Infections cutanées Cours IFSI 2017 Dr Jérémie Pasquier Assistant Spécialiste Service de maladies infectieuses et tropicales
Plan I. Peau et lésions cutanées II. Infections cutanées bactériennes III. Infections cutanées fongiques IV. Infections cutanées parasitaires V. Infections cutanées virales
I. Peau et lésions cutanées
Peau barrière protectrice colonisée par une flore bactérienne non pathogène Infections cutanées fréquentes et d’étiologies variées bactériennes fongiques parasitaires virales cours non exhaustif
Sémiologie dermatologique Erythème : lésion rouge disparaissant à la vitropression Purpura : lésion rouge ne disparaissant pas à la vitropression, +/- infiltrée Inflammation : Rougeur Chaleur Douleur Œdème
Macule: petite tache < 1 cm, sans aucun relief Papule: petite tache en relief < 1 cm Plaque: tache en relief de 1 cm à plusieurs cm
Vésicule: soulèvement limité épidermique contenant un liquide clair (1-2 mm de diamètre) Bulle: soulèvement épidermique contenant un liquide clair (1-2 cm de diamètre minimum) Pustule: petite tache en relief contenant du pus(liquide trouble)
Croûte:élément correspondant à la coagulation d ’un exsudat (pus, sang, sérosité) Erosion: plaie superficielle, limitée à l ’épiderme
II. Infections cutanées bactériennes
Infections cutanées bactériennes Effraction de la barrière cutanée Pénétration, multiplication et diffusion du germe infection locale infection loco-régionale : ostéarthrite infection disséminée : septicémie, endocardite, ostéite Action des toxines bactériennes FdR: malnutrition, OH, diabète, déficit immunitaire hygiène Diagnostic clinique
Impétigo
Impétigo : généralités Atteinte de l’épiderme Fréquent, enfant +++ Staphylocoque doré streptocoque pyogenes (= strepto A) Contagieux, auto-infestations Impétiginisation : évolution en impétigo d’une dermatose préexistante (souvent prurigineuse)
Impétigo
Diagnostic clinique Vésico-bulles sur peau inflammatoire Érosion suintante Lésion croûteuse à extension centrifuge, jaunâtre (= croûtes mélicériques) Regroupement de plusieurs lésions en placard polycycliques à contours circinés Localisation variables Souvent péri-orificiel (bouche) chez l’enfant Pas de signes généraux croûtes mélicériques = aspect de miel
Traitement Hygiène +++ Ongles coupés court Éviter la macération (couches…) Traitement local ++ Application pluri-quotidienne d’antiseptique +/- ATB en topique : mupirocine, acide fusidique Pas de corticoïdes locaux Antibiothérapie générale : peu d’indication, sauf lésions très étendues (péni M, amoxicilline + acide clavulanique, C1G, C2G, pristinamycine) Éviction scolaire ou de la crèche Chlorhexidine, Dakin
Érysipèle
Érysipèle : généralités = dermohypodermite bactérienne aiguë non nécrosante Streptocoque pyogenes ß (= strepto A) Terrain Adulte > 40 ans Surpoids Diabète Insuffisance veineuse, lympoedème chronique Localisation : membres inférieurs +++ Visage, membre supérieur : rare
Dermo-hypodermite bactérienne aigüe
Diagnostic clinique Début brutal Signes généraux Fièvre 39-40°C frissons Signes locaux Placard inflammatoire = érythémateux, oedémateux, douloureux, chaud Délimiter les contours (évolution) Absence d’écoulement purulent Adénopathies satellites +/- lymphangite Rechercher la porte d’entrée cutanée +++ : plaie traumatique, ulcère, intertrigo
Signes biologiques Hyperleucocyose à PNN Sd inflammatoire Augmentation de la CRP biologique Hémocultures rarement positives
Traitement Repos +++ Jambes surélevées ATB générale ß lactamines : amoxicilline, péni G pristinamycine Antalgiques Contre-indication : AINS, corticoïdes Traitement de la porte d’entrée Traitement des facteurs favorisants Equilibre du diabète Bas de contention si insuffisance veineuse
Complications Dermohypodermite bactérienne nécrosante Fasciite nécrosante Abcédation Récidive
Dermohypodermite nécrosante Fasciite nécrosante
DHD / fasciite nécrosante : généralités Streptocoque pyogenes ( = strepto A) ++ Autres germes en fonction de la localisation Infection rare mais grave +++ Décès 30% Séquelles fonctionnelles majeures Terrain > 50 ans Diabète ++, immunodépression, hémopathie, cancer… Toxicomanie Alcoolisme Prise d’AINS
Nécrose limité à l’hypoderme = DHD nécrosante Nécrose atteignant le fasciia = fasciite nécrosante Fasciite nécrosante peau fasciia muscle
Diagnostic clinique Idem dermo-hypodermite bactérienne non nécrosante Mais douleurs très intenses + sepsis sévère : tachycardie, polypnée, hypotension Agitation, confusion Défaillance d’organes… + nécrose ( = zones indolores) +/- bulles, phlyctènes
Signes biologiques et prélèvements bactériologiques Biologie Sd inflammatoire: HLPNN, augmentation de la CRP Défaillance viscérale : insuffisance rénale, CIVD… Augmentation des CPK si atteinte musculaire Prélèvements bactériologiques Hémocultures Ponction des bulles Prélèvements per-opératoires
Traitement URGENCE ! Urgence CHIRURGICALE chirurgie délabrante Urgence médicale Antibiothérapie adaptée à la localisation Traitement des défaillances d’organes +/- hospitalisation en réanimation
