La subordination complétive FLSH / CAPES Lettres Modernes Cours de grammaire 10 janvier 2008 Jean-Paul Meyer La subordination complétive courriel : jpmeyer@umb.u-strasbg.fr
Du point de vue syntaxique, la phrase subordonnée complétive peut occuper deux positions dans la phrase principale : soit comme constituant immédiat du groupe verbal (elle est alors complément), soit comme constituant immédiat de la phrase (elle est alors sujet). © jpmeyer 2007 2
1. Proposition complétive complément (cas général) Lorsque la phrase subordonnée est un constituant immédiat du syntagme verbal, elle constitue l’équivalent syntaxique d’un groupe nominal qui serait à cette place. Elle porte alors le nom de phrase complétive ou proposition subordonnée complétive. Cette subordonnée peut être conjonctive ou non. © jpmeyer 2007 3
Elle est dite conjonctive lorsqu’elle est introduite par la conjonction que (ou un composé comme à ce que ou de ce que). Elle remplit les fonctions que le nom tient habituellement à l’intérieur du groupe verbal : complément direct du verbe (exemple 1, page suivante), complément indirect du verbe (exemple 2), complément du nom dans un SN constituant de SV (exemple 3), complément de l’adjectif dans un SAdj attribut (exemple 4). © jpmeyer 2007 4
(1) J’espère que tu ne l’as pas oubliée ! complément direct du verbe (2) Elle se plaint de ce que tu ne lui écris jamais. complément indirect du verbe (3) J’ai sa promesse qu’il le fera demain. compl. du nom dans un SN constituant de SV (4) Je suis sûr qu’il y pensera. compl. de l’adjectif dans un SAdj attribut © jpmeyer 2007 5
Quand elle n’est pas introduite par la conjonction, la phrase complétive peut être interrogative. Il s’agit toujours d’une interrogation indirecte, introduite par une conjonction (si), un pronom (ce que) ou un adverbe (où, quand). L’interrogation peut être totale (exemple 5, page suivante) ou partielle (exemple 6). © jpmeyer 2007 6
(5) Je voudrais savoir si elle restera longtemps. interrogative totale (6) Elle a oublié de préciser quand elle reprenait son train. interrogative partielle © jpmeyer 2007 7
(7) Je me rappelle comme tu étais en avance la dernière fois ! Quand elle n’est pas introduite par la conjonction, la phrase complétive peut également être exclamative. La phrase complétive exclamative (exemple 7) est elle aussi toujours indirecte, et introduite par tout marqueur exclamatif (comme, combien, si, quel, etc.) (7) Je me rappelle comme tu étais en avance la dernière fois ! exclamative © jpmeyer 2007 8
Quand elle n’est pas introduite par la conjonction, la phrase complétive peut enfin être infinitive. La phrase infinitive est construite en enchâssement indirect (exemple 8, page suivante) ou direct (exemple 9) suivant qu’elle est introduite ou non par une préposition de liaison (à, de). © jpmeyer 2007 9
(8) Ils refusèrent de rentrer à pied. construction indirecte (9) J’ai entendu Léa rentrer vers 2 heures. construction directe © jpmeyer 2007 10
(8) Ils refusèrent de rentrer à pied. infinitive coréférentielle Avec la complétive infinitive, deux cas se présentent : si le verbe principal et le verbe subordonné ont le même sujet, l’infinitive est dite coréférentielle (exemple 8) ; dans le cas contraire (exemple 9), l’infinitive est non coréférentielle. (8) Ils refusèrent de rentrer à pied. infinitive coréférentielle (9) J’ai entendu Léa rentrer vers 2 heures. infinitive non coréférentielle © jpmeyer 2007 11
2. Proposition complétive sujet (cas rare) Il existe quelques cas où la phrase complétive prend la place du syntagme nominal constituant immédiat de la phrase, donc directement liée au groupe verbal en tant que sujet. Ces cas sont plus rares parce qu’ils relèvent d’un usage recherché ou classique de la langue. © jpmeyer 2007 12
(11) Qu’il ait préféré rester chez lui aujourd’hui ne m’étonne pas. On trouve habituellement deux formes : une complétive infinitive (exemple 10) et complétive conjonctive (exemple 11) (10) Travailler plusieurs nuits d’affilée avait fini par dérégler complètement son rythme circadien. (11) Qu’il ait préféré rester chez lui aujourd’hui ne m’étonne pas. © jpmeyer 2007 13
p. complétive, complément indirect 14 2. Quelques cas particuliers a) La complétive peut dans certains cas présenter une certaine proximité de construction avec la phrase relative. Il faut veiller à ne pas confondre (12) Max se fichait complètement de ce que Léa venait de dire. p. relative, avec pronom ce en antécédent (13) Max se fichait complètement de ce que Léa l’accompagne ou non. p. complétive, complément indirect © jpmeyer 2007
(14) Il faudrait que la neige soit un peu plus abondante. b) La phrase complétive est fréquente dans les suites impersonnelles, sous plusieurs formes : conjonctive (14), infinitive (15), attributive (16) ou présentative (17). (14) Il faudrait que la neige soit un peu plus abondante. (15) Il faudra partir plus tôt. (16) Il est peu probable que le match ait lieu. (17) Voilà que ça recommence... © jpmeyer 2007 15
c) Il faut également clairement distinguer la complétive qui se trouve en tête de phrase à la suite d’un détachement (18), de celle qui se trouve en position de sujet (19). La première reste un complément. (18) Que le type était sorti en courant de la bijouterie, le témoin l’avait juré. (19) Que le témoin ait bien pris la mesure de son affirmation n’est pas vraiment sûr. © jpmeyer 2007 16