L’histoire de la langue française en 8 points de repère 1. Le temps des Gaulois : - 800 à 500 apr. J. C.) 2. Le temps des « barbares » : IIe - VIe 3. L’ancien français : IXe - XIIIe 4. Le moyen français : XIVe - XVe 5. Le français de la Renaissance : XVIe 6. Le français classique : XVIIe XVIIIe 7. Le français moderne : XIXe - XXe 8. Le français contemporain : XXIe
4. Le moyen français : XIVe - XVe petit retour en arrière 4.1 Le morcellement linguistique (ou fragmentation dialectale) … dû à l’influence des envahisseurs germaniques mais pas seulement. À partir du latin de Rome situation où chaque région parle son dialecte au Moyen Âge, l’habitant du Limousin ne comprenait pas l’habitant de Bourgogne et aucun des deux ne comprenait ce que disaitù un Parisien. Latin = langue des clercs et seule langue écrite. Cette différenciation en dialectes divers peut s’expliquer par les conditions de vie sous le régime féodal.
4. Le moyen français : XIVe - XVe petit retour en arrière Vie fondée sur relations de vassal à suzerain, sur la terre du seigneur, autour du château. Les différences naissent et se développent sans doute à l’intérieur du fief et ses limites, se se creusant quand les conditions géographiques augmentent l’isolement entre deux domaines. Inversement, dans le cas de contacts entre deux communautés voisines, chacune adaptait son parler au parler de l’autre. Villes de marchés, foires = lieux d’échanges uniformisation. Les limites des aires dialectales dépendent des conditions géographiques naturelles, des voies de communication, des frontières ecclésiastiques, des relations politiques entre les seigneurs. La survivance dans la France contemporaine de certains de ces parlers (milieux ruraux) = idée très approximative de la situation au Moyen Âge car aujourd’hui, le français règne partout. À l’époque = un dialecte parmi tant d’autres.
4. Le moyen français : XIVe - XVe petit retour en arrière Au Xe siècle = événement capital pour l’histoire de ce dialecte En 987, Hugues Capet « élu » roi par les grands du royaume, soutenu par les les représentants de l’Église. Duc de France (Ile-de-France) et son duché, qui deviendra le domaine royal, est très réduit.
4. Le moyen français : XIVe - XVe petit retour en arrière 987: Paris et ses alentours immédiats: Orléanais (Centre-Val de Loire, Loiret); Vermandois (Haut de France, Aisne); Attigny-sur-l ’Aisne (Grand est, Ardennes + Montreuil (Haut de France) 1180: avènement de Philippe Auguste, le domaine royal s’agrandit en direction du sud et de l’est. Baillet-en-France, Belloy-en-France, Roissy-en-France : ces noms de villes situées autour de Paris témoignent de l’emplacement de l’ancien duché et rappellent la plus ancienne implantation franque dans le pays
4. Le moyen français : XIVe - XVe petit retour en arrière 4.2 Pourquoi Paris? - La géographie: position privilégiée, située à proximité du confluent de 3 cours d’eau importants, la Seine, l’Oise, la Marne (« Ile-de-France ») = centre naturel d’un domaine linguistique qui s’étendait à la fin du Moyen Âge jusqu’à la Loire. À l’ouest, Blois et Tours, à l’est, Troyes et Reims ont des parlers peu différents de ceux de Paris; - L’économie et la culture: proximité immédiate de la Beauce et la Brie (« grenier à blé »), régions très fertiles; mouvement littéraire, soutenu par la Cour, qui a contribué à rehausser le prestige de l’Ile-de-France . fin XIe siècle, chanson de geste : poèmes épiques racontant exploits d’hommes exceptionnels; langue sans recherche qui doit être comprise par le peuple; . XIIe siècle: roman « courtois » : influence littérature pays d’oc, littérature délicate, raffinée, le poète (troubadour ou trouvère) y fait sa cour à la dame de ses pensées dans une langue pleine de subtilités qui enthousiasme la noble société des châteaux (Chrétien de Troyes, v. 1135-v. 1183).
