Le marché algérien des assurances en 2013 Conférence – débat Le marché algérien des assurances en 2013 Par Mokhtar Naouri PDG CAARAMA Assurance
Qui suis-je ? Mokhtar Naouri, 56 ans, diplômé de l’Université d’Alger en droit (1981) et de l’IFID – 3ème cycle en gestion d’assurance (Tunis 1989) ; Depuis mars 2011 à ce jour : Directeur Général, puis PDG de CAARAMA Assurance, filiale à 100% de la CAAR, Spécialisée en assurance de personnes. Installé dans le privé de janvier 2003 à janvier 2011 : Directeur de l’EURL MN Consultant – Activité d’études et de conseil en Risk- management et Assurance au profit des entreprises industrielles et commerciales, des institutions bancaires (Project finance) et des compagnies d’assurance Directeur associé de la Sarl ASSISTEC FORM – Société d’Études, conseil et Ingénierie en formation et communication, d’Assistance et d’Accompagnement dans la Mise à Niveau des Entreprises Ancien Secrétaire permanent du Conseil national des assurances (1997-2002) Ancien Sous directeur puis Directeur de succursale à la CAAR (1982-1997) ;
Sommaire Historique Situation actuelle du marché Les défis du marché algérien de l’assurance
Historique Aux origines du marché :1962 - 1966 L’institution du monopole de l’Etat sur les assurances : 1966 – 1973 La mise en place du monopole d’activité : 1971 – 1989 L’autonomie des entreprises publiques et l’amorce de la concurrence : 1989 – 1995 La libéralisation du marché : loi 95-07 du 25 janvier 1995 Les récentes réformes de la loi 06-04 du 20 février 2006
Aux origines du marché : 1962 - 1966 Période coloniale : plus de 300 Sociétés représentées en Algérie, à travers des succursales ou des agences 1962 : marché dominé par les sociétés étrangères 1963 : logique de souveraineté nationale Soumission des compagnies d’assurance à la procédure d’agrément création de la CAAR avec mission de gestion pour le compte de l’Etat de la cession obligatoire (10% sur toutes affaires souscrites) Refus des sociétés étrangères de s’y conformer + recours à la réassurance et quasi disparition du marché
Le monopole de l’Etat sur les assurances : 1966 - 1989 1966 – 1973 : institution du monopole de l’État avec concurrence entre entreprises publiques + tolérance du réseau privé : Transformation de la CAAR en compagnie d’assurance directe Nationalisation de la SAA (à l’origine, société mixte algéro-egyptienne) et tolérance des 2 mutuelles existantes : CNMA et MAATEC Tolérance du réseau des intermédiaires privés (les agents généraux d’assurance) 1973 – 1989 : le monopole de l’État est doublé d’un monopole d’activité des entreprises + suppression des intermédiaires : Spécialisation de la CAAR dans les risques industriels et de transport et de la SAA dans l’assurance automobile, les risques simples et les assurances de personnes Création en 1973 d’une société spécialisée en matière de réassurance (centrale d’achat de couverture de réassurance pour le compte du marché) et en 1985 d’une Société spécialisée dans les risques Transports (par scission de la CAAR) Suppression des intermédiaires dans l’ensemble des secteurs économiques y compris dans le secteur des assurances
L’autonomie des entreprises publiques et l’amorce de la concurrence : 1989 - 1995 En 1989 = adoption de la législation portant autonomie des entreprises publiques et création des fonds de participations de l’Etat Soumission des entreprises publiques à l’élaboration de statuts auprès de notaires conformément au code de commerce. Levée du monopole d’activité des compagnies publiques d’assurance à travers l’insertion dans leurs statuts de la pratique de l’ensemble des branches d’assurance
La libéralisation du marché : Ordonnance 95-07 du 25 janvier 1995 En 1995 = adoption de l’ordonnance 95-07 qui constitue le socle de la libéralisation du marché. Toute société, publique ou privée, à capitaux nationaux ou étrangers, peut exercer l’activité d’assurance, à condition d’obtenir un agrément (les conditions d’agrément ont trait à la forme de la société, au niveau de capital minimum, au professionnalisme et à la moralité des dirigeants) Réintroduction des intermédiaires privés soumis à agrément (conditions de nationalité, de professionnalisme et financières) Allègement de la liste des assurances obligatoires (suppression de l’obligation d’assurance incendie pour le privé et celle des importations, les facultés maritimes) : l’Etat ne doit pas assurer une rente aux assureurs
Les récentes réformes de la loi 06-04 du 20 février 2006 Loi 06-04 modifiant et complétant l’ordonnance 95-07 relative aux assurances a visé les trois (03) objectifs suivants : La stimulation de l'activité spécialement en matière d'assurance de personnes Le renforcement de la sécurité financière du marché et la gouvernance des entreprises La réorganisation de la mission de supervision.
