La Croissance Economique: la théorie et les faits

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La Croissance Economique: la théorie et les faits Les faits stylisés de la croissance Le modèle de Solow

Introduction Nous avons discuté les fluctuations économiques qui, selon l’approche keynésienne, sont dictées par des fluctuations de la demande globale. Le taux de croissance de la capacité d’offre détermine l’augmentation de la richesse et du bien-être de ceux qui en bénéficient (revenu, bien public). 1913 : PIB Argentine est supérieur de 70% à celui de l’Espagne 2000 : PIB Espagne est supérieur de 50% à celui de l’Argentine 1945 : PIB Ghana est supérieur de 60% à celui de la Corée 2000 : PIB Corée du Sud est supérieur de 100% à celui du Ghana 1970 : PIB Italie est supérieur de 50% à celui de l’Irlande 2000 : PIB Irlande est supérieur à celui de l’Italie Quelles sont les sources de la croissance ? Comment la garantir ?

La croissance économique Les 5 faits stylisés L’explication théorique du modèle de Solow

Fait stylisé 1 : Accélération abrupte de la production Indice de production industrielle US (Source: NBER)

Fait stylisé 2 : Variations de croissance à MT PIB réel par habitant (1950 =100) Source: Penn Tables 6.1

Fait stylisé 3 : Retard persistant et rattrapage LUX 40000 USA 30000 NOR IRL DNK CAN CHE AUS JPN ISL AUT FIN BEL NLD PIB par tête en 2000 ITA FRA GBR 20000 NZL ESP ISR PRT MUS TTO ARG 10000 URY MEX ZAF THA BRA TUR PAN CRI VEN COL EGY GTM PER SLV LKA MAR PHL PAK IND HND BOL KEN NIC ETH UGA NGA 2000 4000 6000 8000 10000 PIB par tête en 1950

Fait stylisé 3 : Retard persistant (USA=100) PIB réel par habitant Source: Penn Tables 6.1

Fait stylisé 3 : Rattrapage (USA=100) PIB réel par habitant Source: Penn Tables 6.1

Fait stylisé 4 : Inégalités croissantes entre pays Source: Bourguignon et Morrison (2003)

Fait stylisé 5 : Progrès technique biaisé Les évolutions technologiques liées à la croissance semblent favoriser l’embauche de travail qualifié et forcent à des réductions d’emplois dans les secteurs en déclin. On parle de progrès technique biaisé. Il accroît les inégalités de revenus puisqu’il modifie la structure de la demande de travail. A offre inchangée, il se traduit donc soit par un accroissement du chômage, soit par une baisse du salaire relatif des salariés non qualifiés par rapport aux qualifiés. Ce phénomène n’est ni universel ni permanent. Par exemple, les trente glorieuses n’ont pas défavorisé le travail peu qualifié.

Les cinq faits stylisés Récapitulatif La production mondiale connaît sur très longue période des accélérations abruptes. Le PIB par habitant et la productivité peuvent connaître des variations significatives à moyen terme. Celles-ci ne sont pas nécessairement synchrones entre pays. Certains pays sont parvenus à rattraper le niveau de vie des plus riches, alors que d’autres pays sont restés « sur le bord de la route ». Les inégalités ont augmenté très fortement, tout d’abord au sein des pays, puis entre pays. Elle semblent se réduire depuis 1990, principalement comme conséquence de l’essor de la Chine et de l’Inde. Le progrès technique est biaisé car il accroît les inégalités de revenu soit en diminuant le salaire des moins qualifiés, soit en augmentant le chômage (i.e. en diminuant leur employabilité).

La croissance économique Les 5 faits stylisés L’explication théorique du modèle de Solow

Le modèle de Solow Le modèle de Solow est construit sur certaines hypothèses simplificatrices Joan Robinson ironisera sur le caractère peu réaliste de ces hypothèses en parlant du « royaume de Solowie » H1 Les facteurs de production sont substituables et non complémentaires. H2 L’investissement découle de l’épargne dans une perspective entièrement conforme à la pensée néoclassique. H3 Le taux d’intérêt est parfaitement flexible et ajuste instantanément l’investissement à l’épargne. H4 Le salaire s’ajuste en permanence de sorte que l’offre de travail exogène (croissance naturelle de la population) et la demande de travail se correspondent parfaitement

La fonction de production macroéconomique La production dépend du capital K et du travail L (croissance exogène de taux n ) Elle présente des rendements constants Simplification : en divisant par le nombre de travailleurs, les variables sont exprimées « par tête »:

La fonction de production macroéconomique Production y = f(k) Rendement marginal décroissant : Chaque unité de capital supplémentaire décroit la pmK Production par travailleur 1 Capital par travailleur

Production, consommation et investissement Le revenu est consommé ou épargné : Production y = f(k) y Production par travailleur c Consommation par travailleur Or, l’épargne est égale à l’investissement : Production par travailleur Investissement i= s × f(k) On a donc: i Investissement par travailleur Capital par travailleur

Consommations de capital Le stock de capital On comprend que pour toute technologie et population donnée, la production est dépend de la taille du stock de capital Ce stock est déterminé par deux flux: L’investissement : le stock de capital augmente lorsque les entreprises achètent de nouveaux équipements. Nous venons de voir comment il est déterminé. Les consommations de capital, qui réduisent le stock de capital disponible par travailleur. Investissement Stock de capital par travailleur Consommations de capital

Les consommations de capital L’amortissement : Le stock de capital diminue avec la dépréciation de ce dernier. A mesure que le stock vieillit il doit être déclassé L’amortissement est déterminé par le taux d’amortissement δ. Par exemple, si la durée de vie d’un équipement est de 20 ans, son taux d’amortissement sera d’environ 5%. On écrira δ≃0,05. Avec un stock de capital k, l’amortissement est égal à δk

