E C – DCEM 1 PHYSIOPATHOLOGIE CLINIQUE PHYSIOPATHOLOGIE du DIABETE SUCRE Professeur Bertrand CANIVET - Département des maladies métaboliques Faculté de Médecine de Nice - Service de Diabétologie Hôpital Pasteur, CHU de Nice
PHYSIOPATHOLOGIE du DIABETE PLAN I Rappel physiologique II Etiopathogénie du diabète de type 1 III Etiopathogénie du diabète de type 2 IV Physiopathologie des complications spécifiques (micro-angiopathie)
I – RAPPEL PHYSIOLOGIQUE Métabolisme du glucose Au niveau de l’organisme Au niveau intracellulaire L’insuline Insulino-sécrétion Mécanisme d’action
METABOLISME DU GLUCOSE DANS L’ORGANISME – I Glucose = substrat énergétique primordial Sa « consommation » (par les tissus) doit être équilibrée par sa « production » (PHG, production hépatique de glucose)
METABOLISME DU GLUCOSE DANS L’ORGANISME – II En période absorptive (post-prandiale), le foie filtre l’arrivée du glucose intestinal en mettant en réserve le « surplus » En glycogène hépatique (glycogenosynthèse stimulée par l’insuline). En glycérol (glycolyse) qui, avec les AGL alimentaires, constituera des triglycérides (sur place : hépatique et à distance : adipocytaire).
METABOLISME du GLUCOSE dans L’ORGANISME – III En période basale, loin des repas (à jeun) Il n’y a plus de glucose issu de l’intestin. Le foie restitue (produit) du glucose Par glycogenolyse (débobinage du stock de glycogène hépatique) Par néoglycogénèse : fabrication par le foie de glucose à partir de substrats non glucidiques : acides aminés, glycérol, lactates.
METABOLISME du GLUCOSE
TRANSPORT du GLUCOSE Transport libre extra-cellulaire Transport intra-cellulaire Passif (foie ++) selon gradient Actif sous dépendance des GLUT (Glucose Transporter)
Les GLUT
STIMULATION des GLUT par l’insuline
METABOLISME INTRACELLULAIRE du GLUCOSE -I Pénétration intracellulaire via GLUT Étape limitante : transformation du glucose (non utilisable) en glucose-6P, métabolisable (hexokinase, glucokinase)
METABOLISME INTRA-CELLULAIRE du GLUCOSE - II A partir du G-6P Glycogénosynthèse (stockage) Glycolyse aérobie : voie oxydative productrice d’énergie intracellulaire (ATP) via glycérol, pyruvate, acelylco A. Glycolyse anaérobie : voie non oxydative produisant lactate, via pyruvate Dans certains tissus, voie accessoire dite des pentoses-phosphate aboutissant au sorbitol
L’INSULINE Rappel : biosynthèse Mécanisme de l’insulinosécrétion Mode d’action cellulaire de l’insuline
INSULINE : STRUCTURE Insuline = polypeptide de 51 résidus amino-acyls (pM = 5700), constitué de deux chaines A et B reliées par deux ponts disulfures
INSULINE BIOSYNTHESE (DEMIE VIE PLASMATIQUE : 20-30’)
MECANISMES DE L’INSULINOSECRETION
INSULINE : MODE D’ACTION Via un récepteur membranaire spécifique
INSULINE : MODE D’ACTION Signalisation intracellulaire
II – DIABETE de type 1 Destruction sélective des cellules B des îlots (endocrines de Langerhans) pancréatiques, par une réaction autoimmune, habituellement lente et progressive Définition mécanistique Destruction sélective des cellules B des îlots (endocrines de Langerhans) pancréatiques, par une réaction autoimmune, habituellement lente et progressive Le diabète est découvert en règle quand près de 90 % des cellules B sont détruites. Le diabète est découvert en règle quand près de 90 % des cellules B sont détruites.
