Cadre thérapeutique, isolement et contention UE 4.4.S4 NHJ - Vmo IV
Objectifs du cours Référence: MORASZ Laurent, L’infirmier en psychiatrie, Masson, Paris, 2004. Comprendre le sens d’un cadre thérapeutique Comprendre la pratique de l’isolement thérapeutique et de la contention
Le cadre thérapeutique Sens symbolique du cadre Institutionnel Soutenir Protéger Sécuriser Permanence Lois, règles et règlements qui doivent être énoncés
Le cadre thérapeutique: règles et règlements « organisateur social » Structure le quotidien Garants du respect des droits et des personnes
Le cadre thérapeutique: les théories de soin, la place des soignants Politique et théories des soins Cadre plus ou moins souple Place des soignants dans le soin
Le cadre thérapeutique: politique et théories de soin, la place des soignants Structure de soins… Intégration implicite de la politique de soins Théorie humanisme Clinique du sujet Organisation managériale du soin Rentabilisation Coopération… Influence sur le cadre thérapeutique
Le sens du cadre thérapeutique Intérêt du cadre, des règlements définir des limites (temps, lieux…) signifier à la personne qu’elle fait partie d’un groupe Le cadre est thérapeutique car : Il permet le soin Il est contenant Il définit les limites
Le sens du cadre thérapeutique Fixe Phénomène repérable à l’intérieur Ritualisation Malléabilité Tangible Pas de rigidité PARADOXE RECHERCHE DE SENS
Le sens du cadre thérapeutique Réflexivité S’interroger Analyser les principes et les fondements
Le sens du cadre thérapeutique Tiers entre le soignant et le soigné Intégration des lois et limites Travail sur le réel
La pratique de l’isolement en psychiatrie Cellule, chambre de réflexion, chambre d’isolement… Espace de soin aménagé selon des normes précises: fermeture à clé, dispositif sanitaire, lit scellé, angles arrondis, présence d’une vitre pour la surveillance, fenêtre fermée à clé, matelas ininflammable.. caractère de soins intensifs
La pratique de l’isolement en psychiatrie Pratique règlementée Prescription médicale inférieure ou égale à 24 heures Renouvellement possible après évaluation
Buts de la chambre d’isolement Prévenir ou limiter : Les passages à l’acte auto ou hétéro agressifs Les risques de conduite suicidaire Un état d’agitation ne cédant pas aux autres mesures thérapeutiques. Des manifestations délirantes très productives ne laissant pas de prise au soin. Poser des limites chez certains patients.
Fonctions thérapeutiques de l’isolement Effet protecteur Effet contenant Diminution des stimuli Pare excitation par l’interposition des soignants
Considérations éthiques La chambre d’isolement est l’ultime recours La connaissance du patient doit permettre de trouver des mesures apaisantes et sécurisantes en évitant la chambre d’isolement. Un infirmier ne peut pas décider seul de l’isolement
Ethique et indication thérapeutique Une équation bénéfice/risque pour le patient doit aider à la prise de décision L’indication doit être pensée en terme clinique et psychopathologique. Les conséquences en terme de souffrance sont prises en compte Elle doit faire l’objet d’une prescription médicale par un médecin de l’unité Si l’isolement persiste, la mesure doit faire l’objet d’une décision clinique réfléchie La mesure doit s’inscrire comme une modalité temporaire dans le projet de soin Des protocoles d’indication et de surveillance doivent être élaborées
La réflexion en équipe Une réflexion générale doit être menée en équipe sur la politique de prévention et de gestion de ces situations Une réflexion est à mener quand les équipes expriment leur difficulté à contenir les débordements Après un isolement difficile, les équipes ont besoin d’un débriefing pour évoquer leur vécu émotionnel Une analyse clinique de l’événement est nécessaire (après coup) pour rechercher les causes (au niveau du patient, dans la prise en charge…) et repérer les facteurs de risque.
La prise en charge infirmière Le soignant doit donner des explications claires sur le motif de l’isolement au moment où il a lieu Parfois le patient accepte et se rend accompagné dans sa chambre D’autre fois, une contention est nécessaire avec intervention en nombre Il faut savoir préserver l’intervention d’un caractère agressif, violent, intrusif Des techniques de communication verbales et non verbales sont nécessaires: utiliser les attitudes de la relation d’aide
La prise en charge infirmière Il est important qu’un soignant se détache pour mieux organiser l’intervention et repérer les risques de dérapage. Les infirmiers appelés en « renfort » souffrent souvent de l’image véhiculée par leur aide. Il faut prendre en compte ce vécu. Le personnel féminin peut participer, dans le sens d’apporter un apaisement quand cela est possible.
