Diagnostic du territoire et de la société Les enjeux du vieillissement en Limousin Bonjour à tous, Il y a 5 ans déjà la Région réalisait un diagnostic des enjeux du vieillissement pour le Limousin dans le cadre du réseau sen@er qui rassemblait 16 autres régions européennes. 2012 et l’année européenne du vieillissement donne une occasion d’actualiser ces éléments de diagnostic et d’en dégager les enjeux pour le territoire. En France métropolitaine en 2050, prés d’un habitant sur trois aura plus de 60 ans, répartition actuelle de la population limousine. La démographie actuelle du Limousin préfigure celle de la France et de l’Europe de demain. A ce titre, notre région peut être considérée comme un laboratoire démographique à l’échelle européenne. Sans vous abreuver de chiffres, je vais essayer en quelques mots de vous faire partager quelques éléments de diagnostic relatifs au vieillissement et les enjeux qui en découlent. Région Limousin Décembre 2012 Délégation aux Etudes, à la Prospective, à l’Evaluation et à la Diffusion de l’Information Présentation au colloque Vieillissement actif et Solidarité générationnelle – 13 décembre 2012

Une place pour toutes les générations Entre dynamisme migratoire et vieillissement Le Limousin est la région la plus âgée de France Grâce aux migrations, le Limousin gagne en population jeune A l’horizon 2030, un vieillissement de plus en plus marqué mais moins qu’ailleurs => Enjeux L’attractivité Une place pour toutes les générations Parmi les 271 régions que compte l’Union européenne, le Limousin est l’une des moins densément peuplées et l’une de celles où le vieillissement est le plus marqué. Le Limousin se place parmi les régions âgées mais attractives de l’Europe. Le Limousin est aujourd’hui la région la plus âgée de France avec un tiers de sa population âgée de 60 ans et plus, l’indice de vieillissement le plus élevé et la plus forte proportion de personnes de plus de 80 ans. Toutefois, au jeu des migrations, le Limousin bénéficie d’apports de populations plutôt jeunes puisque plus de la moitié des nouveaux arrivants vivent dans une famille qui compte un ou plusieurs enfants. Les migrations contribuent donc à accroître la part des moins de 20 ans ainsi que celle des 30-59 ans. Et l’excédent migratoire ponctuel enregistré autour de 60 ans n’alourdit pas, globalement, la part des seniors. Le vieillissement est inéluctable pour toutes les régions avec la conjugaison de 2 phénomènes : - l’augmentation du nombre de seniors avec l’avancée en âge des générations du baby-boom l’accroissement de l’espérance de vie. En conservant les tendances actuelles, les projections de l’Insee à l’horizon 2030 et 2040 montrent que le Limousin continuera à gagner des habitants sur l’ensemble de son territoire et qu’il connaîtra à terme l’évolution la plus faible du nombre des 60 ans et plus par rapport aux autres régions de France métropolitaine. Dans trente ans, le Limousin cèdera sa place de région la plus âgée à la Corse. En revanche, le Limousin comptera toujours la plus forte proportion de plus de 80 ans (1 limousin sur 8 contre 1 sur 13 aujourd’hui) mais à égalité avec la Corse (12,6%) et l’écart avec les autres régions se resserrera (12 % en Poitou-Charentes et Bourgogne) Fort des migrations et du vieillissement de sa population, l’enjeu pour le territoire limousin, outre le maintien des équilibres territoriaux, est de continuer d’attirer de nouvelles populations de tous âges en maintenant des conditions d’attractivité (cadre et conditions de vie, services, loisirs, …) et en assurant une place à toutes les générations. 2