DIABETE de TYPE 1 ARGUMENTS POUR L’AUTO-IMMUNITE Modèles expérimentaux animaux Epidémiologie : association à des M.A.I. Aspect Anapath : insulite Auto-anticorps Lymphocytes T auto-réactifs Terrain : éléments génétiques Rôle de l’environnement : facteurs déclenchants ? Implications thérapeutiques
DT1 : AUTO-IMMUNITE - 1 I – Modèles expérimentaux Spontanés :souris NOD Induits :STZ, Alloxane, transgénique II – Association à M.A.I. TAI, m. coeliaque, vitiligo (++) Biermer, PR…. III – Insulite Infiltrat mononuclée dans l’îlot
DT1 : AUTO-IMMUNITE - 2 IV – Les auto-anticorps Ils précèdent la survenue du diabète ICA ; Anti-GAD, Anti IA2, Anti-insuline Témoins plus que responsables Dosables, marqueurs de risque de DT1 VI – Lymphocytes Lymphocytes « activés » auto-réactifs, cytotoxiques Dans conditions particulières, possibilité de transmission de la maladie (modèles animaux)
DT1 : AUTO-IMMUNITE et GENETIQUE Epidémio-génétique DT1 : 10 % cas familiaux Jumeaux monozygotes : 30 % concordance « Gênes de susceptibilité » 20 loci dont un variant s’associe au DT1. Le plus fort est dans la région HLA (locus IDDM – 1) (95 % des DT1 sont DR3 ou DR4)
DT1 : FACTEURS D’ENVIRONNEMENT Histoire naturelle Conflit immunologique = phase silencieuse (pré diabète de type 1) Le diabète survient après 90 % de destruction des cellules B des îlots Facteurs d’environnement Qui déclenche (chez un sujet pré-disposé) la réaction auto-immune ? virus, mycobactéries ? toxiques, polluants ? nutrition (allaitement au lait de vache) climat (gradient Nord Sud)
IMPACT THERAPEUTIQUE Traitement immuno-modulateurs Vise à bloquer la réaction auto-immune avant qu’elle n’ait abouti à son terme Requiert un dépistage du pré-diabète T1 Diverses tentatives (depuis 20 ans) non encore fructueuses Éviction des facteurs d’environnement Éliminer les déclencheurs (mais inconnus) Exemple de l’allaitement au lait de vache (Finlande)
III – DIABETE de TYPE 2 1 – PHYSIOPATHOLOGIE Anomalies de l’insulinosécrétion Insulino-résistance 2 – ETIOPATHOGENIE Éléments génétiques Éléments d’environnement
INSULINO-SECRETION - 1 Rappel physiologique Stimuli-physiologiques Nutriments : glucose, glycérol, acides aminés Hormones : surtout GLP1 et GIP (concept incrétine) Neuromédiateurs : Acétylcholine
INSULINO-SECRETION – 2 Perturbations dans le DT2 : Remarque méthodologique : insuliosécrétion à interpréter selon niveau glycémique Abolition de la première phase Abolition de la pulsatilité Désensibilisation spécifique au stimulus glucosé (conservation des stimuli non glucosés) Anomalie qualitative : pourcentage élevé de précurseurs (pré-insuline)
INSULINO-SECRETION - 3 Abolition de la première phase
INSULINO-SECRETION – 4 Conservation des stimuli non glucosés
INSULINO-RESISTANCE – 1 Concept État de l’organisme dans lequel la réponse biologique pour une concentration (physiologique) d’insuline est diminuée (moindre que prévue). Dans ce cas, si la cellule B est intacte, elle sécrète plus d’insuline pour compenser (état d’insulino- résistance pure, isolée, indépistable, hormis par dosage d’insuline). Si la cellule B est défectueuse, elle ne compense pas et le diabète apparaît.
