Plan 1. Définitions: PFI, IPM, ICM et autres jargons

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Transcription de la présentation:

La production fruitière intégrée pour la culture de la pomme - Vue d'ensemble

Plan 1. Définitions: PFI, IPM, ICM et autres jargons 2. À quoi sert un programme de PFI ? 3. Les programmes de PFI à travers le monde 4. Situation plus prés de nous (É-U, Canada) 5. Le programme de PFI pour le Québec 6. Le rôle des pesticides en PFI 7. Conclusion et le futur des programmes de PFI

IFP IPM ICM ICP IFM

Lutte classique: une cible, une arme Lutte intégrée (IPM): une ou plusieurs cibles, plusieurs armes · Lutte intégrée : ensemble des pratiques de lutte pouvant être utilisées pour réduire les populations d'organismes nuisibles de façon sécuritaire, efficace, économique et respectueuse de l'environnement · Production intégrée (anglais: ICM ou IFM) : ensemble des pratiques de lutte et des autres pratiques de gestion utilisées de façon cohérente afin de produire de façon sécuritaire, efficace, économique et respectueuse de l'environnement Une autre façon de voir les choses: IFP = IPM dans son sens le plus large, assez souvent utilisé en Amérique et ailleurs. Production intégrée (ICM): un programme de lutte véritablement intégré à un système de production

Lutte classique

Lutte intégrée

Production intégrée

Contexte Disparition de plusieurs produits à large spectre au cours des prochaines années (USA-Europe) Produits de remplacement coûteux, réduisant ou éliminant la marge de profit des entreprises pomicoles d’ici 2004 (prévisions américaines*) Pressions sociales pour réduire et encadrer l’utilisation des pesticides (ex. nouveau code de gestion des pesticides, révisions des lois sur l’homologation) * New England Fruit consultants, 2000 (G. Morin)

Objectifs des programmes de PFI Formation : cible les choses à améliorer pour tout producteur qui cherche à parfaire sa régie de production ou de protection. Conscientisation : ex. minimiser les risques associés à la production et favoriser les approches durables aux approches à court terme. Assurance-qualité : pour les acheteurs et les consommateurs Mise en marché : maintenir/développer marché et/ou des primes dans un contexte de globalisation. Qualité : la PFI vise à produire des fruits de qualité d’un bout à l’autre de la “ chaîne de production » Formation : les programmes PFI étant essentiellement constitués de “ bonnes pratiques agronomiques ”, ils constituent un excellent moyen de cibler les choses à améliorer pour tout producteur qui cherche à parfaire sa régie de production ou de protection. Conscientisation : la PFI véhicule quelques messages sociaux importants tels que  a)l’importance de minimiser les risques associés à la production et à la protection des fruits, que ce soit pour le consommateur, le producteur ou l’environnement b)la nécessité de favoriser les approches durables aux approches à court terme. ·Assurance-qualité : en se conformant à la PFI, les producteur peuvent offrir aux acheteurs et aux consommateurs l’assurance qu’ils ont été produits selon leurs souhaits. Un phénomène social de la sorte est en fait à l’origine de la PFI en Europe. ·Mise en marché : les fruits produits selon la PFI peuvent se distinguer d’autres fruits et ainsi se mériter soit des parts de marché soit des primes dans un contexte de compétition grandissant. Des programmes de certification peuvent être requis afin de permettre d’atteindre ces objectifs, de même que des labels, logos ou mentions en ce sens peuvent être utilisées. Qualité : en bout de ligne, la PFI vise à produire des fruits de qualité, en guidant les producteurs sur le choix des bonnes pratiques d’un bout à l’autre de la “ chaîne de production ”

Particularités des programmes PFI Le programme est dynamique (mise à jour constante) et non fixe; il peut varier selon les régions Son implantation nécessite la volonté des producteurs et l ’appui des intervenants.

Naissance de la production fruitière intégrée (PFI) 1991: naissance en Europe 1995: 50% des surfaces en Europe de l’ouest (35 programmes): Autriche (80%), Belgique (23%), Danemark (30%), France (1%), Allemagne (80%), Angleterre (75%), Italie (53%), Pays-Bas (70%), Norvège (1%), Portugal (4%), Espagne (70%), Suisse (35%) La PFI est née en Europe, d’ailleurs ils ont 10 ans d’avance au moins.

