Performance financière / Création de valeur et Rôle de croissance Quel rôle la croissance joue-t-elle dans la transformation de la rentabilité en valeur pour l’actionnaire ?
PRINCIPE DE RENTABILITÉ Comment mesurer la performance financière ? Un business est rentable s’il génère un profit (retour) supérieur à son coût de financement Coût du financement : CMPC Profit (Retour sur investissement), R ?
PRINCIPE DE RENTABILITÉ CP BFR D CE RFN Principe de rentabilité : R > CMPC
PRINCIPE DE RENTABILITÉ Rappels : CMPC = CP(%) * E(Rcp) + D(%) * Id * (1 - Tis) E(Rcp) = Ro + PRMA * ß ß : risque systématique Ro : taux d’intérêt sans risque (obligations d’État) Id : taux d’intérêt de la dette financière Tis : taux d’imposition des bénéfices CP(%) et D(%) : parts respectives de CP et de D
PRINCIPE DE RENTABILITÉ Calcul de la rentabilité des opérations Profit = « gagné » / « investi » « Investi » = Capitaux Engagés « Gagné » = Résultat d’Exploitation ou EBIT ROCE = EBIT / CE R et CMPC sont « après impôts » R = ROCE * (1 - Tis) Rentabilité générée par les opérations
PRINCIPE DE RENTABILITÉ Mesure de la performance : Economic Value Added ou Economic Profit EVA(%) = ROCE * (1 - Tis) – CMPC EVA(%) = « combien de centimes par € investi » EVA(€) = « combien d’€ » EVA(€) = EVA(%) * CE EVA(€) = [ROCE * (1 - Tis) - CMPC] *CE EVA(€) = EBIT * (1 - Tis) - CE * CMPC Confrontation entre la rentabilité générée par les opérations
EXEMPLE : COMPAGNIE DES ALPES Calculer l’EVA(%) et l’EVA($) à partir des données ci dessous (données comptables en M€) : CE (1073) = CP (741) + D (332) Ventes = 597 ==> EBIT = 76 Ro = 3,12% Id = 3,26% PRMA = 5% Tis = 37% ß = 0,4 Id après IS = 2,05%
EXEMPLE : COMPAGNIE DES ALPES Réponse : E(Rcp) = 3,12% + 5% * 0,4 = 5,12% Id * (1 - Tis) = 3,26% * (1 - 37%) = 2,05% CMPC = 69% * 5,12% + 31% * 2,05% = 4,17% ROCE = 76/1073 = 7,08% EVA(%) = 7,08% * (1 - 37%) – 4,17% =0,29% EVA(€) = 1073 * 0,29% = 3,12, ou… EVA(€) = 76 * (1 - 37%) – 4,17% * 1073 = 3,12
Les conditions d’accroissement de l’EVA (€) : ECONOMIC VALUE ADDED Les conditions d’accroissement de l’EVA (€) : l'EVA d'une entreprise peut s'accroître de trois façons distinctes : - par une amélioration de la rentabilité des capitaux engagés existants - par un investissement dans des projets à rentabilité supérieure au coût moyen pondéré du capital ; - par un abaissement du coût moyen pondéré du capital E. Boutron
EVA™ (Cabinet Stern Stewart) : marque déposée ECONOMIC VALUE ADDED EVA™ (Cabinet Stern Stewart) : marque déposée G.B. Stewart III (The Quest for Value) : "une mesure du revenu résiduel qui soustrait le coût moyen pondéré du capital du profit opérationnel généré par l'entreprise". Un concept novateur ? Apparition aux USA à la fin des années 80 début des années 90 ; Engouement en Europe dans les années 90 Peter F. drucker[1]signale que le concept de surplus sous-jacent dans l'EVA, remonte au XIXème ; en effet, la valeur ajoutée économique n'est autre qu'une sorte de revenu résiduel ou sur-profit. [1]P. F. Drucker, «The information executives truly need», Harvard Business Review vol. 13, janvier-février 1995, p. 54-62 E. Boutron
ECONOMIC VALUE ADDED Mais des champs d’application nouveaux ! La nouveauté ne vient pas du concept lui-même, mais de ses champs d'application (direction stratégique, acquisition, améliorations opérationnelles, arrêt d’une ligne de produit, fonds de roulement, coût du capital, intéressement aux résultats) Exemples : - Quaker Oats (céréales et boisson énergétique), a mis en lumière le coût liés aux fonds immobilisés dans les stocks de produits finis et les matériaux d’emballage. - AT&T (télécommunications) s’est servi du concept pour mesurer l’impact de l’acquisition de McCaw Cellular au prix de 12,6 milliards de dollars. - Coca-Cola , l’EVA a été utilisée pour l’arrêt d’activités non rentables et la fixation d’une partie de la rémunération des dirigeants. E. Boutron
ECONOMIC VALUE ADDED Intérêts et limites du concept Intérêts : - Tenir compte du coût global du bilan : prendre en compte non seulement le coût de la dette mais aussi celui des capitaux propres. - Rapprocher le compte de résultats du compte de bilan et raisonner en termes d’efficience : rapporter l’objectif aux moyens mis en œuvre Limites : - Financiarisation de la mesure de la performance - Limite méthodologique : la comparaison entre « un résultat d’aujourd’hui » et une anticipation ! - Le « court-termisme » : la tentation d’accroître l’EVA d’un exercice par la réduction des budgets de Marketing et/ou de R&D, etc. E. Boutron
DE l’EVA A LA CRÉATION DE VALEUR Comment mesurer la création de valeur ? Valeur de l’entreprise : Investissement initial : CE La création de valeur se mesure par différence : Notion en choix d’investissement ?
