La formation des demandeurs d’emploi: Quelles conséquences La formation des demandeurs d’emploi: Quelles conséquences ? Quelles conclusions ? Bernard Fusulier, Lorise Moreau et Marc Zune GIRSEF, Université catholique de Louvain Agence Fonds Social Européen, Bruxelles, le 2 décembre 2009
Démarche méthodologique Des bases théoriques établissant un schéma d’analyse Support de la collecte et de l’analyse des données Collecte de données Quantitative: enquête rétrospective longitudinale Qualitative: entretiens biographiques
Schéma analytique
Stratégie d’analyse globale Du général au singulier Du descriptif à l’explicatif puis au compréhensif Du quantitatif au qualitatif
Une enquête rétrospective
Questionnaire Formation de référence Emploi après la formation Trajectoires / Parcours 2004-2007 Rapport au travail et à l’emploi Expérience du chômage Rapport aux valeurs Représentation de la trajectoire Identification, catégories socio-démographiques Origine sociale, entourage Enseignement et rapport à l’enseignement
La stratégie d’analyse quantitative Prise en compte du temps ou non? Si oui: photos ou suivi? Transition ou parcours? Survenue d’un évènement (emploi) ou succession de statuts Dépend de la question: Quelle proportion de stagiaires trouve un emploi? Quel sont les facteurs explicatifs de l’obtention d’un emploi? Quels sont les différents parcours-types avant/après la formation? Que deviennent les demandeurs d’emploi? D’où viennent ceux qui obtiennent un CDI? …
La stratégie d’analyse qualitative Objectif: 30 entretiens biographiques Femmes Analyse compréhensive Typologie basée sur la logique de formation
Principaux résultats Les parcours avant et après formation Les facteurs jouant positivement sur l’insertion dans l’emploi L’effet du temps Point de vue subjectif sur les mobiles d’entrée en formation, les obstacles et les facteurs favorables à l’emploi Une typologie de rapports à la formation Prégnance de la logique « genre »
Parcours professionnel l'année précédant la formation Groupe 1: « demandeur d’emploi de longue durée », 50% Groupe 5: « inscription dans l’emploi », 16 % Groupe 6: « demandeur d’emploi de courte durée », 9 % Groupe 2: « bénéficiaire du CPAS ou de la mutuelle », 9 % Groupe 4: étudiant-e, 8 % Groupe 3: groupe résiduel, 8 %
Parcours-types 24 mois après la formation Stagiaires non en emploi le mois de fin de la formation Groupe 1: « permanence dans le chômage »: 31 % Groupe 7: « obtention ‘lente’ d’un CDI »: 12 % Groupe 10: « obtention ‘rapide’ d’un CDI »: 11 % Groupe 4: « Parcours difficile avec finalement obtention d’un emploi »: 8 % Groupe 9: « emplois précaires »: 7 % Groupe 5: « bénéficiaires CPAS ou de la mutuelle »: 7 % Groupe 8: « obtention ‘rapide’ d’un CDD »: 7 % Groupe 6: « obtention ‘lente’ d’un CDD »: 6 % Groupe 2: « emploi avec retour au chômage »: 2 %
Principaux résultats Les parcours avant et après formation Les facteurs jouant positivement sur l’insertion dans l’emploi L’effet du temps Point de vue subjectif sur les mobiles d’entrée en formation, les obstacles et les facteurs favorables à l’emploi Une typologie de rapports à la formation Prégnance de la logique « genre »
Principaux facteurs influençant l’obtention d’un emploi Moins de 30 ans Formation initiale supérieure ou universitaire Expérience professionnelle préalable Vivre en couple avec enfant (s) Présence d’un stage lors de la formation (40% des formations)
Principaux facteurs influençant l’obtention d’un emploi - remarques Des facteurs a priori importants disparaissent dans ce type d’analyse sexe (sauf en ce qui concerne l’obtention d’un CDI) domaine de formation certification L’effet global disparaît, toutes choses égales par ailleurs, en combinaison avec d’autres facteurs MAIS, il peut exister un effet pour certains types de population
Principaux résultats Les parcours avant et après formation Les facteurs jouant positivement sur l’insertion dans l’emploi L’effet du temps Point de vue subjectif sur les mobiles d’entrée en formation, les obstacles et les facteurs favorables à l’emploi Une typologie de rapports à la formation Prégnance de la logique « genre »
L’importance du temps écoulé depuis la formation Matrices de transition (annexe 2) le statut acquis dans les 6 mois qui suivent la formation va se renforcer les mois suivants Analyse biographique (pp. 42-44) plus la durée augmente moins la probabilité est forte d’obtenir un emploi (quelle qu’en soit la définition)
Probabilités de changer de statut (ou non) par période de 6 mois
