ESH Camille Vernet Nicolas Danglade Révisions ECE 2 2015-2016 ESH Camille Vernet Nicolas Danglade
Liste des sujets Les classes populaires en France aujourd’hui À quoi sert la politique industrielle Peut-on dire que dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé ? Comment expliquer les écarts de taux de chômage entre les pays développés ? L'ouverture des économies explique-t-elle la montée et le maintien d'un chômage élevé en France ? L’arbitrage inflation-chômage guide-t-il la politique monétaire ? Existe-t-il une limite à l’endettement public ? La politique budgétaire est-elle utile ? Faut-il définir des principes de politique budgétaire ? Doit-on et peut-on réguler le cycle économique ? L’Etat doit-il toujours arbitrer entre égalité et efficacité ? Les inégalités dans la mondialisation La stagnation séculaire: d’où vient-elle? Comment en sortir ?
Les classes populaires en France aujourd’hui Définir classes sociales : 3 critères Le(s) critère(s) d’appartenance Le critère de comportements / culture / mode de vie Le critère de l’action collective Distinction classe en soi/classe pour soi (classe mobilisée) Distinction critère objectif/critère subjectif
Place et rôle des classes populaires en France au 20ième siècle : la classe ouvrière supplante la paysannerie et les conflits sociaux s’articulent autour des conflits du travail = développement droit social / Etat-social Quelle place tiennent-elles objectivement dans la société française ? Ces classes sociales sont-elles toujours associées à des mouvements sociaux de grande ampleur ?
Les classes populaires : un groupe social toujours central dans la société française 1.1 Malgré la moyennisation de la société française, les classes populaires n’ont pas disparu Conclusion : objectivement les conditions de vie des classes populaires sont différentes des autres, et que l’accès aux ressources socialement valorisées par la société est moindre pour ce groupe.
1.2 Le poids toujours important de la reproduction sociale en France : l’exemple de l’école Sociologie de l’éducation + travaux plus récents en économie Conclusion : Les inégalités s’auto-alimentent / polarisation sociale
2. Des classes populaires moins visibles 2.1 Le recul du mouvement social ouvrier Plusieurs facteurs explicatifs 2.2La lutte contre les inégalités supplantée par la lutte contre les discriminations Des politiques de lutte contre les inégalités aux politiques de lutte contre les discriminations
A quoi sert la politique industrielle ? 1. Deux logiques différentes en fonction du niveau de développement des économies 1.1 Les politiques industrielles verticales et le rattrapage L’Etat est un acteur central des politiques industrielles menées dans les pays en rattrapage. Décollage et latecomers (Gerschenkron) Mais : défaillances de l’Etat
1.2 Les politiques industrielles horizontales et le déplacement de la frontière technologique La concurrence permet un niveau d’investissement plus élevé nécessaire pour se situer sur la frontière technologique = favoriser la politique de la concurrence Mais : défaillances de marché Conclusion : éviter les défaillances du marché conduit à l’intervention publique, mais l’intervention publique conduit à des défaillances de l’Etat. Est-il possible de sortir de ce dilemme ?
2. Une nouvelle politique industrielle : maîtriser à la fois les défaillances de marché et les défaillances de l’Etat 2.1 Répondre aux défaillances engendrées par le marché Défaillances de marché et système d’innovation 2.2 Répondre aux défaillances engendrées par l’Etat Plus la démocratie est de bonne qualité, plus la politique industrielle est efficace.
Peut-on dire que dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé ? François Mitterrand (1993) : « Dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé ». Point de départ de ce sujet : existence d’un chômage de masse et durable ; une croissance du taux de chômage pour toutes les PCS mais en particulier pour les ouvriers non qualifiés et les jeunes actifs (moins de 25 ans) ; Aujourd’hui taux de chômage environ à 10% ; 3,6 millions de chômeurs catégories A Pôle Emploi (qui ne travaillent pas et souhaitent travailler). Ce sujet nous invite, un quart de siècle plus tard, à dresser un bilan des politiques visant à lutter contre le chômage entreprises depuis les années 1970 et à proposer d’éventuelles nouvelles pistes.
Nous montrerons dans une première partie, que les politiques mises en œuvre jusqu’à aujourd’hui sont globalement inefficaces, ou lorsqu’elles fonctionnent, sont très coûteuses. Nous distinguerons notamment les politiques conjoncturelles et les politiques structurelles de lutte contre le chômage. Nous montrerons dans une seconde partie qu’il reste encore des domaines possibles d’intervention publique, mais que de nouvelles politiques nécessiteraient des réformes difficiles à mettre en œuvre.
