Zoom sur le logement et ses enjeux en termes d’efficacité énergétique
Une évolution structurelle de la population des Hauts-de-France qui impacte les besoins en logements Une baisse de la taille moyenne des ménages de 2,62 à 2,38 personnes par ménage entre 1999 et 2012 Qui s’explique par : - Les divorces et les séparations - Le vieillissement « structurel » de la population - La décohabitation des jeunes Et qui a engendré la production de 17.000 logements supplémentaires par an Une évolution structurelle de la population des Hauts de France qui impacte les besoins en logements La baisse de la taille moyenne des ménages est apparue particulièrement forte à l’échelle de la nouvelle région entre 1999 et 2012. On est ainsi passé de 2,62 à 2,38 personnes par ménage (chiffre actuel contre 2,25 à l’échelle nationale). C’est l’une des baisses les plus marquées de France et qui a affecté les 5 départements de la région. Comme partout en France, la région est confrontée à un phénomène de diminution de la taille des ménages dû : - aux divorces et séparations. Les familles monoparentales représentent ainsi près de 23% des familles d’au moins un enfant de moins de 25 ans dans la région. - au vieillissement « structurel » de la population même si la proportion de seniors soit la plus faible de France (21% de 60 ans ou plus contre 24% en moyenne). Ils sont 1,3 millions (dont 95,5% vivent à domicile) et devraient atteindre 1,7 millions en 2030 (augmentation prévisionnelle de +40% dans l’Oise) Ce qui a impacté directement les besoins en logements puisqu’il a fallu produire près de 17 000 logements supplémentaires chaque année pour loger le même nombre de personnes et compenser la diminution de la taille moyenne des ménages donc du nombre de personnes dans chaque logement. Mais s’ajoute à ces tendances de fond une caractéristique régionale : des besoins en logements liés aux besoins en décohabitations des jeunes (18-25 ans). Tendance qui va perdurer puisque les études prospectives mettent en évidence le fait que la région restera l’une des plus jeunes de France d’ici à 2030. Sont particulièrement concernés les départements du Nord, du Pas-de-Calais et de l’Oise.
Un accès au logement rendu difficile par la situation économique de la région qui fragilise une partie importante de la population Un peu moins d’un ménage propriétaire occupant sur 10 vit sous le seuil de pauvreté. Près d’un ménage locataire sur 3 dispose de ressources sous les seuils de pauvreté Plus d’un habitant sur 8 vit dans un des 199 quartiers prioritaires de la politique de la ville que compte la région Un accès au logement rendu difficile par la situation économique de la région qui fragilise une partie importante de la population Le taux de pauvreté des Hauts de France, parmi les plus élevés de France, concerne les propriétaires comme les locataires : - un peu moins d’un ménage propriétaire occupant sur 10 vit sous le seuil de pauvreté. C’est l’une des proportions les plus importantes de France ; - près d’un ménage locataire sur 3 dispose de ressources sous les seuils de pauvreté (33,7% des ménages locataires). C’est le taux le plus élevé au niveau national. Globalement et sans revenir sur les indicateurs sociaux particulièrement alarmants de la région, il faut quand même souligner que les jeunes sont nombreux mais disposent globalement de revenus faibles et sont touchés par un taux de chômage élevé. Les seniors de la région, quant à eux, ont des revenus plus faibles que leurs homologues de France métropolitaine (19 470€ par an pour un ménage âgé de 60 à 74 ans et – 9,3% par rapport à la moyenne nationale et 17 432€ chez les 75 ans et plus et -8,1% par rapport à cette même moyenne), ce qui est souvent un frein à l’amélioration et à l’adaptabilité des logements. Par ailleurs, plus d’un habitant sur 8 vit dans un des 199 quartiers prioritaires de la politique de la ville que compte la région. 14% de la population de France métropolitaine vivant dans un quartier prioritaire vit en Hauts de France (2ème région après l’Ile de France) alors que la population régionale ne représente que 9,4% de la population métropolitaine. Près de 30% de la population active est au chômage au sein des quartiers prioritaires. Avec une quarantaine de ces quartiers (200 000 habitants, 29% de la population en géographie prioritaire de la région) qui cumulent les fragilités sociales (moins de diplômés, plus de chômeurs de longue durée, de locataires vivant dans un logement social, d’allocataires caf fortement dépendants des prestations et minima sociaux…). Ils sont situés essentiellement dans le Nord, le Pas de Calais et dans le Nord de la Picardie (Abbeville, Saint- Quentin, Hirson, Laon, Chauny, Tergnier et Soissons). La population de ces quartiers est particulièrement jeune : un tiers de la population a moins de 18 ans. Les familles monoparentales sont encore plus présentes que dans les autres quartiers prioritaires. Ces quartiers sont davantage touchés par les difficultés économiques et sociales. Multifactorielle et multidimensionnelle, la pauvreté installe les jeunes dans un cercle vicieux d’exclusion et tend à reproduire les schémas sociaux.
