TYPOLOGIE ET CARTOGRAPHIE DES VIOLENCES SEXUELLES ET BASEES SUR LE GENRE EN RDC Etude réalisée par le CERED-GL à la demande de la C.E.P.F.E du MINIGEFAE et de l’ONU-Femmes Présenté par B. M. Lututala Directeur Général

Plan de la présentation Introduction Objectifs et Méthodologie de l’étude Rappel des définitions Typologies et cartographies des VBG selon EDS-RDC 2013 Profil-type des victimes Typologies des VSB selon d’autres études Conclusion Recommandations

Introduction L’évaluation de 2014 a montré que la SNVBG se focalise sur les VS et laisse dans l’ombre les autres types de VBG Elle a aussi montré une concentration des activités de lutte dans l’Est de la RDC; et pourtant, les VBG sont aussi signalées dans l’Ouest du pays (MINIGEFAE, 2012) D’où méconnaissance et non prise en compte des VBG dans les stratégies de lutte et dans les statistiques

Introduction (Suite) Aucune étude n’a répondu à cette question. Questions de recherche : 1) Quelles sont les différentes formes (quelle est la typologie) des VSBG et quelle en est l’ ampleur ?; 2) Où (dans quelle province) les retrouve-t-on surtout (quelle en est la cartographie) ? Aucune étude n’a répondu à cette question. D’où la nécessité de disposer de ces informations pour l’ensemble du territoire

Objectifs étude OBJECTIF GENERAL Contribuer à la lutte contre les VSBG pour mieux comprendre leur intensité, leurs différentes formes, et leurs variations selon un certain nombre de variables SPECIFIQUE I Répertorier les formes de VBG les plus récurrentes dans toutes les provinces de la RD Congo ; II Elaborer une cartographie de ces types de violences à l’intérieur de chaque province

Méthodologie de l’étude Revue documentaire : exploitation des documents, rapports, études etc. Examiner les donnes statistiques; mais difficultés d’exploiter la base de données intégrée, logée au sein du MINIGEFAE et celles d’autres sources du fait que : elles se focalisent sur les VS et laissent dans l’ombre les autres types de VBG elles ne couvrent pas l’ensemble du territoire national. 

Méthodologie de l’étude (Suite) Approche méthodologique : Re-exploitation des données de l’EDS-RDC en analysant les informations sur les violences domestiques, physiques, sexuelles, conjugales et émotionnelles (fichier de 6810 femmes de 15-49 ans) Les informations issues de ces analyses ont été reportées sur des cartes géographiques en vue de mieux visualiser la situation dans les provinces

Rappel des définitions Violence = « tout acte ou tout comportement par lequel une personne exerce sur une autre une force physique ou une pression morale en vue généralement d’amener cette dernière à faire ce qu’on veut d’elle » (UNESCO, 2012)

Rappel des définitions (suite) VBG=une « violence qui concerne les hommes et les femmes, où les femmes sont généralement victimes, parce qu’elles sont femmes, càd victimes de relations inégales de pouvoir entre hommes et femmes et des constructions sociales des normes de genre » (Unesco, 2012:42)

Rappel des définitions (suite) VBG=« tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles, psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée (Nations Unies, 1993).

Rappel des définitions (suite) Violences domestiques = « toute violence interpersonnelle s’exerçant dans le cadre des relations existant au sein d’une famille ou d’un ménage; elle est une violence conjugale quand elle implique les conjoints » (EDS-RDC 2013-2014: 307)

Catégorie de violences NATURE DE VIOLENCES Physique Psychologique Sexuelles Toutes formes Psychologique, sexuelle Complexité des violences Catégorie de violences Violence Collective Ex : Avortement forcé, Interdits alimentaires Ex : Autorisation maritale Ex: Mariages forcés Interpersonnelle Violences physiques, émotionnelles, sexuelles, économiques Famille/Partenaire Auto infligée Ex : chagrins d’amour, perversion sexuelle, prostitution Sévices auto infligés Source: OMS,2002

Typologie des VBG (Violences domestiques) selon EDS-RDC 2013 Manifestation Violences physiques graves Contusions suite aux violences subies Blessures aux yeux, entorses, luxations, brûlures Blessures, fractures, dents cassées, autres blessures Violences physiques moins graves Etre poussée, secouée, ou se faire jeter quelque chose Etre giflée Etre frappée de coups de poings ou autre chose de nocif Se faire tordre le bras ou tirer les cheveux Violences sexuelles forcer physiquement à avoir des rapports sexuels avec l’homme alors que la femme n’en veut pas ; forcer physiquement à pratiquer d’autres actes sexuels que la femme ne souhaite pas ; forcer en menaçant ou d’une autre manière à pratiquer des actes sexuels que la femme ne voudrait pas. Violences émotionnelles dire ou faire quelque chose pour humilier la femme devant d’autres personnes ; menacer de blesser ou de faire du mal à la femme ou à quelqu’un d’autre qui lui est cher ; insulter ou rabaisser la femme.

