Refuser l’oppression conformiste: Prévenir le harcèlement à l’école Éric Debarbieux, Professeur en Sciences de l’Éducation Observatoire International de la Violence à l’École. Universite Paris-Est Créteil
Les fausses évidences de la violence à l’école Vidéo, fouille des cartables et faits-divers: les approches jurassiques de la violence à l’école
Porter la parole des victimes Porter la parole des victimes? Ce n’est pas une bataille d’experts, mais un combat humain. Les enquêtes de victimation.
Les insuffisances des signalements administratifs % élèves se déclarant victimes Proportion victimes signalées extorsion 6,1 0,03 insultes 72,4 0,23 racisme 16,1 0,01 coups 23,9 0,30 vol 45,1 0,11
Un climat scolaire très positif
Des enseignants très appréciés De la même manière toutes les questions proposées pour mesurer le climat scolaire montrent un taux de satisfaction élevé. Un peu moins de 14% des élèves estiment les relations avec leurs enseignants plutôt négatives ou encore ils ne sont que 9% à se sentir mal ou plutôt mal dans leur classe. On ne peut pas dire non plus que la majorité des élèves vient « la peur au ventre » au collège : moins de 14%, ce qui est bien sûr non négligeable, disent ne pas se sentir en sécurité et 5% avoir manqué l’école par peur de la violence.
A l’école des enfants heureux…. Enfin presque….
Les microviolences répétées à l’école? Première recherche importante sur le sujet, dans des écoles norvégiennes auprès d’un échantillon de 140 000 jeunes de 8 à 16 ans (1973). Olweus donne du Bullying la définition suivante : « Abus de pouvoir agressif et systématique à long terme ». Nous n’avons pas de terme français qui permettrait de traduire exactement cette locution, que les Québécois par exemple décrivent souvent comme « intimidation ». L’essentiel réside dans la répétitivité d’agressions mineures de tous types. Nous emploierons par commodité le terme de harcèlement car il traduit bien cette idée de répétition. Le harcèlement? Une loi du plus fort exercée par l’oppression continue!
La victime est souvent isolée, plus petite, faible physiquement, des stigmates corporels lui sont attribués (couleur des cheveux, de la peau, poids, etc.). Ses préférences, ses qualités sont perçues comme des tares. Leur solitude est d’autant plus grande que les pairs ne souhaitent pas s’associer à eux, de peur de perdre leur statut dans le groupe ou de devenir eux-mêmes victimes. La caractéristique principale du harcèlement est que l’intimidation physique ou psychique se produit de manière répétée créant un état d’insécurité permanent dangereux pour la victime Débat 1: Parler du harcèlement c’est criminaliser des faits ordinaires
Fréquence du harcèlement à l’école Les recherches à l’étranger ont permis de montrer que la prévalence du bullying, variable entre les pays, oscillait dans une fourchette comprise généralement entre 4% et 6% d’élèves « harceleurs » (les bullies) et entre 6% et 15% d’élèves harcelés (les bullied). Les enquêtes de l’observatoire en France : 24 indicateurs de victimation, combinaison des victimations les plus fréquentes. Enquête écoles élémentaires (OIVE-Debarbieux/UNICEF, 2011) et enquêtes plus anciennes en collèges (2003). Enquête DEPP/MEN 2011 en collèges.
Élèves victimes de harcèlement en écoles élémentaires, en France (OIVE/UNICEF, 2011)
Du harcèlement au collège… Victimation répétée des élèves de collège – échantillon Enquête MENJVA/DEPP 2011 –
Importance du groupe racket en groupe : Près de 23% des victimes de harcèlement très sévère et 19% des victimes de harcèlement sévère en sont victimes contre 0,2 % des non-victimes de harcèlement. Si l’on veut faire image on dira que le risque d’être victime d’un racket en groupe est 95 fois plus élevé chez les victimes d’un harcèlement sévère et 115 fois plus pour les victimes d’un harcèlement très sévère que pour les élèves non victimes de harcèlement. Plus le taux de harcèlement augmente plus celui-ci est agi par un groupe : à chaque catégorie de victimation correspond pour le harcelé une universalisation de cette victimation.
Les conséquences du harcèlement Conséquences scolaires du harcèlement: DÉBAT 2 : on ferait mieux de s’attaquer à la transmission des connaissances… Conséquences en termes de santé mentale DEBAT 3 : Ces faits ne sont pas graves, ils ont toujours existé Conséquences en termes de sécurité publique DEBAT 4 : En luttant contre le harcèlement on ne s’attaque pas au vrai problème : celui de la sécurité dans les écoles
Comment se perdent les agresseurs Ttofi et alii (2011) : « dans tous les cas les harceleurs à l’école sont des enfants dans le besoin. Les stratégies d’intervention ayant pour but de mettre hors jeu le harcèlement à l’école et de promouvoir des communautés scolaires sûres sont un impératif moral ». Il n’y a pas de débat scientifique sur le « fichage » des agresseurs.
Les causes du harcèlement 1 : Les facteurs personnels 2. Les facteurs familiaux 3. Facteurs de risque socioéconomiques DEBAT 5 : Rien n’est possible sans un changement économique global ? 4. Facteurs de risque associés à l’influence des pairs 5. Facteurs de risque associés à l'école
Des principes d’action Principe 1 : Lutter contre la solitude des victimes: promouvoir l’utopie fraternelle! Principe 2 : Les agresseurs ont le droit de changer de comportement: refuser la conformité! Cela s’appelle la liberté… Principe 3 : Ne pas laisser filer le temps: combattre pour la prévention Principe 4 : La qualité d’un système éducatif ou d’une école ne peut être supérieure à la qualité de ses personnels: vouloir la formation! Principe 5 : Lutter contre le harcèlement c’est lutter contre toutes les discriminations! Cela s’appelle l’égalité.
N’oubliez jamais comment bat le cœur d’un enfant qui a peur JANUSZ KORCZAK