Sq. 3 : Premiers Etats, premières écritures T-1 : LA LONGUE HISTOIRE DE L’HUMANITE ET DES MIGRATIONS Sq. 3 : Premiers Etats, premières écritures Comment naissent les premières cités-Etats et les premières écritures ?
Naissance des premières cités-Etats et des premiers Etats A. Naissance de la ville d’Ur en Mésopotamie - Localisez et datez le site à étudier - Quels sont les différents bâtiments et monuments présents sur le site ? - Quelles sont leurs fonctions respectives ? - Quel type de pouvoir politique est présent à l’époque ? - Que peut-on dire de l’organisation économique et sociale de la région ? - Que peut-on dire des croyances religieuses de ces Etats ? - Quelles sont les découvertes récentes faites par les archéologues ? Ur-Nammu, le grand guerrier, roi d’Ur, de Sumer et d’Akkad, par la toute puissance du dieu lune Nanna, seigneur de la ville, par la volonté du dieu soleil Utu, a établi l’égalité des droits sur ses terres. Il repousse les malédictions, la violence et les guerres. Il a fixé les offrandes* du temple à 5000 kilos d’orge, 30 moutons et 23 kilos de beurre par mois. Il a déterminé les unités de mesures et de poids et la valeur de l’argent. *Offrande : Cadeau fait à un dieu D’après le Code des lois du roi d’Ur-Nammu, IIIe millénaire avant J.-C. Dans quelle région du monde les premières villes et les premières cités-Etats sont-elles apparues ? Quels sont les éléments qui ont permis un tel développement ?
CODE D’UR-NAMMU rédigé vers 2100-2050 avant J.-C. Si un homme commet un meurtre, cet homme doit être tué. Si un homme commet un vol, il sera tué. Si un homme commet un enlèvement, il est emprisonné et doit payer 15 shekels d'argent. Si un esclave épouse une esclave et que ce dernier est libéré, il ne quitte pas la maisonnée. Si un esclave épouse une personne de souche (c'est-à-dire libre), il devra laisser son premier fils né à son maître. Si un homme viole le droit d'un autre et dépucelle la femme vierge d'un jeune homme, on peut tuer cet homme. Si la femme d'un homme fréquente un autre homme et celui-ci couche avec elle, on peut tuer cette femme mais cet homme peut être libéré. (§ 4 dans certaines traductions) Si un homme utilise la force et dépucelle l'esclave vierge d'un autre homme, celui-ci devra payer cinq shekels d'argent. (5) Si un homme divorce de sa première épouse, il doit lui payer une mina d'argent. (6) S'il s'agit d'une (ancienne) veuve, il doit lui payer la moitié d'une mina d'argent. (7) Si un homme est accusé de sorcellerie, il doit se plier à l'épreuve de l'eau froide; si son innocence est prouvée, son accusateur doit payer 3 shekels. (10) 1 talent = 60 mines. 1 mine = 60 shekel (1 shekel = 11 grammes d'argent)
B. Naissance de l’Empire égyptien - Localisez et datez le site à étudier - Quels sont les différents bâtiments et monuments présents sur le site ? - Quelles sont leurs fonctions respectives ? - Quel type de pouvoir politique est présent à l’époque ? - Que peut-on dire de l’organisation économique et sociale de la région ? - Que peut-on dire des croyances religieuses de ces Etats ? - Quelles sont les découvertes récentes faites par les archéologues ?