Les politiques de lutte contre le chômage en France depuis les années 1970 : une impuissance à faire reculer le chômage 1.1 Des politiques conjoncturelles de moins en moins sollicités et de moins en moins cohérentes Cas de la France Fin années 1970 : politique de relance (pour faire baisser le chômage) + politique restrictive (pour faire baisser inflation) Milieu 1980 : politique de désinflation compétitive et ancrage sur le deutschmark Années 1990: critères de convergence Années 2000: policy-mix européen La marge de manœuvre des politiques conjoncturelles se réduit 2009/2010 : relance Depuis 2011: policy mix européen incohérent Nous avons assisté à un recul progressif dans l’usage de ce type de politiques publiques, jusqu’au moment de la crise de dettes souveraines, où l’incohérence du policy-mix n’a pas permis de stimuler l’activité suffisamment pour « inverser la courbe du chômage ».
1.2 Des politiques de lutte contre le chômage structurel très peu efficaces Années 1980 : CDD + Pré-retraites + Emplois aides 1993 Mitterrand Années 1990/2000: RTT + allègements cotisations sociales + CICE + loi TEPA Conclusion : des résultats décevants
2. D’autres pistes pour réduire le chômage structurel 2.1 Améliorer l’appariement et réformer le droit du travail et augmenter la demande de travail des entreprises Qualité de l’information, la formation et la mobilité géographique La flexibilité du marché du travail et la nature du contrat de travail La qualité du dialogue social et le rôle des syndicats
La nature du contrat de travail et le fonctionnement du CDI : deux inconvénients = Licenciement coûteux et incertain Conséquences = Utilisation de contrats courts : dualisation Frein aux créations et aux destructions d’emplois Or : plus cette rotation de l’emploi est élevée, plus la productivité dans les entreprises augmente, plus la croissance est importante, et plus cela stimule la création d’emplois. Pourquoi ? Rotation de l’emploi = utilisation efficiente du capital humain = PGF
La destruction des emplois a pour contrepartie une meilleure allocation des ressources qui fait progresser la croissance et donc la création d’emplois nouveaux. Il y a donc deux mouvements distincts : celui du flux de chômeurs qui augmente avec une plus forte rotation et celui du stock de chômeurs qui diminue grâce à la dynamique de création des emplois.
Cahuc et Zylberberg, la conclusion à laquelle amène cette analyse est centrale : le chômage est une nécessité ! Il est la contrepartie d’un turn-over de la main d’œuvre qui permet une accumulation du capital humain dans l’économie, générateur de croissance et d’emplois. Mais à une condition : que l’appariement entre l’offre et la demande soit de bonne qualité.
Dialogue social : la capacité des acteurs du monde du travail à mettre en œuvre le droit du travail dans les entreprises. La condition pour que ce dialogue puisse opérer s’appuie sur la présence dans chaque entreprise de syndicats représentatifs d’une grande majorité des salariés. Or, faiblesse syndicale en France qui conduit à ce que le droit du travail soit appliqué de manière assez « verticale » = trop de rigidité = pénalise les entreprises
Conclusion 2.1 : En résumé, le champ des réformes reste encore suffisamment large pour affirmer qu’en matière de chômage nous n’avons pas tout essayé. Ce champ des réformes s’appuie par ailleurs sur une idée particulière : le chômage est aussi une nécessité.