Liens sociaux et intergénérationnels Des conditions de vie hétérogènes Les personnes âgées vivent plutôt seules et en milieu rural Entre niveau de vie aisé et grande précarité Le nombre de limousins en situation de handicap ou de dépendance va augmenter Taux de pauvreté selon la classe d’âge (%) => Enjeux Offre de services et d’équipements Accessibilité Liens sociaux et intergénérationnels Après 60 ans, huit ménages sur dix sont propriétaires de leur logement en Limousin, majoritairement des maisons, plus grandes et plus anciennes que la moyenne. Les seniors vieillissent le plus souvent dans leur logement (près de 50 % des personnes âgées de 65 à 79 ans et près de 60 % des plus de 80 ans habitent leur logement depuis plus de 30 ans.). Propriétaires ou locataires, 95 % des 60 ans et plus vivent à domicile. A partir de 80 ans, ils sont encore 86 %. Ils y vivent plutôt seuls : une personne sur cinq entre 60 et 74 ans et plus d’une personne sur trois après 75 ans. Leur domicile est plutôt situé en milieu rural (une personne sur deux de plus de 75 ans). La question de l’accessibilité aux services et commerces de proximité est donc prégnante pour cette population. Si la densité d’implantation est meilleure en Limousin, l’accessibilité à ces services (pas toujours implantés dans la commune de résidence) est moins favorable, notamment en milieu rural. Cette problématique est exacerbée par le fait que l’usage de la voiture diminue avec l’âge et que les personnes âgées utilisent peu les transports en commun. Il n’est pas aisé de parler rapidement de revenu, niveau de vie et pauvreté en peu de temps. Les niveaux de vie en Limousin augmentent jusqu’à 60 ans (effet retraite) puis après 75 ans retrouvent un niveau équivalent à celui des trentenaires. En Limousin comme en France, la pauvreté décroit avec l’âge (y compris après la cessation d’activité professionnelle). Les seniors de plus de 75 ans font exception en Limousin en raison notamment de la présence plus importante d’anciens agriculteurs aux retraites souvent faibles et de femmes veuves aux pensions de retraite moindres. Selon l’étude récente de l’INSEE, le nombre de personnes de 60 ou plus dépendantes est estimé à près de 23 500 (10,2%). Leur nombre devrait avoisiner les 27400 en 2030. La moitié des personnes dépendantes à domicile vivent seules. Lutter contre l’isolement des personnes âgées, leur permettre de bien vieillir chez eux nécessitent d’adapter l’offre de services et d‘équipements donc leur accessibilité, de les organiser en termes intergénérationnels afin de maintenir un lien social, en s’appuyant notamment sur le monde associatif qui joue un rôle important en termes d’utilité sociale. Source : INSEE Limousin 3

Emploi de toutes les générations Adaptation des entreprises L’activité des seniors : modérée côté emploi Le taux d’emploi des 55-64 ans est inférieur à la moyenne nationale et très éloigné de l’objectif européen. Les seniors occupent des emplois plus qualifiés. Certains secteurs et filières sont fortement soumis au phénomène de vieillissement démographique. Avec la crise, les seniors demandeurs d’emploi peinent à trouver un emploi. Enjeux Emploi de toutes les générations Adaptation des entreprises Les 12 premiers secteurs dont le poids des 50 ans et + est le plus important sur le total des salariés du secteur Le poids des seniors âgées de 50 à 64 ans dans l’emploi est de cinq points supérieur à la moyenne nationale. Ils représentent un tiers de la population totale en âge de travailler. Cependant, le taux d’emploi de cette tranche d’âge n’est que de 54 % et tombe à 38 % chez les 55-64 ans du fait des départs à la retraite plus précoces en Limousin. A 60 ans, la part des retraités atteint 75 %, soit 8 points de plus qu’au niveau national. Le taux d’emploi des 55-64 ans est par conséquent très inférieur à l’objectif de 50 % fixé par l’Europe et à la moyenne des régions européennes qui s’établit à 46 %. Les seniors occupent 28 % de l’emploi salarié. Ils exercent des emplois plus qualifiés que leurs cadets et sont nombreux dans les secteurs d’activités de services (administration, action sociale et médico-social, enseignement, services à la personne, hébergement restauration pour les parts les plus importantes) mais aussi dans le commerce et l’agriculture. Ces secteurs vont faire face à un véritable phénomène de vieillissement en raison du poids important des seniors (plus du tiers des salariés pour certains). D’ici 2020, des effectifs importants de salariés auront quitté le marché du travail. 2 demandeurs d'emploi sur 10 sont âgés de 50 ans ou plus, c'est légèrement au-delà de la moyenne métropolitaine. Avec la crise, les seniors en recherche d’emploi peinent à trouver un emploi. En 2010, un peu moins d’une embauche sur sept concernait un senior et ils sont majoritairement recrutés sur des contrats de courte durée. Offrir une place dans l’emploi à toutes les générations : c’est l’enjeu de société auquel les employeurs doivent faire face dès à présent. Les entreprises doivent s’adapter au vieillissement de leurs salariés : prendre en compte la pyramide des âges, mettre en place des outils de gestion des ressources humaines, favoriser la formation tout au long de la vie et améliorer les conditions de travail sont autant de facteurs qui faciliteront le maintien et le retour à l’emploi des seniors mais permettront également les complémentarités des différentes générations dans l’emploi. Source : INSEE – recensement 2007 – exploitation complémentaire 4

