1. Étymologie / Définitions Humanisme 117ème Café-Philo agathois préparé avec Marie-France Palazy et Simone Merlin 1. Étymologie / Définitions 2. Citations choisies 3. Notions / Concepts / Prises de vues : De l’humanité à l’humanisme … ? 4. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question 5. En guise de conclusion
Étymologie et définitions Humanisme vient du latin humanitas, humanité et/ou de humanus, humain, propre à l’homme cultivé, bienveillant. Tous deux dérivés de homo, homme. Définitions : Dictionnaire Larousse sur internet (extrait) : Philosophie qui place l'homme et les valeurs humaines au-dessus de toutes les autres valeurs. Mouvement intellectuel qui s'épanouit surtout dans l'Europe du XVIe s. et qui tire ses méthodes et sa philosophie de l'étude des textes antiques. Dictionnaire La philosophie de A à Z (extrait) : Sens ordinaire : Toute doctrine qui a pour objet l’épanouissement de l’homme. Histoire des idées : Mouvement littéraire et philosophique apparu à la Renaissance. Les humanistes affirment la valeur de l’homme en tant qu’homme, dont ils cherchent le modèle, par-delà le Moyen Age chrétien et la scolastique, dans l’antiquité grecque et latine. Philosophie morale : Conception de l’existence selon laquelle l’homme doit s’affirmer et se construire indépendamment de toute référence ou de tout modèle religieux.
Citations choisies Par Marie-France : « L'espoir, au contraire de ce qu'on croit, équivaut à la résignation. Vivre, c’est ne pas se résigner. » d’Albert Camus. Par Simone : « Il nous faudra répondre à notre véritable vocation, qui n'est pas de produire et de consommer jusqu'à la fin de nos vies, mais d'aimer, d'admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes. » de Pierre Rabhi. Par Jean-Paul : « La vie de l’homme dépend de sa volonté ; sans volonté, elle serait abandonnée au hasard. » de Confucius.
Notions / Concepts / Prises de vues De l’humanité à l’humanisme…? L’humanité ; un concept construit en opposition à l’animalité ? Selon Descartes, il existe une différence de nature entre l’homme et l’animal, et non une simple différence de degré. Seul l’homme est capable de pensée, c'est-à-dire de conscience et de langage. Cette capacité fonde à la fois la possibilité de la culture et de l’histoire, ce qui différencie fondamentalement l’homme de l’animal Si du point de vue de la matière, la différence entre l’homme et l’animal est ténue ; du point de vue de la pensée, la différence n’est-elle pas plus radicale ? L’humanité ; un être collectif ? Attentif au fait que, grâce à sa pensée, l’homme à conscience que « L’humanité se compose de plus de morts que de vivants », Auguste Comte fera de l’humanité un Etre collectif qui englobe les êtres particuliers, c'est-à-dire les individus. D’où viendrait le sentiment de respect des hommes à l’égard de l’humanité Le sentiment de respect de l’humanité ne serait-il pas l’essence même de la morale ?
De l’humanité à l’humanisme (suite) L’homme ; une fin et non un moyen ? Capable de se représenter une fin (une finalité), l’homme ne devient-il pas lui-même une fin, c'est-à- dire une personne que l’on doit respecter, et non pas une simple chose, dont on peut disposer ? « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen. », écrit Kant. Ce précepte ne constituerait-il pas l’impératif catégorique de l’humanisme ? Le respect de l’humanité ne confère-t-il pas à l’homme ce qui l’oblige envers autrui, mais aussi envers lui-même ? Ce qui constituerait le passage obligé de l’humanité à l’humanisme ? La dimension transcendantale de l’humanité confère-t-elle à l’humanisme le statut de religion ? Ou l’humanisme est-il une morale immanente, plus de l’ordre de la fidélité que de la foi ?
QUESTIONS Qu’est-ce que l’humanisme ? L’humanisme est-il une croyance ? Pourquoi vouloir être humaniste ?
Qu’est-ce que l’humanisme ? Une attitude complaisante ou compassionnelle envers l'homme ? Ou un respect des conditions nécessaires à l'humanisation ?