2.2 Réforme du droit du travail et protection des salariés : l’adaptation de la flexicurité danoise en France Flexibilité du marché du travail = favoriser le turn over mais choisir entre le modèle américain et le modèle danois = quelles conséquences sur les inégalités ? Peut on éviter le dilemme « efficacité versus équité » ? Les caractéristiques du modèle danois Les difficultés d’adaptation de ce modèle en France
Comment expliquer les écarts de taux de chômage entre les pays développés ? Point de départ une comparaison des taux de chômage dans les PDEM : de 4,5% au Etats-Unis ou en Suède à 25% en Grèce, en passant par 10% en France. Comment expliquer que le taux de chômage soit 6 fois plus élevé en Grèce aujourd’hui qu’aux Etats-Unis ? Pour quelles raisons le fonctionnement intrinsèque du marché du travail dans un pays amène peut conduire à taux de chômage relativement plus élevé = écarts de chômage structurel; Dans quelle mesure les cycles économiques diffèrent-ils d’un pays à l’autre et comment les pouvoirs publics agissent-ils sur les écarts de production qui en découlent : écart de chômage conjoncturel
1. Les écarts de taux de chômage structurel 1.1 L’impact des institutions sur le taux de chômage structurel D.C.North (PN 1993) On distingue les règles qui portent sur : Le droit du travail : nature du contrat de travail ; durée du travail ; CDI ; salaire minimum ; Le dialogue social : les modalités d’application du droit social dans les entreprises ; La protection sociale : montant des indemnités ; montant des aides sociales ; cotisations sociales et impôts 1.2 La qualité de l’appariement offre/demande
2. L’impact des politiques conjoncturelles et industrielles 2.1 Les différences de politiques économiques conjoncturelles mises en œuvre après des chocs négatifs. Exemple après 2008: hausse du chômage plus importante aux Etats-Unis mais reflux également plus important Effet d’hystérèse 2.2 L’intégration économique et les différences de politiques industrielles Difficulté en France à se rapprocher de la frontière technologique = faiblesse de la PGF = donc de la croissance potentielle et de l’emploi
L'ouverture des économies explique-t-elle la montée et le maintien d'un chômage élevé en France ? 1. La conséquence de l’ouverture de l’économie sur le chômage : une destruction nette d’emplois industriels mais un impact globalement faible 1.1 Les conséquences de l’ouverture des flux commerciaux et de capitaux : un impact négatif sur l’emploi industriel
François Bourguignon dans « La mondialisation de l’inégalité » (2014) s’appuie sur une étude du Trésor en France de 2010. On mesure à environ 70 000 les emplois détruits par an dans l’industrie en France entre 1980 et 2007. Sur ces 70 000 emplois, environ 10% serait la conséquence de délocalisation vers les pays émergents et 30% serait la conséquence d’une intensification de la concurrence internationale. Soit un effet direct de l’ouverture des économies expliquant 40% des emplois détruits dans l’industrie : ce qui fait environ 750 000 emplois détruits sur la période 1980-2007. Par ailleurs, l’ouverture commerciale produit un effet de rationalisation qui engendre une hausse du progrès technique. Or, la hausse de la productivité explique 30% des destructions d’emplois sur la même période. Ce qui signifie qu’indirectement l’ouverture commerciale peut expliquer 30% de plus d’emplois détruits.
Il faut par ailleurs, comme le fait l’étude de la Direction Générale du Trésor, préciser que l’impact sur l’emploi n’est pas du tout le même d’un secteur à un autre. Certains secteurs industriels sont créateurs nets d’emplois comme la secteur de l’industrie agro-alimentaire, d’autres sont « destructeurs » nets. Parmi les secteurs qui ont perdu des emplois, les échanges internationaux expliquent 83% des emplois perdus dans l’industrie automobile, mais 4% dans les biens intermédiaires ou les biens de consommation. Très peu d’effet des délocalisations Les conséquences de l’ouverture sur l’agglomération des activités : la France rejoint les pays de l’Europe du Sud
1.2 Un impact globalement modeste sur l’emploi total mais des difficultés d’appariement l’emploi « sédentaire » représente 85% des emplois en France en 2007, contre 15% pour l’emploi « nomade »; Plus d’impact sur les inégalités que sur le chômage; À mettre en perspective avec la rotation de la main d’œuvre sur le marché du travail : Les 750 000 emplois détruits dans l’industrie entre 1980 et 2007 équivalent donc à 75 jours de destructions d’emplois.
C’est pourquoi une question importante est moins celle du solde des emplois que de la réaffectation des emplois perdus : que deviennent les « perdants » de l’ouverture commerciale ? Problématique de l’appariement;
2. Une hausse du taux de chômage structurel 2.1 La faiblesse de la demande de travail : pénurie d’emplois et coût du travail trop élevé Explications en termes de « pénurie de travail » et de coût du travail trop élevé = des politiques de l’emploi peu efficaces ! 2.2 Une rotation de la main d’œuvre insuffisante Pour Cahuc et Zylberberg, le chômage n’est donc pas qu’un danger (pour ceux qui le subissent), ou une fatalité (parce que les politiques de l’emploi ont jusque là échoué), c’est aussi une nécessité. Réformer le marché du travail
L’arbitrage inflation-chômage guide-t-il la politique monétaire ? L’arbitrage inflation-chômage au cœur des objectifs de la politique monétaire 1.1 La période des politiques de stop and go (années 1950-1970) 1.2 La période de l’application de la règle de Taylor (années 1990-2000)
2. La disparition de l’arbitrage inflation-chômage 2.1 Le seul objectif de la politique monétaire : le contrôle du NGP (décennie 1980) 2.2 Un nouvel objectif pour les politiques monétaires depuis la crise de 2008 : la stabilité financière
Existe-t-il une limite à l’endettement public ? 1. La limite politique de l’endettement public L’Etat est le seul agent qui peut agir à la fois sur ses dépenses et ses recettes : pourquoi se trouve-il alors en situation de déficit? 3 cas possibles: effet des stabilisateurs + service de la dette + déficit « volontaire » Déficit « volontaire » : investissements de long terme + politique budgétaire + passivité Conclusion: tous les déficits ne se valent pas !
