La Haute Renaissance en Italie: Michel-Ange (1475-1564) Sculpteur, peintre, architecte

Michel-Ange, La Pièta, 1499, marbre Mais avant tout un sculpteur… 1499, 174x195 u osnovi, s.petar, vatikan Michel-Ange, La Pièta, 1499, marbre

Michel-Ange sculpteur Contrairement à De Vinci, pour lequel la peinture était l’art le plus noble, embrassant tout les aspects visible du monde, Michel Ange est avant tout un sculpteur, un « tailleur de statues »; Pour Michel-Ange, l’art c’est « la fabrication d’hommes analogue à la création divine », la libération de corps réels, tridimensionnels, de la matière inerte; la peinture ne fait qu’imiter la plénitude des formes sculptés… « Comment main d’artisan a-t-elle pu si divinement accomplir, en si peu de temps, une œuvre aussi admirable? Cela relève du miracle: qu’un rocher ait atteint une perfection telle que la nature ne le modèle que si rarement dans la chair? » se demande Giorgio Vasari. « J’ai vu un ange dans le marbre et j’ai seulement ciselé jusqu’à l’en liberer. » explique Michel Ange.

Michel-Ange, David, 1501-1504 Cette statue, commandé en 1501 au jeune Michel-Ange de 26 ans, est la première statue colossale de la Renaissance (540 cm). Commandé pour la cathédrale de Florence, elle fut finalement placée devant le Palazzo Vechio, comme symbole du civisme et patriotisme de la République Florentine. L’influence de la sculpture antique y est visible: on retrouve la grandeur héroïque, la beauté et puissance surhumaines de la sculpture hellénistique qui avait impressionné Michel-Ange… devait orner un des contreforts de la cathédrale de Florence

Michel-Ange, David, 1501-1504

Michel-Ange, David, 1501-1504 Si la foi de Michel-Ange en la représentation de l’homme en tant que moyen suprême d’expression l’apparente à la sculpture classique, nous comprenons toutefois que ce David, n’en est pas une, et non seulement pour sa source biblique… Ce David incarne déjà ce qui sera le trait caractéristique de l’œuvre de Michel-Ange: même si David, sa fronde sur l’épaule, est représenté au repos, dans un contrapposto équilibré, nous percevons l’action suspendue, l’énergie contenue prête à éclater…

Donatello, David, bronze, vers 1430 David, 1430, bronze, h. 185cm Duc de Milan comme nouveau César, Florence comme nouvelle Athènes Michel-Ange, David, marbre, 1501-1504

Moïse, 1515 Si avec le David nous percevons cette énergie retenue comme force physique d’un jeune homme au corps musclé, avec cette sculpture de Moïse, exécuté pour le tombeau du pape Jules II, nous en percevons la dimension psychique: ce Moïse est majestueux nous semble capable de colères terribles qui s’apparente à la fureur divine, la terribilita…

Esclave mourant, Esclave rebelle… Alors que le geste de la création, le corps dégagé de la matière inerte apparait clairement dans le groupe d’Esclaves (exécutés également pour la tombe de Jules II, 1513-36 ), dont les corps ne sont que partiellement dégagés du marbre…

1519-36, Slave (Atlas), 208cm, Firenca, 1513, Slave (awakening), 267cm, Firenca

Le non-finito Nous voyons que Michel-Ange a laissé une partie de ses esclaves toujours liés au bloc de marbre… Nous appelons ce procédé de Michel-Ange le non-finito, l’inachevé. Ce non-finito apparait ici clairement comme un moyen expressif: nous participons au même temps à l’effort du sculpteur et à la lutte de l’homme, esclave… Slave (Young)

Conception néoplatonicienne du corps, prison terrestre de l’âme De même que Michel Ange percevait son travail de sculpteur en termes de libération des formes de la matière informe du marbre, il perçoit le corps de l’homme lui-même comme une prison terrestre de l’âme qui lutte… Ce conflit est visible dans l’œuvre de Michel-Ange, nous y retrouvons son caractère tourmenté: conflits intérieurs mais aussi désaccords avec ses contemporains… Nous retrouvons les corps tourmentés, tordus de force contenue, ou bien juste sortant de l’inconscience du sommeil dans son projet pour les tombeaux de Julien et Laurent de Médicis, Nouvelle Sacristie, San Lorenzo, Florence (Jour et Nuit, Aube et Crépuscule), réalisés entre 1526-33.

