La psychologie légale et ses méthodes de recherche 16 septembre 2013
Qu’est-ce que la psychologie légale? Définition générale: Un domaine de la psychologie qui s’intéresse à tous les aspects du comportement humain entretenant un rapport particulier avec la loi ou le système judiciaire. Il existe deux principales approches à la psychologie légale: Restrictive: composante appliquée uniquement Inclusive: composantes appliquée et expérimentale
Qu’est-ce que la psychologie légale? Définition approche restrictive: La pratique professionnelle par des psychologues dans les domaines de la psychologie clinique, du counselling, de la neuropsychologie et de la psychopédagogie, lorsqu’ils agissent régulièrement en tant qu’experts et se présentent de cette façon dans la poursuite d’activités visant à fournir de l’expertise psychologique au système judiciaire (ABFP & APLS). Définition approche inclusive: Tout travail de recherche qui examine les divers aspects du comportement humain qui sont pertinents pour l’ensemble du processus judiciaire, ainsi que la pratique professionnelle de la psychologie en contexte légal et ce, autant en droit civil que criminel. (Bartol & Bartol) Au Canada, nous utilisons l’approche inclusive. On ne peut pas utiliser des psychologues légaux pour faire des témoignages d’expert sur la condition mentale des personnes en court, on utilise plutôt des psychiatres et des médecins. Dans ce cours, on ne touchera pas au droit civil mais plutôt au droit criminel.
Les rôles du psychologue légal Le psychologue légal en tant que clinicien Évaluation et traitement de tous les aspects des troubles mentaux en lien avec la loi ou le système judiciaire Le psychologue légal en tant que chercheur Étude du comportement humain en lien avec la loi ou le système judiciaire Le psychologue légal en tant que membre d’une faculté de droit Accent sur le droit – approche interdisciplinaire Les trois rôles ne sont pas mutuellement exclusifs… un psychologue peut faire deux rôles et encore être un psychologue légal. Ils ne travaillent pas uniquement dans les tribunaux, ils peuvent aussi travailler dans les prisons, hôpitaux psychiatriques, dans les écoles. Clinicien: peuvent évaluer le risque de libérer certains prisonniers, peuvent siéger sur des comités qui décident si un prisonnier peut être libéré ou non… Les psychologues légaux aideront aux psychiatres à administrer des tests et évaluer les personnes, même si les psychiatres ont le dernier mot. Chercheur: peuvent faire les mêmes travaux que les cliniciens, et vice versa. Étudient les failles de la mémoire (témoins oculaires). Les trois branches de la psychologie expérimentale avec un lien plus étroit avec la psychologie légale sont la psychologie sociale, cognitive et développementale.
La relation entre la psychologie et le droit Cette relation peut être définie de trois différentes façons selon Haney (1980): La psychologie ET le droit Analyse et étude des diverses composantes du droit et du système judiciaire selon une perspective psychologique La psychologie AU CŒUR du droit Utilisation des connaissances psychologiques dans le système judiciaire La psychologie DU droit Utilisation de la psychologie pour étudier le droit Les deux disciplines sont complètement séparés. La psychologie est comme une critique de comment le droit fonctionne et ce qui est mis en pratique (ex: avec les témoins oculaire). On examine ce qui est bien fait et ou il y a des erreurs pour améliorer les pratiques du système judiciaire. La psychologie CRITIQUE le droit. Les deux systèmes sont en symbiose; on utilise les deux ensemble. Par ex: un policier apprend comment interviewer une personne avec un trouble mental. Utiliser la psychologie pour développer ou modifier des lois, pour regarder les processus judiciaires. C’est une approche plus théorique ou académique. Ex: quel rôle le policier jouera dans l’abus domestique.
