Alix Seigneuric L.P.C.S. Université de Bourgogne, Dijon Autour du syndrome de Williams: approche pluridisciplinaire Journée d’Etude de l’Equipe Pragmatique de la Communication Université de Poitiers-CNRS - Laboratoire Langage et Cognition Langage et Syndrome de Williams : Etude du traitement des informations de genre Alix Seigneuric L.P.C.S. Université de Bourgogne, Dijon 27/05/05
Recherches réalisées en collaboration avec : Fabrice Robichon Univ. Bourgogne Daniel Zagar Univ. Bourgogne Jean-Yves Baudouin Univ. Bourgogne ACI ‘Jeunes Chercheurs 2002’ : ‘Architecture du lexique mental : Morphologie et Genre Grammatical’. Responsable scientifique du projet : F. MEUNIER, CNRS, Laboratoire Dynamique du Langage UMR 5596, Lyon2.
Langage et syndrome de Williams Préservation des capacités langagières (Bellugi et al., 1988, 1994) Compétences syntaxiques voie passive, conditionnel, phrases complexes Compétences lexicales connaissances en vocabulaire Organisation sémantique atypique? Noms rares en fluence verbale
Préservation : À quel point et sur quelles aptitudes ? Préservation relative Premiers résultats : Par rapport aux compétences visuo-spatiales Comparés à des patients atteints du syndrome de Down Etudes suivantes : Performances plus faibles que contrôles du même âge (niveau approchant pour le vocabulaire réceptif) Performances de niveau équivalent ou plus faible que contrôles appariés sur niveau cognitif général (âge mental)
Préservation : sur quelles aptitudes ? Lexique et traitement lexico-sémantique Préservation Richesse du lexique Amorçage sémantique Anomalies Vocabulaire abstrait < vocabulaire concret Tendance à réponses atypiques dans tâches de fluidité et dénomination (Temple &, 2002, mais Mervis &, 1999 ) Moindre sensibilité à la fréquence des mots
Compétences syntaxiques et morpho-syntaxiques Préservation Compréhension des phrases : proche du niveau d’âge réel Production de structures syntaxiques Morphologie régulière (verbes, pluriel) Anomalies Difficultés pour compréhension des structures complexes Morphologie irrégulière Difficultés morphosyntaxiques spécifiques : en français, genre grammatical (Karmiloff-Smith et al., 1997)
Profil contrasté des compétences langagières Dissociations intra-domaine : morphologie régulière relativement préservée mais organisation et/ou récupérations lexicales atypiques Cadre théorique d ’interprétation (Clahsen & Almazan, 1998) Deux systèmes dissociés un système de computation (formes régulières) un système de récupération lexicale associatif (irrégulières) Hypothèse : patients SW avec déficit pour récupérations lexicales
Pourquoi le genre grammatical ? Système d’accord application des règles morphosyntaxiques Système de catégorisation lexicale processus de récupération d’instances lexicales Évaluation du cadre interprétatif de Clahsen & Almazan (1998)
Le genre : un système d’accord Noms catégorisés en deux classes : masculin et féminin Règles morphosyntaxiques d’accord en genre Articles et adjectifs accordés en genre au sein d’un syntagme vertefem bureaumasc lemasc vertmasc / tablefem lafem
Le genre : un système de catégorisation 2 catégories : masculin & féminin Pour les noms ayant des référents sexués, le genre grammatical correspond au genre naturel garçon masculin / fille féminin Pour la grande majorité des noms (90%), pas de principe sémantique bureau masculin / table féminin le genre grammatical est largement arbitraire Terminaisons nominales associées à une classe de genre -ette associée au genre féminin (98%) -eau associée au genre masculin (98%)
Sensibilité aux associations terminaison-genre Tâche de catégorisation en genre : ‘ un ’ ou ‘ une ’? Noms réguliers ‘cigarette’ / irréguliers ‘squelette’ Catégorisation plus rapide et plus précise pour noms réguliers Noms inventés ‘coumette’ choix de genre corrélé à la fréquence d’association Term-Genre dès 4 ans et augmente avec l’âge Dès l’âge de 4 ans, l’enfant francophone manifeste des compétences dans le traitement du genre : - assignation et accords - sensibilité aux informations de genre portées par les terminaisons Genre grammatical et syndrome de Williams ?
