ETUDE D’UNE COHORTE DE PATIENTS DRÉPANOCYTAIRES TRANSFUSÉS : IMMUNISATION, RISQUE TRANSFUSIONNEL ET RESSOURCES EN GCR N. Meunier-Costes(1), P. Chadebech(1), M. Rodet(1), P. Bonin(1), A. Habibi(2), D. Bachir(2), F. Galactéros(2), J. Maury(3), P. Bierling(1), F. Noizat-Pirenne(1). (1) Site Transfusionnel, Hôpital Henri-Mondor - Etablissement Français du Sang, CRETEIL, France. (2) Service des Maladies Génétiques du Globule Rouge, Hôpital Henri-Mondor, CRETEIL, France. (3) Site Transfusionnel, Hôpital Tenon - Etablissement Français du Sang, PARIS, France. CONTEXTE : La prévention des hémolyses transfusionnelles, en dehors de cas particuliers, dépend de notre capacité à prévenir l’allo-immunisation et les conflits antigène-anticorps. BUT DE L’ÉTUDE : Montrer la nécessité de mettre en œuvre une organisation transfusionnelle adaptée au profil immuno-hématologique de ces patients, d’autant que la population de patients et leurs indications transfusionnelles sont en nette augmentation. PATIENTS ET MÉTHODES : Les caractéristiques des CGR transfusés et les données immuno-hématologiques d’une cohorte de 206 patients transfusés en hôpital de jour, de mars à septembre 2006 à Henri-Mondor, ont été analysées. Nombre de CGR transfusés, par patient, à l’hôpital Henri-Mondor (chiffre minimum, compte tenu des transfusions successives multi-sites) Résultats des RAI réalisées au laboratoire IH de l’EFS Mondor : technique TIA/Liss+Pap (dont TIA/Pap jusqu’en avril 2004) ANTÉCÉDENTS DE RAI POSITIVES ANTICORPS D’INTÉRÊT TRANSFUSIONNEL CONSOMMATION DE CGR D- RESPECT DU PHENOTYPE (en fonction du groupe ABO) Anticorps non-détectables par la RAI le jour de la transfusion : 15 % des patients ont une RAI (+) le jour de l’inclusion alors qu’un ATCD de RAI (+) est connu pour 47 % d’entre eux. Les auto-anticorps révélés uniquement par la technique enzymatique (papaïne) ne sont pas pris en compte. ANTICORPS PRINCIPAUX ATCD RAI (+) RAI (-) le Jour % d'allo-Ac dangereux non respectés anti-Fya 6 4 65 % anti-Jka 2 1 50 % anti-Jkb 8 100 % anti-M 5 3 60 % anti-S 40 % anti-Lua 75 % anti-Kpa 7 30 % Autres anti-Privés 12 11 92 % Consommation de CGR D– par les patients D+ 206 patients drépanocytaires ; 14 patients D– (soit 7 %) % des patients Nbre de CGR transfusés Nombre de CGR D- % de D- transfusés à des D+ O + 47% 6554 1841 28% A + 41% 3183 493 15% B + 43% 2684 1176 44% AB + 5% 714 85 12% ATCD de RAI (+) RAI (+) le jour de la Transfusion 92/206 (47 %) 31/206 (15 %) Quand les patients ne sont pas connus au niveau du site qui va délivrer les produits sanguins, leurs immunisations anciennes ne seront pas prises en compte dans 32 % des cas. Risque de restimulation et d’accident transfusionnel retardé si ces anticorps ne sont pas pris en compte. 3718 CGR D– (soit 28 %) sur les 13704 CGR transfusés aux patients D+ CONSOMMATION DE CGR D- CONSOMMATION DE CGR D- CONSOMMATION DE CGR D- RESPECT DU PHENOTYPE (en fonction du phénotype RH) RESPECT DU STATUT D-PARTIEL Consommation des CGR D- à l’EFS Henri-Mondor CGR attribués à tout patient produisant un anti-D (1) Lorsque la preuve est faite qu’il s’agit d’un Auto-anti-D (épreuve d’auto-adsorption et/ou bon rendement transfusionnel) => recours à des CGR D+ (2) Lorsque l’on met en évidence un D partiel (par Biologie Moléculaire) => maintien des CGR D- Patient N° Anti D % de D- transfusés à des D+ AVANT l’anti-D % de D- transfusés à des D+ DEPUIS l’anti-D 1 ALLO- OU AUTO- 7.5 % 39 % 2 36% 100 % 3 8 % 72 % 4 4 % 5 % 5 55 % 67 % 6 42 % 100% 7 30 % 13 % 8 9 31 % 40 % 10 17 % 51 % 11 37 % 89% 12 54 % 90 % Consommation de CGR D- par les patients D+ 206 patients drépanocytaires dont 192 patients D+ % des patients Nbre de CGR transfusés Nombre de CGR D- % de D- transfusés à des D+ Dccee 113/192 (59 %) 8112 3447 42,5 % DCcee 46/192 (24 %) 3243 76 2,5 % DccEe 31/192 (16 %) 2295 195 8,5 % DCcEe 2/192 (1 %) 54 0 % Les patients Dccee (phénotype le plus fréquent) sont les plus grands consommateurs de CGR D– ; 42 % des CGR qui leurs sont transfusés sont D– Intérêt de l’étude du gène RHD pour tout patient produisant un anti-D : avoir recours à un protocole D+ CAS CLINIQUE CONCLUSIONS (1) : (1) Pour diminuer le risque de restimulation et d’accidents, les données immuno-hématologiques des drépanocytaires doivent être accessibles à tous les transfuseurs. (2) Une base de données « receveurs » unique, régionale dans un premier temps (projet SAFRAN) devrait permettre cette sécurisation. PATIENTE DRÉPANOCYTAIRE POLYTRANSFUSÉE 2002 Hôpital X : suivi de grossesse EFS X : RAI négative ; transfusion de 3 CGR phénotypés RH-Kell et compatibilisés => 15 jours après, RAI+ : anti-C, anti-Jkb, anti-M, anti-S => Carte de phénotype érythrocytaire rare établie 2006 Hôpital Y : hospitalisation ; non présentation de la carte de phénotype rare ! EFS Y : RAI négative ; transfusion de 3 CGR phénotypés RH-Kell et compatibilisés => 3 semaines après RAI+ : anti-C, anti-Jkb, anti-M, anti-S CONCLUSIONS (2) : Pour préserver la ressource et diminuer la consommation de CGR D- chez les patients D+, (1) la promotion du don du sang au sein des populations afro-antillaises doit être renforcée (2) l’étude du gène RHD devrait être systématique chez tout patient produisant un anti-D de manière à éliminer un D partiel et autoriser le recours à des CGR D+ (3) l’origine ethnique des donneurs devrait être connue et le génotypage des antigènes privés (RH20, KEL6) devrait être réalisé systématiquement chez donneurs et receveurs d’origine afro-antillaise. Nécessité d’avoir connaissance du dossier transfusionnel inter-site pour éviter les restimulations d’allo-anticorps.