1. Étymologie / Définitions

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Transcription de la présentation:

1. Étymologie / Définitions Conviction 14ème année / 125ème Café-Philo agathois préparé avec Agnès Cervantes et Jocelyne Maurice 1. Étymologie / Définitions 2. Citations choisies 3. Notions / Concepts / Prises de vues : L’éthique de conviction 4. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question 5. En guise de conclusion

Étymologie et définitions Conviction vient du latin convictio, de convincere, convaincre, démontrer, prouver. Le mot conviction est apparu vers 1539. Définitions : Dictionnaire Larousse sur internet (extrait) : État d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité de ce qu'il pense ; certitude : J'ai la conviction que le conflit aura lieu. Principe, idée qui a un caractère fondamental pour quelqu'un (surtout pluriel) : Avoir des convictions politiques bien arrêtées. Conscience que l'on a de l'importance, de l'utilité, du bien-fondé de ce que l'on fait ; sérieux : Soutenir un projet avec conviction. Synonymes : certitude, foi, persuasion / Contraires : doute, incrédulité, scepticisme. Dictionnaire La philosophie de A à Z (extrait) : On distinguera la conviction de la simple croyance, ou même de l’opinion. Contrairement à la croyance, la conviction est fondée soit sur une réflexion ou une étude approfondie, soit sur un choix clair et lucide. La conviction se traduit par un jugement ferme et un engagement stable, quoique prudent : à cet égard, elle est aux antipodes des fluctuations de l’opinion.

Citations choisies Par Agnès : «Il n'appartient à aucune religion de faire violence à une autre ; un culte doit être embrassé par conviction et non par violence.» de Quintus Septimius Florens Tertullianus, dit Tertullien (Ecrivain, né vers 150, 160 et décédé vers 220 à Carthage (actuelle Tunisie) Par Jocelyne : «La conviction de se croire indispensables l'un à l'autre les cimentait plus sûrement que bien des serments.» de Pierre Assouline (Ecrivain, journaliste français né en 1953) Par Jean-Paul : «Reconnaissons à la base de tout travail scientifique d'une certaine envergure, une conviction bien comparable au sentiment religieux, puisqu'elle accepte un monde fondé en raison, un monde intelligible!» d’Albert Einstein (physicien théoricien / 1879-1955).

Notions / Concepts / Prises de vues L’éthique de conviction Ethique vient du grec èthos, alors que morale vient du latin mos ou more. Ces deux mots pour les Anciens étaient synonymes. Néanmoins, si l’on veut les distinguer, ne faut-il pas penser (avec Spinoza) que l’éthique recommande comment vivre, alors que la morale (avec Kant) commande ce que je dois faire ? Ainsi, comme dit ACS, ne faut-il pas penser que l’éthique de conviction est : « L’éthique qui se contente d’appliquer des principes, quelles que soient les conséquences prévisibles de l’acte et dussent-elles être négatives : il suffit de faire son devoir, sans se soucier du reste »? La morale kantienne n’est-elle pas un bon exemple de l’éthique de conviction dès lors que c’est un devoir absolu d’être véridique (parce que l’autorisation du mensonge ne peut être universalisée), quelles qu’en soient les conséquences et dussent-elles être contraires aux valeurs humanistes ? Cet exemple qui peut valoir comme réfutation de l’éthique de conviction saurait-elle pour autant nous dispenser d’avoir des principes, ni nous autoriser de les violer systématiquement ? Comme le pense Max Weber (sociologue allemand / 1864-1920), l’éthique de conviction ne doit- elle pas être complétée ou corrigée par l’éthique de responsabilité qui engage tout auteur sur les conséquences de ses actes ? Conviction et responsabilité ne constituent-elles pas les deux pôles de toute éthique digne de ce nom ? Ne sont-elles pas toujours nécessaires ensemble et jamais suffisantes séparément ? L’éthique éclairée par l’amour n’est-elle pas la seule éthique universalisable alliant ces deux pôles ?

QUESTIONS Conviction : opinion, croyance, foi, savoir ? Les convictions sont-elles des prisons ? Conviction : force ou faiblesse ?

Conviction : opinion, croyance, foi, savoir ? Existe-t-il un concept attracteur commun à ces cinq concepts ? Quel rapport chacun de ces concepts entretient-il avec la vérité ?