Etude de Karmiloff-Smith et al. (1997) Etude de deux traitements liés au genre grammatical : - Accord en genre des déterminants et adjectifs - Sensibilité aux terminaisons nominales Paradigme : Mots et nonmots présentés avec des images colorées Ex : ‘ ça c ’est une voiture ’ , ‘ça c’est une coumette’ Réponse : article + nom+ adjectif (accordés en genre) Ex : ‘ sous la voiture verte ’
Trois conditions Noms réels présentés avec un article ex : ‘ ça c ’est une voiture ’ réponse ‘ sous la voiture verte ’ Pas de différence significative Noms inventés présentés avec un article ex : ‘ ça c ’est une coumette ’ réponse ‘ sous la coumette verte ’ Différence significative : SW < contrôles Noms inventés présentés sans article ex : ‘ ça c ’est deux coumettes ’ réponse ‘ sous la coumette verte ’ Différence significative : SW < contrôles
Conclusions de Karmiloff-Smith et al. (1997) 1. Accord en genre : SW ont un déficit spécifique dans l’accord en genre au sein du syntagme nominal. 2. Sensibilité aux associations genre-terminaison : SW ont un déficit dans l’établissement du système probabiliste basé sur les régularités des indices formels Pas de déficit avec des noms réels utilisation des règles morphosynatxiques d ’accord en genre Conclusion soulève deux problèmes
Sensibilité aux terminaisons nominales 3ème condition : Noms inventés présentés sans article ex : ‘ ça c ’est deux coumettes ’ réponse ‘ sous la coumette verte ’ Problème méthodologique Sensibilité à la terminaison mesurée dans une tâche d’accord : assignation et accord en genre sont confondus Problème théorique Par quels processus les terminaisons nominales influencent-elles la catégorisation en genre ? Deux possibilités
Sensibilité aux terminaisons nominales 1. Par extraction des régularités dans le langage 2. Par analogie avec un mot présentant des ressemblances phonologiques pouchette ? poussette : féminin cach-ette pouss-ette cass-ette alou-ette racl-ette poch-ette maqu-ette moqu-ette -ette : féminin poussette pouchette : féminin
Objectifs de notre étude Etude des compétences en accord en genre Etude de la sensibilité aux terminaisons Quantitative Qualitative : extraction de régularités / Analogie 2 tâches utilisées Tâche de catégorisation en genre Tâche de production d’accords en genre
Accords en genre au sein d’un syntagme Produire un accord : 1. récupération du genre 2. l’application des règles ‘La voiture verte’ : classe de genre+règles d’accord 2 prédictions opposées sur les performances des SW Selon Karmiloff Smith (1997), déficit spécifique dans l’application des règles morphosyntaxiques d’accord en genre Dégradation des performances entre tâche de catégorisation et tâche d’accord, plus marquée que chez les contrôles Interaction groupes.tâches Selon Clahsen & Almazan (1998), relative préservation de la morphosyntaxe régulière. Pas d’interaction groupes.tâches
Sensibilité aux terminaisons Tâche de catégorisation en genre avec des noms inventés Ex : ‘pouchette’ : tu dirais ‘ la pouchette ’ or ‘ le pouchette ’ ? Quantitative Selon Karmiloff Smith, les SW ne sont pas sensibles aux terminaisons nominales Moins de choix de genre conformes aux terminaisons comparé aux contrôles Qualitative Par quels processus les terminaisons influencent-elles la catégorisation? Régularités ou Analogie ? Comparaison de 2 types de noms inventés - convergents : début et terminaison évoquent le même genre - divergents: début et terminaison évoquent des genres opposés