Situation actuelle du marché Les assureurs présents sur le marché en 2013 La production du marché Taux de pénétration et densité Les parts de marché par nature des capitaux La structure par branche Le rôle et l’importance des intermédiaires d’assurance sur le marché La réassurance
Les assureurs présents sur le marché en 2013 Le marché est composé d’assureurs dommages et d’assureurs de personnes. Ils sont au nombre de 23. Les assureurs dommages sont au nombre de 15 auxquels se rajoute le réassureur national pour porter le nombre à 16. Les assureurs de personnes sont au nombre de 7
Les assureurs dommages présents sur le marché en 2013 Compagnie Activités Société à Capitaux Publics/Privés/Mixtes Nationale/Etrangère/Mixte 1 SAA Assurance dommages Toutes branches Publics Nationale 2 CAAR 3 CAAT 4 CASH 5 TRUST Mixtes Mixte 6 2A Privés 7 CIAR 8 SALAMA 9 GAM 10 ALLIANCE 11 AXA 12 CNMA Mutuelle 13 MAATEC 14 SGCI Assurance Crédit 15 CAGEX 16 CCR Réassurance
Les assureurs de personnes présents sur le marché en 2013 Compagnie Activités Société à Capitaux Publics/Privés/Mixtes Nationale/Etrangère/Mixte 1 CAARAMA Assurance Assurance de personnes Toutes branches Publics Nationale 2 AMANA Mixte 3 TALA 4 MACIRVIE Privés 5 CARDIF Etrangère 6 AXA VIE 7 LE MUTUALISTE Privé
La production du marché en 2013
Comparaison maghrébine + Égypte (1) Volume total des primes (Dommages + vie) En millions de Dollars Volume total des primes Progression 2013 2012 2013/2012 Algérie 1 440 1 250 + 15% Tunisie 830 816 + 1,7% Maroc 3 180 2 857 + 11% Égypte 1 851 1 818 + 1,8%
Comparaison maghrébine + Égypte (2) Volume total des primes Vie En millions de Dollars Volume total des primes Vie Progression 2013/2012 % du volume global 2013 2012 Algérie 98 89 + 10% 7% Tunisie 131 123 + 7% 16% Maroc 1 023 930 32% Égypte 800 785 + 2% 43%
Comparaison maghrébine + Égypte (3) Volume total des primes Non Vie En millions de Dollars Volume total des primes Non Vie Progression 2013/2012 % du volume global 2013 2012 Algérie 1 342 1 161 + 16% 93% Tunisie 699 694 + 1% 84% Maroc 2 157 1 927 + 12% 68% Égypte 1 051 1 033 + 2% 56%
Primes/PIB - 2013 Comparaison maghrébine + Egypte Primes/PIB 2013 (%) Primes/PIB 2013 (%) Total Vie Non vie Algérie 0,8 0,1 Tunisie 1,8 0,3 1,5 Maroc 3,0 1,0 2,1 Égypte 0,7 0,4
Primes d’assurance par habitant - 2013 Comparaison maghrébine + Egypte Primes par habitant 2013 (Dollars) Total Vie Non vie Algérie 39 3 36 Tunisie 77 12 65 Maroc 97 31 66 Égypte 23 10 13
Parts de marché Public/privé – Assurance dommages – 2013 En millions de DA 2013 Compagnies Publiques 79 038 Compagnies Privées 25 678 Compagnies mixtes 1 121 Total marché 105 927 Part des Cies publiques 75% Part des Cies privées 24% Part des Cies mixtes 1%
Production par branche en 2013 En millions de DA 2013 Automobile 61 310 Dommages aux biens 35 424 Transports 5 476 Risques agricoles 2 793 A. de Personnes 8 034 Crédit 924 Total 113 961
Structure du marché par branche en 2013 2013 Automobile 53,8% Dommages aux biens 31,1% Transports 4,8% Risques agricoles 2,5% A. de Personnes 7,0% Crédit 0,8% Total 100,0%
La segmentation du marché dans les risques obligatoires Les branches les plus développées sont concernées par des obligations d’assurance : Assurance automobile : 53,8% en 2013 = Obligation d’assurance RC (10% du marché dommages) Assurances dommages aux biens : 31,1% en 2013 = Obligations d’assurance incendie des entreprises publiques + CATNAT + diverses RC Assurances Transports : 4,8% en 2013 = Obligation d’assurance corps + quasi obligation d’assurance facultés Le marché des risques des particuliers est très faiblement développé : il est centré sur l’assurance automobile Le marché des assurances de personnes, très faiblement développé, a longtemps été orienté vers les assurances prévoyances collectives souscrites par les entreprises. Il a vu un début de développement dans le segment des particuliers à la faveur du crédit aux particuliers, notamment le crédit immobilier et de l’obligation d’assurance voyage à l’étranger imposée pour le visa Schengen.
