Situation 2 : La nuit du 4 août Problématique : La nuit du 4 août est-elle l’événement le plus important de la Révolution française ? Document de lancement « La postérité ne voudra jamais croire ce que l’Assemblée nationale a fait dans l’espace de cinq heures. Elle a anéanti des abus qui existent depuis 900 ans et qu’un siècle de philosophie avait en vain combattus » Joseph-Michel Pellerin, député du tiers état de Nantes, Journal personnel, 5 août 1789.
Avant la nuit du 4 août… Document 1 : Cahier de doléances de la paroisse de Culmont (Haute-Marne) Document 2 : Gravure anonyme de 1789 « Sire !... Nous nous disons dans notre chagrin, si le bon roi le savait ! Nous sommes accablés d’impôts de toutes sortes ; nous vous avons donné jusqu’à présent une partie de notre pain et il va bientôt nous manquer si cela continue. Si vous voyiez les pauvres chaumières que nous habitons ! La pauvre nourriture que nous prenons ! Vous en seriez touché. Nous payons la taille et tout plein de droits et les ecclésiastiques ne paient rien de tout cela. Pourquoi donc est-ce que ce sont les riches qui payent le moins et les pauvres qui payent le plus ? »
Activité : Analyser puis mettre en relation les documents 1 et 2. Identifiez la nature du document. Quel est le ton employé dans ce texte ? Que réclame en premier lieu le tiers-état ? Document 2 Que représente chacun des personnages ? Qu’est-ce qui permet de les identifier ? Que symbolise la pierre qui écrase l’un des personnages ? Que veut exprimer l’auteur de cette gravure ?
Le serment du jeu de paume, 20 juin 1789 Rappeler brièvement les principales étapes de la Révolution en s’appuyant sur les acquis des élèves et sur quelques images symboliques. Le serment du jeu de paume, 20 juin 1789
La prise de la Bastille, 14 juillet 1789
La Grande Peur de l’été 1789 Grande Peur : Mouvement de panique collective qui s’empare des campagnes après le 20 juillet 1789 et dure jusqu’aux premiers jours d’août.
Pendant la nuit du 4 août… Document 3 : Extrait d’une lettre du Marquis de Ferrières, Correspondance inédite (1789-1791). « Les circonstances malheureuses où se trouvait la noblesse, l’insurrection générale élevée de toutes parts contre elle, les provinces agitées des plus violentes convulsions et en partie ravagées, plus de cent cinquante châteaux incendiés ; des titres seigneuriaux recherchés avec une sorte de fureur, l’impossibilité de s’opposer au torrent de la Révolution, les malheurs qu’entraînerait une résistance même inutile, tout nous prescrivait la conduite que nous devions tenir (…). Il n’y eut qu’un mouvement général. Le clergé, la noblesse se levèrent et adoptèrent toutes les motions proposées. Il eût été inutile, dangereux même, de s’opposer au vœu général de la nation. C’eût été nous désigner, nous et nos possessions, pour victime de la fureur de la multitude. » Comment le Marquis de Ferrières explique-t-il la nuit du 4 août ? Que décident la noblesse et le clergé ?
Le décret de la nuit du 4 août
Après la nuit du 4 août… Document 4 : La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen (26 août 1789).
ART 1 – Les hommes naissent libres et égaux en droits ART 1 – Les hommes naissent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. ART 2 – Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme ; ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. ART 3 – Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation ; nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. ART 4 – La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. ART 5 – La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. ART 6 – La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.
ART 7 – Nul homme ne peut être accusé, arrêté, ni détenu que dans les cas déterminés par la loi, et selon les formes qu’elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la loi doit obéir à l’instant ; il se rend coupable par la résistance. ART 10 – Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. ART 11 – La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la loi. ART 13 – Pour l’entretien de la force publique et pour les dépenses de l’administration, une contribution commune est indispensable, elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. Document 4 Quels sont les droits naturels de l’Homme énoncés dans les articles 1 et 2 ? Quelles sont les différentes formes de liberté définies par cette déclaration ? Quel est le mot nouveau qui apparaît dans l’article 13 ? Quel mot utilisait-on avant 1789 ? Quel est le changement fondamental sur le plan politique qui apparaît dans les articles 3 et 6 ?
REPONSES AUX QUESTIONS Ces droits sont l’égalité, la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. L’article 10 présente en particulier la liberté d’opinion et de conscience, l’article 11 la liberté d’expression et de presse. D’un point de vue général la Déclaration précise que tout homme est libre de faire ce qu’il veut si cela n’est pas défavorable aux autres ou n’est pas empêché par la loi. L’article 13 parle de «contribution», ce mot remplace celui de « redevances » dont le tiers état supportait pratiquement seul le poids avant 1789. L’égalité civile, juridique et politique marque la fin de l’Ancien Régime. La souveraineté réside dans la Nation : le pouvoir appartient à l’ensemble de la population, et non plus au roi. Les Français ne sont plus sujets, mais citoyens.
Rappel de la problématique : La nuit du 4 août est-elle l’événement le plus important de la Révolution française ? La date du 4 août est une rupture forte dans l’histoire de France parce que le vote des représentants de l’Assemblée nationale met fin à un ordre social en place depuis des siècles. C’est aussi un événement de la mémoire collective : dans un délai très bref et dans une ambiance enfiévrée, les ordres privilégiés ont eux-mêmes proposé l’abolition de leurs privilèges. Document de lancement « La postérité ne voudra jamais croire ce que l’Assemblée nationale a fait dans l’espace de cinq heures. Elle a anéanti des abus qui existent depuis 900 ans et qu’un siècle de philosophie avait en vain combattus » Joseph-Michel Pellerin, député du tiers état de Nantes, Journal personnel, 5 août 1789.
Caricature anonyme de 1789, musée Carnavalet, Paris.