Cours ESH ECE2 M.Danglade 2016-2017 (Partie 1 - Module 1) Chapitre 1: L’ouverture des économies depuis le 19ième siècle. Evolution et acteurs. Cours ESH ECE2 M.Danglade 2016-2017
Plan Définir la notion de mondialisation (intro) La première mondialisation L’entre-deux-guerres La seconde mondialisation Les acteurs de la mondialisation: entreprises et FMN Assiste-t-on à la sortie (fin) de la seconde mondialisation ?
1. Définir la notion de mondialisation « Avant, les évènements qui se déroulaient dans le monde n’étaient pas liées entre eux. Depuis, ils sont tous dépendants les uns des autres » Polybe (IIième siècle avant J.C) Fernand Braudel : « l’économie monde » (15ième et 16ième siècle) Terme anglais « globalism » : McLuhan « la Galaxie Gutenberg » (1962) Un phénomène ancien mais qui prend une ampleur sans précédent à partir du 19ième siècle
La mondialisation: une dynamique d’interdépendances Ouverture Échanges Intégration des territoires Interdépendances des marchés des entreprises des secteurs
2. La première mondialisation Un découpage temporel proposé par Suzanne Berger Notre première mondialisation. Leçons d’un échec oublié (2003) Début courant 19ième et s’achève en 1914 Comment expliquer cette dynamique ?
2.1 Comment expliquer l’essor des échanges internationaux? Le rôle du progrès technique Le rôle des politiques commerciales Les transformations du système monétaire et financier
2.1.1 Le rôle du progrès technique
Le rôle du progrès technique Développement des infrastructures de transport : chemins de fer; percement des isthmes (transport maritime) = Diminution des coûts de distance Essor de l’intégration verticale des entreprises (Alfred Chandler) : les premières grandes firmes (Singer) = production de masse = économies d’échelle
2.1.2 Le rôle des politiques commerciales Grande Bretagne : 1842 lever de l’embargo empêchant les exportations de machines 1846 suppression des Corn Laws + DD sur produits industriels 1849 suppression de l’Acte de navigation 1860 Traité de libre-échange Franco-Anglais (Traité Cobden-Chevalier): réduction ou suppression des DD et application de la clause de la nation la plus favorisée
2.1.3 Les transformations du système monétaire et financier Adoption du système monétaire de l’étalon-or = SMI Conséquence: stabilité taux de change (diminution risque de change) Développement statut juridique des sociétés par actions à responsabilité limitée (entreprises et banques) + marché des titres Conséquence : l’épargne s’oriente de plus en plus vers des actifs mobiliers nationaux et internationaux
En résumé Baisse des coûts de transport = baisse coûts de distance Baisse des DD = baisse coûts de transaction Rappel : coûts de transaction = coûts à passer par le marché Étalon-or = baisse risque de change Transformation statut juridique sociétés = nouvelle utilisation de l’épargne
coûts de transaction = coûts à passer par le marché Coûts de distance Réglementation; coût de rédaction des contrats; coût de surveillance des contrats Barrières commerciales
2.2 Les échanges commerciaux durant la première mondialisation Évolution du volume
L’évolution du volume Angus Maddison (1995): 1% de la production mondiale est exportée en 1820; 9% en 1913 Pour les pays européens: les exportations = 15% de leur PIB 3% de la production industrielle est exportée au début du 19ième siècle contre 30% en 1913 Le commerce mondial est multiplié par 6 entre 1860 et 1914
Nature et géographie des échanges Les matières premières et agricoles : 60% du commerce mondial L’Europe achète principalement des matières premières (60%) et vend des biens manufacturés (90%) L’Europe : 40% du commerce mondial Un important échange intra-européen Le reste du monde achète des biens manufacturés et vend des matières premières et agricoles