Rôle et importance des intermédiaires d’assurance sur le marché Le réseau de distribution des compagnies algériennes d’assurance est composé des : Agences directes : réseau de salariés hérité de la période du monopole, Agences générales d’assurance : réseau de représentants agréés rémunéré à la commission (introduit par la loi 95-07) Courtiers d’assurance : réseau de professionnels de la distribution soumis à agrément du Ministère des finances, rémunéré à la commission (introduit par la loi 95-07) Les compagnies d’assurance algériennes distribuent leurs produits par des politiques de multi-réseaux : pas de spécialisation des réseaux par marché. Les conditions d’agrément n’ont pas permis le développement des réseaux privés et les nouvelles dispositions de la loi 06-04 en matière de bancassurance n’ont pas encore d’effets sur le marché.
La réassurance En matière de réassurance, l’ordonnance 95-07 a institué une cession obligatoire sur les risques à réassurer (les risques non réassurées ne sont pas concernés). Le décret exécutif n°98-312 du 30/09/1998 modifiant le décret n°95-409 du 09/10/1995 a fixé un taux de cession obligatoire de 10% pour les affaires réassurées en risques industriels, en corps maritimes et aéronefs et de 5% pour les autres affaires réassurées (au lieu de 80% et 20%). Par ailleurs, pour ne pas entretenir de monopole de quelque nature que ce soit, la cession obligatoire a été attribuée depuis 1999 à la SAA. Elle est revenue deux (02) années plus tard à la CCR avec en plus un droit de préférence sur les placements des affaires en réassurance facultative au profit de cette dernière. Depuis 2010, la cession obligatoire est passée à 50% quelque soit la branche d’assurance concernée.
Les défis du marché algérien de l’assurance La dynamisation des acteurs Le renforcement des capacités financières et de la solvabilité L’assainissement de la branche automobile et l’amélioration de la qualité de service des assureurs La promotion et le soutien de l’assurance en tant que moteur de l’économie La promotion et le développement des assurances de personnes La formation en tant qu’outil d’émergence des compétences La maitrise des systèmes d’information et des technologies de l’information et de la communication
La dynamisation des acteurs Une meilleure offre d’assurance pour une meilleure couverture des besoins des assurés passe par : Une plus grande concurrence : la loi 06-04 a prévu que le capital minimum est arrêté par branche. Une recapitalisation des entreprises publiques engagées sur les grands risques à forte pression de réassurance. Une ouverture du capital des entreprises publiques pour améliorer leur management et consacrer définitivement l’économie de marché dans le secteur des assurances. Un allègement des conditions d’exercice des intermédiaires privés et un élargissement des réseaux de distribution à d’autres canaux que les banques et institutions financières. Une meilleure délimitation des rôles entre les institutions du marché : Ministère des finances, Commission de supervision, UAR, CNA, BST et une meilleure transparence dans leurs activités, etc.
