Mémoire, vulnérabilité et évaluation de la crédibilité chez les demandeurs dasile Janet Cleveland, LL.L, M.Sc., Ph.D. Psychologue et chercheure Université

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Car il n’y a pas de mal à préférer le bonheur par Nicolas Sarrasin
Advertisements

Intervention chez les enfants
La détention des demandeurs d’asile et autres non-citoyens au Canada
Analyse des AT Méthode : Outils : Outil qui permet de déterminer
D ’après P . Chailler, F.D.Q.S 1987 par Patrick JJ Daganaud
Pierre Lamy Psychologue
Révision des Traumas de Type I et Type II
Module 5: Programmation et protection. Objectifs Identifier certains des effets négatifs et positifs que les programmes peuvent avoir sur la protection.
QUESTIONS 1. Pourquoi seuls certains produits induisent-ils une dépendance ?  Que font ces produits sur l’activité cérébrale ? 2. Pourquoi seuls certains.
Anne Frésard AG COREVIH 14 avril 2011
Introduction TCC.
Analyse fonctionnelle de l’agoraphobie
patients en ambulatoire
Réunion avec les orthophonistes 17 octobre 2006
OBSERVANCE THERAPEUTIQUE
Louis Crevier, MD Neurochirurgien pédiatrique 6 septembre 2013
L’intervention de crise auprès des hommes suicidaires
Prise en charge psychologique en post-hospitalisation
"Le rôle du médecin de famille aux cours de l'évolution démentielle".
Management du stress Gilles BORD 01/06.
Les fluctuations du sommeil influencent-elles l’apprentissage?
Le stress et travail.
Nouvelles approches sur le stress au travail E. Kevin Kelloway, Ph.D. Professeur de gestion et de psychologie.
Les fondamentaux de la relation abonné
Espace Investigation Prévention Accompagnement du Stress
L'USURE DE COMPASSION: Quand le stress des autres vous ronge
Prise en charge psychosociale des victimes de violence sexuelle et des victimes d’accident d’exposition au sang.
Présenté par Isabelle Vézina inf. M.Sc.
Améliorer l’identification des patients en milieu hospitalier
Manuel de formation PNUEThème 13 Diapo 1 Objectifs de lÉtude dImpact Social (ÉIS) : F analyser la façon dont des propositions affectent les personnes F.
Stage du 12 au 16 septembre Manifestations des difficultés dapprentissage Difficultés en lecture Difficultés à utiliser des stratégies cognitives.
Les étapes de changement de comportement (Prochaska)
Toute école de chaque commission scolaire accueille une clientèle avec des besoins particuliers en lien avec un handicap ou des difficultés spécifiques.
Du normal au pathologique
Le harcèlement moral 8- Diagnostics
Les modèles de la cognition Mémoire et apprentissage
Cours 8 La motivation scolaire. Objectifs: à la fin du cours vous aurez établi une définition opérationnelle de la motivation. aurez pris connaissance.
Plan 1. Pourquoi faut-il se préoccuper du Tabac 2. Risques liés au tabac 3. De linitiation à la dépendance chez les adolescents. 4. Aspects spécifiques.
Quelques drogues de consommation illicite
Les rapports cliniques sur les demandeurs d’asile traumatisés et la Directive sur les Personnes Vulnérables de la CISR Janet Cleveland, Ph.D. Chercheure.
Motivation : la dépendance
La détention des demandeurs dasile et autres non-citoyens au Canada Janet Cleveland, Ph.D. Centre de recherche du CSSS de la Montagne et Chaire Oppenheimer.
COUNSELING ET DEPISTAGE VOLONTAIRE ET ANONYME Renforcement des capacités Denis da Conceiçao – Courpotin 1DU BUJ 10 au 14 Nov 2008.
Atelier n° 36 L'art de débriefer en 2012
À ma fille Kathleen et à la mémoire de son chat Moumoune.
Pour être efficace dans son travail, il faut être bien organisé.
Cognition 5 grandes notions : Attention, concentration, ressenti, mémorisation, logique, verbalisation. Attention : pour encoder Concentration : pour aller.
Sujet : Faut il légaliser le chanvre Indien ?
Du traumatisme crânien aux traumatismes psychiques Intérêt de la thérapie EMDR pour aider les aidants des blessés cérébraux à « digérer » leurs vécus.
TROUBLES ANXIEUX L’anxiété est une émotion normale et indispensable
Le Plan d’Accompagnement Personnalisé
Projet pour un festival des sciences Entrez le titre du projet ici Votre nom Nom de votre professeur Votre école.
Les traumatismes crâniens représentent l’étiologie la plus fréquente des troubles de mémoire de l’adulte, Mais les traumatisés crâniens ne sont pas.
Le stress MVA 11.
Copyright HEC 2004-Jacques Bergeron La mesure du risque Lier la théorie et la pratique Jacques Bergeron HEC-Montréal.
Unité 5 La gestion du temps.
Par Dominique Imbeau, juin 2014
Ecrire et comprendre au CP Janvier La compréhension Les processus à exercer ….. F MIRGALET.
Mission Mathématiques IA76
Répondre à des questions: choisir des stratégies
MOTIVATION ET PERFORMANCE
PROFESSEUR PHILIPPE CORTEN ULB KINSHASA 2015 LE TRAUMA & SES CONSEQUENCES.
Gestion du temps Par : Miss.Nadia-ZAID
LES ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION SÉANCE III.
E TRE ACCRO A INTERNET. SOMMAIRE Définition. Comment devient-on addict? Les symptômes Comment se faire aider? Définition. Comment devient-on addict? Les.
CONSÉQUENCES PSYCHOLOGIQUES D’UN PASSAGE EN SOINS INTENSIFS Centre Hospitalier Universitaire et Psychiatrique de Mons-Borinage François Maurage Chercheur.
Formation mars  L’entretien d’explicitation est un entretien qui vise une description aussi fine que possible d’une activité passée, réalisée par.
La maladie d’Alzheimer
EMOTIONS Théorie de la Persuasion et Gestion de la Marque.
Accidents Biochimiques. Composition de l’air Azote, oxygène, dioxyde de carbone. Chaque gaz est toxique à partir d’une certaine pression partielle.
Transcription de la présentation:

Mémoire, vulnérabilité et évaluation de la crédibilité chez les demandeurs dasile Janet Cleveland, LL.L, M.Sc., Ph.D. Psychologue et chercheure Université McGill

Mémoire: de lencodage au récit Pas un enregistrement vidéo! Attention – ressource limitée Majorité des informations pas encodées Centrée sur ce qui est important Perception Interprétation Attentes, stéréotypes, connaissances Le temps: peu mémorisé Date/heure/durée: Inférées, pas perçues Secondaire

Encodage en contexte de stress élevé Émotions intenses Rétrécissement du champs attentionel Centré sur les éléments essentiels au dépens des éléments secondaires Weapon focus Peur/horreur très intenses Peut empêcher lencodage même déléments essentiels

Étude: Interrogatoire - entraînement militaire Militaires américains Détention en Mock POW camp – 12h 2 interrogatoires (40 min – 2 personnes) Stress élevé – agression physique Stress faible – hostile sans agression physique Identification des agresseurs (lendemain) Stress faible: 30% se trompent Stress élevé: 60% se trompent

Autres études – peur et encodage Étude: Vaccination - étudiants Identification de linfirmière: 41% Identification dune personne qui prend le pouls (2 min. après): 66% Étude: Horror Labyrinth Identification de la personne épeurante - Individus + anxieux: 17% correct - Individus - anxieux: 75% correct

De lencodage au récit Mémoire: dynamique Lessentiel est mieux retenu, les détails secondaires sestompent - Même pour les souvenirs traumatiques Raconter les événements les transforme en un récit cohérent Combler les trous – scripts et inférences Incorporer de nouvelles données – confusion quant aux sources Événements répétés: consolidation Hypermnèsie – souvenirs additionnels

Récit: Effet du contexte Anxiété trop intense lors du récit Augmente la confusion, les omissions, lincohérence - Même pour les informations neutres Débordement des capacités cognitives Pire pour les individus anxieux/déprimés Nuit à lévaluation de la crédibilité Essentiel de réduire le niveau de stress Stereotype threat

PTSD et mémoire: divergences Amnésie? Traumatisme crânien ou VIH/SIDA Effet du PTSD sur la mémoire: deux écoles École 1. Plus de contradictions et dincohérence Peur extrême peut empêcher lencodage Dissociation peut modifier les perceptions École 2. Peu dimpact négatif sur la mémoire SAUF en cas de dissociation importante

PTSD et mémoire: consensus Souvenirs intrusifs, cauchemars (pf flashbacks) - Involontaires, vifs, bouleversants - Évitement des souvenirs traumatiques et des déclencheurs Peut causer confusion, omissions, réticences, anxiété Audience CISR peut être déclencheur Réticence à divulguer trauma (surtout sexuel) - Parfois réticence à consulter psy

PTSD et mémoire: consensus (suite) Insomnie et autres problèmes physiques Problèmes de concentration Parfois: Symptômes dissociatifs (déréalisation, dépersonnalisation, etc.) Lors du trauma: distorsions perceptuelles (temps, etc.) Après: moments dabsence, confusion Surtout: impact négatif+++ du stress de laudience

Dépression – impact sur le témoignage Dépression modérée ou sévère Problèmes dattention et de concentration Réponses au ralenti (peut être perçu comme un manque de sincérité) Insomnie – nuisible pour la mémoire et la concentration Désespoir, tendances auto-punitives

Directive 8 – Personnes vulnérables Pourquoi limiter aux cas les plus sévères? Adaptations procédurales Permettent de mieux évaluer la crédibilité Diminuent linterférence du stress Questionner la personne vulnérable Manuel de formation de la CISR sur les victimes de torture (pp ) Directive 8, art. 10

Rapports psy: fonctions principales 1.Incapacité à comprendre les procédures Représentant désigné 2. Capacité diminuée à présenter son cas Adaptations procédurales Évaluation de la crédibilité - effets probables de létat mental sur la cohérence, la confusion, le retard de divulgation, les omissions, etc. 3. Compatibilité trauma/symptômes: plausibilité 4. Impact négatif du renvoi au pays dorigine 5. Capacité de rechercher protection de létat

« Notre mémoire se modifie avec le temps. On oublie des circonstances, on confond les dates, on mélange les attaques, on se trompe sur les noms, […].Toutefois on se souvient de tous les moments terribles que lon a vécus personnellement, comme sils sétaient déroulés lannée dernière. Avec le temps, on garde des listes de souvenirs très précis; […] ils deviennent de plus en plus véridiques, mais on ne sait pas les ordonner dans le bon sens » Jeanette Ayimkamiye, survivante du génocide rwandais - citée par Hatzfeld, Dans le nu de la vie