Les Relatives Téléchargé de www.cavi.univ-paris3.fr/ P. Samvelian
I. Qu’est-ce qu’une relative ? Propositions subordonnées introduites par un pronom dit relatif : La femme qui est assise en face de toi est ma voisine Les responsables militaires n’ont pas répondu aux questions que les journalistes leur ont posées. L’événement dont tu parles a eu lieu hier L’événement auquel tu fais allusion a eu lieu hier J’ai fouillé le tiroir où elle cache habituellement ses affaires P. Samvelian
II. Pronoms relatifs Les pronoms relatifs sont issus du vieux fond indo-européen, partiellement communs à l’interrogation et à la relativation. D’où une première ressemblance entre les relatives et les interrogatives. Nous verrons qu’il en existe d’autres. Pronom relatif simple vs. pronom relatif composé P. Samvelian
II. Pronoms relatifs Relatifs simples : qui, que, quoi, dont, où. Relatifs composés : lequel, qui s’amalgame avec les prépositions à et de pour former auquel et duquel. Contrairement aux relatifs simples, lequel varie en genre et en nombre : laquelle, lesquels, … Toutes ces formes, à l’exception de dont, sont communes aux relatifs et aux interrogatifs. P. Samvelian
III. Le rôle des pronoms relatifs Le pronom relatif assume deux rôles : Il introduit la proposition relative et, à cet égard, il ressemble à la conjonction de subordination que. C’est pour cette raison que le pronom relatif est nécessairement placé en tête de la proposition qu’il introduit. A la différence de la conjonction de subordination que, le pronom relatif assume une fonction à l’intérieure de la subordonnée qu’il introduit. Les variations dans la forme du pronom sont dues à sa fonction dans la subordonnée. P. Samvelian
III. Le rôle des pronoms relatifs Le contenu sémantique (et référentiel) du pronom relatif s’établit par sa mise en relation avec un « antécédent », d’où l’appellation « pronom ». Dans les phrases : Je ne connais pas l’homme qui parle à Marie Je ne connais pas l’homme que Marie a rencontré qui et que sont des pronoms relatifs. qui est le sujet , et que le COD de la subordonnée. Le SN l’homme est l’antécédent de ces deux pronoms P. Samvelian
IV. La relativation Définition de Muller (1996) : « On entendra par relativation le processus complexe qui permet d’obtenir, à partir d’un constituant non verbal (l’antécédent), un constituant complexe comportant à sa tête ce constituant, et, en complément, une proposition dans laquelle un des actants (au sens large : incluant les circonstanciels) est interprété comme étant coréférent à l’antécédent.» N.B. Il peut y avoir relativation sans antécédent ; nous aborderons ce cas ultérieurement (cf. Relatives substanitves). P. Samvelian
IV. La relativation La relativation comporte donc une relation anaphorique entre un antécédent (la tête du SN) et un constituant de la subordonnée. C’est cette relation qui est généralement considérée comme la caractéristique principale de ce type de subordination et qui la distingue de la subordination par une complétive. P. Samvelian
IV. La relativation La proposition relative est contenue dans la même constituant que son antécédent, le SN (ou N’’) qui a comme tête l’antécédent. L’application de divers tests de constituance montre que la relative et son antécédent forment un constituant (Attention : il reste des cas problématiques que nous examinerons plus tard). P. Samvelian
V. La fonction de la relative La contribution sémantique d’une proposition relative est comparable à celle d’un syntagme adjectival épithète. Dans les premières périodes du développement du modèle génératif-transformationnel, certains linguistes ont proposé d’établir un lien transformationnel entre les syntagmes adjectivaux et les relatives : les premiers seraient obtenus par la réduction des secondes. Un homme qui est fier de ses exploits Un homme fier de ses exploits P. Samvelian
V. La fonction de la relative Cette analyse a été écartée par la suite. Il n’en demeure pas moins que les syntagmes adjectivaux et les propositions relatives ont une fonction et un apport sémantique comparables par rapport au nom qu’ils modifient. D’où la possibilité de la coordination : Un homme relativement petit et qui portait un chapeau a été vu aux abords de l’immeuble peu après le meurtre. P. Samvelian
V. La fonction de la relative C’est pour cette raison, que les grammaires parlent généralement de la fonction adjectivale des relatives ou des relatives adjectives. N.B. Il existe des relatives qui n’ont pas cette fonction adjectivale. Ce sont des relatives substantives, que nous étudierons plus loin. P. Samvelian
VI. La relativation du sujet, du COD et de l’attribut Pour le sujet animé ou inanimé, toujours qui. Regardez l’homme qui est devant vous Regardez la toile qui est accrochée au mur Le COD et l’attribut du sujet sont remplacés par que, quel que soit leur sémantisme : L’homme que tu regardes est mon voisin La toile que tu regardes me plaît Le scientifique qu’il est ne peut pas approuver ces propos L’inversion du sujet possible, lorsque le sujet de la relative n’est pas un clitique : Je lis un livre que l’a offert ma sœur P. Samvelian