2.3 Les échanges de capitaux durant la première mondialisation Flux des capitaux: des pays développés vers les pays du « nouveau monde » Investissements privés : Compagnies de transport Sociétés d’extractions (charbon, pétroles) et sociétés foncières (caoutchouc) Entreprises de transformation Prêts aux Etats: financer la construction d’infrastructures Les capitaux servent à développer les capacités d’exportations et d’importations des pays du « nouveau monde »
Investissements français à l’étranger 40% de la richesse française détenue sous forme mobilière en 1914 - entre un tiers et 50% de ces actifs mobiliers sont détenus à l’étranger Géographie: Russie, Proche-Orient, Amérique latine
2.4 Les flux migratoires Des flux d’esclaves aux flux libres Entre 1840-1870: flux annuels de migrants européens = 300 000 À partir de 1870 = 1 million Au 19ième siècle : 60 millions d’émigrés européens (20 millions de britanniques, 6 millions d’Italiens, 1914: 15% de la population des Etats-Unis non autochtones / 30% Argentine
Les Etats-Unis
3. La « démondialisation » de l’entre-deux-guerres Évènements qui font reculer l’intégration économique et financière à partir de la fin des années 1920: La crise de 1929 = crise financière et bancaire Etats-Unis+ choc commercial Les « égoïsmes sacrés »
La montée du protectionnisme Etats-Unis 1930 : tarif Smooth-Hawley = DD à 60% (les importations venant d’Europe chutent de 50% entre 1929 et 1933) Rétorsions de 60 pays Dévaluation de la livre britannique : dévaluation compétitive (+ accords d’Ottawa) Apparition des barrières non tarifaires : quota Dans les pays autoritaires : prohibition, contrôle de change, licences …
4. La seconde mondialisation 4.1 Comment expliquer la hausse des échanges ? Le rôle du progrès technique Le rôle des accords commerciaux La libéralisation des mouvements de capitaux (années 1980)
4.1.1 Le rôle du progrès technique Innovation transport: les portes conteneurs (prix du transport d’une paire de basket depuis l’Asie : 0,50 cents / développement transport aérien = baisse du coût de distance Innovation numérique : baisse du coût de transaction / fourniture services à distance
4.1.2 Le rôle des politiques commerciales Développement du multilatéralisme et du régionalisme : Signature accord du Gatt (1947) Traité de Rome (1957)
4.1.3 La libéralisation des mouvements de capitaux Années 1980: déréglementation, décloisonnement et développement de l’intermédiation de marché
4.1.4 Innovations et recul des contraintes réglementaires à l’origine du développement des FMN Contexte d’après 1945: production de masse (grande entreprises intégrée verticalement) + consommation de masse
Après 1980: l’essor des firmes-réseaux : Découpage de la chaîne de valeur + filiales + liens contractuels avec sous-traîtants = l’entreprise devient un jeu de lego où s’articulent des fonctions « La chute de la grande entreprise moderne » T.Sturgeon (2002) Double dynamique : intégration des marchés mais désintégration des processus productifs
4.2 Distinguer deux grandes phases dans la seconde mondialisation
4.2.1 Evolution de l’ouverture des économies
4.2.1 Evolution de l’ouverture des économies
4.2.2 Géographie des échanges commerciaux La première mondialisation
4.2.3 Evolution de la nature des échanges:inter-branches, intra-branches, intra-firme, intra-industriel, biens intermédiaires
4.3 Les caractéristiques de la globalisation financière contemporaine
4.3.1 Les investissements de portefeuilles
4.3.2 Les investissements directs
3,1% de la population mondiale 4.4 Les flux de personnes et les migrations internationales : des flux nettement inférieurs à ceux du 19ième siècle 3,1% de la population mondiale
5. Les acteurs de la mondialisation : les entreprises et les FMN Quelle stratégie pour les firmes dans une économie mondialisée: exporter, investir ou sous-traiter? La mondialisation des systèmes productifs Les FMN
5.1 Quelle stratégie pour les firmes dans une économie mondialisée: exporter, investir ou sous-traiter? Les entreprises exportatrices : Une minorité = moins de 20% des entreprises industrielles / 4% du total des entreprises (cas français) dont la moitié n’exporte que vers un seul pays Des firmes plus productives