La prise en charge infirmière Dans la chambre, le patient doit enlever vêtements, bijoux… Tout ce qui peut être dangereux doit être retiré Des vêtements confortables sont donnés pour faciliter le repos Il est utile ensuite de reprendre brièvement le motif de l’isolement, sa durée, ce qui peut y mettre fin éventuellement Informer le patient sur le protocole de soin qui s’ensuit (droit de visites, traitement, repas…)
Prise en charge infirmière, surveillance La porte est ensuite fermée à clé, après s’être assuré de la sécurité du patient S’il y a contention sur le lit, il faut en respecter les règles de sécurité et de confort Observer le comportement du patient, être attentif aux signes physiques, somatiques, psychologiques… La surveillance somatique est renforcée : surveillance liée aux traitements administrés, surveillance de l’hydratation, constantes
La surveillance du patient Etablir une relation d’aide avec le patient. Eviter des échanges trop longs en début d’isolement. Ne pas aborder les causes de la mise en isolement trop tôt. Le rassurer, lui parler lors des différents passages dans la chambre, donner des repères (les visites au minimum sont toutes les deux heures en principe). Ne pas aller seul en chambre d’isolement, quelque soit le motif. Il y a toujours un facteur de risque à prendre en compte.
Rôle infirmier auprès de la personne en isolement Respect de la distance professionnelle Surveillance Hydratation Alimentation Elimination Psychologique Somatique Physique Utilisation d’un plateau « sécurisé » lors des repas Pas de couteau ou fourchette en métal Pas de verre Assiette et bol en matériau incassable
Rôle infirmier auprès de la personne en isolement Etre présent lors du repas Etre présent lors de la toilette Respect dignité Surveillance des constantes Surveillance de la température de la pièce Assurer l’hygiène de la chambre Vérifier les dispositifs de fermeture des portes et des fenêtres Penser à faire fumer la personne (accord du médecin)
Rôle infirmier auprès de la personne en isolement Observations et transmissions Évaluer l’état de santé Décider de la poursuite ou de l’arrêt de la mesure d’isolement Critères d’observation Réponses aux consignes Capacité à supporter la frustration Comportement durant les soins Niveau d’agitation Contenu du discours
La sortie de la chambre d’isolement L’évaluation clinique en équipe permet au médecin de prendre cette décision, avec l’équipe. Après la sortie, il faut reprendre les faits, les circonstances. Cet événement est à prendre en compte dans la suite de la prise en charge.
Complications et risques Tentative de suicide Agitation Automutilations Troubles du comportement Repli sur soi Mutisme …
La contention Il s’agit d’une prescription médicale. Elle peut être indiquée pour un état d’agitation, de violence, alors que d’autres mesures ont été mises en échec. L’intervention doit veiller au respect de l’estime de soi et de la dignité du patient. La collaboration entre le médecin et l’équipe soignante doit être soutenue.
Les moyens de contention Attaches des poignets et chevilles. Maintien par la taille avec un dispositif de ceinture. Le matériel doit être vérifié régulièrement et prêt pour une urgence. Ne pas utiliser les draps. Les objets potentiellement dangereux doivent être enlevés Les points d’attache doivent laisser la peau dans un état normal, il ne doit pas y avoir de douleur.
La contrainte: entre souplesse et fermeté Pour que ces actions puissent avoir une légitimité, les soignants doivent avoir une attitude particulière : la fermeté souple. La souplesse permet d’accueillir le patient avec le mode d’expression de son symptôme sinon perte de liberté transférentielles et peu de place au déploiement des contenus internes du patient. La souplesse n’est pas une position passive face à la pulsionnalité violente
La contrainte: entre souplesse et fermeté La rigidité serait une défense face à notre propre souffrance et notre épuisement, elle peut provoquer la violence du patient qui est confronté à un cadre où aucun jeu n’est disponible que le retournement de ses pulsions contre lui. Il s’agit de mettre un cadre à géométrie variable en complément d’une fermeté relative s’appuyant sur les éléments structurants du cadre