DOULEUR ET CANCER PSYCHOLOGIE DU PATIENT

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
L’apport des soins palliatifs
Advertisements

Le point de vue du clinicien
Psychopathologie de la douleur
Syndrome de glissement et refus de soins Dr Laurence Petit EMGE.
Nicole Landry-Dattée Unité de Psycho-oncologie Institut Gustave Roussy
Qu’est ce qu’un trouble du comportement ?
XXXIXèmes Journées de la SGOC CHOLET 1er et 2 juin 2007
Psychiatrie du sujet âgé: l’expérience nantaise
La Dépression par le Médecin Généraliste
Quelles sécificités de la prise en charge palliative pour l’enfant ?
Bruno VELLAS Gériatre CMRR Midi-Pyrénées
L’aide psychologique pour les patients atteints de cancer
Formation, action citoyenne, février 2008 Psychopathologie du travail Philippe Davezies.
Fatigue et MICI Dr Maryan Cavicchi 3ème Journée Nationale des MICI
Troubles du sommeil chez l’enfant
SOINS PALLIATIFS Cercle EPU Senlis-Creil
Les soins palliatifs Introduction Rappels Généralités
L’accompagnement en fin de vie des personnes en U.S.L.D.
LES FACTEURS DE VULNERABILITES
Vivre après un cancer du sein
Les Soins De Support En Psychologie
PSYCHISME et CANCER Vivre avec le cancer
Les Soins Palliatifs. (1ère partie : Rappels Théoriques.)
Soins palliatifs partout, pour tous, une utopie ?
Loi relative aux droits des malades et à la fin de vie
La morphine Caractéristiques
Prise en charge des patients douloureux en situation d’urgence
EVALUATION DE LA DOULEUR CHRONIQUE
Formation soins palliatifs et qualité de vie
L’accompagnement du deuil.
Les plaintes somatiques
Pas pathologiques en soi
DANS LA RELATION SOIGNANT-SOIGNE
CHU de Clermont-Ferrand
MISE EN PLACE D'UN DISPOSITIF D'ANNONCE
Douleur aiguë Douleur chronique
Le deuil Capsule présentée par Edyth Morissette, psychologue
Douleur et soins palliatifs
TROUBLES PSYCHIATRIQUES DES PERSONNELS DES ETABLISSEMENTS DE SANTE
ANOREXIE ET BOULIMIE LA DESCENTE AUX ENFERS.
Propos d’une étudiante IDE :
Quand les limites obligent au compromis
Douleur et cancer Spécificités chez l’enfant et la personne âgée Tous les droits d’auteurs sont réservés à l’Institut UPSA de la douleur. Toute modification.
Généralités sur les névroses
Entrée en dépendance et tentative de suicide de la personne âgée
Les aidants des patients atteints de cancer du poumon BMJ 2010;304:c2581.
Qui sont les aidants ? L’aidant est une femme dans les 2/3 des cas : conjointe , fille , belle-fille , nièce. Souvent agée et avec problème de santé. Parfois.
QUAND LE BEBE REVE EST CASSE …
Géronto-psychiatrie : la place des médecins généralistes
Le rôle des proches dans la thérapie
Le "syndrome de glissement"
FASEout Project Le problème de l'épuisement dû au deuil et à la perte L'impact sur les parents et autres responsables d'enfants atteints.
Michèle Séailles – Assistante Sociale Audrey Lesieur - Psychologue
Nécessité d’une prise en charge psychiatrique des malades co-infectés VIH-VHC Jean-Philippe Lang Pôle Référence Strasbourg Jean-Philippe Lang Pôle Référence.
PLAN Introduction Nevrose Angoisse Phobie Hystérie Psychose
Noto ANIMS- SFMC Les acteurs du secours face à la mort.
LES ETAPES DE « LA FIN DE VIE » ET DU DEUIL
Valérie Havet (Docteur en Psychologie) Cours 1ère année IFSI
Observations et soins infirmiers en psychiatrie UE 2.6 S2
1er février 2014 – Ville d’ Avray
Les soins palliatifs Le rôle du bénévole.
Cadre légal et déontologique
La qualité de vie des malades et leurs difficultés
Transfert et Contre-transfert présenté en 2011 par Aurélie Météreau
Prise en charge globale du malade à tous les stades de la maladie en tenant compte des problèmes psychologiques, éthiques et sociaux Prise en charge psychologique.
DIU DOULEUR Vendredi 5 Octobre 2012
Syndrome douloureux chronique
Sédation palliative continue (Synthèse)
Dépression du sujet âgé Dr Laurence Petit EMGE Hôpital Bretonneau
L’impossible rapport au corps, Les problèmes alimentaires d’anorexie et de boulimie. Dr Sophie Maes Unité de psychiatrie pour adolescents Hôpital le Domaine.
Transcription de la présentation:

DOULEUR ET CANCER PSYCHOLOGIE DU PATIENT M.C. Defontaine Catteau CETD CHRU de LILLE

Quelle évaluation psychologique? La douleur aiguë est responsable d’anxiété, d’anticipation anxieuse jusqu’à l’angoisse aiguë en cas de douleurs paroxystiques La douleur chronique génère asthénie, épuisement (lutte, insomnies), troubles du caractère et finit par constituer un réel syndrome dépressif Le contexte de la pathologie cancéreuse évolutive : - majore les aspects d’anxiété : accès répétitifs d’angoisse sévère, bouffées d’agitation anxieuse, angoisse de séparation et de perte, anticipation du deuil de sa propre vie, angoisse de l’inconnu et de la mort - aggrave le fléchissement thymique jusqu’au désespoir, en particulier aux stades ultimes de la vie

Douleur et localisation somatique Douleur /indice de la présence du cancer, passée ou présente : « l’existence bruyante du cancer dans le corps » Douleur/indice du caractère évolutif du cancer : « la progression du cancer dans le corps, l’invasion néoplasique ou métastatique » Mal supportée en période intercurrente (rémission ou stade palliatif) par la réactivation mnésique de la pathologie (douleurs neuropathiques liées au cancer ou à ses traitements par ex.) Intolérable durant la phase évolutive par son caractère persécutif ; « suis obligé(e) d’y penser » retour obligé à la maladie et au corps

Fonctions possibles de la plainte douloureuse Substitut à l’égard de la plainte existentielle : « j’ai mal » plutôt que « je vais mal, je suis mal » Substitut de la plainte concernant la pathologie : exprimer la douleur des lésions cancéreuses plutôt que la pathologie qui y siège Garantie d’un surcroit de consultations médicales, d’examens ; donc plus de soutien médical et plus de réassurances d’origine soignante Sollicitation exacerbée des proches : substitut de la demande affective et de soutien familial et amical, une « sollicitation de sollicitude » Demande détournée d’anesthésie à l’égard de la souffrance morale

Douleurs terminales Elles peuvent ne pas être totalement soulagées Elles peuvent l’être à condition de contractualiser avec le patient et éventuellement ses proches une sédation en alternance Elles sont susceptibles de transformer la fin de vie en tragédie Un tel patient est reconnaissable : - position fœtale, dos tourné à l’extérieur, vigile, mais caché sous ses draps - refus du moindre contact, de la communication, des soins, sauf venant de ceux dont il attend encore un hypothétique soulagement - réactions agressives et violentes possibles si son comportement n’est pas respecté - nécessité d’une réassurance discrète mais réaffirmée

Attitudes face aux traitements antalgiques Surenchère pour endiguer les symptômes anxio-dépressifs Surenchère jusqu’à la démission vis-à-vis de ses propres ressources et jusqu’à la dépendance Attitude bravache, défi à l’égard de la douleur et de la maladie Stoïcisme d’inspiration philosophique ou religieuse Peur de déborder le potentiel antalgique de la médecine Conduites d’économie cachée en prévision du pire

La morphine : un problème ? Mort fine? La morphine : un problème ? Association consciente ou inconsciente à la fin de vie et à la mort Peur de la dépendance, de la chute dans la toxicomanie Peur du sevrage, souvent envisagé par les proches, mais aussi par le patient Incompréhension fréquente des modalités de prise ; « même quand je n’ai pas mal? » Refus du soulagement total : le patient préserve un minuscule quantum de douleur, prix à payer pour suivre le cheminement corporel de la douleur et garder un pseudo contrôle sur la progression du cancer

Soulagement et psychologie Le patient cancéreux algique et sa douleur ; un « compagnonnage » source de luttes et de compromis La rupture brutale d’avec la douleur, si elle est ardemment souhaitée, n’engendre pas moins un sentiment de vide, de vacuité psychique, par abandon de la lutte Le corps, déshabité de la douleur, retrouve le repos, d’où la récupération de la dette de sommeil, souvent mal comprise des proches, voire des soignants Le psychisme, vidé de la lutte contre la douleur, cherche ses anciens repères pour remplir ce vide temporaire L’abandon du combat contre la douleur démasque le constat de réalité et l’angoisse de mort qui lui est associée

En conclusion… Coloration émotionnelle et de sens qui est spécifique de la pathologie cancéreuse évolutive Cette tonalité spécifique infiltre les répercussions « classiques » des douleurs aiguës et chroniques Plus que tout, la permanence du lien avec le patient est garante du « mieux possible » de son soulagement