L’Etat s’est développé comme un acteur économique (3 fonctions selon Musgrave) = légitimité de l’intervention publique dans certains domaines = légitimité du déficit et de la dette Quelle limite politique ? Une partie des impôts sert à payer les créanciers de l’Etat = jusqu’à quel point les citoyens acceptent-ils se transfert? Mais les citoyens ont tendance à reporter sur les générations futures le remboursement des dettes contracter = pas de limite politique à la dette publique / dépend des préférences sociales
2. La limite économique de l’endettement public la puissance publique peut faire « rouler » sa dette = elle doit donc être capable à chaque période de contracter un nouveau prêt, ie faire face au service de la dette Le service de la dette progresse parce que : solde primaire déficitaire + (solde primaire positif < service dette) + hausse taux d’intérêt (effet boule de neige) Le service de la dette peut progresser (nominalement) mais dans le même temps la croissance et les recettes fiscales peuvent augmenter, l’inflation progresser = difficile de dire quand la dette va devenir insoutenable Ce qui fait basculer dans la crise de la dette : hausse prime de risque car perte de confiance des créanciers
Les travaux de Reinhart et Rogoff (2010): au-delà de 90% du pib, le ratio d’endettement réduit la croissance Faut-il pratiquer une politique de consolidation budgétaire quand un pays dépasse ce seuil? Rien ne dit que la consolidation budgétaire n’aura pas un effet dépressif sur la croissance plus fort que le ratio d’endettement = dans ce cas, mieux vaut attendre la reprise avant de consolider
La politique budgétaire est-elle utile ? Attention au vocabulaire : Depuis Samuelson, la politique budgétaire a pour objectif la stabilisation du cycle économique. Solde budgétaire = solde conjoncturel + solde structurel + services de la dette Rien n’empêche l’Etat d’avoir un solde primaire structurel à l’équilibre. Si un déséquilibre apparaît c’est donc que l’Etat choisit de le faire apparaître.
Politique budgétaire « discrétionnaire » + stabilisateurs automatiques = deux instruments qui font que le budget de l’Etat a un impact sur le niveau d’activité (la demande globale) = deux instruments budgétaires conjoncturels (l’un automatique / l’autre discrétionnaire) « La politique budgétaire est-elle utile ? » : la question porte donc uniquement sur la politique budgétaire « discrétionnaire ».
1. L’utilité de la politique budgétaire : les arguments keynésiens 1 1. L’utilité de la politique budgétaire : les arguments keynésiens 1.1 La politique budgétaire : un instrument utilisé pour réduire l’écart de production 1.2 Articulation avec la politique monétaire (policy-mix)
2. La politique budgétaire : un outil de relance critiquée 2 2. La politique budgétaire : un outil de relance critiquée 2.1 L’inefficacité de la politique budgétaire 2.2 L’encadrement des politiques budgétaires et monétaires
Faut-il définir des principes de politique budgétaire ? Attention, ici il faut entendre le terme de politique budgétaire au sens « très large », ie le budget de l’Etat / les finances publiques. Principes de politique budgétaire = des règles de finances publiques J.P.Fitoussi « La règle et le choix » (1995)
1. L’instauration de principes de politique budgétaire : contrôler le déficit et la dette publique 1.1 Les justifications d’un contrôle des finances publiques D’où vient le déficit public ? Pourquoi contrôler le déficit public ? a) Première série d’arguments la critique des politiques de relance keynésienne la critique de la passivité des pouvoirs publics b) Second argument : le cadre de la monnaie unique c) parce que le cumul des déficits publics a pour conséquence une dynamique de la dette qui peut devenir explosive d) les travaux de Reihnart et Rogoff
1.2 La diversité des principes de finances publics Critère de convergence / critère de Maastricht Critère du TSCG de l’UEM Angleterre En Espagne : la limite du déficit public est fixée à 0,4% du pib
La définition et la mise en œuvre de principes de finances publiques soulèvent cependant de nombreuses critiques qui conduisent à préférer la « discrétion » à la « règle ». Cette critique portent sur essentiellement sur l’intérêt de l’usage discrétionnaire du déficit public et sur les caractéristiques de la dette publique qui en font une dette de nature différente de la dette privée.
