La rose du premier de l’an Louis Aragon La rose du premier de l’an Nanou et Stan
Connaissez-vous la rose-lune Connaissez-vous la rose-temps
L’autre ressemble autant à l’une Que le miroir de l’étang L’une et l’autre se reflétant
Connaissez-vous la rose -amère Faite de sel et de refus,
Celle qui fleurit sur la mer Entre le flux et le reflux Comme l’arc après qu’il a plu
La rose-songe et la rose-âme Par bottes au marché vendues
la rose-jeu la rose-gamme Celle des amours défendues Et la rose des pas perdus
Connaissez-vous la rose-crainte Connaissez-vous la rose-nuit, Toutes les deux qui semblent peintes
Comme à la lèvre est peint le bruit Comme à l’arbre est pendu le fruit
Toutes les roses que je chante Toutes les roses de mon choix
Toutes les roses que j’invente Je les vante en vain de ma voix
Devant la rose que je vois
Louis Aragon Nanou et Stan le 14/11/2018 Est un poète, romancier et journaliste, né probablement le 3 octobre 1897 à Neuilly-sur-Seine et mort le 24 décembre 1982 à Paris. Il est également connu pour son engagement et son soutien au Parti communiste français de 1930 jusqu'à sa mort. Avec André Breton, Paul Éluard, Philippe Soupault, il fut l'un des animateurs du dadaïsme parisien et du surréalisme. À partir de la fin des années 1950, nombre de ses poèmes ont été mis en musique et chantés (Jean Ferrat, Léo Ferré, etc.), contribuant à faire connaître son œuvre poétique. La première chanson tirée d'une œuvre d'Aragon date de 1953 : elle est composée et chantée par Georges Brassens et a pour paroles le poème paru dans La Diane française en 1944, Il n'y a pas d'amour heureux. Il signe une œuvre poétique plurielle, où la prose le dispute à la poésie à forme fixe, qu'il renouvelle. Après une première période très libre marquée par le surréalisme et ses jeux de langage, il retourne à une forme plus classique de poésie (vers mesurés et rimes), très inspirée par Guillaume Apollinaire, pour mieux rendre compte de la France (et de la résistance) à l'heure de la Seconde Guerre mondiale. Après guerre, l'aspect politique de sa poésie s'efface de plus en plus devant son aspect lyrique. Sans jamais renier ce retour au classicisme, il y intègre de plus en plus des formes plus libres, se rapprochant du surréalisme de ses débuts qu'il a toujours affirmé n'avoir jamais renié. Son œuvre romanesque épouse les contours de la production de son siècle (qu'il invente en partie), roman surréaliste, réaliste, puis nouveau roman. Son désir de roman ne s'est jamais démenti, malgré la méfiance de ses amis surréalistes (pour qui écrire une phrase romanesque du type La marquise sortit à cinq heures était la négation même de leur idéal littéraire par sa platitude), puis celle des communistes qui auraient voulu le voir exalter davantage le Parti (il a avoué avoir arrêté la rédaction de son roman Les Communistes quand de nombreux militants lui firent part de leur satisfaction à le voir faire enfin ce qu'ils attendaient de lui), sans parler de celle des critiques (notamment de droite) qui voyaient en lui le communiste avant de voir l'écrivain, chose qui le vexait. Poète majeur de la deuxième partie du XXe siècle, il a payé fort cher un engagement politique qui masque mal son influence et sa place primordiale dans la littérature française contemporaine. Certains de ses textes ont été popularisés par plusieurs compositeurs ou chanteurs qui n'étaient pas forcément en accord avec sa pensée politique comme Léo Ferré, Georges Brassens, Marc Ogeret, Jean Ferrat, etc. Nanou et Stan le 14/11/2018