VI. La relativisation d’un SP Différence importante entre l’emploi des formes simples et composées : Les formes composées (lequel, laquelle, …) peuvent être employées de façon régulière. L’emploi des formes simples (où, dont, …) est, au contraire, soumis aux contraintes et irrégulier. P. Samvelian
VI. La relativation d’un SP Pronoms relatifs composés Indépendamment de son sémantisme (i.e. animé ou non) et de sa fonction grammaticale, un SP peut être régulièrement « relativisé » par un pronom composé. La règle est simple : Prép + SN Prép + lequel (laquelle, …). Les personnes auxquelles nous avons envoyé une invitation disposent d’un délai d’une semaine pour répondre Le mur sur lequel tu es assis va bientôt s’effondrer Sur cette photo, on voit mes amis d’enfance desquels je n’ai plus de nouvelles C’est le revolver avec lequel l’assassin a tué sa victime P. Samvelian
VI. La relativation d’un SP Pronoms relatifs simples Le recours à une forme simple n’est pas toujours possible. Plusieurs facteurs interviennent et différents cas de figures sont envisageables : Le constituant à remplacer par le pronom relatif est un SP animé. Le pronom employé est qui, précédé de la préposition introduisant le SP : Marie ne connaît pas toutes les personnes à qui Jean a envoyé une invitation Les ouvriers sur qui tu comptes pour réparer le toit ne viendront pas aujourd’hui. P. Samvelian
VI. La relativation d’un SP Pronoms relatifs simples 2. Le constituant à remplacer par le pronom relatif est un SP, introduit par la préposition de. Dans ce cas, deux possibilités sont envisageables : Comme dans le cas précédent, on peut employer qui, précédé de de, si le SP est humain. Ces amis de qui je n’ai plus de nouvelles habitaient à l’époque en Angleterre P. Samvelian
VI. La relativation d’un SP Pronoms relatifs simples La seconde possibilité consiste employer dont, indépendamment du sémantisme du SP. Dans ce cas, l’ensemble du SP est remplacé par dont : Le problème dont tu parles me semble très difficile à résoudre Ces voisins, dont je ne me souviens plus, habitaient au premier étage N.B. Nous verrons plus tard que les règles de l’emploi de dont sont en réalité plus complexes. P. Samvelian
VI. La relativation d’un SP Pronoms relatifs simples Le SP à remplacer par un pronom relatif a une valeur locative (i.e. désigne un lieu) : dans ce cas, l’ensemble du SP est remplacé par où : Cette ville où j’ai vécu pendant des années est devenue totalement méconnaissable N.B. Lorsque le SP locatif est introduit par de, le pronom relatif où est précédé de de : Le pays d’où il vient est actuellement en guerre P. Samvelian
VII. Relatives déterminatives (restrictives) vs VII. Relatives déterminatives (restrictives) vs. relatives explicatives (appositives) Le distinction entre les relatives déterminatives (restrictives), d’une part, et les relatives explicatives (appositives), d’autre part, s’appuie sur la façon dont la relative contribue à la construction du référent (ou identification référentielle) du nom (i.e. antécédent) qu’elle modifie : Les enfants qui ont moins de cinq ans ne peuvent pas rentrer en CP (relative déterminative) Marie, qui était très fatiguée, est montée se coucher (relative explicative) P. Samvelian
Relatives déterminatives (restrictives) La relative est appelée « déterminative » ou « restrictive », si elle est nécessaire à l’identification référentielle de l’antécédent : elle a une fonction de détermination ou de restriction vis a vis de l’antécédent. Elle restreint ou détermine l’ensemble des référents virtuels du nom qu’elle modifie, d’où les appellations « restrictive » ou « déterminative ». Cela implique que l’effacement d’une relative déterminative devrait modifier l’ensemble référentiel du SN où se trouvait la relative en question. P. Samvelian
Relatives déterminatives (restrictives) Comparez : 1. a. Le roman policier que je lis en ce moment me plaît beaucoup b. Le roman policier me plaît beaucoup a. Les citoyens français qui n’ont pas de passeport ne peuvent pas se rendre aux Etats-Unis b. Les citoyens français ne peuvent pas se rendre aux Etats-Unis P. Samvelian
Relatives explicatives (appositives) Une relative explicative ne joue aucun rôle dans l’identification référentielle de l’antécédent. Autrement dit, la construction du référent du SN se fait indépendamment de la présence ou non de la relative : Son cocher, qui était ivre, s’assoupit tout à coup (Flaubert) Son frère, qui ne parle pas français, a l’intention de s’installer en France P. Samvelian
Relatives explicatives (appositives) Son effacement ne modifie par conséquent pas le référent (ou l’ensemble référentiel) désigné par son antécédent : Mon frère, qui était épuisé, est monté se coucher Mon frère est monté se coucher Ce restaurant, où nous dînions fréquemment, n’existe plus Ce restaurant n’existe plus P. Samvelian
Relatives explicatives (appositives) Ces relatives peuvent être généralement remplacées par une proposition coordonnée : Mon frère était épuisé ; il est monté se coucher. Nous dînions fréquemment dans ce restaurant, mais il n’existe plus. Son cocher était ivre ; il s’assoupit tout de suite P. Samvelian