Un parc de logements nécessitant d’énormes besoins en matière de rénovation notamment énergétique Parc ancien (près de 2 logements sur 3 datent d’avant 1975), voire très ancien (1 logement sur 2 dans l’Aisne date d’avant 1949) 1,7 million de logements privés potentiellement indignes en France dont près de 200 000 dans la nouvelle région (150 000 en Nord-Pas-de-Calais et 43 000 en Picardie) Avec des conséquences écologiques et sociales majeures… Un parc de logements nécessitant d’énormes besoins en matière de rénovation notamment énergétique Le parc de logements de la région est ancien, voire très ancien. Dans les hauts de France, près de 2 logements sur 3 datent d’avant 1975, avant que n’aient été mises en place les premières réglementations énergétiques [1/01/1975 date de la première Règlementation Thermique (RT) qui a permis de réduire drastiquement la construction de logements énergivores en France]. Une attention particulière doit être portée à l’Aisne. Le parc très ancien (avant 1949) y représente près d’1 logement sur 2. Le parc locatif des bailleurs sociaux représente une résidence sur 5 et est également exposé à une problématique de requalification, plus particulièrement dans le Pas de Calais où 44% du parc des bailleurs sociaux a été construit avant 1970, avant que ne soient mises en place les premières réglementations thermiques. Le parc des cités minières est particulièrement concerné, avec des besoins importants de rénovation, y compris énergétiques. En France, on dénombre près de 1,7 million de logements privés potentiellement indignes dont près de 200 000 dans la nouvelle région : 150 000 en Nord-Pas-de-Calais et 43 000 en Picardie. Avec des conséquences écologiques et sociales majeures…
La rénovation énergétique des logements, un enjeu écologique et social pour les pouvoirs publics Rénover pour lutter contre le réchauffement climatique En France, 45% de l’énergie est consommée par le secteur du bâtiment qui émet environ 25% des GES et le secteur résidentiel compte pour environ deux tiers Rénover pour lutter contre la précarité énergétique 298 000 ménages en Nord Pas de Calais et 260 000 ménages en Picardie en état de précarité énergétique La rénovation énergétique des logements, un enjeu écologique et social pour les pouvoirs publics Sur le plan écologique, rénover c’est lutter contre le réchauffement climatique. La région est particulièrement concernée par les risques liés au réchauffement climatique : submersion marine pour le littoral, inondations continentales et élévation future du niveau de la mer pour les territoires des wateringues, canicule et sécheresse pour tous les territoires, … Elle est une des 3 régions françaises les plus consommatrices d’énergie, dont une majorité d’origine fossile (11% de la consommation finale française après l’Ile de France et Auvergne Rhône Alpes). Les émissions GES y sont également 30% supérieures à la moyenne française. S’il est vrai, eu égard au passé industriel de la région, que les émissions de GES proviennent pour une grande part de l’industrie (48% pour le Nord-Pas-de-Calais, le double de la moyenne nationale), l’amélioration de la qualité thermique des bâtiments existants (isolation et chauffage), dont le résidentiel représente une part importante, est également une des composantes essentielles de la lutte contre le changement climatique. En France, 45% de l’énergie est consommée par le secteur du bâtiment, qui émet environ 25% des gaz à effet de serre et le secteur résidentiel compte pour environ deux tiers. Au vu de l’état du parc de logements dans les Hauts-de-France, la poursuite des efforts, notamment dans l’amélioration de ce dernier avec des constructions et des rénovations plus économes en énergie, représente un vrai défi pour la région et un enjeu majeur au regard de la lutte contre le réchauffement climatique. Sur le plan social, rénover c’est lutter contre la précarité énergétique. Rappel : « Est en précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins, en raison notamment de l’inadaptation de ses ressources et de ses conditions d’habitat » (loi du 12/07/2010 portant engagement national pour l’environnement – loi Grenelle II) – Définition adossée sur le droit au logement (1990) Dans le Nord et dans le Pas-de-Calais, 68% des logements sont énergivores et un ménage sur cinq (18,4%) est en situation de précarité énergétique, soit 298 000 ménages. En Picardie, la situation est également très préoccupante. 260 000 ménages sont en situation de vulnérabilité énergétique, soit près du tiers des foyers de l’ancienne région (contre un quart en moyenne en France métropolitaine). Des chiffres qui risquent de grimper avec l’augmentation du coût de l’énergie si on ne fait rien… Au regard de ces constats, l’amélioration de la performance énergétique du parc de logement ressort avec une acuité particulière en Hauts de France. Selon l’INSEE, rien qu’en réduisant de 10% le montant de la facture énergétique des logements, il serait possible de sortir de la précarité énergétique près de 68 000 ménages dans le Nord-Pas-de-Calais.