Le sionisme et la création d’Israël

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Transcription de la présentation:

Le sionisme et la création d’Israël Introduction. Sionisme : mot créé en 1890 par Nathan Birnbaum pour signifier la volonté de retour des Juifs sur le sol de leurs ancêtres (Terre Promise). Etymologie liée à Sion, colline de Jérusalem. Sont à prendre en considération le poids la mémoire d’une longue histoire, la constitution d’un sionisme contemporain au XIXe siècle et au début du XXe, les conditions qui permirent la création de l’État d’Israël à la suite de la Seconde Guerre mondiale.

1) Origines et développement du sionisme Une mémoire historique de longue durée -vers 1010 : David fonde le royaume de Juda et la ville de Jérusalem. Construction du premier Temple par son fils Salomon qui meurt en 931. -division du royaume d’Israël après la mort de Salomon (royaume de Juda au sud, royaume d’Israël au nord en Samarie). -587 avant J. C. : Jérusalem est prise par Nabuchodonosor et le Temple détruit (Bible, livre des Psaumes, 137). Déportation des élites juives à Babylone. -539 avant J. C. : prise de Babylone par les Perses. Le roi Cyrus autorisent les Juifs à rentrer. Construction du second Temple. -332 avant J. C. : Alexandre le Grand s’empare de la Palestine. Domination des Lagides ou des Séleucides. -167 avant J. C. : révolte des Maccabées. Création de l’État hasmonéen dans les années 150. -63 avant J. C. : Pompée s’empare de Jérusalem et viole le Temple. Rome nomme Hérode roi des Juifs en 37. Embellissement du Temple.

Royaume de David et Salomon.

Le Temple hérodien.

-70 après J. C. : prise de Jérusalem par les troupes de Titus à la suite de la révolte de 66. Destruction du Temple. -73 : prise de Massada, dernier bastion de la résistance juive. -132-135: écrasement de la révolte de Bar Kochba par Hadrien. Jérusalem est remplacée par Aelia Capitolina. Poème d’Isaac Lamdon Massada (1927) : « Plus jamais Massada ne tombera ».

B) Débats autour des mythes fondateurs Trois mythes fondateurs : la révolte des Maccabées, Massada et la révolte de Bar Kochba. Au sujet de Massada : publication en Palestine de La Guerre des Juifs de Flavius Josèphe en 1923 ; nouvelle version du poème national « Massada » de Isaac Lamdon en 1927 ; camp de 47 pionniers dont Shimon Peres à Massada en 1941 ; fouilles de Ygael Yadin dans les années 1960. À partir des années 1980, apparaît une nouvelle école historique israélienne qui remet en cause les fondements historiques de la nation juive. -Travaux de Yehoshofat Harkaby sur les fondements historiques d’Israël. Ouvrage de Ilan Greilsammer La nouvelle histoire d’Israël. Essai sur une identité nationale, Gallimard, 1998. -Travail sur les manuels scolaires de Moshe Zimmerman au milieu des années 1990. -Impact de la publication de l’ouvrage de Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2000.

La Palestine romaine.

C) Les débuts du sionisme au XIXe siècle Impact du Printemps des peuples de 1848 et des unités nationales sur des intellectuels juifs. -Heinrich Graetz (1817-1891), Histoire des Juifs depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, 11 volumes, 1853-1870. Tradition reprise par Simon Doubnov (1860-1941) avec le Précis d’histoire juive en 1927. -Moses Hess (1812-1875), Rome et Jérusalem, la dernière question nationale, 1862. -Léon Pinsker (1821-1891), Auto émancipation, 1882. Préside jusqu’en 1889 l’association Les amants de Sion, fondée en 1882. Rôle capital de Théodore Herzl. Né à Budapest en 1860 dans une famille de la bourgeoisie juive de Budapest. Installé à Vienne, il devient correspondant de la Neuer Frei Press à Paris. Contexte des pogroms russes des années 1880, de l’élection de Karl Lueger à la mairie de Vienne, de l’affaire Dreyfus en France. Publication, en 1896, de L’État des Juifs. Organisation les 29-31 août 1897 du premier congrès sioniste à Bâle.

Congrès sioniste de Bâle (29-31 août 1897).

Thèses sionistes diversement accueillies dans les milieux juifs. -Popularité dans les communautés juives d’Europe de l’Est. Phénomène de l’aliya (montée vers la Terre Promise) : 25 000 arrivées en 1882-1891, 35 000 en 1903-1914 (environ 2,5 millions vers l’Amérique et l’Europe occidentale). Ils forment le Yichouv, société juive de Palestine (premier kibboutz en 1911 à Degania). Développement d’un socialisme national : pensée de Bert Katznelson (1887-1944), fondateur de la coopérative Hamashbir en 1916 et du syndicat Histadrout (Fédération générale des Travailleurs de la Terre d’Israël) en 1920. -Opposition de Maitz Gudemann, Grand Rabbin de Vienne de 1866 à 1918, auteur du livre Judaïsme national en 1897; de Franz Oppenheimer (1864-1943), fondateur de L’Alliance sioniste pour l’Allemagne en 1897.