Arrêts importants dans l’histoire de la psychologie légale au Canada R v. Hubbert (1975) impartialité des jurés R v. Sophonow (1986) condamnation pour meurtre renversée, principalement à cause de problèmes avec les témoignages oculaires R v. Lavallée (1990) établit des lignes directrices sur quand et comment les témoignages d’expert peuvent être utilisés dans les cas de syndrome de femme battue R v. Levogiannis (1993) les enfants ont le droit de témoigner en cour à l’arrière d’un écran les empêchant de voir l’accusé. R v. Mohan (1994) établit des critères formels pour déterminer quand les témoignages d’expert doivent être admissibles en cour R v. Oickle (2000) établit que les diverses techniques policières pour l’interrogation, incluant la coercition psychologique, sont acceptables et qu’une confession obtenue de cette façon peut être admissible en cour R = Reine (C’est ça qu’on utilise au Canada pour le droit criminel, aux États-Unis c’est People vs. accusé). On va revenir sur tous ces arrêts dans le cadre de ce cours. Hubbert: le jury n’a pas de parti pris et il existe plusieurs systèmes mises en place qui assurent leur impartialité. Dans cet arrêt, la cour réserve le droit de questionner l’impartialité du jury. Avant 1975, on ne pouvait pas douter de l’impartialité du jury. Si on questionne l’impartialité, on peut l’amener à la cour d’appel pour réviser les raisons pour lesquelles l’impartialité est mise en question. Sophonow: faux témoignages oculaires afin de réduire leur sentence. On commence à plus douter les témoignages. Lavallée: on va revenir beaucoup plus en détail plus tard. Levogiannis: on parlera des enfants et le système judiciaire dans quelques semaines. Oikle: la semaine prochaine!!
Les théories psychologiques du crime Les théories psychanalytiques Forces dynamiques internes (innée) Tente d’expliquer les conduites criminelles par le biais de forces internes innées et accorde une grande importance aux expériences/évènements vécus dans l’enfance Les théories de l’apprentissage Principes de conditionnement (acquis) Tente d’expliquer comment se développe et se maintient le comportement criminel 3 grandes catégories de théories. Psychanalytiques: Freud est le nom le plus associé à ces théories. On parle beaucoup de forces inconscientes. Théorie de Bowlby en 1944: un enfant qui a subi une séparation de sa mère très tôt dans la vie empêche un développement social efficace, alors il va avoir des problèmes à long terme de développer des relations sociales positives et aura un comportement plus antisocial. Apprentissage: Presque exclusivement sur des comportements qu’on apprend. Se concentre sur l’apprentissage opérant et vicariant (? – apprendre par observation). Plus les conséquences négatives augmentent, plus ces comportements diminueront.
Les théories psychologiques du crime Les théories de la personnalité Profil de personnalité (inné et acquis) Il existerait des profils de personnalité criminelle Théorie du crime de Eysenck (1977) Première théorie vérifiable du comportement criminel proposée par un psychologue Interactions de facteurs biologiques, sociaux et individuels – Théorie biosociale du crime Il y aurait trois dimensions à la personnalité (extraversion, névrotisme, psychotisme), les deux premières étant les plus importantes pour déterminer le comportement criminel Extraversion: personnes qui vont chercher leur énergie chez les autres personnes. Introversion: personnes qui cherchent leur énergie à l’intérieur d’eux-mêmes et ont besoin de temps seul. Pour déterminer le risque, c’est plutôt les deux premiers facteurs: extraversion ou introversion, et névrotisme ou stabilité émotionnelle. Les personnes les plus à risque pour commettre des crimes sont ceux qui sont extravertis et névrosés (les cas extrêmes). Extraversion car ils cherchent constamment la stimulation et ont besoin de cette stimulation pour se sentir bien. Névrosés car ils sont toujours anxieux qu’ils ont de la difficulté à apprendre les conséquences pour leurs actions. Alors quand on combine les deux et une opportunité se présente, ils sont plus à risque de commettre un crime en général. Ce n’est pas une chose certaine, ils sont juste plus prédisposés à commettre des crimes. Si le psychotisme est ajouté ainsi que à la combinaison précédente, ça augmente le risque. Les introvertis sont déjà surstimulés alors ils ne chercheront généralement pas plus de stimulation en commettant des crimes.
La recherche psycho-légale De façon générale, la recherche psycho-légale ne diffère pas tellement de la recherche en psychologie; ce sont principalement les questions de recherche et la population d’intérêt qui la distinguent. Les composantes principales de toute recherche sont : Les idées ou questions de recherche La formulation d’hypothèse(s) La manipulation et la mesure des variables d’intérêt Travailler surtout avec des personnes qui ont commis les crimes, mais aussi des policiers, témoins, victimes, jury…. Alors on travaille avec tous les différentes personnes impliqués aux différents aspects du système judiciaire.