Le renforcement des capacités financières et de la solvabilité Les Compagnies publiques d’assurance, en tant qu’assureurs des grands risques des secteurs des hydrocarbures, de l’énergie, de grands projets de construction, de l’hydraulique, etc. n’ont pas les capacités financières requises pour la couverture de ces risques, d’où un recours très important à la réassurance internationale (90 à 98%). Une augmentation de leurs fonds propres permettrait d’augmenter la rétention nationale et partant de diminuer la pression de réassurance. Une modification des règles de calcul de la marge de solvabilité s’impose pour ne pas permettre aux assureurs de déduire tout le chiffre d’affaire cédé en réassurance, alors que les risques liées aux placements en réassurance ne sont pas nuls.
L’assainissement de la branche automobile et l’amélioration de la qualité de service Les retards constatés dans le règlement des sinistres en assurance automobile, la non application de la convention IDA, les écarts constatés entre les montants des réparations estimés par les experts agréés et les montants réellement engagés par les assurés et victimes d’accidents montre un réel problème d’indemnisation dans la branche automobile, et plus fortement dans la branche RC Automobile. Cette situation semble découler de l’existence d’un tarif RC Automobile imposé par les pouvoirs publics et qui ne permet pas d’assurer l’équilibre technique. L’assainissement de la branche automobile est indispensable pour améliorer l’image de l’assurance, pour mieux rendre compte de l’utilité de l’assurance et pour espérer voir se développer les autres assurances dommages des particuliers et des assurances de personnes.
La promotion et le soutien de l’assurance en tant que moteur de l’économie Le poids de la fiscalité sur les contrats d’assurance est assez important, notamment en assurance automobile : TVA : 17% Droit de timbre (double emploi avec la vignette automobile) Timbre de dimension Fonds de garantie automobile Un allègement de la fiscalité sur les contrats d’assurance permettra de réduire les budgets assurance et de consacrer les économies ainsi réalisées à l’achat d’autres garanties ou d’autres contrats.
La promotion et le développement des assurances de personnes La séparation des activités d’assurances dommages et d’assurances de personnes est certes intéressante, mais elle ne constitue pas la panacée. Les assurances vie/décès ne peuvent se développer sans un marché financier dynamique mettant à la disposition des assureurs des instruments de placement rémunérateurs (bourse, sicav, fonds communs de placements, etc.). Une révision de la réglementation des placements qui impose aux assureurs, quelque soit la branche, de représenter les engagements réglementés à 50% en valeurs d’Etat (rémunérés à – de 1%) ne permet pas aux assureurs de mettre sur le marché des produits attractifs. Le niveau de capital requis (10 millions d’euros) pour la création d’une compagnie d’assurance de personnes, l’absence d’instruments financiers de placement, la contrainte des placement dans les valeurs d’Etat, l’interdiction du crédit à la consommation sont autant de freins au développement de la branche.
La formation en tant qu’outil d’émergence des compétences L’inadéquation des enseignements dispensés dans les universités algériennes avec les besoins des entreprises et les nombreux départs à la retraite anticipée (retraite à 50 ans décidée suite aux accords d’ajustement structurels de 1994) ont abouti à l’affaiblissement de la qualité du management de toutes les entreprises dont les compagnies d’assurance. La formation continue (mise à niveau, recyclage, etc.) constitue aujourd’hui, pour les compagnies d’assurance un instrument indispensable pour l’émergence des compétences et pour l’accès aux divers métiers de l’assurance. La coopération avec les écoles et universités européennes sera le moyen de mettre en place des programmes de formation à même d’assurer le rendement espéré.
La maitrise des systèmes d’information et des technologies de l’information et de la communication L’informatique et la mise en place de systèmes d’informations modernes a pris beaucoup de retard dans les compagnies d’assurance. Internet n’est pas généralisée au sein des entreprises et il n’existe pas encore d’espaces intranet ou extranet pour les échanges d’informations. La maitrise des systèmes d’informations et l’introduction des technologies de l’information et de la communication au sein des compagnies d’assurance constituent la seule voie pour assurer le développement des marchés d’assurance et le management des différents réseaux de distribution. Orientés vers la clientèle, ils pourront être utilisés pour améliorer la communication avec les assurés et bénéficiaires de contrats et d’améliorer l’adaptation des produits aux besoins des assurables.
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