« Jambe rouge aigue fébrile » : érysipèle ou DHD / fasciite nécrosante ? Si pas de nécrose évidente initialement : suivre l’évolution +++ Attention si : Extension de la lésion (délimiter les contours ++) Douleur croissante Œdème induré diffus Caractère purpurique et/ou bulleux Hypoesthésie Aspect livedoïde
Infection de cathéter
Infection de cathéter Mauvaise désinfection Macération Durée > 5 jours
III. Infections cutanées fongiques
Intertrigo
Intertrigo : généralités Infection cutanée fongique Dermatophytes > Candida Dermatose inflammatoire des plis = zones de macération Grands plis : axillaires, sous-mammaires, inguinaux, interfessier Petits plis : interdigitaux, interorteils Facteurs favorisants obésité diabète mauvaise hygiène macération
Diagnostic clinique Plaque érythémateuse Débute au fond du pli puis s’étend de façon centrifuge Prurigineuse allongée dans le sens du pli Intertrigo des grands plis (dermatophytes, Candida) Plaque érythémateuse suintante Bordure nette, inflammatoire, érythémato-vésiculeuse
Intertrigo inter-orteil (dermatophytes): érosion linéaire bordée de squames décollées +/- onyxis porte d’entrée d’une surinfection bactérienne (= érysipèle)
Traitement Antifongique local Imidazolés en poudre ou pommade Application 2/jour Long = 1 à 3 semaines Traitement d’un onyxis associé Local +/- général (si atteinte matricielle) > 6 mois Hygiène = éviter la macération
TEIGNES
Cuir chevelu Enfant en collectivité, venant zone tropicale Peut être d’origine animale Teignes tondantes (alopécie) Teignes suppurées Tt systémique
IV. Infections cutanées parasitaires
Gale
Gale : généralités Ectoparasitose : Sarcoptes scabiei hominis Endémie mondiale Homme = seul réservoir Transmission inter-humaine contact cutané direct Linges, literie, vêtements survie dans l’environnement 2-4 jours Facteurs favorisants promiscuité : milieu familiale, crèche, maison de retraite manque d’hygiène
Salive du sarcopte femelle réaction urticarienne prurit
Diagnostic clinique Durée d’incubation = 3 semaines Prurit +++ Début progressif, intensité variable Recrudescence nocturne Lésions cutanées Sillons = fins trajets sinueux 5-15mm Vésicules perlées (faces internes des doigts) Nodules scabieux = papules, nodules Lésions de grattage associées Risque de surinfection bactérienne
Espaces interdigitaux Faces antérieures des poignets + avant-bras Plis des coudes, aisselles Ceinture Organes génitaux, face interne des cuisses Respect du visage et du dos
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Diagnostic Clinique ++ Dermatoscopie Confirmation par recherche du parasite Grattage d’un sillon Effondrement d’une vésicule perlée Microscope : adultes, œufs, larves
Traitement topique Benzoate de benzyle Ascabiol® +/- répéter à 2 ou 7 jours Protection du visage Laisser en contact pendant 24h puis savonnage + douche Espadepallethrine Sprégal® Protection Yeux Voies respiratoires CI : asthme Laisser en contact pendant 12h puis savonnage + douche
Traitement (suite) Traitement orale : ivermectine en PU Inactif sur les œufs à renouveler à 7 jours +/- traitement local Traiter tous les membres de la famille ou de la collectivités en même temps Traiter vêtements, linge, literie Machine à laver à 60°c Congélateur 24h Dans un sac fermé pendant 1 semaine Apar® + sac fermé 24h Éviction scolaire Déclaration et enquête épidémiologique dans les collectivités
V. Infections cutanées virales
HERPES Oral HSV1 Génital HSV2 Homme seul réservoir Possibles réactivations (soleil, stress, grossesse, infection…) Incubation lors primo-infection: 2-12jours
HSV1 Primo-infection: Récurrences Kératite herpétique Enfance Asymptomatique (70%) ou gingivo-stomatite Odynophagie +++ Alimentation difficile voire impossible Ulcérations buccales diffuses pouvant déborder sur lèvres ou menton Surinfection bactérienne possible Guérison spontanée 11j-3semaines Récurrences Classique bouton de fièvre Kératite herpétique Évaluation ophtalmo
HSV2 IST Primo-infection Récurrences génitales Incubation 2-7j Bruyante, multiples vésicules sur fond érythémateux, évoluant vers ulcérations Gland, pénis, vulve, périnée, fesses, col utérus, vagin Parfois accompagné de signes généraux Récurrences génitales Moindre intensité Prodromes (brûlure, prurit, paresthésie,…) Vésicules en bouquet s’ulcérant 6-7j
traitement Curatif des primo-infections: Récurrences pas systématique Valaciclovir 500mgx2/j pdt 10j Aciclovir 5 mg/kg/8h iv si po impossible +/- hydratation Récurrences pas systématique Valaciclovir 500mgx2/j 5 jours Traitement prophylactique possible si récurrences fréquentes Dans tous les cas penser prévention: préservatif…
Messages généraux de prévention Attention hygiène des mains+++ Penser aux isolements+++ Prévention des IST: port du préservatif, dépistage Vaccination : avez-vous bien reçu 2 injections pour ROR??? Prévention des cas nosocomiaux et de l’adulte Avez-vous fait la varicelle? Si non faire une sérologie et vaccination le cas échéant