Relatives explicatives (appositives) Etant donné qu’elles n’ont pas de rôle dans la construction de la référence, elles peuvent exprimer différentes nuances circonstancielles : cause, concession, … a. Marie, qui est malade, ne sera pas présente à la réunion b. Marie ne sera pas présente à la réunion car elle est malade 2. a. Marie, qui est malade, sera néanmoins présente à la réunion b. Marie sera présente à la réunion, bien qu’elle soit malade P. Samvelian
VIII. Comment distinguer les restrictives des appositives ? A l’oral, les relatives explicatives se distinguent sur le plan prosodique : elles ont une mélodie spécifique, celle de la parenthèse. A l’écrit, on constate la même chose : ces relatives sont délimitées par deux virgules (i.e. propriétés de parenthèses ou d’incises). On peut rapprocher ces relatives des épithètes détachés. P. Samvelian
VIII. Comment distinguer les restrictives des appositives ? Attention : Il n’est pas toujours aisé de distinguer une relative déterminative d’une relative explicative. En effet, lorsque l’antécédent est parfaitement délimité par lui-même, la pause et la virgule ne sont pas indispensables pour délimiter une relative explicative : J’ai rencontré Marie qui partait en vacances Toi qui sais tout, peux-tu me répondre ? P. Samvelian
VIII. Comment distinguer les restrictives des appositives ? Les noms propres et les noms communs précédés d’un déterminant possessif sont en principe auto-déterminés. Par conséquent, les relatives qui leur sont adjointes sont a priori toujours explicatives. On peut toutefois avoir des relatives déterminatives dans ces cas, si on applique à l’antécédent un prélèvement partitif : La Marie que je découvre aujourd’hui n’est pas celle que j’ai connue il y a quelques années P. Samvelian
VIII. Comment distinguer les restrictives des appositives ? Lorsque l’antécédent est une expression indéfinie (nom commun précédé d’un déterminant indéfini), il est difficile de déterminer clairement quel est la contribution de la relative à la définition : un SN indéfini a, par définition, un référent non identifiable. Cela implique qu’une relative ayant un antécédent de ce type devrait être explicative (appositive). Cela semble être généralement le cas : Un homme, qui portait un manteau ridicule, est entré Un homme est entré P. Samvelian
VIII. Comment distinguer les restrictives des appositives ? Toutefois, certaines de ces relatives apparaissent indispensables ou essentielles dans la construction de la référence et leur suppression a pour conséquence de produire un énoncé non pertinent ou tautologique : a. Il y a des moments où l’on ne sait comment réagir b. # Il y a des moments a. Son séjour à l’étranger est une période qui a beaucoup compté dans la vie de Jean b. # Son séjour à l’étranger est une période P. Samvelian
VIII. Comment distinguer les restrictives des appositives ? La distinction entre les deux types de relatives dans ces cas-là repose sur des critères pragmatiques et est assez difficile à établir. On observe la même difficulté avec les adjectifs épithètes et certains SP modifieurs de nom. P. Samvelian
IX. Relatives substantives Il arrive que le pronom relatif qui introduit la proposition relative n’ait pas d’antécédent. On parle alors de relative substantive. Dans ce cas, c’est la relative elle-même qui donne un contenu référentiel au pronom relatif : Qui trop embrasse mal étreint Quiconque s’élèvera sera abaissé (Bible, Matth. XXIII, 12) Celui qui casse les verres les paie Je ne suis pas celui que vous croyez P. Samvelian
IX. Relatives substantives On peut établir deux classes : Les relatives dites « indéfinies » Qui vivra verra Les relatives périphrastiques Celui qui m’a appelé hier soir n’est pas ici Ce que tu cherches n’existe pas P. Samvelian
Relatives substantives a. Relatives indéfinies Ces relatives sont équivalent à un SN ou un SP : Qui a bu boira Je n’ai pas de quoi payer J’irai où vous allez Muller : « Dans cette phrase, qui ne détermine pas une personne particulière. De la série indéfinie de personnes ayant la propriété d’avoir bu, il est affirmé que chacun boira, à la manière d’une conditionnelle : si tel ou tel a bu, il boira » P. Samvelian
Relatives substantives b. Relatives périphrastiques Ces relatives constituent l’expansion d’un démonstratif (ce ou celui) de manière à former avec lui l’équivalent d’un SN ou SP. Elles ont un statut intermédiaire entre celui des relatives adjectives et des relatives substantives proprement dites. A la différence des relatives indéfinies, les relatives périphrastiques peuvent être indéfinies ou non. P. Samvelian
Relatives substantives b. Relatives périphrastiques Même si ce ou celui se comportent syntaxiquement comme un antécédent, ces relatives n’ont pas de véritable antécédent. En effet, ce ou celui, qui les introduisent, n’ont qu’un sens très général : non humain vs. humain. Le pronom relatif, comme dans le cas des relatives indéfinies, peut être considéré comme une variable dont les différentes valeurs sont déterminées par le contenu de la relative. P. Samvelian