1. Qu’est-ce que l’humanisme ? Si, d’un point de vue général, l’humanisme est une doctrine qui reconnait en l’homme une valeur suprême, cela doit-il déboucher sur : Une attitude complaisante ou compassionnelle envers l'homme Ou sur un respect des conditions nécessaires à l'humanisation de l’humanité ? Une attitude complaisante ou compassionnelle envers l'homme ? Si la tolérance liée au relativisme des valeurs est un principe fondamental de l’humanisme, n’existe-il pas : D’une part, des valeurs morales qui aident l’humanité à survivre et à prospérer Et, d’autre part, des valeurs morales qui la font stagner ou même régresser vers la barbarie ? L'humanisme ne suppose-t-il pas un fond commun à tous les hommes, une potentialité pour tous les membres de l'espèce sapiens de devenir humain ? Pourquoi, au nom d’un certain humanisme compassionnel, faudrait-il accepter ce qui est contraire à l’humanisation de l’humanité ? Ou un respect des conditions nécessaires à l'humanisation ? Le versant éthique de l'humanisme ne doit-il pas rejeter les diverses formes d'asservissement ? Vouloir sortir l’homme de la fatalité destructrice, de la volonté de domination, des affrontements sociaux, pour le protéger au nom d'un principe supérieur d'humanité, n’est-ce pas cela être humaniste ? Si l’on considère que l'homme n'est pas figé, mais en devenir, l'humanisme ne consiste-t-il pas à faire en sorte que l'humanité, possible chez l'homo-sapiens, advienne ? Comment définir l'humanité de l'homme autrement que par la dignité, la sagesse altruiste, la sociabilité, le respect, la culture, ce que, depuis l'Antiquité, les moralistes considèrent comme des vertus éducatives ? L’humanisme n’est-il pas un projet éthique d'accomplissement de l'humain ? L’humanisme n’est-il pas d’abord une éthique de promotion de l'humanité, plutôt qu’une attitude complaisante ou compassionnelle envers l’homme ? 8 8
L’humanisme est-il une croyance ? Une croyance est-elle de l’ordre de la connaissance ou de la foi ? Faut-il croire en l’homme pour être humaniste ? Si l’humanité est une valeur; cette valeur est-elle absolue ou relative ?
2. L’humanisme est-il une croyance ? Une croyance est-elle de l’ordre de la connaissance ou de la foi ? Si croire consiste à tenir pour vrai ce que l’on ne peut prouver, en ce sens, une croyance ne s’oppose-t-elle pas au savoir ? Néanmoins, si, à l’école du scepticisme, on estime qu’aucune connaissance n’est absolument vraie, toute connaissance n’est-elle pas une espèce de croyance ? « La foi est une croyance qui n’est suffisante que subjectivement », écrit Kant, ainsi ne faut-il pas penser que toute foi pêche à la fois par suffisance et par insuffisance : Par suffisance dogmatique qui consiste à prendre ses valeurs ou ses désirs pour la vérité, Et par insuffisance rationnelle dès lors que l’on ne peut prouver ce que l’on tient pour vrai ? Si toute connaissance est une croyance objective ou rationnelle, toute foi n’est-elle pas une croyance subjective qui se prend pour une connaissance ? 2. Faut-il croire en l’homme pour être humaniste ? Si l’humanité est une valeur; cette valeur est-elle absolue ou relative : Absolue, donc de l’ordre de la vérité, ce qui suppose que l’humanisme est une transcendance de l’ordre de la foi ? Relative, donc de l’ordre de la morale (ou de l’éthique), ce qui suppose que l’humanisme est seulement une immanence de l’ordre du désir ? Est-on humaniste parce qu’on croit en l’homme et en sa bonté ou, est-ce parce que l’on ne se fait aucune illusion sur sa bonté que nous avons besoin d’être humaniste afin qu’il devienne meilleur ? Autrement dit, n’est-ce pas plutôt (comme pourrait dire Spinoza) le respect que nous portons aux hommes qui leur donne de la valeur, plutôt que leur valeur intrinsèque qui justifierait ce respect ? Pourquoi faudrait-il croire en l’homme et en sa bonté, puisque c’est précisément parce qu’il en manque que l’humanisme se justifie, afin que la bonté puisse advenir ? L’humanisme n’est-il pas plus une valeur immanente de l’ordre du désir qu’une valeur transcendante de l’ordre de la vérité et de la foi ? Plus une volonté qu’une croyance ? Plus une morale qu’une religion ? 10 10
Pourquoi vouloir être humaniste ? Pourquoi vouloir être vertueux ? L’humanisme peut-il tenir lieu de politique ?
