Une parabole célèbre Par Saint-Simon (1819)

“La France, après la crise qui a renversé son ancien système politique ne s’en est point fait un nouveau” Saint-Simon, De la Réorganisation de la société européenne, in Oeuvres complètes, tome I, page 237.

Claude Henri de Rouvroy, Comte de Saint-Simon ( ) Philosophe et économiste L’un des théoricien français du socialisme les plus connus Aristocrate, en rupture avec sa famille Il devient officier et participe à la guerre d’indépendance américaine Il abandonne sa particule pendant la révolution et s’enrichit en revendant des biens nationaux. Il reprend ses études en 1798 dans le but de faire une nouvelle Encyclopédie Des difficultés financières due à une mauvaise gestion de son patrimoine l’amènent à devenir copiste au Mont-de-piété en 1807 Opposant aux Bourbons Il publie dans la revue Industrie les grands principes de sa philosophie

Nature Saint-Simon décrit dans ses oeuvres la construction d'un « système industriel et scientifique ». Il l'expose dans différents ouvrages et brochures dont L'Organisateur, écrit entre novembre 1819 et février Cette nouvelle organisation sociale a pour but de modifier le sort de « la classe la plus nombreuse et la plus pauvre », et de métamorphoser les rapports sociaux en reconsidérant les droits de chacun. La parabole est le premier texte de l’Organisateur, il est aussi le plus célèbre des écrits de Saint-Simon Un texte qui lui vaut à la fois des poursuites et la notoriété

Contexte Au tout début du XIXe siècle, en France, les doctrines contestataires occupent le devant de la scène dans un contexte d'incertitude qui se prolongera jusqu'à l'avènement de la IIe République, en L’œuvre de Saint-Simon demeure marquée par la recherche des moyens concrets de résoudre une question politique majeure, à savoir l’achèvement du processus ouvert par la Révolution Française, figée par l’Empire et par la Restauration. Dès 1802, dans Les Lettres d’un habitant de Genève à ses contemporains, il propose un changement pour sortir de « la crise », par des moyens réformistes, sans rupture. Il part du constat que la Révolution de 1789, malgré, et à cause de, sa forme violente, n’est pas parvenue à changer le système social. En remplaçant des “hommes” et non des “principes”, la Révolution est demeurée inachevée. Pour terminer la Révolution Française, la proposition centrale de Saint-Simon est donc d'établir un nouveau système social qu’il nomme le « système industriel »

Problématique En quoi cette parabole permet-elle d’appréhender la complexité du socialisme technocratique de Saint-Simon?

Plan I. Une société qui marche sur la tête II. Vers une société industrielle III. Contre les héritiers

I. Une société qui marche sur la tête 1. Dualité des élites 2. Une aristocratie oisive et improductive 3. La marche de la civilisation

1. La dualité des élites Opposition entre ceux qui produisent et ceux qui ne produisent pas Les élites de l’Ancien régime ont perdu leur raison d’être. Même constat que Tocqueville, mais aucune nostalgie de l’ancien régime Formulation de l’idée des trois états attachée à Auguste Comte

2. Une aristocratie oisive et improductive Une minorité d’oisifs qui exploitent l’immense majorité des travailleurs Des propriétaires-rentiers qui n’entreprennent rien Leur disparition serait bénéfique Comparution en cours d’Assise pour ces propos

3. La marche de la civilisation “Un mouvement général qui pousse aujourd’hui la société vers l’établissement du système industriel” Une histoire rationnelle qui obéit à une loi de progression Influence du progressisme de Condorcet Idée d’une raison dans l’histoire

II. Vers une société industrielle 1. Les industriels à la tête de la nation 2. Développement économique et progrès 3. Une nouvelle religion industrielle

1. Les industriels à la tête de la nation La véritable élite: savants et chefs d’entreprise Ceux qui font la richesse de la France Les producteurs: l’âme et la tête de la nation Le gouvernement doit être l’émanation de cette classe industrielle Une société technocratique et élitiste

2. Développement économique et progrès Elle continuerait à rester subalterne tant qu’elle n’aurait pas réparé cette perte (l.11) Primauté des forces économique et des producteurs Primat de l’économique, c’est le développement économique qui est porteur de progrès

3. Une nouvelle religion industrielle L’Église a failli à sa mission et la religion chrétienne a fait faillite. Lepouvoir spirituel comme le pouvoir temporel appartiendra à l' élite nouvelle. La société industrielle ne sera pas t qu'une économie nouvelle mais une sorte de religion laïcisée, une nouvelle morale. L'Académie française, rénovée, rédigera un catéchisme national et sera chargée de contrôler les nouveaux ministres des cultes

III. Contre les héritiers 1. La fin de l’héritage 2. La fin de l’exploitation de l’homme par l’homme 3. L’administration des choses plutôt que le gouvernement des hommes

1. La fin de l’héritage Suppression de l’héritage Pour autant, Saint Simon n’est pas égalitariste “A chacun selon ses capacités” Il est favorable à une propriété en fonction des capacités de chacun

2. La fin de l’exploitation de l’homme par l’homme Une pensée qui annonce le manifeste de Marx et Engels Une idée développée par les disciples de Saint Simon dans l’Exposition de la doctrine de Saint-Simon, 1830.

3. L’administration des choses, plutôt que le gouvernement des hommes L’Etat administre et ne gouverne pas Un Etat collectiviste qui distribue les instruments de travail que sont la terre et les capitaux, en fonction des besoins de la production La production est dirigée par un "système général de banques" ayant à sa tête une banque nationale.

Conclusion Une oeuvre méconnue Mais une influence immense (Comte, Proudhon, Marx) Une vision utopique et technocratique du socialisme aux influences disparates (Condorcet, Say, Bonald) Thèse complexe: pour la protection des travailleurs, pour le transfert de l’Etat aux producteurs qui deviennent les organisateurs d’un système planifié Annonciateur d’une nouvelle ère industrielle fondée sur l’amour de la science et du travail productif

Bibliographie Pierre Musso, Qu’est-ce que le Saint- Simonisme? QSJ, P.U.F.