquante ans plus tard, en 2006, c’est encore une Corvette qui s’est imposée dans cette course. Coupé mythique. Quelle autre sportive peut afficher pareille longévité ? Malgré ses premiers pas chaotiques, la belle est devenue un véritable mythe, marquant les époques à travers les évolutions de son style. Au sommet, les amateurs placent le Type C2 de 1963, dite «Stingray», dont la ligne Aero Coupé et la lunette arrière en deux parties firent un malheur. Puis la C3, présentée en 1968 avec la désignation «Mako Shark». Aussi belle qu’une Ferrari, elle servit de base aux monstrueuses «Spirit of Le Mans» qui participèrent aux 24 Heures, et connut un énorme succès quinze ans durant. Suivirent la C4, qui resta quatorze ans dans les concessions, puis la C5 en 1997 et la C6 depuis Elle offre le meilleur rapport prix-performances de sa catégorie : on peut s’en offrir deux et le plein durant cinq ans pour le prix d’une Ferrari. Depuis l’an dernier, la Corvette a gagné ses quartiers de noblesse. Chevrolet ayant acquis la marque coréenne Daewoo pour en vampiriser la gamme, il devint impératif sur le plan marketing de singulariser la destinée de son légendaire roadster. Corvette n’est donc plus le nom d’un modèle, mais une vraie marque. Un hommage mérité pour la doyenne de toutes les autos fabriquées dans le monde. Gabriel Henry

Premiére Corvette à pédale

Moterur chevrolet corvette stingray