2. Préférer le choix à la règle : ne pas encadrer la dépense publique 2.1 Les arguments en faveur de l’utilité du déficit public discrétionnaire L’intérêt des politiques de relance La règle produit un effet pro-cyclique : Les politiques de consolidation budgétaire peuvent générer des effets multiplicateurs importants et casser la croissance
2.2 Les spécificités de la dynamique de la dette publique La dette publique ne se rembourse pas (plus exactement chaque remboursement s’accompagne d’un nouvel endettement) et l’Etat ne la gère pas comme un agent privé. Ce qui importe c’est donc moins le montant de la dette que le service de la dette et la capacité du gouvernement à en assurer le versement.
A côté du service de la dette, il faut donc prendre en considération tous les facteurs qui peuvent le rendre plus ou moins soutenable mais que l’Etat ne connaît pas à l’avance : la croissance économique, les recettes fiscales, l’inflation, les taux d’intérêt. Théoriquement, il n’existe pas de limite à l’endettement public. Par contre, ce qui peut déclencher une crise c’est la hausse des taux d’intérêt suite à une perte de confiance des investisseurs (hausse des spreads).
Doit-on et peut-on réguler le cycle économique ? Premier temps « doit-on » ? : il s’agit ici de présenter les débats « théoriques » autour d’une problématique de politique économique ; Seconde temps, admettons que l’on suive l’idée d’une régulation, quelles sont alors les contraintes/limites/difficultés auxquelles la politique vient se heurter ?
1. La régulation du cycle économique : nécessaire ou inutile ? 1.1 L’intervention de la puissance publique sur le cycle économique : une nécessité pour réduire l’output gap 1.2 L’intervention de la puissance publique sur le cycle économique : inutile et dangereuse
2. Les contraintes qui limitent la capacité à réguler le cycle économique 2.1 Les fuites dans le multiplicateur deux problématiques : la compétitivité de l’économie nationale (c’est l’échec des politiques de relance qui va conduire le gouvernement français à mener une politique de désinflation compétitive) + importance de la coordination internationale des politiques de relance comme en 2009/2010 (dans une économie globalisée dans laquelle les cycles économiques convergent les politiques doivent se synchroniser)
2.2 Les contraintes institutionnelles : la présence de règles réduit la capacité à stabiliser le cycle
L’Etat doit-il toujours arbitrer entre égalité et efficacité ? En 1975, Arthur Okun publie un ouvrage « Equality and efficiency. The big tradeoff » (traduit sous le titre Egalité versus Efficacité. Comment trouver le bon équilibre ?) dans lequel il défend l’idée d’un arbitrage (« tradeoff ») nécessaire entre performance économique et inégalités (de résultats – en particulier de revenus).
1. Les performances économiques au prix des inégalités de revenus 1.1 Des inégalités légitimes améliorant l’efficience de l’allocation des ressources Les inégalités à la fois cause et conséquence d’une allocation efficiente des ressources : Les inégalités fonctionnent comme un aiguillon / pour « réussir » ; Les différences de productivité / efficacité individuelle se traduit par des écarts de rémunération ;
La critique de la redistribution des revenus L’approche utilitariste néoclassique: la redistribution engendre des effets pervers = pour une redistribution minimale L’approche libertarienne : la redistribution contre les droits fondamentaux
Définir montant optimal des aides sociales L’approche utilitariste néoclassique: la redistribution engendre des effets pervers Les aides sociales : il existe un coût d’opportunité à accepter un emploi = trappe à inactivité /chômage = assistanat Les impôts : la hausse du taux d’imposition engendre un effet revenu et un effet substitution = courbe de Laffer Définir montant optimal des aides sociales Définir montant taux d’imposition
Définir montant optimal des aides sociales L’approche utilitariste néoclassique: « trop » de redistribution engendre des effets pervers Définir montant optimal des aides sociales Définir montant taux d’imposition La redistribution « optimale » est celle qui ne produit pas d’effets pervers = pas de désincitation et pas d’assistanat = elle assure la plus grande performance économique
