La Chine depuis 1911 : de la fin de l’Empire du Milieu à l’un des centres de la Mondialisation

Notions : Impérialisme Littoralisation Maoïsme Nationalisme Totalitarisme Aire de puissance

Au XXIe siècle, la Chine est devenue la 2e puissance économique mondiale et dispose d’atouts considérables pour imposer son influence, à commencer par le poids économique de ses 1,3 milliards d’habitants. Pourtant, au début du XXe, la Chine était soumise à l’influence occidentale et japonaise. Les troubles de la République entre les deux guerres mondiales, la lutte contre l’envahisseur japonais dès 1931, amènent au pouvoir le parti communiste de Mao Zedong en 1949. En proposant une voie communiste qui se sépare rapidement de son allié soviétique, la Chine développe, dans les années 1970, un modèle qui combine libéralisme économique et autoritarisme politique. Malgré un développement qui suscite fascination et crainte, les interrogations demeurent sur la volonté et les capacités chinoises à s’investir dans les relations internationales. Comment la Chine, affaiblie et dominée par les puissances étrangères au début du XXe siècle, est-elle devenue en quelques décennies une grande puissance mondiale ?

Une république divisée 1949-1976 La Chine de Mao Zedong 1911-1949 Une république divisée 1949-1976 La Chine de Mao Zedong 1978 à nos jours L’ouverture au monde et l’affirmation de la puissance chinoise

I. Une république divisée: 1911-1949 Quelles sont les causes de l’impuissance chinoise de 1919 à 1949 ? A. La Chine dominée par les puissances étrangères 1.Une quasi-colonisation occidentale En 1911, l’immense empire bimillénaire chinois est renversé. La république est proclamée par Sun Yat-Tsen (Zhongshan). Mais l’autorité du gouvernement est contesté de toute part Seigneurs de la guerre Sécessions de régions périphériques : Tibet, Mongolie. Les puissances étrangères profitent de cette situation chaotique. La Chine est soumise par les traité inégaux, imposés par les puissances étrangères pour ouvrir la Chine (après la première guerre de l’opium, 1839-1842). Toute la Chine littorale est sous influence étrangère : au Nord, Russie et Japon (Mandchourie), puis les puissances européennes coloniales.

Concessions : quartier d’une ville occupé par les étrangers et échappant aux lois chinoises. Ca peut même être un port et/ou une ville entière, comme Macao (> 1999) ou Hong Kong (> 1997) (photo). 2.Le règlement de la Première Guerre mondiale En 1917, la Chine entre dans la 1ère GM avec les Alliés (l’Entente), qu’a rejoint aussi le Japon, pour recouvrer sa souveraineté. Mais elle échoue à imposer ses revendications lors de la conférence de Versailles en 1919, et le traité de Versailles prévoit d’accorder au Japon les anciennes possessions allemandes en Chine… Pour les Alliés, la Chine n’est qu’une province arriérée. Cette situation est vécue comme une véritable humiliation nationale.

B. Le mouvement du 4 mai 1919 : un renouveau ? 1.Un mouvement pour sauver le pays Qui ? intellectuels, étudiants, ouvriers, bourgeoisie d’affaires Au nom de quelles valeurs ? occidentales (modernité, raison, sciences, démocratie…) Remise en cause du confucianisme (mot clé). Où ? Mouvement porté par l’université de Pékin, qui se diffuse ensuite dans tout le pays, surtout dans les villes. Résultats très modestes : le gouvernement chinois ne signe pas le traité de Versailles et la Chine récupère finalement la province du Shandong en 1922, grâce à l’aide des Etats-Unis inquiets des ambitions japonaises en Asie. Confucius (vers 551 av-479av) : philosophe dont la pensée a été approfondie et diffusée par ses disciples qui en ont fait une véritable doctrine. Elle affirme que l’homme doit être bon envers autrui, avoir le contrôle de soi, respecter les rites et l’ordre établi (l’humble doit obéir au puissant, le plus jeune à l’aîné). Idéologie officielle sous la dynastie des Han. Malgré les critiques du XX, le confucianisme reste aujourd’hui une des bases de la culture chinoise. A influencé les civilisations de l’Asie, notamment le Vietnam, la Corée et le Japon.