4. Le moyen français : XIVe - XVe petit retour en arrière Multiples emprunts, surtout lexicaux, à la langue d’oc: aubade, ballade, bastide, cabane, escargot, salade, etc. La prononciation méridionale a également son influence: amour (du latin AMOR) et non pas ameur, alors que: chaleur (de CALOR) ou douleur (de DOLOR) Réputation de « juste milieu » du français d’Ile-de-France = sorte d’idéal à atteindre pour les personnes de qualité. Seconde moitié du XIIe siècle: préférable d’éviter tout ce qui est particulier à une région; la base commune semble s’identifier avec le français de Paris.
4. Le moyen français : XIVe - XVe Plusieurs traits rapprochent le moyen français du français d’aujourd’hui: les noms, les articles, les adjectifs cessent de se décliner. Le grand cheval vient // Li granz chevaus vient Milieu XVe: François Villon, Ballade en vieil langage françoys ly roy tres nobles Le complément d’objet suit obligatoirement le verbe S + V + C La morphologie du verbe se simplifie: je vin, tu venis je vins, tu vins La prononciation évolue: réduction des diphtongues qui restent cependant à l’écrit (digrammes) ai ou ei pour [ɛ] XIVe et XVe: traductions d’œuvres scientifiques, historiques, religieuses, philosophiques enrichissement du vocabulaire abstrait, création de néologismes.
4. Le moyen français : XIVe - XVe Pierre Bersuire (1290 – 1362), traducteur des Histoires de Tite-Live: inauguracion, comice, colonie, romaine, cirque, transfuges, hyvernaux, inaugurer, magistras, plebiscite, pretexte, etc. Nicolas Oresme (1320/22 – 1382), traducteur d’Aristote, introduit plus de 300 mots empruntés au latin (ou du grec à travers le latin): abnégation, abstraction, abus, agricole, anarchie, animer, antarctique, arctique, atténuer, australe, barbare, calculer, central, circulation, collection, comédie, communiquer, contradictoire, démagogie, démocratie, économie, etc. Sous Charles V (le Sage) (1364-1380), roi instruit qui restaure l’autorité de l’Etat (Etat de droit). Entre le XIVe et le XVIe se crée la tradition française de la traduction (translater) François Villon (1431 – 1463), grand poète et marginal, condamné plusieurs fois par la justice, peut-être mort pendu, a composé, outre Le Grand testament et Le Legs, des ballades en argot parisien ou jargon.
4. Le moyen français : XIVe - XVe Frères humains qui après nous vivez, N'ayez pas vos cœurs durcis à notre égard, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous merci. Vous nous voyez attachés ici, cinq, six : Quant à notre chair, que nous avons trop nourrie, Elle est depuis longtemps dévorée et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et poussière. De notre malheur, que personne ne se moque, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! Frères humains qui après nous vivez N'ayez les cœurs contre nous endurcis, Car, se pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tost de vous merciz. Vous nous voyez cy attachez cinq, six Quant de la chair, que trop avons nourrie, Elle est pieça devoree et pourrie, Et nous les os, devenons cendre et pouldre. De nostre mal personne ne s'en rie : Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre! La Ballade des Pendus, F. Villon https://www.youtube.com/watch?v=_69nDyRaiYs
4. Le moyen français : XIVe - XVe Philippes de Commynes (1447 – 1511): grand seigneur, fonctions importantes, surtout diplomatiques, auprès du Duc de Bourgogne, puis auprès du roi de France Louis XI (XVe siècle). Mémoires, fin XVe siècle - début XVIe siècle expliquer, et justifier, raisons de son passage du camp bourguignon au camp du roi de France Louis XI longueur des phrases, fréquence et valeurs des connecteurs, expressions de la quantification, de la mesure, de la comparaison. Le Donait françoys pour Jehan Barton: vers 1400, un Anglais cultivé, John Barton, commandite la confection d’une grammaire destinée aux Anglais désireux de pratiquer un peu le français. passé composé absent; encore conçu comme une expression formée du verbe avoir et du participe passé = ancien français, difficile de distinguer entre action passée et résultat d’une action: J’ai un pantalon déchiré (= Mon pantalon est déchiré) J’ai déchiré mon pantalon (= J’ai accompli l’action de déchirer mon pantalon)