Economie industrielle 2 Copyright © 2002 Didier Baudewyns http://homepages.ulb.ac.be/~dbaudewy/teach.html Economie industrielle 2 Chapitre 1: La différenciation des produits
“You can have it in any color you want as long as it’s black” – Henry Ford La plupart des secteurs produisent un grand nombre de biens ou services similaires mais non parfaitement identiques Seul un sous-ensemble de variétés est finalement disponible sur le marché (cf. couleurs) La plupart des secteurs de produits différenciés sont “concentrés” Les consommateurs n’achètent qu’un petit nombre de variétés Le régulateur “anti-trust” doit définir les marchés des produits en cause : analyse dynamique complexe (élasticités-prix de substitution ?) Exemple : Commission Européenne versus fusion Tetra (leader de l’emballage carton) / Sidel (leader de l’emballage PET)
Définitions Différenciation horizontale : les goûts des consommateurs diffèrent sur certaines caractéristiques du produit voiture Modèle M rouge versus vert Différenciation verticale (en qualité) : tous les consommateurs classent les produits de la même façon en fonction de la qualité Le modèle F (Ferrari) est meilleur que le modèle 2CV Réalité : souvent combinaison des deux (cf. haut versus bas de gamme : segment 1300CC, « executives », etc. ) exemple: certaines firmes peuvent choisir de ne produire que du haut de gamme
Différenciation verticale : le modèle standard (Shaked-Sutton, 1982) 2 firmes i=1, 2 Jeu en 2 étapes: Choix indépendant de la qualité ki > 0 Choix indépendant du prix : ri > 0 Qualité produite avec contrainte de capacité K k1 CM K
s’il achète le produit i g : paramètre de goût pour la qualité distribué uniformément dans la population sur [0,1] Utilité : U(g) = g ki – ri s’il achète le produit i U(g) = 0 sinon. Distribution de g g f(g) 1 Interprétation: un consommateur avec un g élevé (faible) a un revenu élevé (faible) Une preuve: cf. Shy, p.309 ou Tirole: Développer selon Taylor : U(Y- ri) = u(Y) – ri u’(Y) + ki et diviser par u’(Y) ( g = 1/ u’(Y) et on retrouve l’expression de U(g) plus haut)
k1 > k2 et r1 > r2 Cas intéressant : k1 / r1 < k2 / r2 le bien 2 n’est pas entièrement dominé en termes de rapports qualité/prix Demandes à prix et qualités donnés : Tout équilibre doit vérifier ceci ! g 1 k2 k1 g12 - r2 U(g) r2/k2 n'achètent aucun produit achètent le bien 1
Résolution rétrospective (1) Equilibre de Nash en prix ? Le prix d'équilibre de Nash ri* maximise Pi (ri,r-i*;k1,k2) = ri Di (ri,r-i*;k1,k2) où r-i* est le prix fixé par le concurrent Solution: 1. Chercher les prix optimaux à qualités fixées 2. Choix optimal de k1, k2
A noter: les stratégies r1 telles que D2=0 c-à-d telles que r1 < r2 (k1 / k2) (= 0.125) ne sont pas rentables (donc le cas « inintéressant » d’un bien entièrement dominant est exclu: résultat général car pas de discontinuité)
(2) Equilibre de Nash en qualités ? On montre que les firmes choisissent à l’équilibre de Nash: Principe de différenciation (maximale) verticale des produits : Avantage de la segmentation du marché : pouvoir de marché exercé sur des groupes de consommateurs différents (revenus élevés versus revenus faibles) noter que la firme 2 « joue le jeu » : elle produit un bien de faible qualité stratégiquement afin de réduire l’intensité de la concurrence en prix ultérieure (alors que pourtant le coût de la qualité est nul !) ici la différenciation est élevée mais pas maximale
Extensions Discrimination de prix du second degré Idée : offrir un menu de qualités (exemple: billets « première classe » / « seconde classe » Tarification non linéaire La garantie comme signal de qualité Pour résoudre le problème des « Lemons » (cf. Varian)