Evaluation de champignons entomopathogènes sur le puceron vert du pois Acyrthosiphon pisum. Pauline Deneux, Julien Crovadore, Bastien Cochard, Pegah Pelleteret, Romain Chablais, Etienne Laurent & François Lefort. Groupe Plantes et pathogènes, Institut Terre Nature et Environnement, hepia, HES-SO//Genève 150 route de Presinge, 1254 Jussy, Suisse. E-mail: francois.lefort@hesge.ch En raison des changements climatiques globaux, l’agriculture s’attend à une augmentation de la pression des ravageurs dans les zones tempérées. On estime, par exemple pour les pucerons, que l’accroissement de température moyenne en Europe entraînera une augmentation du nombre de générations de 16 à 23 pour des espèces déjà problématiques comme Myzus persicae. Résultats A : Filtrat avec spores Moyenne de la mortalité des pucerons (en nombre) Parmi la dizaine d’espèces de pucerons causant des dommages importants aux cultures, outre Myzus persicae, Acyrthosiphon pisum, le puceron vert du pois (Fig. 1), cause des dégâts précoces sur les Fabaceae cultivées (pois, haricot, trèfle, luzerne, fève et lentille) et transmet plus de 30 virus. B : Filtrat sans spores Figure 1. Le puceron vert du pois, Acyrthosiphon pisum. Moyenne de la mortalité des pucerons (en nombre) Dans un contexte de réduction des pesticides, en particulier pour les pucerons, la recherche de solutions alternatives, telles que celles offertes par les champignons entomopathogènes, est une priorité pour fournir un moyen de lutte biologique durable. Le travail présenté ici rapporte l’évaluation du potentiel entomopathogène et du potentiel entomotoxique de 7 souches du genre Metarhizium (Fig. 2) isolées à Genève, sur le puceron vert du pois. Figure 5. Mortalité des pucerons sur cultures liquides avec spores (6 jours de culture). Mortalité des pucerons sur cultures liquides sans spores (6 jours de culture). A noter que la courbe du «Témoin eau» superpose celle du «Témoin PGB». Plan expérimental Des filtrats stériles sans spores (Fig. 3) obtenus par filtration sur membrane (0.22 µm) et des filtrats axéniques avec spores à partir de cultures liquides PGB (Potato Glucose Broth) de ces 7 isolats fongiques ont été confrontés à des pucerons en élevage. La mortalité peu élevée voir quasiment inexistante des témoins eau-PGB montre que les résultats sont interprétables et que l’eau et le milieu de culture liquide PGB n’ont aucun effet létal dans ces conditions. Les 7 isolats testés ont entraîné une mortalité de 100% à 7 jours, aussi bien pour les filtrats stériles que pour les filtrats contenant les spores. L’observation de mortalité avec des filtrats stériles sans spores montre un potentiel entomotoxique des souches fongiques utilisées. Les souches les plus virulentes à l’égard des pucerons se démarquent très nettement dès les premiers jours et les résultats ont été réguliers sur les deux répétitions effectuées. Le filtrat de la souche 10.1 avec spores et le filtrat de la souche 32.1 sans spores ont montré les meilleurs résultats avec à 3 jours une mortalité de 50%. Malgré ces résultats aucun signe de sporulation sur les pucerons mort n’a été observé après 7 jours. Une sporulation aurait pu être éventuellement observée si l’essai avait continué au-delà des 7 jours et si l’humidité avait été supérieure dans l’unité expérimentale (boîte de Pétri). Figure 2. Souches de Metharizium anisopliae en culture solide PGA (Potato Glucose Agar) sur boîte de Pétri. Figure 3. Filtrats stériles des souches de Metharizium anisopliae à tester. Le modèle expérimental: Feuille de fève trempée 15 sec dans un filtrat 2 temps de croissance différents des souches avant filtration : 6 ou 10 jours 2 types de filtrats : avec spores ou stériles sans spore 1 feuille de fève/boîte de Pétri 5 pucerons déposés sur chaque feuille Conclusion Ce travail met en évidence une forte entomotoxicité provenant de molécules sécrétées par ces souches fongiques de Metharizium anisopliae. Les isolats 10.1 et 32.1 ont montré dans les deux expériences, une action entomopathogène et entomotoxique plus précoce à 3 jours déjà. Ces expériences ont permis de valider une méthode d’évaluation des potentiels entomopathogènes d’isolats fongiques locaux. Figure 4. Unité expérimentale. Chaque unité expérimentale (boîte de Pétri) a été placée en chambre climatique (T°C: 23°C jour, 21°C nuit; HR: 70%; Photopériode: 16h/8heures nuit; Luminosité: environ 10 W/m2) (Fig. 4). La mortalité a été contrôlée à 3, 4, 5, 6 et 7 jours (Fig. 5). JOURNEE D'AUTOMNE SGP / SSP 2016 "Interactions complexes entre plantes et organismes nuisibles" Jeudi 27 octobre 2016, HAFL Zollikofen