convergents: ‘serliette ’ cach-ette pouss-ette cass-ette servi-ette racl-ette poch-ette moqu-ette -ette : féminin serviette serviette : féminin serliette : féminin divergents: ‘pantalette ’ cach-ette pouss-ette cass-ette servi-ette racl-ette poch-ette moqu-ette -ette : féminin pantalon : masculin pantalon pantalette : féminin pantalette : masculin Prédictions : Extraction de régularités: pas de différence entre convergents et divergents Analogie: moins de réponses basées sur la terminaison aux divergents
Méthode Participants 10 jeunes patients atteints du syndrome de Williams 29 enfants contrôles
Tâches Tâche de catégorisation en genre 24 noms concrets 30 noms inventés convergents : ‘serliette ’ divergents : ‘ pantalette ’ terminaison seule : ‘ virmette ’ ‘ Voici lion.’ ‘On dit un lion ou une lion ?’ ‘ ça c ’est virmette .’ ‘ Tu dirais plutôt une virmette ou un virmette ? ’
Paires d’images verte et grise pour chaque item Tâche d ’accord en genre Paires d’images verte et grise pour chaque item Ex : ‘Voici deux voitures’. Où est caché le stylo? ‘sous la voiture verte’. Procédure : Tâche de catégorisation puis tâche d’accord
Résultats sur noms réels 1. Accord en genre Résultats sur noms réels Interaction Tâches (catégorisation/accord). Groupes (SW / contrôles) 2. Sensibilité aux terminaisons nominales Résultats de la catégorisation des noms inventés Quantitatif : % de rép conformes à terminaison Qualitatif : comparaison des choix de genre pour nonmots divergents/nonmots convergents
Résultats sur noms réels : Accord en genre % Réponses correctes * Interaction Groupes.Tâches non significative pas en faveur d’un déficit spécifique dans l’accord
Résultats sur les nonmots : Sensibilité à la terminaison Quantitatif : Condition ‘Terminaison seule’ % rép. conformes à la terminaison ( virmette féminin) * Effet du groupe : significatif
Résultats sur les nonmots : Sensibilité à la terminaison Qualitatif : Règles/Analogie? convergents ‘ serliette ’ féminin % rép. conformes à la term. divergents ‘ pantalette ’ féminin Interaction groupes.type de nonnots : significative
Capacité relativement préservée dans l’application des règles d’accord Conclusion 1. Accords en genre dans un syntagme nominal Pas de dégradation spécifique dans tâche d’accord comparée à la tâche de catégorisation Certaines difficultés dans récupération du genre mais même niveau relatif de performance dans l’application des règles d’accord comparé aux contrôles Capacité relativement préservée dans l’application des règles d’accord
Conclusion 2. Sensibilité aux terminaisons nominales Tâche de catégorisation en genre : conclusions opposées à Karmiloff-Smith Enfants SW plus sensibles aux associations genre-terminaison Enfants SW diffèrent des contrôles : Pas sensibles aux analogies MAIS Extraction de régularités (règles) Par opposition : contrôles ont recours aux 2 processus
Enfants atteints du syndrome de Williams - Performants dans le traitement morphosyntaxique: accord Performants dans l’extraction de régularités : terminaisons - Difficultés pour récupérations lexicales : pas d ’analogie Compatible avec proposition de Clahsen et Almazan (1998) Dissociation entre un système computationnel et système d’associations avec entrées lexicales Chez les enfants Williams : système computationnel: préservé (morpho. régulière) système associatif : déficits (morpho. irrégulière)
Méthodologique : importance du paradigme Théorique : Difficultés d’accès lexical (Temple et al., 2002) Enjeu : Comment expliquer le profil contrasté ? Deux systèmes ou un système présentant un développement atypique?
Merci de votre attention .