« Tout d'abord à l'aide d'un crochet de fer, ils retirent le cerveau par les narines ; ils en extraient une partie par ce moyen, et le reste en injectant certaines drogues dans le crâne. Puis avec une lame tranchante en pierre d'Éthiopie, ils font une incision le long du flanc, retirent les viscères, nettoient l'abdomen et le purifient avec du vin de palme et, de nouveau, avec des aromates broyés. Ensuite, ils remplissent le ventre de myrrhe pure broyée, de cannelle et de toutes les substances aromatiques qu'ils connaissent, sauf l'encens, et le recousent. Après quoi, ils salent le corps en le couvrant de natron pendant soixante-dix jours ; ce temps ne doit pas être dépassé. Les soixante-dix jours écoulés, ils lavent le corps et l'enveloppent tout entier de bandes découpées dans un tissu de lin très fin et enduites de la gomme dont les Égyptiens se servent d'ordinaire au lieu de colle. Les parents reprennent ensuite le corps et font faire un sarcophage de bois, taillé à l'image de la forme humaine, dans lequel ils le déposent ; et quand ils ont fermé ce coffre, ils le conservent précieusement dans une chambre funéraire où ils l'installent debout, dressé contre un mur. » Hérodote — Enquêtes, Livre II, 86
Les premières écritures A. Les pictogrammes C'est dans les restes des temples des cités d'Uruk et de Lagash (le Pays de Sumer, l'actuel Irak) qu'on retrouve les premières traces d'écriture. Elles sont datées de 3300 ans avant JC. Les sumériens utilisaient des roseaux taillés en pointe (les calames) pour tracer les signes sur des tablettes d'argile. Cette écriture était composée de pictogrammes ou signes représentant un seul mot ou concept. On a évalué que cette écriture était constituée de plus de 1500 représentations. Les sumériens utilisaient l'écriture pour la rédaction de livres de comptabilité et dénombraient ainsi les possessions du temple comme les sacs de grains, les têtes de bétail... Pour certains "mots" les sumériens inventaient des idéogrammes en mélangeant deux pictogrammes... « Origines de l’écriture, les premières traces écrites de l’humanité », www.hominides.com Quelles sont les traces des premières écritures retrouvées par les archéologues ? Quel est le rôle des pictogrammes ? A quoi servent-ils ?
B. L’écriture cunéiforme Les formes stylisées vont disparaître, elles vont être remplacées par l'écriture cunéiforme. Les sumériens vont prendre l'habitude de travailler différemment leurs calames : ils vont les tailler en biseau. En les enfonçant dans l'argile, l'empreinte avait une forme de "clou" d'où on a tiré le nom cunéiforme. On a évalué que cette écriture étaient composée de seulement 600 signes. Ces signes (non figuratifs) vont évoluer vers la représentation d'un son : le phonétisme. Ainsi, en associant une suite de sons, on va pouvoir écrire un mot : l'image du "chat" suivie de l'image du "pot" peuvent exprimer le mot "chapeau".... C'est l'ancêtre du rébus ! « Origines de l’écriture, les premières traces écrites de l’humanité », www.hominides.com 3) Quel est le rôle de l’écriture cunéiforme ? A quoi sert-elle ? 4) Comment (et pourquoi) les différentes écritures évoluent-elles ? Photographie d'une inscription de fondation d'Ur-Nammu (exposée au British Museum) « Pour la déesse Inanna, Dame de l'Eanna, sa dame, Ur-Nammu, mâle puissant, roi des pays de Sumer et d'Akkad, a construit et restauré son temple. »
"En Iran existait une cité prospère du nom d'Aratta ; Enmerkar envoya au seigneur de cette ville un messager chargé de lui réclamer des matériaux précieux qui lui manquaient pour reconstruire le grand temple de la déesse Inanna ; les deux souverains n'arrivant pas à trouver un accord, le messager dut effectuer plusieurs allers et retours entre les deux cités séparées par sept chaînes de montagnes. Mais, au bout de quelques voyages, l'envoyé d'Enmerkar, fatigué, fut incapable de répéter un message qui était trop long ; alors, le seigneur d'Uruk écrivit ses volontés sur une tablette d'argile : il lissa l'argile avec les mains, en forme de tablette, et il y déposa les paroles ; jusque-là, personne n'avait déposé des paroles sur l'argile." Étrangement, lorsque le messager apporta la tablette au seigneur d'Aratta, ce dernier comprit le sens du message, même s'il fut légèrement dérouté par sa forme : "Le seigneur d'Aratta prit le morceau d'argile du messager ; le seigneur d'Aratta regarda l'argile et fronça les sourcils ; les mots étaient de (simples) clous. " Béatrice André-Salvini, Mythe de naissance de l'écriture cunéiforme, www.classes.bnf.fr
C. Les hiéroglyphes 4) Quel est le rôle des hiéroglyphes ? Quelle innovation apportent-ils ? (comment ont-ils été déchiffrés ? quelle différence le hiératique leur apporte-t-il ?) 5) Pourquoi peut-on parler de « naissance de l’histoire » avec l’invention de l’écriture ? Ci-contre. Scribe accroupi. Musée du Louvre, vers 2650-2500 avant J.-C.