Caractéristiques des premiers programmes pomme et poire Série de mesures et évaluation par pointage Interdiction des pesticides à risque plus élevé, pesticides «doux» favorisés Dépistage et produits « doux » à prix réduit Avec ou sans certification, mais les programmes certifiés offrent parfois plus: Incitatif financier (mesure verte): ex. Allemagne, Suisse, Italie (en partie) Meilleur prix de vente: ex. Autriche, Belgique, France, Pays-Bas, Washington

Situation actuelle à travers le monde Europe: expansion continue ex. France: 1%  50% Naissance et développement rapide de EUREPGAP Exigences des supermarchés: 100% en 2003? Autres standards (ex. APS) tendent à s’harmoniser Autres continents: implantation de l ’EUREPGAP: Brésil, Uruguay, Argentine demandes en cours: Nouvelle-Zélande*, Afrique du Sud, Oregon programmes PFI existants en Nouvelle-Zélande, et plusieurs initiatives régionales aux E-U et au Canada EUREP (1997) : regroupement de distributeurs / détaillants européens de fruits et légumes EUREPGAP (1999) : programme bonnes pratiques agricoles concu par un regroupement à parts égales de producteurs (suppliers) et de distributeurs/détaillants (retailers). 95% des supermarchés européens ont adopté ces normes et on vise 100% à la fin 2003. Les producteurs européens qui ne pourront pas être certifiés Eurepgap d'ici là n'auraient donc plus accès à ce marché…

Les aspects couverts par l ’EUREPGAP 1. Traçabilité (1 mesure, obligatoire) 2. Enregistrements (1 mesure, obligatoire) 3. Variétés et souches (13 mesures, 9 obligatoires) 4. Historique et gestion du site (7 mesures, obligatoires) 5. Gestion du sol et du sous-sol (14 mesures, 8 obligatoires) 6. Usage de fertilisants (35 mesures, 21 obligatoires) 7. Irrigation (17 mesures, 1 obligatoire) 8. Protection des plantes (85 mesures, 68 obligatoires) 9. Récolte (8 mesures, 6 obligatoires) 10. Traitements post-récolte (24 mesures, 18 obligatoires) 11. Gestion de la pollution et déchets, recyclage/réutilisation (4 mesures facultatives) 12. Santé, sécurité et protection sociale des ouvriers (29 mesures, 16 obligatoires) 13. Problèmes liés à l’environnement (9 mesures, 1 obligatoire) 14. Formulaire de réclamation (2 mesures obligatoires) 15. Audit interne (2 mesures obligatoires)

Europe: l’exemple de l’Italie (Trentin) Photo courtoisie C. Ioriatti

L’exemple de l’Italie (Trentin) Production: 1 250 000 t (65% Italie, 17% Europe) 95% des arboriculteurs sont membres des 33 coopératives qui commercialisent le produit. Les organismes directeurs sont élus par les arboriculteurs membres Les coopératives sont regroupées dans 2-3 OP (organisations de producteurs), vraies responsables de la production integrée. Le programme liste les produits autorisés en PFI le 95% explique le grand development de l’organisation cooperative

Inspection de surveillance Arboriculteurs Cahier de charge Inspection de surveillance Production Intégrée Les 4 piliers de la P.I. sont chargés de la rédaction de cahiers de charge et de l’organisation des inspection de surveillance. Les arboriculteurs membres des coops chaque année signent l’adhesion à la P.I., mais c'est finalement la coop qui est responsable envers les organismes de surveillance. PAT (homol.) ISMA (R-D) ESAT (avert.) coopératives

Les deux O.P. les plus représentatives sont MELINDA (6000 ha) dans la partie la plus haute de la region …et LA TRENTINA (3000 ha) qui gère la production du fond de la vallée

Quelques certifications européennes (Lutte intégrée/production fruitière intégrée) Sur l’exemple du GALTI en Suisse romande, la P.F.I. existe dans differentes regions européennes. …un nouveau phenomene à la fois culturel et commercial.

L’exemple de la Nouvelle-Zélande

L’exemple de la Nouvelle-Zélande La certification PFI est la norme minimale pour pouvoir exporter Incitatif : programmes d'assurance de qualité exigés par les consommateurs et les chaînes en Europe (ex. EUREPGAP) et baisses des exportations en 1995 Contexte politique de 1995: le gouvernement coupe dramatiquement ses subventions et privatise l'ensemble de ses services Ralliement des producteurs et regroupement volontaire au sein d’un organisme (ENZA) Programme: remplacement des OPs par des méthodes sélectives (régulateurs de croissance etc.) Tests de résidus, inspection et financement obligatoires (cotisation des membres) Prix de vente +25 ¢ / -75 ¢ par carton selon le statut Maintenant un exemple à l’extérieur de l’Europe. On connaît la pomme de Nouvelle-Zélande: Production: 13000 ha 1400 producteurs Valeur: 150 M $ US