Des seniors investis dans la vie de la cité Participants actifs aux élections, les seniors sont également nombreux parmi les élus. Les seniors jouent un rôle important dans le bénévolat. Les seniors consacrent une part de leur temps libre aux associations Enjeux Equilibre intergénérationnel Dynamisme associatif Taux d'adhésion à au moins une association selon l'âge en 2010 En dehors du cadre professionnel, les seniors s’impliquent dans la vie de la cité. Le vote systématique augmente avec l’âge jusque vers 70 ans. Aux élections de 2007 (présidentielles et législatives), 65 % des 60-69 ans se sont déplacés pour tous les tours de scrutin et seuls 5 % n’ont pas du tout voté. Participants actifs aux élections, les seniors sont également nombreux parmi les élus. Au lendemain de leur élection, l’âge moyen des maires était en France de 56 ans et 10 mois, l'âge moyen des postulants à la députation en 2012 est de 50,2 ans. En 2012, les plus de 65 ans représentent 17% de l’électorat, en 2030, ils constitueront 30% de l’électorat, le vieillissement est porteur d’enjeux politiques centraux (retraites, dépendance) qui pourraient être appréhendés de manière différente selon l’âge des détenteurs du pouvoir de décision. Les seniors jouent un rôle important dans le bénévolat bénéficiant de l’expérience qu’ils ont accumulée et d’une forte disponibilité. Le taux d’adhésion à des associations progresse avec l’âge et culmine entre 60 et 75 ans. Il décroit ensuite nettement chez les plus de 75 ans qui adhèrent principalement aux clubs du 3è âge. Sur la tranche d’âge la plus active, le fort engagement des seniors se traduit par une forte proportion d’adhésions multiples. Le niveau de vie, la qualification des seniors concourent à leur engagement. Conserver une vie sociale, s’engager ou assumer des fonctions de responsabilité sont les vecteurs de l’engagement associatif. D’ailleurs, la proportion des retraités parmi les présidents d’associations est très importante. Les seniors sont des acteurs incontournables de la vie de la cité. Le poids grandissant des électeurs seniors mais également leur forte représentation chez les élus posent la question de l’équilibre intergénérationnel dans les choix politiques d’aujourd’hui et de demain. A la fois acteurs et bénéficiaires d’une vie associative dynamique, les seniors peuvent favoriser le lien social et intergénérationnel. Source : Insee, Enquête SRCV-SILC 2010.

Produits et services adaptés Perspectives d’emploi Les seniors, des consommateurs spécifiques A l’horizon de 2015, le poids des seniors (plus de 50 ans) dans les dépenses de consommation dépassera les 50 %, soit plus que leur poids démographique (39%). Des profils de consommation différenciés selon l’âge et la situation des seniors Des opportunités pour les entreprises Enjeux Produits et services adaptés Perspectives d’emploi Evolution de la part des dépenses de consommation des seniors par secteur entre 2005 et 2015 Une étude du CREDOC montre qu’à l’horizon 2015, le poids des seniors dans les dépenses de consommation dépassera les 50 % soit plus que leur poids démographique. Compte tenu de leur niveau de vie, ils pourraient consommer encore plus mais la diminution de la consommation est en partie liée à une offre de produits et services et à des modes de distribution inadaptés à leurs conditions de vie. Le type de dépenses varie selon que le senior est encore actif ou non, qu’il est en couple ou seul. Les comportements de consommation des seniors reposent sur des habitudes acquises au fil des ans. Les achats sont réfléchis, ils privilégient l’ergonomie et le confort d’utilisation. Les seniors sont particulièrement sensibles à la qualité de l’accueil. Les pratiques touristiques des seniors sont différentes de celles des plus jeunes. Ils partent plus en vacances, pour des séjours plus longs et favorisent le hors saison. Ils pratiquent la résidence secondaire mais aussi les réseaux familiaux et sociaux. Les pratiques culturelles demeurent importantes entre 50 et 69 ans puis diminuent après 70 ans de fait de problème de mobilité plus que de perte d’intérêt. L’âge moyen des publics des équipements culturels a tendance à augmenter. L’usage d’internet par les seniors augmente en nombre de connexions et en temps passé en ligne, les babyboomers ayant plus de compétences que leurs aînés. Ils ont une vision utilitaire des TIC et sont quasiment absents des réseaux sociaux. Les seniors qui pratiquent une activité physique et sportive représentent 47 % des personnes de plus de 60 ans sans activité. Cette pratique ralentit de manière significative avec l’âge. La marche, la randonnée, le vélo, la gymnastique, le jardinage et le bricolage sont les activités les plus pratiquées. La demande de sport santé risque de fortement évoluer. Pour répondre aux besoins des seniors et faire du vieillissement une opportunité économique, les entreprises vont devoir concevoir des produits et services adaptés aux évolutions physiques et différenciés selon les catégories de seniors. Outre les emplois générés par la consommation courante des seniors, le vieillissement de la population offre également des perspectives d’emploi dans le secteur du bâtiment avec la nécessaire adaptation des logements liée à la perte d’autonomie et dans le secteur des soins et d’aide à la personne. Etude CREDOC – mai 2010 – Les seniors, une cible délaissée 6

Merci de votre attention Je vous ai présenté un bref aperçu des éléments de diagnostic qui vont être présentés à la séance plénière du Conseil Régional du 20 décembre 2012 et qui serviront de base à la réflexion d’un plan régional d’actions sur le vieillissement. Ils soulèvent trois thèmes majeurs : La place des seniors dans la société (sur le marché du travail comme dans la société civile) L’opportunité économique que représentent les seniors L’adaptation du territoire (du cadre de vie) répondant aux besoins de sa population âgée 7 7