Principaux résultats Les parcours avant et après formation Les facteurs jouant positivement sur l’insertion dans l’emploi L’effet du temps Point de vue subjectif sur les mobiles d’entrée en formation, les obstacles et les facteurs favorables à l’emploi Une typologie de rapports à la formation Prégnance de la logique « genre »
Les mobiles d’entrée et de sortie dans les formations Trouver un emploi: 89 % Acquérir des compétences professionnelles: 83 % Acquérir des connaissances en général: 76 % Acquérir d’une qualification professionnelle: 72 % Acquérir des compétences qui peuvent servir dans un domaine non professionnel: 50 % Avoir une activité et occuper son temps: 48 % Ne pas subir des sanctions de la part d’organismes de contrôle du chômage: 22 % Sortie Hommes: obtention d’un emploi Femmes: idem, mais importance des problèmes familiaux, personnels, de maladie et d’incapacité Faible niveau d’instruction
Les obstacles à l’accès à l’emploi perçus comme les plus importants Les problèmes de mobilité L’âge Un secteur d’emploi bouché Un revenu insuffisant Des problèmes de santé Pour les femmes: problèmes personnels et familiaux ainsi que de garde d’enfants sont aussi épinglés
Les facteurs perçus comme favorables à l’accès à l’emploi La « motivation » personnelle 65% des répondant-e-s en font mention (41% en font le facteur majeur) Les formations suivies 42% (mais seulement 12% en font le facteur majeur) l’aide d’un organisme pour trouver un emploi est très peu reconnu (7% en font le facteur majeur)
Principaux résultats Les parcours avant et après formation Les facteurs jouant positivement sur l’insertion dans l’emploi L’effet du temps Point de vue subjectif sur les mobiles d’entrée en formation, les obstacles et les facteurs favorables à l’emploi Une typologie de rapports à la formation Prégnance de la logique « genre »
Logique 1 : Améliorer son profil Des personnes diplômées souhaitant parfaire un profil « idéalisé » Indépendance et autonomie dans les choix de formation et d’emploi Dissociation des sphères professionnelles et privées/familiales Recherche d’un emploi épanouissant et stable Le marché du travail des qualifiés est exigeant
Logique 2 : Entretenir les compétences : réparer ou réorienter sans se déclasser Des personnes ayant eu un emploi, et ayant repéré une « faille » de compétences (langues, technique particulière, confiance en soi, etc.) La formation est le remède à la faille Recherche d’un intérêt pour le contenu du travail, mais également de compromis satisfaisants avec la vie familiale
Logique 3 : Rattraper sa vie professionnelle Une entrée souvent rapide sur le marché du travail, à partir d’un bagage éducatif faible, qui appelle une reconversion Soutien de l’entourage (famille, amis, conseillers, anciens employeurs) dans l’entreprise de reconversion Recherche d’un emploi stable > intérêt au travail
Logique 4 : Une mise en conformité : se former malgré soi Une situation personnelle intriquée dans des difficultés médicales, familiales, financières, relationnelles Le suivi de formation et des recommandations des conseillers comme « mise en conformité », sans espoir personnel d’issue Dépendance et méfiance vis-à-vis des conseillers (occultation du contexte de vie réel), et développement d’une identité collective (versus l’individualisation) Un travail idéal mythifié, mais inaccessible dans les faits
Logique 5 : Une lutte désordonnée contre la vulnérabilité Alternance - apparemment déstructurée - entre emploi, formation, chômage, variant en temporalités Papillonnage entre activités à court terme, suivant les aléas de l’existence Pas de projet professionnel structurant Marché du travail informel, et fondé sur les relations inter-personnelles
Logique « Améliorer... » Logique « Entretenir... » Logique « Rattraper.. » Logique « Se conformer... » Logique « Errer... » Motif d’entrée Parfaire un profil Réparer une faille Une nécessaire reconversion Répondre aux requêtes des conseillers à l’emploi Une alternance d’emplois et de formations, sans structure établie Bagage scolaire Elevé (supérieur) Moyen Faible au départ Faible Inconséquent Rapport à la formation Formation gérée de façon autonome, alliant soif d’apprentissage et constitution d’un profil plus équipé Une identification précise de ce qui fait défaut ; la formation comme remède précis Nécessité de retrouver une nouvelle identité professionnelle Peu d’espoir dans les chances d’aboutissement ; une organisation des formations critiquée Une logique