INSULINO-RESISTANCE - 2 Sites à l’échelon de l’organisme (DT2)
INSULINO-RESISTANCE - 3 Sites de mauvaise captation de glucose
INSULINO-RESISTANCE – 4 A L’ECHELON CELLULAIRE Récepteur membranaire de l’insuline Signalisation intracellulaire Effecteur (GLUT)
INSULINO-RESISTANCE - 5 Au niveau du récepteur de l’insuline
INSULINO-RESISTANCE - 6 Au niveau de l’effecteur (GLUT)
Au total : Insulino-résistance progressivement non compensée par (déficit de) l’insulino- sécrétion. Facteurs d’amplification (d’accélération du processus) glucotoxicité lipotoxicité
GLUCOTOXICITE
LIPOTOXICITE
ETIOPATHOGENIE – 1 Éléments génétiques Anomalies de structures rares exemples des diabètes monogéniques (MODY) Anomalies fonctionnelles probables multigéniques soupçonnées, non prouvées (Rappel : maladie familiale)
ETHIOPATHOGENIE – 2 Éléments d’environnements Le surpoids, surtout dans la répartition abdominale infiltre les viscères (altère leur réponse ?) facteur de lipotoxicité La sédentarité diminue la consommation glucosée diminue la sensibilité à l’insuline (ex : les myopathies ont des troubles de glycorégulation) Impact thérapeutique diminution du poids efficaces dans le augmentation de l’activitéle traitement et la prévention
IV – COMPLICATIONS DU DIABETE 1- MICROANGIOPATHIE 1- MICROANGIOPATHIE Complication spécifique du diabète Atteinte des artérioles et capillaires artériolaires Exprimée surtout sur rétine et glomérule 2 - MACROANGIOPATHIE (ne sera pas envisagée dans ce cours) Complication non spécifique du diabète Atteinte de grosses artères (athérome) Le diabète en est un facteur favorisant (facteur de risque), comme HTA, HC, tabac Néanmoins, le diabète en est un facteur de gravité ( > HTA, HC, tabac), notamment à cause de microangiopathie associée.
MICROANGIOPATHIE 1 – Relations avec l’équilibre glycémique 2 – Bases moléculaires 3 – Conséquences thérapeutiques
RELATIONS AVEC L’EQUILIBRE GLYCEMIQUE 1 – Dans le diabète de type 1 Modèle « pur » car peu ou pas d’obésité, HTA ou HLP associés Un grand essai démonstratif : DCCT (USA, 1993) 2 – Dans le diabète de type 2 Modèle « impur » car autres facteurs associés (surtout HTA) Un grand essai démonstratif : UKPDS (UK, 1998)
DCCT (DT1) : méthodologie
DCCT (DT1) : RESULTATS I – RETINOPATHIE
DCCT (DT1) : RESULTATS II – NEPHROPATHIE
UKPDS (DT2) : METHODOLOGIE
UKPDS (DT2) : RESULTATS
BASES MOLECULAIRES Comment le glucose en excès (chronique) détériore le système artériolo-capillaire ? 1 – Altération du contenant (paroi artérielle) Voie des polyols Voie de la glycation des protéines qui augmentent le stress oxydatif 2 – Altération du contenu (sang) Anomalies hémorheologiques
VOIE DES POLYOLS
CONSEQUENCES DE LA VOIE DES POLYOLS
GLYCATION (NON ENZYMATIQUE)
CONSEQUENCES DE LA GLYCATION
STRESS OXYDATIF L’élévation de concentration cellulaire d’oxydants (radicaux libres) lèse la cellule et active des voies de signalisation Il existe des mécanismes de défense (chaleur, superoxyde dismutase, anti- oxydants) Le degré de stress oxydatif dépend de la balance production / élimination
ANOMALIES HEMORHEOLOGIQUES L’hyperglycémie modifie : Les hématies Les plaquettes Les leucocytes (à part, les PNN)
ETAPES SECONDAIRES Dysfonction endothéliale Hemodynamique, Hypoxie tissulaire Réaction « proliférative » à l’hypoxie
IMPLICATIONS THERAPEUTIQUES 1.Prévention = Bon équilibre glycémique au long cours (pas facile, même de nos jours) 2.A défaut, traiter les facteurs aggravants 3.Futurisme : empêcher les réactions chimiques néfastes en présence d’hyperglycémie chronique IAR Antiglycation Anti-agrégants (déjà depuis des années)