1526-33, Tomb of the Medicis, sagrestia nouova, san lorenzo, firenca 1526-33,Tombeaux de Julien et Laurent de Médicis, Nouvelle Sacristie, San Lorenzo, Florence (jour et nuit, aube et crépuscule)

Michel Ange peintre: le plafond de la Chapelle Sixtine (1508-1512) Michel-Ange doit interrompre son travail sur les Esclaves pour peindre le plafond de la chapelle Sixtine, au Vatican. Il s’acquitte de la tâche en quatre ans (1508-1512) et laisse un ensemble colossal qui surpasse, par ses dimensions et par sa cohésion, les fresques du XVème siècle. Dans la partie centrale sont représentées neuf scènes de la Genèse (la création du monde, la création de l’homme, le Déluge etc.). Dans les tympans sont représentés les prophètes et les sibylles. Nous ne savons pas quelle a été la part de Michel-Ange dans la conception de ce programme, mais il correspond tout à fait à ses préoccupations… et à l’ivresse de Noé

Le plafond de la Chapelle Sixtine, le Vatican Michel-Ange, (1508-1512)

Extérieur de la Chapelle Sixtine, 1475-83

Les prophètes, les sibylles…

En regardant les peintures de Michel-Ange nous pouvons comprendre qu’il s’agit d’un sculpteur: la gamme limitée de couleurs donne à ses personnages la qualité de relief… qui s’adaptent très bien à son cadre architectural… Nous y retrouvons le mouvement suspendu et les torsions du corps que nous avons déjà vu dans la sculpture de Michel-Ange…

Michel-Ange construit ses formes par de larges et vigoureux coups de brosse dans la tradition da Giotto et Masaccio, dont il est particulièrement proche dans son Adam et Ève chassés du paradis… Masaccio, 1427, Fresques de la Chapelle Brancacci, Santa Maria del Carmine, Florence

Le jugement dernier, 1534-1541 Exécuté un quart de siècle plus tard, sa sombre vision contraste avec la radieuse vitalité des fresques du plafond: cette fresque reflète la crise spirituelle et politique de la Réforme;

Michel-Ange, Le jugement dernier, chapelle Sixtine, 1534-1541

Michel-Ange architecte Pendant les trente dernières années de sa vie, l’architecture devient la principale occupation de Michel-Ange: Nous allons voir son projet pour la place du Capitole (Campidoglio), et les nouvelles façades du Sénat et du Palais des Conservateurs donnant sur la place, ainsi que la construction d’un troisième palais, puis ses projets pour Saint Pierre de Rome. Nouveau palais des Conservateurs

Place ovale, les façades forment un trapèze Place ovale, les façades forment un trapèze. Ordre colossal de pilastres, portiques ouverts (la place comme cour d’un cloître)…

La statue équestre de Marc-Aurèle y a été transférée, Michel Ange en réalise le socle. 1548 coline du Capitolel, statue equestre de Marc-Aurèle, 161-180 ap. J.C.

Les pilastres du Palais des Sénateurs reposent sur un grand embasement qui donne un aspect monumental à l’édifice, l’entrée est en haut de l’escalier à double rampe. Colonnes et linteaux des trois édifices supportent les corniches surmontées de balustrades.

1457, projet pour Saint Pierre de Rome

Bramante: le projet pour Saint Pierre de Rome (1506) Miche-Ange garde le plan central de Bramante Bramante: le projet pour Saint Pierre de Rome (1506)

Pour l’extérieur par contre il adopte l’ordre colossal au lieu de l’élévation par degrés progressifs de Bramante. Cet ordre colossal met en valeur le dôme, lui-même plus étiré (à l’image du dôme de Brunelleschi pour la cathédrale de Florence) que celui de Bramante , conçu comme une hémisphère.

L’ordre colossal des double pilastres de la façade est repris par les doubles colonnes des contreforts, qui se prolongent par les nervures saillantes du dôme, pour aboutir aux double colonnettes de la lanterne.