Carlos PARDO Directeur des Etudes Economiques COMBIEN ET COMMENT EPARGNENT LES MENAGES ? Gestion d’actifs et diversification des patrimoines PRAM, 8 mars 2012 Carlos PARDO Directeur des Etudes Economiques
Combien et comment épargnent les ménages ? 1. Comment prolifère-t-elle la richesse cumulée par les ménages ? 2. La financiarisation des patrimoines va-t-elle se poursuivre ? 3. Psychologie des investisseurs européens : diversification et prudence ? 4. Conclusion
1.1. Stock de patrimoine : ce que possèdent les ménages (1) Patrimoine totale des ménages 1. Pat Brut = Pat financier + Pat « physique » Pat « physique » = Terrains + Bâtiments + Autres 2. Pat net = Pat brut – Passif (dettes)
1. 1. Patrimoine global brut des ménages français > 8 fois leur RDB 1.1. Patrimoine global brut des ménages français > 8 fois leur RDB* (2) Large prédominance de la pierre (quid du capital humain…) * Revenu Disponible Brut
1.1. Poids des passifs financiers sur les revenus des ménages (3) Tout dépend de la nature et la maturité de la dette…
1.1. Dette des « américains » : une croissance exponentielle (4) Offre de crédit abondante et bon marché
1.2. Agrégats de base et mesure des flux d’épargne (1) Comment est alimenté le patrimoine ? 1. RDB = ConsoFinale + (FBCF + PlacFinancier – VP) 2. RDB + VP = ConsoFinale + FBCF + PlacFinancier (Ressources – Emplois) 3. Epargne Brute = RDB – ConsoFinale => Taux d’épargne brute = Epargne brute RDB 4. Epargne Fi = Epargne brute – FBCF 5. PlacFinancier ~ Epargne Financière + Δ crédits nets => Taux de Placement Financier = (Epargne fi + VP) => Taux d’accumulation = Emplois bruts RDB : Revenu disponible brut FBCF : Formation brute du capital fixe (immobilier, terrains…) VP : Variation du passif (solde + ou – des crédits nets) Emplois bruts : FBCF + Placements financiers
1.2. Le revenu brut disponible (1 bis) Revenu Disponible Brut (RDB) Revenus déclarés au fisc : revenus d’activité, retraites et pensions, indemnités de chômage et certains revenus du patrimoine Revenus financiers non déclarés et imputés : produits d’assurance-vie, livrets exonérés, PEA, PEP, CEL, PEL… Prestations sociales et prime pour l’emploi Tout ceci net des impôts directs : impôt sur le revenu, taxe d’habitation, CSG/CDRDS RDB ajusté : RDB augmenté des transferts sociaux en nature (remboursement des frais de santé par la sécurité sociale, allocations logement…) contrepartie des consommations individualisables incluses dans els dépenses des administrations publiques et les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM)
1.2. Capacité de financement des ménages européens (2) 2010 (et certainement 2011) => moindre recours au crédit !
1.2. Tableau de financement des ménages (3) Une évolution durable à la hausse des taux d’épargne ?
2. La réallocation vers des actifs plus longs va-t-elle se poursuivre ? 2.1. Flux d’épargne relativement abondants… Des ménages qui constituent des réserves de précaution… …mais qui placent sur des supports à court-moyen terme pour des besoins à long terme 2.2. …nourrissant des patrimoines financiers où les produits liquides sont en surpoids Réallocation vers des actifs/véhicules plus longs…? …afin de mieux valoriser les patrimoines (contraintes de financement à long terme…) Cible : modèle anglo-saxon ?