Le succès de la Nouvelle-Zélande Avantages: Peu de ravageurs directs (ravageurs principaux : lépidoptères, pucerons, cochenilles) Disponibilité de produits sélectifs comme alternative aux Ops Particularité: développement d'un hypercleanwasher pour éliminer les résidus Inconvénients: Conséquence inévitable: les producteurs ne peuvent pas tous le faire et quelques-uns n'ont pas survécu! Nouvelles menaces : arrivée récente de la mouche de la pomme et la tordeuse orientale du pêcher, difficile à contrôler avec des produits sélectifs

Situation en Amérique du Nord Certification à petite échelle: Washington (Responsible choice) Oregon (Hood River) Ontario (WWF) New York (2000: petits fruits) Nouvelle-Angleterre (CORE) Oregon etc. (Food Alliance) Alors que les programmes européens sont à large échelle, l’Amérique du Nord a vu ses premiers pas en PFI par de petits projets d’échelle locale ou au mieux, à l’échelle d’un état/province

Projets en cours en Amérique du Nord Aux États-Unis: Oregon: demande d ’accréditation par l ’EUREPGAP en cours Californie et Floride: certification d'état "BioIPM" visée en 2004 pour les fruits et légumes (source: C. Benbrook) Au Canada: Colombie-britannique: Growing with Care, basé sur les normes EUREPGAP

PFI au Québec: comment en sommes-nous arrivés là? 1987: l’Ontario lance Food Systems 2002 1992: le MAPAQ lance la stratégie phytosanitaire 1997: les gouvernements cherchent des moyens additionnels pour atteindre les objectifs de réduction de pesticides 1998: «cahiers de charges» du MAPAQ en lutte intégrée 1999: l’Ontario et l’IPE initient des projets de PFI avec certification à l’échelle locale (pommes) 2001: publication d’une 1re version du programme québécois de PFI (bonnes pratiques agricoles en phytoprotection) 2001: le CCH recoît un financement Fédéral-WWF pour définir les lignes directrices canadiennes pour la PFI 2002: l’IRDA reçoit un premier financement de la WWF pour développer davantage et implanter le programme PFI de concert avec la FPPQ et avec l’aide des conseillers pomicoles En 1999, le MAPAQ fait une approche de développement de cahiers de charges, mal reçue du milieu qui sent qu’on veut lui imposer des façons de faire La situation actuelle est plutôt le résultat d’une prise en charge du processus par le milieu qui décide lui-même de son avenir.

Caractéristiques du programme PFI Québec Système de points récompensant l’utilisation des bonnes pratiques Utilisation de l’EIQ* pour la classification des pesticides en fonction de leur impact environnemental Limitation de l’utilisation des pesticides les plus nocifs et encouragement à utiliser les moins nocifs Encouragement à consigner par écrit le programme de traitements antiparasitaires Encouragement à participer à des sessions de formation Conciliation avec les lignes directrices canadiennes également Programme conçu pour utilisation par tous * environmental impact quotient (Kovach et al.) ou quotient d’impact environnemental, amélioré et adapté au Québec selon les recommandations de l ’auteur.

Aspects actuellement couverts par le programme 1. L'implantation du verger 2. L’environnement, l’entretien et la fertilisation du verger 3. Le dépistage du verger 4. La protection des espèces utiles 5. Les stratégies contre les ravageurs et la gestion de la résistance (insectes, acariens, maladies, mauvaises herbes, mammifères) 6. La formation, la recherche et l’innovation 7. L’utilisation sécuritaire des pesticides 8. Les plans et registres 9. L ’impact environnemental des programmes de protection

Quelques exemples Dépistage des insectes et acariens *** Fréquence moyenne des visites (dépistage) du verger entre de débourrement et la mi-août Quatre fois par mois ou plus Deux à trois fois par mois Moins de deux fois par mois *** Observation visuelle du feuillage entre le pré-bouton rose et le début août (pour dépister les acariens, les tordeuses, la mineuse marbrée, la cicadelle blanche et les pucerons) *** Utilisation des pièges englués (sphères et cartons) pour dépister la mouche de la pomme et l’hoplocampe des pommes Dépistage de ces deux espèces Dépistage de la mouche de la pomme Dépistage de l'hoplocampe Aucune de ces espèces *** Observation visuelle des fruits pour dépister le charançon de la prune, les punaises phytophages et les tordeuses Une fois par semaine (ou plus dans le cas du charançon) Une à deux fois par mois Jamais Les problèmes peuvent souvent être plus facilement enrayés s'ils sont identifiés rapidement. Le dépistage nécessite des visites régulières du verger afin de prendre connaissance de son état et de pouvoir déterminer si des interventions sont nécessaires. Vous pouvez faire appel à un club d'encadrement technique (CET) pour vous aider. Seuils d'intervention. Lorsque disponibles, les seuils d'intervention sont utilisés afin de déterminer les besoins en traitements. Le dépistage de la mouche est assurément le plus rentable de tous. C'est pourquoi si on ne devait dépister qu'un insecte, ce serait celui-ci! Comme les traitements insecticides appliqués l'été sont les plus dommageables pour l'équilibre biologique du verger, éviter ne serait-ce qu'une seule application d'insecticide grâce au dépistage est des plus souhaitables, d'autant qu'on améliore aussi la répression des autres ravageurs en ménageant les prédateurs et les parasites présents. Charançon de la prune: lorsque cerisiers ou pommiers abandonnés présents aux alentours, reste à cet endroit plus longtemps, donc pas affecté pas les résidus d'insecticide au calice. Mouche de la pomme : principale source de problèmes = extérieur du verger Tavelure: élimination dans rayon de 50m : plus d' immigrations clandestines d'ascospores au printemps. Cette mesure à elle seule peut faire toute la différence ! Loi sur la protection des plantes: oblige propriétaire ou occupant à faire traitements contre tout ennemi susceptible de provoquer une épidémie. Les inspecteurs du MAPAQ peuvent exiger le traitement ou la destruction des arbres attaqués si risque de propagation chez voisins