L’approche libertarienne de la justice sociale: Dans ce type de société, l’égalité entre individus porte sur les droits fondamentaux. Les inégalités de résultats sont légitimes dès lors que toutes les positions sociales sont ouvertes à tous, c’est-à-dire que la société est une société d’égalité des chances. La définition du mérite est ici individuelle: don + efforts ou don + efforts + chance = pourquoi redistribuer? Conséquence: la protection est toujours individuelle et les contributions volontaires
Transformation des politiques en France : années 1980 1.2 Conséquences sur les politiques de lutte contre les inégalités et la pauvreté Le protection sociale est donc essentiellement une affaire individuelle : le degré de démarchandisation est faible Modèle anglo-saxon de l’Etat-providence dans la typologie d’Esping-Andersen. Transformation des politiques en France : années 1980 Favoriser mobilité sociale vs discrimination Activer les aides sociales Inciter au travail (TEPA) Réformer la fiscalité
Conséquences sur les inégalités ? Un bilan décevant Des inégalités de résultat qui réapparaissent (par le haut et par le bas) Pas davantage d’égalité des chances / donc société « d’héritiers » (reproduction sociale)
2. La réduction des inégalités : une nécessité pour plus de croissance 2.1 Les inégalités de résultats : un handicap pour la croissance économique Partir constat empirique OCDE Explication : réduction inégalités de revenu = accumulation capital humain + investissement = performance économique. La redistribution des revenus permet donc d’augmenter la croissance potentielle.
Cette réduction des inégalités de revenu est donc efficace = et comme elle est efficace, elle est pour les utilitaristes keynésiens juste; Approche contemporaine redistribution : moins d’inégalités de revenus = moins d’inégalités de chances = plus de croissance potentielle ! Approche traditionnelle de la redistribution: moins d’inégalités des chances = transferts riches/pauvres = plus de demande à revenu global donné = plus croissance = moins chômage
Le lien entre moins d’inégalités de résultat et plus d’égalité des chances se retrouve chez Rawls et chez Sen Réduire les inégalités = plus de mobilité (Rawls) / plus de liberté réelle (Sen) = plus de croissance Mais Rawls pour impôt négatif (donc pas d’imposition progressive) Sen : une redistribution qui tienne compte des contraintes de chacun / des libertés réelles
Critique du lien performance économique / inégalité par Piketty : étude sur l’évolution des revenus des PDG des firmes américaines cotées en bourse;
2.2 pour réduire les inégalités de revenu et favoriser l’égalité des chances: réformer l’Etat-providence Deux types d’Etat-providence dont l’objectif est de réduire les inégalités: - Le modèle conservateur-corporatiste qui a plutôt un objectif de redistribution horizontale. C’est pour cela que Dubet parle d’égalité des places plutôt que d’égalité des situations (vous pouvez développer ici à partir de Léon Bourgeois et du solidarisme). - Le modèle social-démocrate qui a plutôt un objectif de redistribution verticale.
Mais crises Etat-providence notamment dans modèle conservateur-corporatiste : problème de financement, d’efficacité et de légitimité. Est-il possible de réformer ce modèle et de dépasser cette crise (qui dure depuis 30 ans maintenant !) Si l’objectif consiste de nouveau à réduire les inégalités comme dépasser cette crise, quelles réformes mettre en œuvre?
Comment arriver à assurer le financement de la protection sociale (vs crise de financement), éliminer la nouvelle pauvreté (vs crise d’efficacité) et éviter les situations d’assistance (vs crise de légitimité) ?
Répondre à la crise d’efficacité et de légitimité ? Une protection sociale détachée des emplois et attachée aux individus Des indemnités généreuses = donc pas de problème d’efficacité (pas de trous dans les mailles de la protection sociale et tout le monde bien protégé) des chômeurs suivis pour éviter assistanat: donc pas de problème de légitimité
Répondre à la crise de financement Répondre à la crise de financement ? La social-démocratie de l’innovation selon Philippe Aghion Formation continue + indemnités généreuses Flexibilité marché du travail Turn over important et durée au chômage courte Hausse capital humain Politique industrielle Innovation Croissance = Financement protection sociale
En résumé, le modèle de flexicurité permet de répondre aux trois crises de l’Etat-providence décrites par Rosanvallon Il est plus efficace pour lutter contre l’exclusion sociale, la pauvreté et les inégalités Il est plus efficace pour lutter contre l’assistanat Il est plus efficace pour créer de la croissance et assurer le financement de la protection sociale.
