CONDUITE A TENIR DEVANT DES SUEURS NOCTURNES Eva Marciano
INTRODUCTION L'hyperhidrose ou transpiration excessive est un motif de consultation fréquent en médecine générale. La démarche étiologique face à ce symptôme est essentielle. L'hyperhidrose localisée est la plus fréquente, généralement symétrique et idiopathique (95 %). L'hyperhidrose généralisée est le plus souvent secondaire.
POINTS FORTS l'hyperhidrose est-t-elle généralisée ou localisée ? Le trouble est –il ancien ou récent? l'hyperhidrose est-elle un symptôme isolé ou existe-t-il d'autres symptômes associés ? Est-elle primitive ou secondaire ?
Démarche anamnestique Les points suivants doivent avant tout être précisés ou recherchés : contexte infectieux, contexte émotionnel, fièvre/hypothermie , Hypersudation diurne et/ou nocturne , liste des prises médicamenteuses, consommation d'alcool , altération de l'état général, contexte endocrinien (diabète, céphalées, flush, signes de dysthyroïdie, diarrhées, etc.), contexte neurologique particulier, antécédent de sympathectomie, anhidrose associée.
Hyperhidrose primitive et hyperhidrose secondaire : critères d'orientation En faveur d'une hyperhidrose primitive: Évolution depuis plus de 6mois dans les zones axillaires, palmoplantaires, craniofaciales, avec au moins quatre des sept items suivants : caractère bilatéral et symétrique, épisodes au moins hebdomadaires, début des symptômes avant 25 ans , absence d'hyperhidrose nocturne, antécédents familiaux d'hyperhidrose Impact sur les activités quotidiennes.
Hyperhidrose primitive et hyperhidrose secondaire : critères d'orientation En faveur d'une hyperhidrose secondaire: caractère unilatéral, asymétrique , caractère généralisé, épisodes nocturnes, pathologie endocrinienne associée , pathologie neurologique associée.
Démarche diagnostique
Etiologies des hyperhidroses généralisées Causes Hyperhydrose généralisée Primaire Rare Neurologique Lésions encéphaliques ( vasculaires, tumorales, abcès) Sclérose en plaque, Maladie de Parkinson, Syndromes dysautonomiques Syringomyélie Néoplasique Phéochromocytome, Lymphome, Maladie de Hodgkin Thymome, Tumeurs carcinoïdes. Infectieuse Etat fébrile, défervescence Choc septique, Paludisme, Tuberculose, Endocardite, Brucellose. VIH Mononucléose infectieuse.
Etiologies des hyperhidroses généralisées Causes Hyperhydrose généralisée Cardio-respiratoire Insuffisance cardiaque congestive, Angor de Prinzmetal, Insuffisance respiratoire aiguë, Choc cardiogénique. Endocrinienne Diabète, et hypoglycémie Hyperthyroïdie, Grossesse, Ménopause, Acromégalie, Porphyries, Insulinome. Médicamenteuse/ Toxique Alcool, Sevrage alcoolique, Sevrage toxicomaniaque, Adrénergique, Anticholinestérasique, Antidiabétiques, Antidépresseurs tricycliques, IRS, Antipyrétiques,, AINS, Opiacés. Congénitale, génétique Syndrome de nævus épidermique, Syndrome de Klippel-Trenaunay…
Etiologies des hyperhidroses généralisées IL ne faut pas oublier les émotions ( stress) et l’obésité qui sont des causes fréquentes d’hyperhidrose généralisée isolée avec les médicaments ( cf diapositive précédente).
La problématique des hyperhidroses nocturnes Il faut rechercher à l’interrogatoire la notion de fièvre, de toux, un amaigrissement, un flush, une diarrhée, des facteurs de risque de contamination par le VIH, d’endocardite ou un diabète. L’examen physique doit évidemment recherchés: Des adénopathies, Un syndrome cave supérieur ou inférieur, Une splénomégalie, Un souffle cardiaque, Une exophtalmie, Des signes cutanés d’endocardite.
La problématique des hyperhidroses nocturnes Le bilan complémentaire doit comprendre: Une biologie avec NFS, plaquettes, ionogramme sanguin urémie, créatininémie, bilan hépatique complet, des LDH, une CRP et une VS et une sérologie VIH 1 et 2 peut être faite d’emblée si le contexte est évocateur. Une radiographie du thorax et une échographie abdominale ( ou éventuellement un scanner thoraco-abdominal).
Conclusion L’hyperhidrose est un symptôme fréquent. Si les hyperhidroses secondaires sont rares, leurs étiologies doivent être systématiquement recherchées, notamment à l’anamnèse. Les affections neurologiques et endocriniennes sont les pathologies les plus responsables d’hyperhidroses secondaires.
Bibliographie Du symptôme à la prescription en médecine générale, chapitre hyperhidrose, Yves Melchior. Hyperhydrose : du symptôme au diagnostic, traité de dermatologie Elsevier-Masson, I. Héliot Hosten. Hyperhydrose : traité de dermatologie Elsevier-Masson, H Maillard, P Dumont. http://www.therapeutiquedermatologique.org/spip.php?article1155