2.Les conséquences du mouvement Le mouvement du 4 mai marque cependant le début d’une nouvelle période dans les relations de la Chine avec le monde, caractérisée par la volonté de s’affranchir de la domination étrangère et de retrouver la puissance disparue. Deux grands partis sont issus du mouvement : le parti nationaliste du Guomindang, dirigé par Sun Yat-Tsen puis par Tchang Kaï-Chek, et le parti communiste chinois fondé en 1921, à la tête duquel s’impose Mao Zédong en 1935 Le gouvernement de Sun Yat-Tsen s’appuie sur ce réveil du nationalisme. Il s’oppose à l’emprise des seigneurs de la guerre et des Occidentaux et obtient le soutien de l’URSS qui rejette l’impérialisme des Etats capitalistes et oblige le Parti communiste chinois à s’allier d’abord au Guomindang. Mais dès 1927, le Guomindang et le PCC s’affrontent violemment : pourchassé par les forces nationalistes, le PCC se replie dans les campagnes (Longue marche de 1934-1935 vers le Shanxi, près de 12 000 km) tandis que le gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-Chek, faible et corrompu, ne dirige réellement qu’une partie de la Chine côtière autour de la nouvelle capitale, Nankin.

1927, début de la guerre civile en Chine entre nationalistes (Tchang Kai Tchek) et communistes (Mao Zédong)

C.La Chine et la Seconde Guerre mondiale 1.L’occupation de la Chine 1931, invasion japonaise en Mandchourie > Mandchouko. En juillet 1937 débute la guerre sino-japonaise, le Japon attaquant la Chine, affaiblie. Le Japon occupe la partie orientale et développée de la Chine. Des Chinois collaborent, mais le gouvernement légitime, replié à l’intérieur à Chongging, résiste avec les communistes. L’occupation japonaise est particulièrement dure. Elle débute par le massacre de Nankin, de décembre 1937 à février 1938 : massacres (au moins 150 000 morts, dont des enterrés vivants), viols (estimés à 20 000). Ce crime de guerre est à l’image de la brutalité de la guerre et des rigueurs de l’occupation. Ainsi, dans le nord du pays, les Japonais ont lancé des opérations de « pacification » dites « sanko » (« trois tout ») : tout tuer, tout brûler, tout détruire. Exploitation systématique des ressources et de la population > famines, déplacement de population. Expériences bactériologiques de l’Unité 731 en Mandchourie : 10 000 morts. Bilan : 15 millions de victimes 

2.Le rétablissement de la souveraineté de la Chine A partir de 1941, les Etats-Unis, entrés en guerre contre le Japon, soutiennent militairement et financièrement le gouvernement de Tchang Kaï-Chek. Les communistes étendent leur influence au nord-est du pays et deviennent une force politique et militaire. La Chine nationaliste est admise parmi les Alliés Elle obtient en 1943 la fin des traités inégaux et des concessions, sauf Macao et Hong Kong. Elle signe le traité de capitulation du Japon, le 2 septembre 1945, et obtient un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.

3.La victoire de Mao Zedong Dès 1946, la guerre civile reprend entre le gouvernement du Guomindang, très affaibli par la guerre, et le PCC, aguerri ! Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame la République populaire de Chine, avec comme capitale Pékin, tandis que le gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-Chek, soutenu par les Etats-Unis, se replie sur l’île de Taïwan, qui devient la République de Chine, laquelle siégera seule à l’ONU jusqu’en 1971. La Seconde Guerre mondiale a donc permis le rétablissement de la souveraineté chinoise, mais aussi la prise de pouvoir du parti communiste et la création d’une Chine nouvelle. 8 décembre 1949 Fuite des nationalistes chinois à Taïwan

II. La Chine de Mao Zedong : 1949-1976 En quoi le régime communiste permet-il à la Chine de redevenir une puissance ? 1.Une puissance communiste Seuls les pays communistes reconnaissent la Chine, ce qui rend l’alliance avec l’URSS indispensable. La situation économique (sous-industrialisation, faible production agricole, inflation) pousse Mao à signer en février 1950 un traité d’alliance militaire et d’assistance avec l’URSS > aide financière et technique. Ce choix d’alliance est fondamental parce qu’il isole durablement la Chine de l’Occident, mais aussi parce qu’il marque un tournant géopolitique majeur : après un siècle d’ouverture, même si elle fut subie, la Chine tourne le dos à la mer.

