LES BASES DE LA TRACUTOLOGIE Conférence IV La traduction écrite
Plan du cursus: 1 La compréhension 2 Les ambiguïtés de sens 3 Les étapes de la traduction
Sources bibliographiques: Lederer M. La traduction aujourd’hui. P.,1994. Selescovitch D. Langage, langue et mémoire. P., 1990. Israel F., Lederer M. La théorie interprétative de la traduction – Genèse et développement. Vol.I, Paris-Caen, Lettres modernes, Minard, 2005.
Sources Delisle J. L’analyse du discours comme méthode de traduction, Ottawa, 1984. Oséki-Dépré I. Théorie et pratique de la traduction littéraire. P., 1999. Steiner G.Après Babel.P., 1998. J.-C.Gémar. Traduire ou l’art d’interpréter. Otawwa, 1995. Schleiermacher F. des différentes manieres du traduire. Paris, Seuil, 1999.
1. La compréhension. Comprendre un texte signifie faire appel à une compétence linguistique et simultanément à un savoir encyclopédique. La compréhension est une activité globale difficilement divisible en phases distinctes. On distinguerait par commodité et coventionellement deux composantes de la compréhension : linguistique encyclopédique
suite La compréhension / la composante linguistique équivaut à la connaissance de la langue du texte. Le savoir linguistique est conservé dans la mémoire sous sa forme verbale, il s’enrichit tout au long de la vie d’acquisitions lexicales dont certaines s’oublient et d’autres sont plus durables. Chez l’adulte la forme lexicale est fluctuante, tandis que les autres sous systèmes de la langue comme prononciation, morphologie, syntaxe sont acquis définitivement dès l’enfance.
suite Les connaissances linguistiques font partie du bagage cognitif du traducteur /interprète et elles sont indispensables à la compréhension des textes et à leur réexpression, réverbalisation. Le problème de connaissance parfaite de deux langues est largement discuté par les savants. Le phénomène du bilinguisme parfait est carrément contesté dans la littérature scientifique.
suite Georges Steiner dans son ouvrage renommé « Après Babel » affirme « qu’il a une triple identité », qu’il n’a pas le moindre souvenir d’une première langue. G.Steiner se sentait à l’aise aussi bien en anglais, qu’en français et en allemand. Nous croyons pouvoir distinguer deux types de bilinguisme: natif (la situation sociolinguistique en Moldova, Belgique, Suisse etc) et acquis (professionnel) (le cas des traducteurs et des interprètes).
suite G.Steiner est d’avis que seul un bilingue ou trilingue qui a acquis les langues consciemment peut subvenir aux taches de la traduction. Les polyglottes natifs ne peuvent pas s’en acquitter.
suite Friedrich Schleiermacher: les polyglottes – « ces maitres admirables qui se meuvent avec aisance entre deux ou plusieurs langues, pour eux une langue apprise parvient à devenir plus naturelle que la langue maternelle » J.-R.Ladmiral: «Le bilinguisme – une sorte de bigamie linguistique due à la jouissance quotidienne».
suite La composante encyclopédique - la somme des connaissances variables et variées restant non explicités pendant la traduction écrite ou orale. Les notion d’implicite et d’explicite sont étroitement liées à la traduction. Par exemple, si nous affirmons: Pierre a cessé de fumer. On peut sous-entendre: Actuellement Pierre ne fume pas. Pierre fumait auparavant, mais aussi: Tu ferais bien de suivre l’exemple de Pierre (en dépendance du contexte).
suite L’implicite peut avoir trait à l’intentionnalité – Seleskovitch cite l’exemple de la réplique « La porte » lancée dans un bus. Cela peut vouloir dire: fermez la porte, ouvrez la porte etc. L’intentionnalité peut être explicitée lors de la traduction, fait qui est réalisé force à la situation communicationnelle.
suite La compréhension a lieu grâce à la sensibilisation de la symbiose sémantique des explicites et des implicites. Les implicites servent autant pour l’interprète que pour le traducteur à mieux comprendre le texte. Mais le traducteur doit traduire seulement ce qui a été dit ou écrit. Souvent les discours des personnes sont très elliptiques et les textes écrits sont très encodés du point de vue du sens explicite. C’est là que les traducteurs et les interprètes mettent en marche leurs « boites noires » pour réaliser le « salto mortale ».