Parallèlement au sionisme politique, on assiste à un renouveau de la culture juive au travers de l’hébreu grâce à Eliezer Ben Yehouda (1858-1922). -Fondateur du quotidien Ha Tsevi en 1884 à Jérusalem. -Fondateur de l’Académie hébraïque qui travaille sur un dictionnaire, sur la modernisation de l’hébreux. -Enseignement dans les écoles juives de Palestine. Grève en 1914 afin de protester contre le projet de faire de l’allemand la langue de l’enseignement.

La Palestine en 1914.

Les colonies juives en 1914.

2) Les conséquences de la Seconde Guerre mondiale au Moyen-Orient. A) L’effacement de la France *Choc de la défaite de mai-juin 1940. *Impact de la « dispute impériale » entre Vichy et la France Libre qui aboutit à la campagne de juin-juillet 1941 qui permet aux Français Libres et aux Britanniques de prendre le contrôle des mandats. Déclaration de Churchill devant les Communes le 9 septembre 1941: « Il n’est pas question que la France conserve la position qu’elle avait en Syrie avant la guerre (…). La Syrie doit être rendue aux Syriens ».  *Politique de la France dans ses mandats. Le général Catroux, représentant du général de Gaulle, reconnaît la nécessité d’une indépendance en décembre 1943. Mais, à la fin de la guerre, le gouvernement français souhaite maintenir des forces armée en Syrie et au Liban d’où des combats à Damas le 29 mai 1945. Sous la pression anglo-saxonne, la France accepte d’évacuer ses troupes de Syrie (30 avril 1946) et du Liban (31 décembre 1946). 16

Général Georges Catroux (1877-1969). 17

B) La volonté de maintien de la Grande-Bretagne Pendant la guerre, elle maintient son influence au Moyen-Orient. *Elle fait face au coup d’Etat de Rachid Ali en Irak en avril 1941. *Si elle n’accède pas aux revendications du roi Abdallah de constituer un grand royaume arabe comprenant la Transjordanie, la Palestine, la Syrie et le Liban (novembre 1945), elle accorde l’indépendance à la Transjordanie en mars 1946 (devient royaume de Jordanie en 1951). 18

C) L’affirmation des États-Unis. *Charte de l’Atlantique du 14 août 1941. *Création de l’Arabian American Oil Compagny en 1944. *Rencontre entre Roosevelt et le roi d’Arabie Ibn Seoud en février 1945, au retour de Yalta du président américain. *Visite du prince Faysal à Washington en juillet 1945 et rencontre avec le président Truman. Au sortir de la guerre, les États-Unis agissent plus sur le plan économique que sur le plan politique pour assurer leur influence au Moyen-Orient, la Grande-Bretagne restant encore la principale puissance politique. 19

A) La population en Palestine à la fin de la guerre 3) La Palestine après la Seconde Guerre mondiale et la création de l’État d’Israël A) La population en Palestine à la fin de la guerre -1 179 000 Arabes dont 43,5% ont moins de 15 ans. -554 000 Juifs dont 27,1% ont moins de 15 ans. -Scolarisation : *32,5% chez les Arabes, 97% chez les Juifs. *chez les Arabes, 14,4% de musulmans et 57,7% chez les chrétiens. 20

B) Deux nationalismes bien installés -Pour les musulmans, la Palestine est le second lieu de l’Islam après les lieux saints d’Arabie (premier pour les chrétiens). -Pour les Juifs, y compris laïcs, il y a un droit historique représenté par la tradition biblique. -Impact de la Shoah sur les consciences occidentales (épisode du bateau Exodus pendant l’été 1947). -Certitude que tout partage ne fera pas l’unanimité et se heurtera aux Arabes. 21

Le nationalisme palestinien reste encore représenté par le Grand Mufti Al-Husseini (1899-1975), réfugié en Allemagne en 1941, puis en France en 1945 avant de s’installer au Caire en 1946. 22

C) Les politiques de Londres et Washington Changement d’équipe gouvernementale à Londres en août 1945 avec la formation du cabinet travailliste Attlee. Il revient à la politique prônée par le Livre blanc de 1939 et se heurte à la résistance juive menée par l’Irgoun que dirige Menahem Begin et le groupe Stern où s’active Yitzhak Shamir. *attentat contre Lord Moyne, secrétaire d’État aux Colonies, le 6 novembre 1944. *attentat contre l’hôtel King David à Jérusalem, siège du Q. G britannique (92 morts) le 22 juillet 1946. 23