Quelques exemples Formation, recherche, innovation **** Encadrement et services-conseil : a- Adhésion à un club d’encadrement technique Oui Non b- Adhésion au RAP c- Consultation des conseillers /ou répondeurs téléphoniques du MAPAQ *** Participation à des ateliers de formation (cours de régie, clinique de taille, journée pomicole, journée de démonstration, etc.) Plus de 5 jours par année Entre 3 et 5 jours Entre 1 et 2 jours par année Moins de 1 jour par année * Participation à des projets de recherche et/ou à des réseaux d’essais **Consultation de guides et logiciels en lutte intégrée Fréquemment Occasionnellement Jamais

Quelques exemples Impact environnemental des programmes de traitements **** Applications des pesticides à faible impact (catégorie 1 ) Au moins les 3/4 des applications Au moins la moitié des applications Au moins 1/4 des applications Moins du quart des applications **** Applications des pesticides à impact important (catégorie 3) Aucune application Une ou deux application Trois ou quatre applications Plus de quatre applications

Le défi de l’est de l ’Amérique du Nord Tordeuse à bandes obliques (<1) Carpocapse (<1) Tétranyque rouge (2) Tavelure du pommier (11) Punaise terne (1) Charançon de la prune (1) Mouche de la pomme (1) Les premiers: Produits sélectifs disponibles pour les ravageurs du fruit Ennemis naturels efficaces existent pour les ravageurs du feuillage Les derniers: ravageurs directs du fruit Tolérance faible Peu d’ennemis naturels (indigènes à l’Am. Du Nord) Insecticides sélectifs peu efficaces

QIE des pesticides appliqués sur les pommiers* ON remarqueque presque tous les nouveaux pesticides homologués sur pommier depuis 5 ans (en jaune dans le tableau) figurent dans la catégorie 1. Ceci s'explique entre autres par la nouvelle réglementation américaine sur les pesticides (FQPA) beaucoup plus sévère sur les questions de santé, et sur la Loi canadienne sur les produits antiparasitaires, de plus en plus harmonisée avec les lois américaines. Les nouveau pesticides représentent donc un choix intéressant pour ceux qui veulent se diriger vers la PFI. *Quotien d ’impact environnemental, d'après Kovach

Conclusion Les programmes de PFI sont utilisés depuis plus de 10 ans en Europe Ils se multiplient et s’étendent actuelement aux autres continents Les normes de l’EUREPGAP poussent les programmes de PFI à s’harmoniser Les détaillants européens exigent de plus en plus la certification des producteurs européens Les producteurs de pommes de l’Oregon, de la Nouvelle-Zélande et de l’Afrique du Sud se préparent à faire face à la compétition.

Remerciements Pour leur implication continue: les membres du Groupe d’experts en protection du pommier, les membres du Comité pomiculture représentants de la Fédération des producteurs de pommes du Québec les services administratifs de l’IRDA et de la FPPQ Pour leur participation active au développement du programme PFI: Yvon Morin, Mélanie Noël, Pierre Philion, Noubar Bostanian, Luc Fontaine, Daniel Cormier, Jollin Charest, Claude Tougas, ainsi que tous les participants à l’atelier du 25 juillet sur la PFI. Pour leur collaboration des plus appréciées: Sylvie Bellerose, Bernie Solymar, Raymond-Marie Duchesne, Michel Letendre, Pierre Mongrain, Daniel Ruel, Dean Thompson Le développement du « cahier des bonnes pratiques en PFI » a été rendu possible grâce à la participation financière du Fonds mondial pour la nature (WWF), avec le support organisationnel de l'IRDA, du MAPAQ, de la FPPQ et d'Agrilus