2. Les ambiguïtés de sens Selon Seleskovitch, l’ambiguïté de sens c’est la situation où le seul contexte verbal ne suffit pas à imposer un sens unique parmi plusieurs significations possibles. Mais les partisans de la théorie du sens croient que le problème des ambiguïtés de sens est un faux problème au niveau du texte, par contre, il existe au niveau de la langue. Quand le sens est actualisé dans la chaîne parlée ou écrite, le phénomène de l’ambiguïté est exclu à peu près dans la plupart des cas.
suite Si une confusion d’ambiguïté se présente, elle est due, d’habitude, à la connaissance insuffisante des langues. Ex.: Les travaux de bonification ont déjà commencé. Bonification – 1) remise, réduction du prix; 2) arrosage artificiel de la terre. Le problème des ambiguïtés existe réellement pour l’ordinateur qui fait la traduction automatique. Ex.: The chicken are ready to eat.; Les poules couvent au couvent. ; Je vais vous dire la vérité toute nue.
suite Il existe des cas où les ambiguïtés sémantiques sont utilisées par les auteurs des œuvres littéraires de manière expresse. C’est l’exemple des jeux de mots, par lesquels l’auteur crée des situations comiques, en mettant en valeur la confusion dans une situation communicative. Ex: Marcel Pagnol, la pièce « Topaze », les lexèmes: commission, s’exécuter, râler.
3. Les étapes de la traduction L’expression écrite correspond à une forme de communication contrôlée, affirme M.Lederer. Eugène Coseriu, considérait qu’au-delà de la faculté de langage, propre à tous les hommes, et la maîtrise d’une langue maternelle donnée, il existe également la capacité de rédiger un texte. Le traducteur la possède obligatoirement. Comme dit Jean Delisle dans son livre « L’analyse du discours comme méthode de traduction », Ottawa, 1984, « le traducteur est l’auteur non-inspiré qui, faute d’être maître du contenu, est maître de l’expression. »
suite Edmond Cary affirmait de son coté: « Le texte écrit est un discours cadavérique », ayant en vue que le sens de l’écrit se dégage moins facilement que le sens de l’oral. L’écrit est plus prétentieux envers la forme de la réexpression que l’oral. Si dans un discours spontané (en vertu de son évanescence) on se permet de commettre des répétitions non-motivées, des fautes de phraséologie, l’écrit ne tolère pas cela.
suite Jean Delisle et Lorence Bastit ont postulé l’existence de quelques étapes importantes dans la traduction d’un texte écrit. Nous en présentons une synthèse: I - lecture – imprégnation du texte. II - réflexion sur les difficultés. III - relecture rapide du texte. IV - la traduction comme telle du texte - réexpression du texte dans la langue d’arrivée, réverbalisation. V - Lecture de la traduction comme d’un original. VI - lecture du texte traduit à un natif.
suite Jean Delisle parle encore d’une étape importante dans le processus de traduction, et notamment, l’analyse justificative. Ayant traduit le texte, le traducteur devient lecteur de sa propre traduction, juge de celle-ci. Il vérifie si le texte ré-exprimé est suffisamment adapté au nouvel univers de connaissance et de sensibilité auquel il s’adresse.
suite J. Cl. Gémar appelle la traduction écrite art de rédiger. Dans la reformulation du texte d’arrivée il n’est pas correct de prétendre d’une manière tranchante que la forme importe peu, seul le message compte. La place d’un mot dans une phrase, l’ordre de l’énonciation n’est jamais asémantique, ou, plutôt, il porte un caractère emphatique prononcé . EX. Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. D’amour ,Marquise, vos beaux yeux me font mourir Vos beaux yeux marquise, d’amour me font mourir.
suite D’amour marquise me font mourir vos beaux yeux. Me font mourir d’amour marquise vos beaux yeux… Il y a 99 combinaisons possibles de cette phrase tiré de la comédie de Molière « Le bourgeois gentilhomme » Il est très important pour un traducteur de savoir rédiger correctement sa traduction. La rédaction constitue souvent un champ d’activité pour des équipes spéciales dans des entreprises de traduction. Il existe des sociétés des rédacteurs (ONG) dans certains pays.
Devoir Dissertation: Selon vous l’étapisation du processus de la traduction est un support pour le traducteur ou pas?. Conditions: 1 page A-4, Times New Roman, caractères 14, espace 1,5. Envoi par e-mail à l’adresse agutu@ulim.md