La politique américaine a deux options: -la politique du département d’État représentée par le général Georges Marshall (février 1947-janvier 1949): hostile à la création d’Israël par crainte des réactions des États arabes et d’une éventuelle intrusion soviétique dans la région. 24

-la politique du président Truman favorable à la création d’Israël et qui demande à la Grande-Bretagne de laisser émigrer 100 000 Juifs en Palestine durant l’été 1945. 25

En janvier 1946, Londres et Washington décident de créer une commission anglo-américaine sur la question de la Palestine qui rend son rapport en avril: -maintien d’un mandat ou une tutelle de l’ONU. -fin des quotas d’émigration. -plan de développement économique de la Palestine. Au même moment, le roi Abdallah propose un partage de la Palestine que refusent les États arabes. Le 31 juillet 1946, Herbert Morrison propose un plan de partage d’une Palestine qui resterait sous le contrôle de Londres mais avec une large autonomie (région arabe, région juive, Jérusalem-Bethléem, le Néguev) mais ce plan est refusé par les Arabes, les sionistes et scepticisme de Washington. Le 4 octobre 1946, Truman annonce que les États-Unis sont favorable à un partage de la Palestine entre deux États. Après quelques semaines d’hésitations, le cabinet britannique transmet le dossier de la Palestine à l’ONU afin de trouver une solution. 26

Le 28 avril 1947, l’ONU crée une commission sur la Palestine, l’UNSCOP (United Nations Special Committee on Palestine), qui rend son rapport le 31 août 1947: -création d’un État arabe, un État juif, un corpus separatum formé de Jérusalem et sa région sous tutelle de l’ONU, une union économique entre les deux États. -La Grande-Bretagne annonce son retrait de Palestine pour le 15 mai 1948. -Les États-Unis et l’Union Soviétique poussent à l’acceptation du plan ainsi que l’agence juive, à la différence des Palestiniens et des États arabes qui le refusent. 27

Le 29 novembre 1947, les membres de l’ONU sont appelés à se prononcer sur la partition suivante (résolution n° 181): -État arabe dans la bande de Gaza, en Cisjordanie (la Judée-Samarie pour les Juifs), en Galilée occidentale. -État juif dans le Néguev, sur le littoral palestinien, en Galilée orientale. -Jérusalem et sa région sous tutelle de l’ONU. -Création d’une union douanière, monétaire, mise en commun des voies de communication et des ressources naturelles. 28

Plan de partage de la Palestine du 29 novembre 1947

Répartition des votes dans un scrutin qui nécessite les 2/3 des voix Répartition des votes dans un scrutin qui nécessite les 2/3 des voix. -33 votes favorables : Afrique du Sud, Australie, Belgique, Bolivie, Brésil, Biélorussie, Canada, Costa-Rica, Tchécoslovaquie, Danemark, République dominicaine, Équateur, États-Unis, France, Guatemala, Haïti, Islande, Libéria, Luxembourg, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Norvège, Panama, Paraguay, Philippines, Pologne, Suède, Ukraine, U. R. S. S, Uruguay, Vénézuéla. -10 abstentions : Argentine, Chili, Chine, Colombie, Éthiopie, Mexique, Grande-Bretagne, Salvador, Yougoslavie. -13 votes défavorables : Afghanistan, Arabie Saoudite, Cuba, Égypte, Grèce, Inde, Iran, Irak, Liban, Pakistan, Syrie, Turquie, Yémen. 30

Sur le sionisme : Bibliographie -Manor (Yohanan), Naissance du sionisme politique, Paris, collection Archives, Gallimard/Julliard, 1981. -Charbit (Denis), Sionismes : textes fondamentaux, Paris, Albin Michel, 1998. -Bensoussan (Georges), Une histoire intellectuelle et politique du sionisme 1860-1940, Paris, Fayard, 2001. -Sternhell (Zeev), Aux origines d’Israël, Paris, Folio Histoire, 2004. Sur la création d’Israël : -Christian Destremeau, Le Moyen-Orient dans la Seconde Guerre mondiale, Paris, Perrin, 2012. -Alain Gresh et Dominique Vidal, Palestine 1947, un partage avorté, Bruxelles, André Versailles éditeur, 2008. -Henry Laurens, Le retour des exilés. La lutte pour la Palestine, Paris, Robert Laffont, 1998 ; La question de Palestine. Une mission sacrée de civilisation (1922-1947), Paris, Fayard, 2003. -Tom Segev, Le septième million, Paris, Liana Levi, 2002. 31