Asthme Professionnel (AP) JDV Nancy – 25 octobre 2012
Épidémiologie
Données générales Prévalence de l’asthme (population générale) : Aux USA : 7,3% (adultes + enfants; CDC 2006-2008) En France : 6% (pop ≥ 15 ans; SPLF – 2010) Étude SABRE basée sur un programme de déclaration volontaire des MRP par des MDT et des pneumologues; menée de 1997 à 2001 Étude SWORD basée également sur un programme de déclaration volontaire des MRP
Part attribuable AP : plus fréquente des maladies respiratoires professionnelles (MRP) 33% des MRP → SABRE (Australie) 26,4% des MRP→ SWORD (Royaume-Uni) Part attribuable à l’environnement professionnel : Gradient nord sud de 10% à 25% (ECRHS II) USA : étude du Centre of Disease Control and prevention (CDC) menée de 2006-2008 France : analyse des données épidémiologiques descriptives disponibles par le groupe « épidémiologie et de recherche clinique » de la SPLF Part attribuable : données issues de la phase prospective de l’étude ECRHS II (European Community Respiratory Health Survey) menée auprès de 6800 individus de 20 à 44 ans issus de 12 pays industrialisés (Europe, USA, Australie).
Incidence (1) Taux d’incidence d’AP d’après les données médicolégales (cas/M de travailleurs/an) période Cas d’AP incidence Pologne 2003-2007 521 11 Allemagne 2003 - 28 Espagne 2002 75 Finlande 1989-1995 2602 174 Norvège 1995-1999 1113 223 Le taux global d’incidence de l’AP est estimé soit en fonction des données issues des statistiques médicolégales de reconnaissance et d’indemnisation, soit des données issues de systèmes de déclaration volontaire (tels le SWORD ou le SABRE) On note des écart très importants entre ces taux…
Incidence (2) Taux d’incidence dans les pays avec systèmes à déclaration volontaire (cas/M de travailleurs/an) période système Cas d’AP Incidence Corée du sud 1999-2006 Système de surveillance nationale 286 3,5 Australie 1997-2001 SABRE 520 31 Suède 1990-1992 SRROD 1010 80 France 1996-1999 ONAP 2178 24 2001-2002 ONAP Alsace 189 126 Les différences observées pourraient être en relation avec la diversité des expositions mais probablement surtout avec le système de collecte des données, dépendant des critères diagnostics retenus et de la motivation des déclarants (médecins ou malades en fonction des systèmes…)
→ 250 à 300 cas d’AP/M de travailleurs/an Incidence (3) Taux d’incidence estimé par l’étude ECRHS II Étude de cohorte prospective, 6800 jeunes adultes (20 à 44 ans), 12 pays industrialisés → 250 à 300 cas d’AP/M de travailleurs/an
Étiologies
Différents types d’AP AP immuno-allergiques AP non immuno-allergiques Avec temps de latence IgE et non IgE médié AP non immuno-allergiques Sans temps de latence Syndrome d’irritation bronchique (forme aigue = RADS)
AP immuno-allergique
Catégories de substance Agents de HPM Agents de BPM Nature chimique Glyco-protéines Substances chimiques réactives, métaux, poussières de bois Mécanismes immunologiques Allergie IgE médiée Rarement IgE médiée (sels de platine, colorants, anhydrides acides, bois d’abachi…) Inflammation bronchique Éosinophiles Éosinophiles +/-neutrophiles Type de réaction Immédiate et biphasique Retardée isolée – atypique Rhino-conjonctivite > 90% 50% Dermatite de contact Possible (dermatite de contact aux protéines) Possible (résines époxy, acrylates, métaux…) Urticaire Possible (latex) Rare Les substances capables d’induire des AP de type immuno-allergiques sont habituellement divisées en 2 catégories : les substance de HPM et les substances de BPM. La distinction entre HPM et BMP repose sur la nature des agents mais aussi sur des caractéristiques cliniques et physiopathologies.
Agents de HPM Glyco-protéines animales ou végétales Potentiel allergénique : Caractéristique de structure Activité enzymatique Résistance au traitement chimique et physique (ex latex) Certaines caractéristiques structurelles pourraient jouer un rôle dans l’induction d’une réaction immunologique de type TH2 en interagissant directement avec le système immunitaire; Une activité enzymatique pourrait augmenter le potentiel allergénique de la protéine en facilitant son passage au travers de l’épithélium respiratoire ou en clivant des molécules en surfaces des cellules immunitaires. La résistance de certaines protéines au traitement physique ou chimique pourrait également être importante : persistance d’épitope allergéniques de l’hévéa après adjonction d’ammoniaque et procédés de vulcanisation. Vulcanisation : procédé chimique visant à rendre un élastomère brut plus élastique.