Les consommations de capital L’accroissement de la population. Sur le long terme, il est peu réaliste de faire l’hypothèse de population constante Ceci crée une 2eme source de consommation du capital, car il faut fournir du capital aux nouveaux travailleurs: Hypothèse : le stock de capital total K est fixe Avec une croissance de la population de n, la dépense nécessaire pour conserver un stock de capital par travailleur de k est égal à nk

Les consommations de capital Le progrès technique : Si de nouvelles technologies sont introduites, les travailleurs deviennent plus efficace. Il faut moins de travail pour produire la même quantité de biens ⇒ une partie du facteur travail redevient disponible Ce progrès technique est donc assimilable à une augmentation du nombre de travailleurs disponible, donc à une croissance du facteur travail (égale à g). La variation totale du stock de capital par travailleur est donc déterminée par l’équation suivante : Δk = i – (δ+n+g)k

Consommations de capital Consommations de capital (δ+n+g)k Consommation de capital Dépense nécessaire pour maintenir constant le niveau de capital par travailleur Capital par travailleur

Investissement, amortissement et état stationnaire Investissements Consommations de capital (δ+n+g)×k k2 i2 δk2 Investissement i = s×f(k) (δ+n+g)×k*=i* k* Niveau stationnaire du capital par travailleur k1 i1 δk1 Capital par travailleur (k) Le stock de capital augmente car l’investissement est supérieur à la consommation Le stock de capital baisse car l’investissement est inférieur à la consommation de capital

Une hausse du taux d’épargne… Investissements Consommation de capital (δ+n+g)k s2×f(k) s1×f(k) …augmente le stock de capital de l’état stationnaire. k1* k2* Capital par travailleur (k) Ancien état stationnaire Nouvel état stationnaire

Taux d’investissement et revenu par habitant ALB ARG ARM ATG AUS AUT AZE BDI BEL BEN BFA BGD BGR BLR BLZ BOL BRA BRB BWA CAN CHE CHL CHN CIV CMR COG COL COM CPV CRI CZE DNK DOM DZA ECU EGY ESP EST ETH FIN FJI FRA GAB GBR GEO GER GHA GIN GMB GNB GNQ GRC GRD GTM GUY HKG HND HRV HUN IDN IND IRL IRN ISL ISR ITA JAM JOR JPN KAZ KEN KGZ KHM K KOR LBN LCA LKA LSO LTU LUX LVA MAC MAR MDA MDG MEX MKD MLI MOZ MRT MUS MWI MYS M NER NGA NIC NLD NOR NPL NZL PAK PAN PER PHL PNG POL PRT PRY ROM RUS RWA SEN SLV SVK SVN SWE SWZ SYC SYR TCD TGO THA TJK TTO TUN TUR TZA UGA UKR URY USA VCT VEN YEM ZAF ZMB ZWE 10000 20000 30000 40000 Revenu par habitant en 1999 10 20 30 40 Investissement en pourcentage de la production (1960-1999)

Une hausse de la croissance démographique Investissements (δ+n2+g)×k 2... diminue le stock de capital par travailleur… 1. Une croissance démographique plus forte… (δ+n1+g)×k s×f(k) k2* 3. …et donc réduit le stock de capital qui correspond à l’état stationnaire de l’économie. Le modèle de Solow prédit donc que les pays à fort taux de croissance démographique auront, ceteris paribus, un revenu par habitant plus faible. k1* k Capital par travailleur

Croissance démographique et revenu par habitant ARG AUS AUT BEL BOL BRA CAN COL CRI DNK EGY SLV ETH FIN FRA GTM HND ISL IND IRL ISR ITA JPN KEN LUX MUS MEX MAR NLD NZL NIC NGA NOR PAK PAN PER PHL PRT ZAF ESP LKA CHE THA TTO TUR UGA GBR USA URY VEN 10000 20000 30000 40000 Revenu par habitant en 2000 1 2 3 Croissance démographique (taux de croissance annuel moyen)

La portée du modèle de Solow L’état stationnaire est important pour trois raisons : Une économie qui l’a atteint ne bouge plus. Une économie qui ne l’a pas atteint tend naturellement vers lui. Il définit l’équilibre de longue période de l’économie. Attention, cependant, l’état stationnaire dépend du taux d’épargne, cela laisse de la place à une politique de la croissance

Taux d’épargne et « règle d’or » Investissements Consommation de capital (δ+n+g)k Production y = f(k) Lequel des 2 états stationnaires est socialement préférable? Investissement i2= s2 × f(k) c2 c1 Investissement i1= s1 × f(k) i2 i1 Capital par travailleur

Taux d’épargne et « règle d’or » Investissements Consommation de capital (δ+n+g)k Production y = f(k) c1 Investissement i1= s1 × f(k) Lequel des 2 états stationnaires est socialement préférable? Investissement i2= s2 × f(k) c2 i1 i2 Capital par travailleur

Taux d’épargne et « règle d’or » Investissements Consommation de capital (δ+n+g)k L’état stationnaire optimal est celui qui maximise la consommation Production y = f(k) Cette condition est réalisée quand la pente de la fonction de production est égale à la pente de la consommation de capital Investissement i*= s* × f(k*) c* i* Capital par travailleur

Réduction du taux d’épargne La transition vers l’état stationnaire dictée par la règle d’or Démarrer avec trop de Capital Production (y) t0 Consommation (c) Investissement (i) t Réduction du taux d’épargne

La transition vers l’état stationnaire dictée par la règle d’or Démarrer avec trop peu de Capital Production (y) t0 Consommation (c) Période de crise transitoire avec arbitrage politique Investissement (i) t Augmentation du taux d’épargne