Les violences domestiques Près de la moitié (43 %) de femmes déclarent avoir subi des violences domestiques 16 provinces sur 26 ont des proportions qui dépassent la moyenne nationale, donc phénomène très répandu à travers le pays Les provinces avec proportions plus élevés (supérieures à la moyenne nationale) : Sankuru, Kasai, Equateur, Tanganika, Kasai Oriental et Mai-Ndombe

Cartographie des violences domestiques

Les violences domestiques Constat Aucune province de l’Est parmi les plus concernées sauf un peu la Tshopo Comment comprendre cela ? Hypothèses Important de distinguer les viols et les VBG Différence entre les effectifs et les proportions Apparemment les données de l’Est sont basées sur les sites sentinelles

Les violences émotionnelles Viennent en 2ème position après les violences physiques moins graves Sont subies par 36,6 % de femmes de la RD Congo Les provinces les plus concernées : Sankuru (68,3 %), Tanganyka (56,3 %), Nord-Ubangui, (47,5 %), Sud-Kivu (47,3 %), Kasai (46 %), Lomami (43,1 %), Equateur (41,9 %), Maniema (36,9 %)

Cartographie des violences émotionnelles Insultes et le fait de se sentir mal dans sa peau (27% des femmes) Humiliations (24,1 %) Menaces (14,4 %)

Les violences physiques moins graves Viennent en première position Sont subies par 45,3 % de femmes Provinces les plus concernées : Sankuru (68,8 %), Kasai (61,3 %), Kasai Central (59,5 %), Kasai Oriental (57,3 %), Equateur (57,2 %), Tanganyka (53,8 %), Mai-Ndombe (50,3 %)

Cartographie des violences physiques moins graves Les gifles (39,9 %) Etre poussée, secouée ou se faire jeter (22,7 %) Se faire tordre le bras (12,3 %) Coups de poings (11,2 %)

Les violences physiques graves Viennent en 3ème position Sont vécues par 22,9 % de femmes Provinces les plus concernées : Sankuru (57,5 %), Tanganyka (38,1 %), Kasai- Oriental (35,8 %), Sud-Ubangui (35,6 %), Mai-Ndombe (31,9 %)

Cartographie des violences physiques graves Les contusions (40,5%) Blessures, entorses, luxations, brûlures (21,4 %) Fractures, dents cassées, autres (5,0 %)

Opinions sur les violences physiques

Les violences sexuelles Viennent en 4ème position Sont subies par 25,5 % de femmes, soit 1 femme sur 4 Provinces les plus concernées : Sankuru (52,2 %), Mai-Ndombe (43,2 %), Kasai- Central (35,8 %), Kasai (34 %), Haut- Lomami (34 %), Mongala (32 %)

Cartographie des violences sexuelles Physiquement forcée à pratiquer d’autres actes sexuels que la femme ne voudrait pas (11,9 %) Contrainte à des rapports sexuels non désirés (8,6 %) Forcées dans autres actes sexuels non désirés (9,8 %)

Profil-type des victimes Age Généralement entre 20 et 34 ans instruction Faible niveau (inférieur à fin secondaire), mais les violences graves concernent aussi les femmes universitaires Niveau de vie Femmes les plus pauvres Statut d’occupation Femmes travaillant dans le secteur agricole et le commerce mais pour les VS elles concernent plus le personnel militaire féminin

Typologie des VSBG en RD Congo selon d’autres études 1. Principales VSBG rapportées par les person- nalités rencontrées lors de l’évaluation de la SNVBG : Mariage précoce Mariage forcé, incestueux, Injures publiques Maltraitance des veuves Spoliation des veuves/orphelins par la famille du défunt conjoint Déni d’héritage chez les femmes/filles, etc. Violences structurelles (lenteur dans prise de décision, discrimination de la justice, …) Répudiation Déni de promotion Violences en milieu scolaire (PST, gifles,…) Interdits alimentaires

Autres faits rapportés Kasaï Oriental et Equateur : refus de l’idée de la suppression de l’autorisation maritale car (homme = chef de la femme). Cependant, on constate une relative évolution compte tenu des difficultés socio-économiques et au chômage des hommes.   Sud-Kivu : déni d’héritage, confinement des femmes dans les travaux domestiques Kinshasa se démarque par : sous scolarisation et déscolarisation des filles. prise en compte du travail de la femme, de son association aux décisions/dépenses du ménage et du mariage tardif

Typologie des VSBG en RD Congo selon d’autres études (suite) 1I. Principales VSBG rapportées dans l’étude sur la masculinité (Onu-Femme, AS, 2014) Violences physiques Violences psychologiques Violences économiques Coups et blessures, excès, sévices, séquestration, meurtre NB: plutôt pour éduquer que pour faire souffrir ! Infidélité des hommes, bureaugamie, polygamie, silence/refus de parler, critiques incessantes, hurlements, injures ou attitudes dégradantes Refus de donner l’argent de la nourriture, refus d’acheter les laits de beauté, chantage financier

Conclusion Une diversité de typologies, d’où nécessité d’harmonisation pour une typologie nationale Les viols ne sont qu’un type de VSBG Les VSBG se retrouvent dans toutes les provinces du pays Les principales victimes : jeunes femmes, moins instruites, pauvres Les VSBG autres que les Violences domestiques sont moins documentées Que se passe-t-il au Sankuru ? Nécessité d’harmoniser les définitions afin d’avoir une définition nationale

Recommandations 1. Réviser la SNVBG pour prendre en compte toutes les VSBG 2. Mise en œuvre de la SNVBG à faire au niveau national 3. Nécessité d’élaborer des stratégies provinciales 4. Actions spécifiques dans la mise en œuvre sur les principales victimes 5. Gagner le défi d’un changement de comportements 6. Données/études sur toutes les formes de VSBG 7. Accès à la base de données par tous 8. Des études spécifiques au Sankuru

Je vous remercie