3. Pourquoi vouloir être humaniste ? Pourquoi vouloir être vertueux ? La vertu n’est-elle pas l’effort pour se bien conduire ? Le mot grec arétè, que les Latins traduisirent par virtus, ne signifie-t-il pas d’abord une puissance ou une excellence, ce qui rejoint la pensée de Spinoza : « Par vertu et puissance j’entends la même chose. », dit-il ? Si la vertu ne va pas sans effort, comment pourrait-elle aller sans désir ni plaisir ?. Comme dit ACS : « Celui qui donne sans plaisir n’est pas généreux; ce n’est qu’un avare qui se force » Ce qui rejoint aussi la conception de Spinoza selon laquelle une valeur est l’objet au moins possible d’un désir. Pourquoi vouloir être vertueux si ce n’est pour le plaisir d’aimer ou de bien faire et ainsi donner un sens à sa vie ? L’humanisme peut-il tenir lieu de politique ? Si la vertu d’un couteau est de couper, la vertu d’un être humain, n’est-elle pas de vivre humainement, conformément aux règles qu’il se donne dans le cadre de sa morale ou de son éthique ? De ce point de vue l’humanisme n’est-il pas emblématique de la plupart des vertus traditionnelles : politesse, fidélité, courage, justice, générosité, compassion, miséricorde, gratitude, tempérance, humilité, simplicité, tolérance, pureté, douceur (soit un total de 14 sur 17, si l’on se réfère au Petit traité des grandes vertus d’ACS), sans oublier l’amour qui, tel un phare, les éclaire toutes et les justifie ? Néanmoins, ces 14 vertus peuvent-elles nous permettre d’ignorer les 3 autres qui, tel un rééquilibrage de nos désirs et de nos valeurs, nous appelle à la lucidité : La bonne foi qui peut nous permettre de ne pas confondre les discours politiquement corrects que nous pouvons tenir sur l’humanisme avec ce que nous faisons concrètement pour lui ? La prudence qui peut nous permettre d’éviter certaines dérives angéliques de l’humanisme Enfin l’humour qui touche à la fois à la lucidité donc à la bonne foi (ce qui peut éviter que nous nous fassions trop d’illusions sur nous-mêmes) et à l’amour (puisque, comme lui, l’humour est joie) Si l’humanisme est une idéologie moralement irréfutable, comment pourrait-elle tenir lieu de politique ? Dialectiquement entre valeurs et vérité, toute politique ne tend-elle pas à éviter à la fois l’angélisme et la barbarie ? S’il n’y a pas de joie sans amour, comment pourrions-nous ne pas vouloir être humanistes ? Mais pourquoi cela devrait-il nous empêcher d’être lucides en confondant nos désirs avec la réalité ? 12
En guise de conclusion Contre la barbarie, quoi …? Si ce n’est la morale, l’amour et le courage; en un mot l’humanisme. Contre l’angélisme, quoi… ? Si ce n’est la lucidité de ne pas confondre nos désirs humanistes et la réalité ?
Bonnes vacances à tous ! Prochaines réunions MDS Agde de 18h30 à 20h : "Bouddhisme" : mardi10 octobre. "Loyauté" : mardi14 novembre. "Carpe Diem" : mardi 12 décembre Pensez à réserver vos places et à annuler vos réservations si vous ne venez pas ! 04 67 94 67 00 ou maisondessavoirs@ville-agde.fr MAM Béziers de 18h30 à 20h : " Comment arrêter de subir ? " mercredi 4 octobre. Informations et documents sont disponibles sur : http://www.cafe-philo.eu/ Bonnes vacances à tous ! 14