1. Conviction : opinion, croyance, foi, savoir ? Existe-t-il un concept attracteur commun à ces cinq concepts ? Opinion vient du latin opinio, de même racine que opinari, opiner, émettre un avis. Pour Platon, l’opinion (doxa) est opposée au savoir (épistêmê) comme l’illusion à la vérité et l’apparence à la réalité (allégorie de la caverne). Croyance vient du latin credentia, substantif de credere, croire, adhérer à une opinion. Toute croyance, comme toute opinion en plus radicale et convaincue, n’est-elle pas l’adhésion à une idée tenue pour vraie sans pouvoir en apporter la preuve par la raison et/ou l’expérience ? Foi vient du latin fides, confiance, croyance, loyauté. Du même ordre que la croyance mais en plus engagée et irrationnelle se dit surtout dans le registre religieux, la foi n’est-elle pas, comme dit Kant, une croyance qui n’est suffisante que subjectivement ? Savoir vient du latin sapere, avoir de la saveur, d’où avoir de la pénétration, puis comprendre. Plus vaste que la connaissance mais du même ordre, tout savoir n’est-il pas la représentation de l’entendement ou de l’esprit la plus adéquate possible de toute chose par usage de la raison ? Conviction vient du latin convictio, de convincere, convaincre, démontrer, prouver. La conviction n’est-elle pas souvent fondée sur une réflexion ou une étude approfondie qui la place aux antipodes des fluctuations de l’opinion sans néanmoins avoir la certitude d’un savoir ? La recherche de la vérité, de façon rationnelle ou irrationnelle, n’est-elle pas l’attracteur commun des 5 concepts ? Quel rapport chacun de ces concepts entretient-il avec la vérité ? Opinion et savoir, du superficiel à l’approfondi, ne sont-ils pas opposés comme l’apparence l’est à la réalité ou comme l’illusion à la vérité ? Croyance et foi (en plus engagée) n’ont-elles pas en commun un besoin de certitude qui tend à faire confiance à des vérités révélées plus de l’ordre de la subjectivité que de la rationalité ? La conviction n’est-elle pas de l’ordre de l’opinion (quoique souvent plus approfondie) ou de la croyance (quoique souvent plus rationnelle), mais en plus fort : en plus certain de détenir la vérité ? Sans se réduire au registre religieux, la conviction n’est-elle pas de l’ordre de la foi, de la certitude sans preuve de détenir la vérité, sinon ce serait un savoir ? 7 7

Nietzsche a-t-il raison de penser cela ? Les convictions sont-elles des prisons ? N’est-ce pas parce qu’il nie l’existence de la vérité que Nietzsche dit : Les convictions sont des prisons ?  Nietzsche a-t-il raison de penser cela ?

2. Les convictions sont-elles des prisons ? N’est-ce pas parce qu’il nie l’existence de la vérité que Nietzsche dit: Les convictions sont des prisons ? C’est dans ”Le crépuscule des idoles” (1889) que Nietzsche écrit : « Les convictions sont des prisons. Elles ne voient pas assez loin, elles ne voient pas au-dessous d’elles [..] » En ajoutant peu après : « Un esprit qui veut quelque chose de grand, qui veut aussi les moyens pour y parvenir, est nécessairement un sceptique ». Déjà dans ”Humain, trop humain” (1878), Nietzsche ne voyait pas les convictions d’un très bon œil : « Des passions naissent les opinions : la paresse d’esprit les fait cristalliser en convictions - Or qui se sent un esprit libre, infatigable à la vie, peut empêcher cette cristallisation par un changement constant » En fait, ce ne sont pas les opinions ni les passions qui sont mauvaises pour Nietzsche puisqu’elles sont changeantes et créatrices, mais les convictions qui figent les opinions en vérités auxquelles il ne croit pas. Pour Nietzsche « il n'y a pas de vérité », ni même « d'état de fait » : il n'y a que des intérêts et des interprétations. Si la pensée doit s'épanouir par-delà le vrai et le faux, comment les convictions ne seraient-elles pas des prisons ? 2. Nietzsche a-t-il raison de penser cela ? En particulier pour les raisons suivantes que souligne ACS, Nietzsche n’aurait-il pas tort : L'irrationalisme : La raison, pour Nietzsche, n'est qu'une folie parmi d'autres. La vérité, qu'une illusion parmi d'autres. « Qu'un jugement soit faux, écrit-il, ce n'est pas, à notre avis, une objection contre ce jugement. ». Comment, à partir de là, n’aurait-on pas le droit de penser et de dire n’importe quoi ? L'immoralisme : Pour Nietzsche, il faut vivre « par-delà bien et mal » et « renverser » toutes les valeurs. Mais, pour mettre quoi à la place ? Les valeurs des maîtres à la place de celles des esclaves affirme-t-il. Une conviction à la place d’une autre ! N’est-ce pas surprenant si les convictions sont des prisons ? L’esthétisme : « Pour nous, écrit Nietzsche, seul le jugement esthétique fait loi. » « Tout est faux, tout est permis : il n'y a que le style qui vaille ! », écrit-il encore. Il s'agit d'aimer non la vérité mais le mensonge « sanctifié » par l'art, non le bien mais le beau, non la profondeur mais la surface, l'apparence, la forme. Si ce n’est pas du pur nihilisme (rien ne vaut), cela ne s’en approche-t-il pas ? Si le vrai et l’altruisme nous libèrent plus que le beau et l’égoïsme, Nietzsche n’aurait-il pas tort ? Sans renoncer à la vérité, comme le fait Nietzsche, tout en reconnaissant le bien-fondé du doute pour s’en approcher, ne faut-il pas distinguer les convictions dogmatiques sans preuve (qui sont des prisons) des autres convictions (notamment rationnelles), fussent-elles provisoires ? 9 9