Les FMN : Posséder une filiale à l’étranger (détenir au moins 10% du capital) Investir à l’étranger = IDE (greenfield ou brownfield) IDE horizontal: répliquer le processus de la maison mère (proximité demande) IDE vertical : confier certains segments du processus de production à des filiales (optimiser coût unitaire de production)
Exporter ou Investir ? Le cas des investissements horizontaux Arbitrage entre proximité et concentration IDE horizontaux Exportations Proche de la demande mais coût d’implantation Génère des économies d’échelle mais coûts de transaction
Exporter ou Investir ? Le cas des investissements verticaux Arbitrage entre découpage et intégration IDE verticaux Concentration Profiter des coûts plus faibles sur le segment de la chaîne de valeur mais coût d’implantation et de gestion du « lego » Limiter les coûts d’implantation mais ne profite pas des avantages comparatifs
Faire (investir) ou faire faire (sous-traiter) IDE horizontaux versus Contrats de licence Offshoring IDE verticaux versus sous-traitance (outsourcing) Conserver une technologie (un capital spécifique - O.Williamson) Éviter les coûts de rédaction et contrôle des contrats Bénéficier des avantages comparatifs de l’exécutant
Coûts de transaction (moins) Capital spécifique (plus) Exporter Sous-traiter Investir Chaîne de valeur amont aval Demande locale qualité de la gouvernance politique ; capital humain CUP
5.2 La mondialisation des systèmes productifs Opérations sans transferts de capitaux = sous-traitance Transferts internationaux de capitaux = filiales Désintégration des systèmes productifs : la spécialisation des économies dépend de plus en plus de leurs avantages comparatifs dans l’exécution d’une fonction de la chaîne de valeur
La mondialisation (désintégration) des systèmes productifs Conséquences sur le commerce mondial: échanges intra-firmes et biens intermédiaires Conséquences sur les flux de capitaux : IDE
5.3 les FMN FMN : 2008: environ 80 000 FMN pour 800 000 filiales 28% des filiales appartiennent à des maisons mères de pays émergents Les 500 plus grandes : triade (Etats-Unis, Europe et Japon) Près de 1300 sociétés possèdent les entreprises qui réalisent 60% du CA mondial 40% de la richesse appartient à 147 sociétés ! (1% de sociétés contrôle 40% du réseau) Essor des micromultinationales: une activité sur une seule fonction de la chaîne de valeur
5.3.2 Des stratégies différentes de développement suivant l’origine géographique des FMN Stratégie de modularisation : délocaliser et sous-traiter Stratégie d’intégration : exportation et IDE horizontaux Stratégie de cluster (proximité) : recherche de rendement d’échelle externe Dell Samsung, Intel Textile Italie du nord Silicon Valley
5.3.3 Les échanges intra-firmes et les stratégies d’optimisation fiscales Mise en concurrence fiscale des territoires Les échanges intra-firmes (entre filiales) sont hors marché = les prix sont fixées par les entreprises « en interne » Prêts intra-groupe Manipulation de prix de transferts
Différence première et seconde mondialisation Nature des flux commerciaux Moins de flux migratoires Plus de volume de flux financiers (même si les flux nets sont proches) Désintégration des processus de production Échanges intra-firmes et poids des FMN
6. Assiste-t-on à la sortie (fin) de la seconde mondialisation ?
La crise de 2008 casse la dynamique du commerce international Choc demande négatif = Choc commercial fragilisation des banques = Choc financier Moins de financement Des acteurs des échanges internationaux
La dynamique de segmentation de la chaîne de valeur à l’arrêt
Une économie mondiale de plus en plus portée par les services
Paradoxe : l’intégration financière ne recule pas les flux de capitaux sont déconnectés des balances courantes (le cas chinois)
On s’attend à une appréciation de la devise chinoise …
Comment expliquer la dépréciation du yuan ?