2.1. Taux d’épargne des ménages (1) Des évolutions qui reflètent une hausse de l’aversion au risque
2.1. France : un taux d’épargne brut plutôt stable ! (2)
2.1. Zoom sur la France (4) En 2011, la collecte du secteur de l’assurance est inférieure à 10 mds € !
2.1. Zoom sur la France (5) Forte inégalité des taux d’épargne selon le niveau de vie
2.1. Zoom sur la France (6) Un taux d’épargne qui augmente aux grands âges !?
2.2. Structure des patrimoines dans les économies développées (1) Prédominance des produits de taux en Europe continentale Des tendances à long terme remises en cause ? Diminution des dépôts bancaires liquides, mais leur poids reste considérable (voire fluctuant) Attractivité croissante de l’assurance-vie dans certains pays, mais signes de remise en question (fiscalité…) Renforcement de la détention indirecte d’actions, mais jusqu’à quand ? (impact probable de Solvabilité II) Evolution contrastée de la détention indirecte d’OPCVM, mais concurrence croissante notamment des produits de bilan…
2.2. Structure comparée des patrimoines (2) Europe continentale : poids des véhicules LT plutôt faible
2.2. Financiarisation des patrimoines en France (3) …mais poids des OPCVM détenus directement en recul
2.2. Financiarisation des patrimoines en France (4) Près d’un cinquième du patrimoine financier investi en OPCVM
2.2. Comparaison France/USA (5) Des patrimoines aux couples risque/rendement très différents…
2.2. Comparaison de long terme France/USA (6) …avec pour conséquence un écart global de rendement de l’ordre de 2% en faveur des ménages américains Cet écart ne reflète pas un rendement supérieur des actifs financiers localisés aux USA Deux effets de structure expliqueraient les deux tiers de l’écart de rendement des patrimoines : Le contenu plus faible des patrimoines français en produits financiers longs (absence de fonds de pension…) …et le contenu plus faible en actions de l’assurance-vie française.
2.2. Taux de croissance annuel réel du patrimoine financier (7) Une nette prépondérance des efforts d’épargne des ménages
2.2. Investisseurs institutionnels et taux de pénétration des marchés (8) Taille des marchés et/ou ouverture des économies ?
2.2. Répartition de la capitalisation totale (flottant + participations stratégiques) des sociétés françaises cotées (9) Les OPCVM apporteurs de fonds propres pour les entreprises
2.2. Actions cotées, françaises et étrangères, détenues par les agents économiques résidant en France (10) (Cf. étude de l’AFG « Contribution des OPCVM aux fonds propres des entreprises » => www.afg.asso.fr )
2.2. Taux de détention d’actions par les individus (11) La nature des véhicules à long terme explique la différence
2.2. Deux modèles d’accumulation d’actifs financiers (12) Le poids des investisseurs institutionnels fait la différence
3. Psychologie des investisseurs : zoom sur la France (1) « Portrait psychologique de l’investisseur individuel en Europe » ou comment la culture affecte le comportement d’épargne et d’investissement des individus – moyennement fortunés - d’une nation à une autre Etude réalisée par W. de Bondt (Université de Wisconsin) et P. Zurstrassen (ex Crédit Agricole Indosuez Luxembourg) Référence : Revue d’Economie Financière n° 64 consacrée à l’épargne et l’investissement en Europe à l’initiative de l’OEE (Observatoire de l’Epargne Européenne)
3. Psychologie des investisseurs : zoom sur la France (2) Enquête réalisée en collaboration avec des instituts de sondage dans les cinq plus grands pays d’Europe : Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni (plus la Belgique) Population examinée : ménages moyennement fortunés (> 50 ans : patrimoine > 300 K€…) ayant investi des capitaux en actions, obligations ou OPCVM Plus de 3100 questionnaires valides pour 900 000 réponses Questionnaire à 237 questions ayant trait aux domaines suivants : (1) démographie et style de vie (2) revenus et patrimoine (3) expertise financière (4) valeurs et croyances personnelles (5) valeurs et croyances sur le monde (6) valeurs et croyances guidant les stratégies d’investissement (7) mérites respectifs des produits d’investissement
3. Psychologie des investisseurs : zoom sur la France (3) Valeurs et croyances qui guident la stratégie d’investissement Echelle d’appréciation : -1,0 : désaccord fort / -0,50 : désaccord faible 0.0 : position neutre 0,5 : accord faible / 1,0 : accord fort - J’aime bien investir 0.02 - J’épargne 0.71 - J’ai besoin d’épargner 0.30 - Il est difficile d’épargner 0.16
3. Psychologie des investisseurs : zoom sur la France (4) Valeurs et croyances qui guident la stratégie d’investissement (suite…) - J’aime le risque -0.17 - Compétent pour prendre des décisions financières -0.07 - Je prends des risques calculés 0.29 - Je me soucie de l’inflation 0.63 - Je me soucie de la volatilité des marchés actions 0.14
3. Psychologie des investisseurs : zoom sur la France (5) Valeurs et croyances qui guident la stratégie d’investissement (fin) - L’investissement réussi demande de l’effort 0.52 - L’investissement réussi demande de la patiente 0.71 - L’investissement a une dimension éthique 0.34 - Les banquiers méritent qu’on leur fasse confiance 0.43
3. Psychologie des investisseurs : zoom sur la France (6)
4. Conclusions La financiarisation des patrimoines des ménages européens – surtout continentaux – devrait se poursuivre, en raison du besoin croissant de financements à long terme : retraite, risque dépendance, éducation… Conséquence de ce processus : les ménages porteront directement une partie plus important des risques dans leurs patrimoines... D’où la responsabilité accrue de la part des gestionnaires pour compte de tiers : préservation et valorisations des portefeuilles gérés ; renforcement du contrôle des risques et de la gouvernance…