Conviction : force ou faiblesse ? Existe-t-il un juste milieu entre doute et conviction ? La conviction n’est-elle pas à la fois une force et une faiblesse ?

3. Conviction : force ou faiblesse ? Existe-t-il un juste milieu entre doute et conviction ? Entre le dogmatisme (tout est certain) et le scepticisme (tout est douteux) n’y a-t-il pas un juste milieu ? La démarche scientifique ne nous donne-t-elle pas une idée du juste milieu entre doute et conviction ? Si comme le pense K. Popper (1902-1994), le propre d’une connaissance scientifique est d’être réfutable, (la science procède par conjectures et réfutations) qui pourrait nier le rôle majeur du doute pour savoir ? D’un autre côté, comment ne pas voir qu’au principe-même de toute science résident des convictions (sans preuve donc) telles que : la vérité existe ou la raison et l’expérience sont les meilleurs moyens pour chercher la vérité ? Tout savoir n’est-il pas toujours en tension entre la conviction que la vérité existe et le doute de l’avoir trouvée ? La conviction n’est-elle pas à la fois une force et une faiblesse ? Pour chercher la vérité : Une force puisqu’il faut être convaincu que la vérité existe pour la chercher/ Une faiblesse car, si l’on est convaincu de la connaître on ne la cherche pas ? Pour penser : Une force puisqu’il faut être convaincu que la pensée (ou l’intelligence) est à-même de comprendre et connaître / Une faiblesse, si cette conviction nous conduit à ne plus penser parce que l’on saurait tout ? Pour être libre : Une force puisqu’il faut être convaincu des vertus de la tolérance pour respecter la liberté d’autrui / Une faiblesse, si cette conviction revient à tolérer l’intolérable qui empêche la liberté ? Pour agir efficacement : Une force puisqu’il faut être convaincu de l’utilité de son acte pour agir / Une faiblesse car nul ne saurait améliorer son efficacité s’il ne sait remettre en cause sa façon d’agir ? Pour dialoguer : Une force puisqu’il faut être convaincu pour dire (contrairement au sceptique qui dans le doute n’a rien à défendre) / Une faiblesse car, si l’on est convaincu de détenir la vérité on ne peut que monologuer ? Quoique non suffisantes, les convictions ne sont-elles pas nécessaires ? Si les convictions sont des forces nécessaires et ne sont donc pas condamnables… Comment sauraient-elles être suffisantes au point de nous arrêter de penser ? 11

Mais pourquoi voudrions nous savoir si nos convictions sont justes En guise de conclusion Non pas toutes les convictions, mais seulement celles qui sont fausses, ne sont-elles pas des prisons ? Mais pourquoi voudrions nous savoir si nos convictions sont justes si nous n’avons pas la conviction que la vérité existe et nous libère ? Mais comment pourrions nous identifier et combattre nos fausses convictions si nous ne doutons jamais ? S’il manque à la conviction la preuve, qui en ferait une certitude, ou même une possible vérification, qui en ferait un savoir, en quoi avoir des convictions pourrait-il me nuire si ça ne m’empêche pas de penser ni de chercher la vérité ?

Informations et documents sont disponibles sur : Prochaines réunions MDS Agde de 18h30 à 20h :   "Ethique" + synthèse saison 2017-2018 : mardi 12 juin "Créativité" : mardi 9 octobre "Idéologie" : mardi 13 novembre MAM Béziers de 18h30 à 20h : " Sans l’écriture, la pensée serait-elle perdante ? " mercredi 19 septembre Informations et documents sont disponibles sur : http://www.cafe-philo.eu/ 13