Economie collaborative versus Uberisation Configurations productives, expériences sociales et (nouvelles) formes d’injustice Marc Zune et Matthieu De Nanteuil UCL
A quelles conditions le travail dans l’économie dite collaborative peut-elle avoir un sens ? Des définitions problématiques – Economie du partage : utilisation maximale de biens ‘dormants’ via une plateforme centralisatrice – Economie « à la demande » : une mise en relation pour la production de biens / services « commodifiés » – Economie coopérative : une mise en commun de savoirs pour la réalisation d’un commun, diversement appropriable
Economie coopérative Une logique de mouvement (le projet politique), explicitant des orientations en valeur en faveur d’une cause commune Doublée d’une logique de production, rencontrant des préoccupations économiques, autorisant gratuité et appropriations permettant d’en tirer des revenus Un entretien subtil des deux logiques, qui développe un « segment moral » d’un marché
Economie coopérative Une logique de mouvement (le projet politique), explicitant des orientations en valeur en faveur d’une cause commune Doublée d’une logique de production, rencontrant des préoccupations économiques, autorisant gratuité et appropriations permettant d’en tirer des revenus Un entretien subtil des deux logiques, qui développe un « segment moral » d’un marché Une « éthique du faire », un « travail pour soi », posant de manière équivalente les finalités et l’efficacité Une nécessité de processus collectifs de régulation, suffisamment consistants et labiles pour organiser les « communautés » Une insertion des produits dans les circuits économiques existants, nécessitant des impulsions politiques
Economie « à la demande » De nouvelles formes d’intermédiation permettant de mettre aux enchères des prestations intellectuelles Une « commodification » du travail par son découpage en tâches pouvant être mises en équivalence Un discours managérial faisant du travail en free-lance un mode de vie « délié » (ex. les « digital nomads »)
Economie « à la demande » De nouvelles formes d’intermédiation permettant de mettre aux enchères des prestations intellectuelles Une « commodification » du travail par son découpage en tâches pouvant être mises en équivalence Un discours managérial faisant du travail en free-lance un mode de vie « délié » (ex. les « digital nomads ») Précarisation et réinvention de nouveaux collectifs de travail dans des « hétérotopies » Une éthique de la capacité sans les moyens des capacités : une vie choisie mais sans appuis institutionnels pour asseoir le déracinement Une pression, en retour, sur les formes stabilisées d’emploi, territorialisées
Economie « du partage » Un partage de la ressource, mais sans relation, médiée par l’algorithme Une exploitation du problème de la confiance qui s’appuie sur des seuls dispositifs réputationnels individuels (vs. professionnalisme)
Economie « du partage » Un partage de la ressource, mais sans relation, médiée par l’algorithme Une exploitation du problème de la confiance qui s’appuie sur des seuls dispositifs réputationnels individuels (vs. professionnalisme) La mise en relation est concurrentielle, elle empêche la constitution d’un commun, et d’une communauté Une éthique de la consommation « en confiance » au mépris d’une éthique de la relation de travail par la gestion algorithmique (asymétrie d’information)