Les types de méthodes de recherche et devis de recherche La recherche basée sur les archives La recherche en laboratoire La recherche sur le terrain Les principaux devis de recherche: Les études de cas Les devis corrélationnels Les devis expérimentaux Les devis longitudinaux La méta-analyse Archives: on regarde les stats, les journaux, les arrêts, les archives… n’importe quelle information qui existe déjà. Désavantage: on manque beaucoup de contrôle sur l’information présente. Beaucoup plus de ces types de recherche que les autres types. En laboratoire: on a beaucoup de contrôle! On peut avoir une très bonne validité interne. Terrain: créer des situations artificielles qui ressemblent à la vraie vie dans un environnement naturel. Ex: avoir un complice qui “vole” une saccoche et interviewer les personnes qui ont témoigné. Beaucoup de facteurs qu’on ne peut pas contrôler. Études de cas: Les données sont qualitatifs, pas vraiment de statistiques ou de données numériques. Expérimentaux: on manipule la variable ind., mesure l’effet sur la variable dép. Longitudinaux: développement des comportements criminels. Méta-analyse: technique statistique. Combiner les données de plusieurs recherches afin de tirer des nouvelles conclusions. Technique utilisée de plus en plus. Par contre, ce type de psychologie est plutôt récent alors c’est difficile de faire des bonnes méta-analyses.
L’éthique en recherche psycho-légale Toute recherche psychologique doit s’effectuer de façon à respecter les règles et principes de la profession, en plus de respecter la loi. Critère utilisé: proportion des risques vs bénéfices Le consentement éclairé Participation volontaire Connaissance et compréhension des implications de la participation Compétence à évaluer les risques de la participation La tromperie (duperie) Dans quelles conditions est-elle acceptable? Risques vs. bénéfices pour la recherche - Risques: stress émotionnel, blessure sociale (humiliation en public), ex: crime simulé. Est-ce que la présence d’une arme pourrait causer trop d’anxiété chez les témoins, même si c’était un crime simulé? Consentement éclairé: doit être expliqué dans un niveau de langue que la personne comprendra. 4e facteur: L’élimination ou la réduction de la perception de coercision, ex: prisonnier qui a peur que s’il refuse de participer à une étude il ne sera jamais libéré. Duperie: on peut faire la situation de vol de saccoche simulée, mais la personne qui participe à l’étude sans le savoir ne peut pas être la victime du crime! Juste un témoin. On ne peut pas duper les gens à participer, ex à un prisonnier: “si tu participes, je vais réduire ta sentence d’un an”.
Les techniques d’évaluation clinique utilisées pour fins de recherche Outils d’auto-rapport (self-report) Les entrevues Format libre Format structuré Les tests standardisés Les tests projectifs L’observation du comportement Les tests psychophysiologiques Outils d’auto-rapport: nous donnent l’information sur comment les participants se sentent, peuvent nous fournir une liste de leurs symptômes, toute information qui vient directement d’eux. Entrevue libre: les questions sont plus générales et on pose des questions selon ce que l’information que la personne donne. Plus une discussion. Entrevue structurée: les questions sont pré-établies, tous les participants sont soumis aux mêmes questions. Nécessite une formation pour la personne qui fait l’entrevue. Tests standardisés: réponses courtes – échelles, choix multiples, etc. Sont administrés à plusieurs participants et les personnes sont comparés à la norme, la moyenne des gens. Est-ce qu’ils se démarquent ou non. Tests projectifs: tests comme la psychanalyse. Tests ou il y a des situations, des images ambigues qui révèlent au psychologue la nature du participant, ses pensées inconscientes. Ex: test Rorschach, test des taches d’encre. Aussi, TAT (test d’appréciation thématique), on présente une série d’images et on demande au participant de raconter une histoire. Observation du comportement: on doit faire attention à la réactivité; si une personne sait qu’elle se fait observée elle pourrait se comporter différemment. C’est important qu’il y ait plus qu’une personne qui observe, on a besoin d’un accord inter-juges. Tests psychophysiologiques: ex, test polygraphe.