de « papillonnage » entre formations, sans implication ni adhésion Réflexivité / rapport à autrui Initiative personnelle, autogestion du parcours, soutenue par un entourage « habilitant ». Déconsidération des conseillers à l’emploi. Réflexivité personnelle, quelque fois aidée par les conseillers emplois Réflexivité des intervenants, mais présence d’autrui qui soutiennent l’investissement et l’effort personnel (famille, amis, professionnels) Situation de dépendance et de méfiance vis-à-vis des conseillers qui orientent les formations à suivre Une situation personnelle traversée de phases de stabilité et d’instabilité dans les relations à autrui. Articulation entre la vie professionnelle / vie privée Une abstraction des aspects familiaux dans la recherche d’emploi (dissociation des sphères) Evaluation des possibilités d’implication dans le travail à l’aune des impératifs familiaux Un emploi qui permet une présence normale dans la vie de famille Un contexte familial nécessitant présence soutenue, et jugé rarement compatible avec l’occupation d’un emploi Une vie privée instable, sans principe a priori structurant Rapport travail/emploi Source d’épanouissement personnel / recherche d’un emploi stable (CDI) Recherche d’un intérêt pour le contenu du travail, malgré les emplois peu stabilisés La stabilité de l’emploi prime sur l’intérêt au travail Un travail idéal mythifié, mais inaccessible dans les faits Un projet professionnel inconsistant Vision du Marché du travail Exigences importantes du marché du travail qualifié Marché du travail existant, mais sélectif Volonté d’accéder au marché du travail « qualifié », porteur d’emploi Perception négative d’un marché du travail « fermé » Marché du travail fondé sur les relations inter-personnelles (voire informel)
Remarque sur la perception des conseillers emploi L’étude qualitative révèle que la perception des conseillers emploi diffère selon la logique de formation: conseillers emploi peu reconnus logique d’« amélioration de son profil » conseillers emploi valorisés Logique d’« entretien des compétences » logique de « rattrapage par bifurcation » agents vus dans une perspective de contrôle menaçant, dont l’efficacité est mise en doute logique de « mise en conformité » logique de « lutte désordonnée contre la vulnérabilité »
Questionnement sur les finalités attendues de la formation Des logiques variées qui génèrent une réflexion sur les finalités attendues de la formation En fonction des profils et du type d’articulation formation/emploi/vie privée, les formations peuvent être considérées comme: directement en lien avec l’emploi source de connaissance relativement déconnectée d’une transposition directe dans un emploi
Questionnement sur les finalités attendues de la formation Dans les situations où l’emploi semble lointain, quel statut et valeur faut-il conférer à la connaissance ? Ou encore, la séparation entre une logique éducative, longue et diplômante, et une logique formative tient-elle encore à l’épreuve des trajectoires individuelles ? Ne serait-il pas utile pour des parents, notamment pris dans un parcours de permanence du chômage, de ne pas indexer le suivi de formations uniquement à l’échelle d’une remise à l’emploi rapide, mais de considérer également le rapport à la connaissance comme utile dans la poursuite d’objectifs privés et familiaux ?
Principaux résultats Les parcours avant et après formation Les facteurs jouant positivement sur l’insertion dans l’emploi L’effet du temps Point de vue subjectif sur les mobiles d’entrée en formation, les obstacles et les facteurs favorables à l’emploi Une typologie de rapports à la formation Prégnance de la logique « genre »
Des différences de genre Mobiles d’entrée en formation Domaines de formation: des « parois de verre » et une segmentation horizontale prégnantes: bâtiment, mécanique, espaces verts et formations de chauffeurs plutôt masculins secrétariat, formations de remise à niveau, soins de santé, nettoyage et aide familiale, etc. significativement féminins Raisons d’abandon de la formation: Eléments importants d’un travail: « Pouvoir articuler l’emploi et la vie familiale/privée » 5e position (7e chez les hommes) « Ne pas risquer le chômage » 11e position (8e chez les hommes) Valeurs: La valeur « famille » précède davantage la valeur « travail » Les entretiens auprès de femmes montrent combien, lorsqu’elles sont en situation de charge parentale, celle-ci devient prioritaire dans le rapport à l’emploi et à la formation