Les inégalités dans la mondialisation Première partie: comment expliquer le creusement des inégalités dans les PDEM depuis les années 1980 ? Quel lien faire avec la mondialisation des économies ? Seconde partie : pourquoi lutter contre les inégalités (de résultats) et comment ?
1.1 Les inégalités économiques se creusent 1. Expliquer le creusement des inégalités dans les PDEM depuis les années 1980 1.1 Les inégalités économiques se creusent « Jamais en 30 ans le fossé entre riches et pauvres n’a été aussi prononcé dans la plupart des pays de l’OCDE. Aujourd’hui, dans la zone OCDE, le revenu des 10 % de la population les plus riches est 9.5 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres. À titre de comparaison, dans les années 1980, le rapport était de 7 à 1. » Rapport de l’OCDE « Les inégalités de revenu pèsent-elles sur la croissance économique ? », décembre 2014
Les inégalités intra-nationales se creusent (partout : même dans les pays émergents) : vs la courbe de Kuznets ou le théorème HOS; Distinguer une période réduction des inégalités (tout au long du 20ième siècle) mais depuis années 1980 : retour des inégalités de revenus et de patrimoine (en France depuis années 2000) Mais remarque: l’inégalité globale recule ! Pourquoi, car inégalités inter-nationales reculent (du fait essor Chine et Inde pays très peuplés); depuis 1990, 500 millions de pauvres en moins sur terre; mais attention, les pays pauvres sont encore plus pauvres aujourd’hui qu’il y a 25 ans
F.Bourguignon « La force dominante reste le processus de mondialisation. S’il doit se poursuivre et s’approfondir, il continuera d’alimenter la montée des inégalités dans les pays développées et dans certains pays en développement. » = la mondialisation de l’inégalité
1.2 Les explications indépendantes de la mondialisation Comment expliquer que dans la plupart des cas, les revenus du travail des 10 % de salariés les plus riches ont progressé rapidement par rapport aux 10% les plus pauvres ? 1.2 Les explications indépendantes de la mondialisation
Un progrès technique biaisé (qui profite plus au qualifié qu’aux non-qualifiés) Hausse de la main d’œuvre qualifiée Réformes structurelles des marchés du travail : plus de flexibilité = plus d’écarts de salaires Hausse temps partiel et contrats atypiques (dualisation), recul conventions collectives (moins de protection salariés) Mutation des structures familiales
Des dispositifs de prélèvements et de prestations moins redistributifs : cf travaux de Camille Landais Les inégalités de revenus non-salariaux ont augmenté davantage que celle de revenus: cf les travaux de Piketty sur l’écart entre rendement du capital et croissance = avantage les détenteurs de capitaux, donc les rentiers Évolution des normes sociales: l’acceptation des inégalités est plus grande
1.3 Le rôle de la mondialisation dans le creusement des inégalités salariales Entrée sur le marché du travail d’une main d’œuvre peu qualifiée abondante = une rareté relative des autres facteurs de production ! Lien PT et mondialisation: développement de la fragmentation de la chaîne de valeur Conséquence sur les ONQ et les emplois nomades : cf modèles de Feenstra et P.N.Giraud (nomades : nombre et préférence demande domestique) Développement d’une économie mondiale des stars : domaines dirigeants FMN, finances, sport, entertainment
Lien entre réformes fiscales et mondialisation: les Etats en concurrence utilisent l’outil fiscal pour obtenir des gains de compétitivité et attirer des IDE. Joseph Stiglitz = le problème n’est pas la mondialisation mais la manière dont elle a été traitée par les Etats
2. Pourquoi et comment réduire les inégalités ? Les conséquences des inégalités sur les démocraties (F.Dubet) : lien entre inégalités et désordres sociaux Les conséquences des inégalités sur la croissance : plus d’inégalités, c’est moins de croissance (- capital humain, - investissement, + d’épargne) Remarque: moins de mobilité, moins d’égalité des chances , c’est moins de « démocratie » et moins de croissance
Le lien entre inégalités de revenus et accumulation du capital humain
Comment réduire les inégalités ? Favoriser l’accès des « moins favorisés » aux équipements publics : éducation et santé ; selon l’OCDE il faut se préoccuper des 40% les plus pauvres (donc inclure les classes moyennes « à la dérive ») Importance de la formation pour adultes Débat autour de la progressivité de l’impôt : à partir de quel moment le niveau d’imposition se traduit par une fuite des « bases mobiles »? Conséquence théorie de l’impôt optimal: taxer les bases non mobiles (exemple Danemark) Réformer les formes d’Etat-providence: le cas de la France Mondialisation de l’inégalité = impôt mondial?
