Historique et bases générales de la théorie de l’attachement Yvon Gauthier MD Hôpital Sainte Justine
John Bowlby: Historique - Travail original avec délinquents : histoires de ruptures répétées - 1952 – «Soins maternels et Santé mentale» importance de carence maternelle - Hospitalisation des jeunes enfants 0-3 ans Réactions : protestation, tristesse-retrait, détachement
Théorie de l’attachement Principaux éléments : Recherche de proximité d’une figure qui répond à : Besoins physiologiques Besoins de stimulations sensorielles connaissance Besoin social et qui devient significative
Théorie de l’attachement (suite) Relation de réciprocité Interaction entre partenaires (feedback) Continuité et cohérence dans cette relation : Base de sécurité exploration du monde extérieur 4. Toute situation de stress, d’inconfort active ce système : besoin de rapprochement
Théorie de l’attachement (suite) Brisure ou menace de brisure des liens d’attachement à cette figure protestation majeure Affects mis en cause par perte et séparation : Angoisse Colère Tristesse – deuil 7. Continuité et cohérence internalisation d’un monde prévisible
Ainsworth : situation étrange Parent disponible : Sensible aux signaux Sensible aux demandes de : réconfort protection Consistant dans l’encadrement Enfant sécure : Confiant et explorateur
Ainsworth : situation étrange (suite) ENFANT INSÉCURE Parent imprévisible : Séparations fréquentes Menaces d’abandon Parent rejetant : Refuse souvent aide Mauvais traitements Résistant : Ambivalence Accrochage Évitant : Se débrouille seul
Ainsworth : situation étrange (suite) Qualités de figure significative : Disponibilité émotionnelle Sensibilité aux signaux Quantité et qualité des interactions Consistance de l’encadrement
Attachement entre 1 an et 3 ans 18-36 mois : «goal corrected partnership» Besoin d’autonomie agendas conflictuels Affirmation de soi négociations fréquentes Besoin de figures protectrices pour aider l’enfant à faire face à l’agressivité, culpabilité, honte, etc. Plus l’attachement est de qualité, plus l’attachement est sécure plus cette phase se passe bien Plus l’attachement est insécure et ambivalent plus on observe des comportements oppositionnels et agressifs
Suivi des enfants 3 ½ ans et 5 ans (Sroufe, 1983; Erickson, 1985) Insécure : Évitant : hostile, antisocial, renfermé, recherche attention Résistant : tendu, impulsif, recherche attention, passif et sans défense Sécure : Coopératif Joyeux, populaire Capable de faire face au stress
Suivi à long terme Préscolaire – scolaire - adolescence Enfant sécure Plus confiant de réussir Plus persistant Plus de contrôle sur environnement Plus résistant au stress Plus de compétence sociale Plus de capacité d’empathie
Suivi à long terme Préscolaire – scolaire - adolescence Enfant insécure Résistant Plus de colère Plus de troubles anxieux à l’adolescence Évitant Plus de colère Tendance à victimiser les pairs À plus haut risque de troubles de conduite
Transmission Intergénérationnelle Main & Solomon Adult Attachment Interview Fonagy 1993 Mères sécures Mères Insécures
Transmission Intergénérationnelle Mères soumises à violence et abus durant l’enfance Pattern d’attachement D chez leur enfant à 18 mois (Lyons-Ruth & Block, 1996)
Implication Maternelle: enfants de 18 mois K. Lyons-Ruth, D. Block
Comportement Maternel hostile, intrusif : enfants de 18 mois Maternal trauma group None Neglect Harsh Witness Sexual A. Physical A. Both
Détresse de l’enfant et colère: enfants de 18 mois
BOWLBY Modèles internes d’attachement : Confiance et prévisibilité Expériences répétées d’interactions positives ou négatives Présence de figure d’attachement Accessibilité et disponibilité de cette figure Confiance et prévisibilité Estime de soi ou le contraire
Contrôle Interne
Pattern «D» désorganisé/désorienté Comportements parentaux activent des tendances conflictuelles chez l’enfant Conduisant À des comportements contradictoires qui sont un mélange des comportements observés dans les deux autres patterns insécures
Pattern «D» désorganisé/désorienté Comportements contradictoires Mouvement vers le parent suivi d'évitement Mouvements non-dirigés, incomplets ou interrompus Stéréotypies, postures bizarres Appréhension, …peur Changements d'affect multiples
Fréquence 13% en milieu de classe moyenne Cette fréquence augmente avec la sévérité des facteurs de risque social : 28% dans les familles à problèmes multiples 54% quand mères sérieusement déprimées et de milieu économiquement pauvre 82% dans les familles maltraitantes (Lyons-Ruth et al, 1993)
Pattern désorganisé Suivi à 5 ans (Lyons-Ruth et al, 1993) : 71% des enfants avec comportements agressifs à 5 ans avaient démontré pattern désorganisé à 18 mois
Suivie à long terme Carlson 1998 Enfants D à 12 et 18 mois Plus souvent: Symptômes de dissociation à l’école élémentaire et high school Plus de psychopathologie à 17 ans
CAS CLINIQUE : ANDRÉ ANDRÉ MÈRE Mère absente toute la première année 25 mois En famille d’accueil depuis sa naissance Attachement ++++ Développement très adéquat MÈRE Mère absente toute la première année Réapparaît à 1 ans, quand l’adoption est possible Visites programmées avec la mère par le tribunal Progrès de la mère qui vit avec un nouveau conjoint Mère veut aussi reprendre ses fils de 11 et 16 ans
CAS CLINIQUE : ANDRÉ Depuis les visites programmées Besoin de proximité de sa mère d'accueil la suit partout très inquiet de chacune de ses sorties Ne veut plus aller jouer dans la cour de sa maison, comme il le faisait Troubles du sommeil ne s'endort plus dans son lit, mais seulement dans celui des parents qui le couchent dans son lit au moment où eux-mêmes se couchent il revient plusieurs fois pendant la nuit Refus de s'habiller les jours où sa mère biologique vient le chercher
Cas clinique: André Laissons-nous partir cet enfant de sa famille d’accueil qui est prête à l’adopter pour aller vivre avec sa mère?
Statut actuel Origines cliniques: observations de Bowlby, Ainsworth, Robertson, Main, etc. « L‘attachement s’est avéré être, peut-être, le plus important construit développemental jamais soumis à la recherche » (Sroufe, et al., 2005, 51) Fossé actuel entre recherche et clinique?