Agents de BPM Substances chimiques hautement réactives : Métaux : Isocyanates, acrylates, anhydrides ac, sels de persulfates… Métaux : Nickel, chrome, cobalt, platine… Poussières de bois : Acide plicatique du cèdre rouge Haptènes devant se combiner à des protéines Isocyanates : Peintures, laques, colles, résines PU, mousses PU. Primaires d'étanchéité, ciments, mortiers. Anhydrides acides : utilisés en plasturgie pour la synthèse de résines thermorigide (durcisseur) Acrylates : résines thermoplastiques utilisées dentisterie, en orthodontie, en art graphique, dans les revêtements, les colles et les adhésifs ainsi que dans les plastiques.
Principaux agents responsables d’AP Finlande Canada GB Allemange France Afrique du Sud Australie Agents de HPM Céréales 21% 9% 49% 22% 12% 2% Latex 4% 5% 7% 24% 3% Animaux 33% 1% Enzymes <1% - Agents de BPM Isocyanates 23% 14% 20% 6% Bois 8% Métaux 15% Persulfates Aldéhydes soudure 13%
Professions à risque d’AP Incidence moyenne (nv cas/100 000 Trav.) Boulangerie, pâtisserie 68 (62-75) Peintre automobile 33 (26-39) Coiffure 31 (26-36) Menuiserie, ébénisterie 22 (17-26) Nettoyage 6 (4-7) Soins de santé 4(3-5) Données ONAP 1996-1999
Évolution chronologique des ART dans le réseau RNVPP 2001-2009 En fonction des agents d’exposition : ↗ ammonium quaternaire (S) Stérilisation / entretien ↗Produits de ménage (s) ↘ latex, farine, bois, isocyanates, aldéhydes, métaux (S)
Les analyses combinant les secteurs d’activités et les agents d’exposition (Cf tableau 1) apportent des éléments complémentaires. En milieu de soins, en particulier, on observe une augmentation des ART liés aux ammonium quaternaires, et au contraire une diminution significative des cas liés aux aldéhydes et une diminution à la limite de la significativité des cas liés au latex, Il est intéressant de noter que, pour un même agent d’exposition, les tendances peuvent être différentes d’un secteur d’activité à l’autre. Ainsi, une diminution significative (ou quasi significative) est observée pour la farine dans les secteurs industriels et dans la vente, mais pas en restauration. Enfin d’autres secteurs (exemple de la coiffure) ne montre aucune évolution significative. L’absence d’évolution significative à la baisse dans certains secteurs comme la coiffure souligne la nécessité de poursuivre et amplifier les efforts de prévention.
Facteurs de risque
Atopie Propension personnelle ou familiale à produire des IgE spé à une faible dose d’allergène et de développer asthme, rhinite et DA FR pour l’AP aux agents de HPM et +/- pour certains agents de BPM à réponse IgE Isocyanates, anhydride ac, sels de platine.. VPP faible Pas d’exclusion des atopiques des professions à risque
Tabac FR d’AP par mécanisme IgE : ↗ synthèse des IgE chez les fumeurs ↗ perméabilité de la muqueuse bronchique aux allergènes Certains agents de HPM (allergènes animaux) Certains agents de BPM (sels de platine)
Hyperréactivité bronchique HRBNS chez des apprentis avant le début de l’exposition pro : Symptômes respiratoires au travail ↗HRBNS Des études prospectives de cohorte d’apprentis ont montré une association significative entre l’existence d’une HRBNS avant le début de l’exposition pro au cours de l’apprentissage et l’apparition ultérieure de symptômes respiratoire au travail et l’augmentation de l’HRBNS
Facteurs génétiques Prédispositions génétiques proposées dans la littérature : Allèles spécifiques d’HLA II et AP aux isocyanates, sel de platine, cèdre rouge, animaux Polymorphysme de glutathion-S-transférase et N-acéthyl-transférase et AP aux isocyanates Peu études concordantes Nécessité d’amélioration la compréhension des interaction gène/environnement dans l’asthme Plusieurs études scientifiques ont montré des associations significatives entre certaines prédisposition génétiques et le développement d’AP à des agents spécifiques