Ci-contre. Papyrus égyptien (extrait du Livre des Morts en écriture hiératique) Paris, BnF, Manuscrits orientaux. Evolution de l'écriture hiératique vers des formes de plus en plus simples et rapides. La chouette = M Medouneter "paroles divines", c'est ainsi que les Égyptiens nomment leur écriture, que les Grecs désignent sous le nom de hierogluphikos (littéralement "gravures sacrées"). L'écriture en Égypte est au service d'une civilisation où le religieux et le politique sont indissociables. C'est cette nature divine qui permet à l'écriture de prolonger, voire de se substituer à la réalité matérielle. « Egypte, la puissance visuelle de l’écriture », www.classes.bnf.fr « C'est un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique, dans un même texte, une même phrase, je dirais presque dans un même mot » J.-F. Champollion, Lettre à M. Dacier relative à l’alphabet des hiéroglyphes phonétiques, 1824 Ci-contre. Acte de location de terre et de bétail en écriture démotique sur papyrus. Thèbes - 534 avant J.-C. (26e dynastie) (Musée du Louvre).
Le 3 décembre 1872, George Smith fait le récit du Déluge d'après un texte mésopotamien antérieur de plusieurs siècles au texte biblique. Ce graveur de 32 ans, devenu spécialiste en assyriologie au British Museum, a appris seul ou presque à déchiffrer les caractères cunéiformes, la plus ancienne écriture connue. Ce jour-là, il lit devant les membres attentifs de la Société d'Archéologie Biblique de Londres le texte figurant sur une douzaine de tablettes d'argile originaires de Chaldée. Les tablettes remontent aux environs du XIIIe siècle avant J.-C. Elles racontent en trois mille vers l'épopée d'un roi en quête d'immortalité, Gilgamesh. Celui-ci aurait régné vers 2 600 avant J.-C. sur la cité d'Ourouk (ou Uruk). Ses sujets se plaignant de sa brutalité, les divinités lui opposent une brute forcenée, Enkidu. Les deux hommes se combattent avant de se lier d'amitié et d'accomplir ensemble des exploits. Mais Enkidu tombe malade et meurt. Inconsolable, Gilgamesh tente l'impossible pour le faire revivre avant de se résigner à regagner Uruk. (…) Le récit du déluge figure sur la onzième tablette. Il est fait par un homme, Utanapishtim, qui dit avoir été informé par le dieu de la Sagesse que l'assemblée des divinités a décidé de détruire l'humanité... Et le dieu de donner ce conseil à Utanapishtim : « Démolis ta maison pour te faire un bateau ! Renonce à tes richesses pour sauver ta vie ! Détourne-toi de tes biens pour te garder sain et sauf ! Mais embarque avec toi des spécimens de tous les animaux (...). Six jours et sept nuits durant, bourrasques, pluies battantes, ouragans et déluge continuèrent de saccager la terre ». Les similitudes avec le texte biblique sont frappantes : ainsi, comme Noé dans la Bible, Utanapishtim lâche une colombe afin de repérer une terre émergée et finit par accoster sur une montagne. La traduction de George Smith, validée par un grand orientaliste, démontre que le mythe du déluge est antérieur à la Bible, elle-même écrite par étapes à la fin du 1er millénaire avant J.-C... Dans l'un et l'autre cas, l'inondation sert de prétexte pour montrer ce qu'il en coûte à l'humanité de déplaire à la divinité. « 2600 ans avant J.-C., Gilgamesh raconte le Déluge », www.herodote.net Enkidu et Gilgamesh tuant le Taureau Ailé Tablettes d’argile où la légende a été inscrite