DE l’EVA A LA CRÉATION DE VALEUR Market Value Added, MVA™ : Mesure de la MVA : A partir de la valeur intrinsèque (méthode de valorisation) Ou de la valeur de marché (confrontation des opinions) En valeur absolue (Cf. ci-dessus) En valeur relative : E. Boutron
DE l’EVA A LA CRÉATION DE VALEUR Signification de la MVA -> Elle indique la valeur créée (valeur absolue) -> Elle indique l’efficience avec laquelle les capitaux sont utilisés (valeur relative) -> Elle mesure la crédibilité boursière de la stratégie adoptée par l’entreprise comparativement à son secteur, auprès de la communauté financière (tout comme le M/B). La crédibilité boursière est très importante si l’entreprise souhaite avoir une politique de financement variée et efficace. E. Boutron
DE l’EVA A LA CRÉATION DE VALEUR Acquisition du groupe Gardner Merchant Acquisition du groupe Partena Rapprochement des activités de Sodexho en Amérique du Nord avec Mariott International Rachat des titres Sodexho Mariott Services, et acquisition du groupe Albert Abela Corporation (qui détient 60% des titres Sogeres) Refinancement de la dette bancaire E. Boutron
DE l’EVA A LA CRÉATION DE VALEUR Le lien entre la performance financière, la création de valeur et la croissance Rappel : dans le cas d’une croissance stable à l’infini : Quand g augmente, comment évolue la valeur de l’entreprise ? Démonstration : pour simplifier la démonstration, nous allons raisonner à l’infini en supposant que k et g sont constantes et que k > g ; en outre nous supposons qu’il y a une année de décalage entre l’investissement et la production d’un résultat. E. Boutron
DE l’EVA A LA CRÉATION DE VALEUR Démonstration : E. Boutron
DE l’EVA A LA CRÉATION DE VALEUR Plus généralement, la création de valeur peut s’écrire de la façon suivante :
Exemple : le rôle de la croissance dans la création de valeur CE0 = 100 M€ - CA1 = 200 M€ RE1 = 10% du CA - TIS = 40% - CMPC =12% 1) CAS 1 : plaçons-nous dans le cadre d’une entreprise dont le taux de croissance est constant et égal dans un premier temps à 5%. Calculons la valeur de l’entreprise ainsi que la création de valeur anticipée : FCF1 = 10%.200.(1-40%)-5%.100 = 7, Alors VCE=FCF1/(k-g)=7/(12%-5%)=100, et MVA = 100 – 100 = 0, il n’y a pas de création de valeur ! E. Boutron
Exemple : le rôle de la croissance dans la création de valeur La croissance n’a, peut être, pas été assez forte ? Refaisons nos calculs avec un taux de croissance de 9% : FCF1 = 10%.200.(1-40%)-9%.100 = 3 VCE= 3/(12%-9%)=100 et MVA = 100 – 100 = 0. Bien que le taux de croissance ait augmenté, il n’y a toujours pas de création de valeur !
Exemple : le rôle de la croissance dans la création de valeur 2) CAS 2 : modifions une donnée de notre problème : supposons que le résultat d’exploitation soit égal à 15% du CA. Calculons la valeur de l’entreprise ainsi que la création de valeur anticipée pour les taux de croissance anticipée de 5% et 9% : Avec un taux de croissance de 5% Avec un taux de croissance de 9% FCF1 = 15%.200.(1-40%)-5%.100 = 13 FCF1 = 15%.200.(1-40%)-9%.100 = 9 VCE = 13/(12%-5%) = 186 VCE = 9/(12%-9%) = 300 MVA = 186-100 = 86 MVA = 300-100 = 200 On constate, non seulement, qu’il y a création de valeur mais encore que cette dernière est d’autant plus forte que la croissance est élevée. Calculez l’EVA dans les deux cas de figure ! E. Boutron
Exemple : le rôle de la croissance dans la création de valeur Cas n°1 : EVA = 10%.200.(1-40%) – 12%.100 = 0 Cas n°2 : EVA = 15%.200.(1-40%) – 12%.100 = 6
Exemple : le rôle de la croissance dans la création de valeur Conclusions : La croissance n’est pas source de valeur ; c’est un outil/moyen au service de la valeur. (2) Il y a création de valeur si l’entreprise dégage une EVA positive ; La création de valeur (à long terme) est l’objectif final. (3) Si l’EVA est positive, plus la croissance est élevée, plus la création de valeur est importante. La croissance joue le rôle de levier