Violence, système concentrationnaire Totalitarisme Système politique à parti unique qui contrôle tous les aspects de la vie des individus et n’admet pas d’opposition Encadre la population Réprime la population Parti unique Propagande Opposition politique Violence, système concentrationnaire

Mao Zedong prend modèle sur l’Union soviétique de J Mao Zedong prend modèle sur l’Union soviétique de J. Staline (collectivisation forcée des terres, plans quiquennaux, développement de l’industrie lourde). Mais s’en détache pour créer le maoïsme, qui se caractérise par une « révolution permanente »: le « Grand bond en avant » et la Révolution culturelle (1966-1976). En pleine guerre froide, Mao Zedong, tente de faire de la Chine, le leader du Tiers-monde, proposant le non-alignement sur les EUA et l’URSS

2.Le maoïsme, une voie originale mais en échec A la mort de Mao Zedong en 1976, la Chine n’a pas réussi à rattraper son retard: le Grand Bond en avant a sacrifié le monde rural en mobilisant les masses paysannes dans les usines et sur les grands chantiers, causant la plus grande famine de l’Histoire (36 millions de morts) ; la Révolution culturelle a réduit à néant les élites intellectuelles et politiques. En 1971, cependant, la Chine revient sur la scène internationale en devenant membre du conseil de sécurité des Nations Unies. Reconnaissance par les EUA en 1978, 2 ans après la mort de Mao Zedong

III. Une puissance qui s’ouvre au monde et devient une puissance majeure : 1978- à nos jours L’affirmation de la puissance chinoise depuis 1978 En 1978, 2 ans après la mort de Mao, Deng Xiaoping met en place une nouvelle modernisation de la Chine : « Quatre modernisations » concernant l’agriculture, l’industrie, les sciences et technologies et la défense nationale. Ouverture de la Chine aux capitaux étrangers. Economie sous contrôle de l’Etat mais en voie de libéralisation.

Le « Socialisme de marché » Les IDE (Investissements directs à l’étranger) des FTN (Firmes Transnationales) affluent dans les ZES (Zones économiques spéciales, créées en Chine depuis les années 1980 dans des espaces littoraux limités, afin de permettre un développement économique) – « Pays atelier » - Modèle d’Akamatsu En 2001, intégration de la Chine à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce, créée en 1995) => ouverture de nouveaux marchés Très forte croissance : 10% par an en moyenne depuis 1978 2e économie mondiale en 2014, puissance exportatrice

Transferts de technologies imposées par la Chine aux FTN étrangères visant le marché chinois (chaînes d’assemblage d’Airbus à Tianjin). Développement du Soft power Organisation des JO de Pékin en 2008, Exposition universelle de Shanghai en 2010, diffusion de la culture chinoise, instituts Confucius, Diaspora Acteur majeur de la scène géopolitique mondiale Arme nucléaire, membre du conseil de sécurité des NU – création de l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai)

2. Les limites de la puissance chinoise Résultant de la création des ZES au début des années 1980, le développement éco de la chine repose sur une forte littoralisation du peuplement et des activités. Les villes, les métropoles et les provinces littorales polarisent les flux de la mondialisation. Cœur de l’aire de puissance chinoise 62% du PIB 85% des IDE 43% de la pop. pour 14 % du territoire

Pékin 21 M Tianjin 11 M Migrations internes Shanghai 24 M Chongqing 15 M IDE + FTN Hong Kong 9,5 M

Perspectives de croissance à la baisse + inégalités sociales et territoriales + coût environnemental de l’industrialisation fragilisent la position de la chine. Politique antinataliste (« enfant unique » de 1949 à 2015) => vieillissement accéléré de la population (dépendant, MO vieillissante) Liens éco avec des pays riches en pétrole et en gaz – mise en place d’un « collier de perles » (pays en Asie du SE ayant des accords avec la Chine) pour sécuriser les approvisionnements en matières premières

Conclusion Extension de la sphère d’influence de la Chine en Asie et dans le Monde (Afrique, Proche-Orient, Russie), en intégrant des associations régionales de libre-échange (ASEAN). Mais cette montée en puissance ravive les tensions avec le Japon, le Vietnam et les Philippines, sans compter que la Chine souhaite réintégrer Taïwan Puissance au message universel limité, (Tien’anmen en 1989, Hong King en 2014) – censure totale d’internet et des réseaux sociaux.