Impôt mondial ? F.Bourguignon / T.Piketty Point de départ du raisonnement : deux constats - Les inégalités réduisent les performances économiques : donc personne n’a y gagner - Mais la redistribution/fiscalité est devenu une variable de compétitivité = stratégie non coopérative et « course vers le bas » Comment faire pour éviter « une course vers le bas » ?
Dans un monde globalisé où « où l’inégalité restera inchangée, mais où chacun la trouvera à sa portée plutôt qu’à 10 000 kilomètres de chez lui ? », ne faut-il par faire de la lutte contre les inégalités une cause commune ? Pour éviter la mondialisation de l’inégalité et ses conséquences néfastes sur la croissance = une mondialisation de la redistribution
La stagnation séculaire M.Aglietta : Taux de croissance entre 1 % et 2% = des taux insuffisants pour permettre la pérennité des systèmes sociaux mis en place après la seconde guerre mondial Seriez nous revenu à l’âge de la « croissance zéro » (titre ouvrage récent d’Artus) ?
Expliquer la croissance durablement faible Des facteurs structurels Alimentés par des facteurs conjoncturels
Les facteurs structurels de la stagnation séculaire Thèse de Gordon: les nouvelles révolutions technologiques ont un impact plus limité sur la PGF Tertiarisation de l’économie : accumulation de capital dans un secteur où PGF plus faible Réduction du taux d’investissement : USA depuis début années 1980 malgré une baisse du taux d’intérêt réel = comment expliquer cela ? Le taux d’intérêt naturel (la rentabilité du capital) est devenue inférieur au taux d’intérêt réel Ralentissement de la dynamique démographique : vieillissement par le haut et par le bas Une progression plus faible du capital humain, voire une stagnation
résumé, depuis plusieurs décennies l’accumulation du capital physique, technologique et humaine est ralentie, ce qui ralentie la croissance potentielle ; ce ralentissement est accentué par les changements démographiques en cours.
Les facteurs conjoncturels de la stagnation séculaire Double choc de demande négatif : mondial en 2008 et européen en 2012-2013 = une chute de la demande privée (désendettement des ménages et des entreprises) : = baisse accumulation capital = vieillissement capital = baisse PGF = hausse chômage = baisse capital humain = baisse PGF = politiques austérité = baisse capital public = baisse PGF
Une conséquence de la stagnation séculaire sur les cycles et la conjoncture Comme la croissance devient durablement basse, les fluctuations économiques sont de plus en plus des fluctuations liées au cycle financier (cycle crédit) /rôle de la politique monétaire accommodante : M.Aglietta Donc la conjoncture s’améliore en phase d’optimisme Et se détériore en phase de retournement Cette succession de cycles renforcent la faiblesse de la PGF
Lien entre stagnation séculaire et cycles conjoncturels (cycles financiers) Choc d’offre négatif Faiblesse durable croissance potentielle car PGF faible Cycle financier autour du trend de croissance Variations de la Conjoncture Choc de demande négatif
Comment sortir de la stagnation séculaire ? Le rôle des politiques de stabilisation du cycle Le rôle des politiques structurelles
Les politiques de stabilisation du cycle En situation de demande privée insuffisante, il faut faire repartir l’économie en pratiquant une relance Politique budgétaire et monétaire Politique monétaire déjà ultra-accommodante et trappe à la liquidité Politique budgétaire de relance coordonnées après 2008
2 contraintes aujourd’hui L’économie mondiale reste à la porte de la déflation : objectif créer des anticipations inflationnistes mais cet objectif se heurte à la faiblesse de la rentabilité du capital qui n’incite pas les entreprises à investir = toujours faiblesse demande privée; À partir de 2011, les européens réalisent des consolidations budgétaires = conséquence: la récession européenne pénalise l’économie mondiale; ce qui pousse les partenaires commerciaux à chercher ailleurs des débouchés (marchés internes et externes)
Comment sortir de la faiblesse de la demande publique ? Les politiques de relance budgétaire doivent être réalisés dans les pays qui ont des marges de manœuvre pour créer du déficit: il vaut mieux relancer en Allemagne qu’en Grèce ! = politique de soutien aux bas revenus (hausse du SMIC)… Développer la demande intérieure chez les grands exportateurs
Le rôle des politiques structurelles Mais comment faire augmenter la rentabilité du capital (ie rendre les investissements plus intéressants) Le rôle des politiques structurelles Innovations et transitions energétique