SISM 2010 FOLIES ET MEDIAS Les fous sont-ils dangereux ?

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Transcription de la présentation:

SISM 2010 FOLIES ET MEDIAS Les fous sont-ils dangereux ? Schizophrénie et passages à l’acte graves : Les chiffres nous en disent plus Pascale Amiel-Masse Psychologue clinicienne – CH Edouard Toulouse

Les malades mentaux embarrassent la justice ABOLITION DU DISCERNEMENT OU SIMPLE ALTERATION AU MOMENT DES FAITS ? La loi du 25.02.08 crée la rétention de sûreté. On évoque alors l’irresponsabilité pénale d’où une imputabilité possible des faits à son auteur. Accusé considéré « fou »= internement d’office. Accusé considéré « jugeable » = assises. au terme du procès, l’accusé peut cependant être encore déclaré irresponsable…. …Une quarantaine d’irresponsabilités pénales déclarées depuis février 2008

Violence et maladie mentale changer les croyances… Les médias insistent sur le lien entre violence et M.M. Quelle est la relation entre le crime et les M.M.? La M.M. suscite-t- elle la violence ? L’intolérance et la peur sont vecteurs de partialité et de fausses informations

La peur des maladies mentales  «qu’est ce qui peut leur passer par la tête… » il faut combattre la peur de l’inconnu… Violence criminologique et violence psychiatrique doivent être désolidarisées… C’est aux professionnels d’instruire les média *rectifier les erreurs *combler les lacunes *expliquer les tenants *expliquer les aboutissants *information objective *éviter le sensationnel

Des chiffres 70% des reportages impliquant des personnes souffrant de M.M. les montrent en train de commettre des actes violents en 1992, l’analyse de 4 journaux nationaux français montre que tous les articles (ou presque) sur la psychiatrie font mention de la violence En 50 ans la force du mythe augmente : les sondages montrent que deux fois plus de personnes relient violence et psychose : sondage 1996 aux USA, 61% affirment croire que les schizophrènes sont violents envers les autres et ce d’une manière générale. étude canadienne 1998, 4 personnes sur 5 pensent que les M.M. sont dangereux et violents (malgré le gros travail d’information réalisé dès cette époque…)

La maladie mentale n’est pas, en soi, un facteur de dangerosité Une vaste étude américaine conclut que les malades atteints de schizophrénie, de troubles bipolaires ou de dépression ne sont a priori pas plus violents que les autres. Panorama du Médecin, 9 février 2009 Lorsque la maladie mentale, la dépendance aux toxiques et les antécédents familiaux de violence s’additionnent, le risque de comportement agressif est multiplié par quatre. «The intricate link between violence and mental disorder ». Elbogen E. et al. Archives of General Psychiatry, 2/2/09;66(2):152-61  

Prédire la dangerosité est une impasse comprendre n’est pas prédire Prédire la dangerosité est une impasse comprendre n’est pas prédire ! Facteurs influents sur la violence qu’elle soit liée a une problématique de troubles psychiques ou pas : *être de sexe masculin *antécédents de violence subie (dont sexuelle) *détention *alcool drogues ou toxiques *arrêt de traitement brutal *pas de soutien familial *pas d’encadrement thérapeutique *pas de soutien communautaire *faible statut socio-économique *stress, isolement, précarité, solitude…

enquête sur 34653 personnes tirées au sort enquête sur 34653 personnes tirées au sort. *la violence s’acquiert, notamment dans l’histoire sociale et familiale *Il faut la combinaison de plusieurs facteurs pour entraîner un comportement dangereux : Le fait d’être dépendant à une substance toxique (alcool, cannabis, cocaïne, hallucinogènes, amphétamines), d’avoir été témoin de scènes de violence entre ses parents, d’avoir été abusé sexuellement ou que l’un des parents ait fait de la prison, constituent autant de facteurs qui, ajoutés à la maladie mentale, augmentent les risques de violence. Eric Elbogen, Archives of general psychiatry, 2009

Et encore … En 1990 Swanson et al démontrent que 3% des actes criminels impliquent un trouble mental stricto sensu . Registres d’hospitalisation psychiatrique et de police en Scandinavie : 358180 personnes nées entre 1944 et 1947 : *Risque pour des crimes pour tous diag. psy varie de 5 à 35% relatif au risque pour ceux qui n’ont aucun diag. (sur 43 ans). Pour la schizophrénie, le risque est de 12%. La fréquence des comportements violents (bagarre, attaque physique ou sexuelle, menace, utilisation d’une arme…) chez les personnes souffrant de troubles mentaux graves et identifiés dans le système de soins psychiatriques atteint 13%. Gotlieb et al, 1987, ont trouvé 25% de psychotiques parmi un groupe de meurtriers… donc 75% ne le sont pas !!!

Co-morbidité psychiatrique et comportement violent en population générale Personnes ayant déclaré des actes violents dans l’année écoulée augmente avec le cumul des diag. psychiatriques (co-occurrents ou co-morbides) : *schizophrénie : 12,7% *trouble bipolaire : 11% *état dépressif majeur : 11% *schizophrénie + trouble de l’humeur : 21% (Swanson et al. 1990)

Violence et dangerosité plan violence et santé – mars 2005 Le pourcentage d’actes violents attribuables aux malades mentaux (sans comorbidité) est estimé entre 2 et 10% selon différentes études épidémiologiques. La plupart des crimes sont commis sur des personnes de l’entourage proche.

Les personnes souffrant de maladies mentales graves sont Les personnes souffrant de maladies mentales graves sont 3 fois plus susceptibles d’être victimes d’un acte de violence que les autres membres de la société… (Chuang, Williams, Dalby, 1987)

Trouble psychique et… fragilité ! 34% de patients souffrant de schizophrénie et vivant dans des logements thérapeutiques ont été victimes de vols et d’attaques au cours de l’année écoulée. (Lehman,Ward,Linn,1982) Les personnes souffrant de schizophrénie (vivant hors hôpital) présentent un taux de victimisation qui dépasse de 65 à 130% le taux rapporté à la population générale. (Brekke, Prindle, Bae, 2001)

RESUME *La majeure partie des personnes violentes ne sont pas atteintes d’une maladie mentale… *les personnes atteintes d’une maladie mentale sont plus susceptibles d’être la victime d’un acte violent…

Mourir frappé par un éclair et mourir attaqué par un étranger à vous souffrant de schizophrénie présente la même probabilité Une sur dix millions