Épistémologie de l’Histoire

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Leçon 3 : Les Hébreux, le peuple de la Bible
Advertisements

LA MÉTHODE HISTORIQUE Pour me joindre :
Chapitre 2 partie 1 Histoire et mémoire introduction
Mémoire histoire Et société. Partie 1
Présentation des nouveaux programmes en 5 ème. LES OBJECTIFS DE LA FIN DE LA SCOLARITÉ OBLIGATOIRE EN HISTOIRE (d’après l’introduction du programme de.
Le 11 novembre, c’est quoi? Le 11 novembre C’est un jour férié Chaque année, en France, le 11 novembre est un jour férié. Cela signifie que ce jour-là,
Introduction Le recyclage est pour nous tous en aucun cas la première chose a laquelle nous pensons quand nous voulons acheter un objet, mais pourtant.
LE LIEU OÙ J’HABITE. ● Les villages blancs ● J’habite dans un lieu appellé Les Villages Blancs, situé dans la province de Cadix, au sud de l’Espagne.
L'astronomie en Grèce antique : Les présocratiques.
L'enseignement de l'histoire à l'école primaire: approche épistémologique Cours No 5.
Introduction au programme de 5ème.. Document 1. La domination de l’Occident sur la planète commence au Moyen-âge. Ce que le lecteur tient entre les mains.
L’Esthétique Les Arts Littéraires
La Révolution française
MOZART Sommaire Qui est Mozart ? Sa vie, sa famille
CHAPITRE 3 Calcul numérique et puissances
D’où vient l’info ? Manon et Camille 16/03/2017.
Développer la pensée géographique et historique des élèves
Sujet : Enseigner la laïcité en classe de première
AP BD et Grande Guerre.
Chapitre 1 L’histoire et l’historien
Thème 3 « Les échelles de gouvernement »
Résistance des Matériaux
Révision HA 2016 Unité 1.
Les sources de l’histoire
Concepts Quels concepts peux-tu associer à cet événement? (avec justification et exemples précis)
Quelles traces d'une occupation ancienne du territoire français?
Je préfère le dire tout de suite : je trouve le message lié à cette activité assez difficile. Mais je le garde dans cette formation (C.f. le paragraphe.
Les concepts fondamentaux du managent
La Conclusion.
Les nouvelles pédagogies au XXe siècle
histoire et geographie cm
Président de l’Association
DES RESSOURCES LOCALES
Méthodologie de la recherche Programme du module.
La civilisation grecque
Histoire de France, le XVIIIe siècle
Introduction à la préservation IV
Introduction à la préservation V
Les sociétés amérindiennes
Pourquoi dit-on que Louis XIV est un roi absolu de droit divin?
Les gens dans l’enveloppe, Isabelle Monnin
Introduction à la préservation
La communion : questions/réponses
QU’EST-CE QUE LA LEXICOLOGIE ?
Critiquer un document Comment arriver à comprendre quelque chose que nous n’avons pas vécu, un fait du passé par exemple, sans témoignage? Si personne.
M. DI GIOVANNI M. PELLETIER Module SI 1
Le 11 novembre, c’est quoi?.
UQAM-Kiuna: un jumelage de la réconciliation
Option Histoire 4h.
Introduction.
Introduction à l’histoire du Canada
2.4 La loi de vitesse d’une réaction chimique
Le cadre noir de saumur.
B / « Vichy, un passé qui ne passe pas. »
Scénario pour situation 11 septembre 2001
INTÉRÊTS ET ENJEUX DIDACTIQUES DE L'EMPLOI DE L'IMAGE AU CYCLE 1
L’introduction d’un texte courant
Le film parfait Possible ou pas?.
Enseignement Scientifique
Enseignant et maître d'œuvre de l'acquisition par tous les élèves d'une culture de l'information et des médias Maître d'œuvre de l'organisation des ressources.
Utiliser le modèle log-linéaire pour mettre au jour la structure du lien entre les deux variables d’un tableau de contingence : un exemple d’application.
Les 6 aspects de la pensée historique
Le Jeu de rôles en histoire-géographie
Introduction et enjeux
Formation nouveaux programmes de lycée
Le Classicisme.
Mesure CM Les durées.
L’histoire en seconde Que vais-je étudier ?
Chapitre introductif en Histoire : La périodisation.
HISTOIRE INTRO - PÉRIODISER L’HISTOIRE
Transcription de la présentation:

Épistémologie de l’Histoire HISTOIRE & MÉMOIRE Épistémologie de l’Histoire

Qu’est-ce que la vérité en Histoire? ÉPISTÉMOLOGIE DE L’HISTOIRE Qu’est-ce que la vérité en Histoire?

Le souvenir des événements passés à d’abord été dévolu à la mémoire, et au récit oral. Le dépositaire de la mémoire n’est donc pas un historien mais un récitant. Exemple: Homère, avec les deux poèmes de l’Iliade et de l’Odyssée.

Les premiers historiens sont curieusement des historiens de leur propre temps: Thucydide et Hérodote posent les principes de la science historique, étude des faits passés vérifiés par des sources contradictoires, mais ils considèrent qu’on ne peut vraiment connaître que ce qui s’est réellement passé dans sa propre époque. Exemple: Thucydide, Histoire de la guerre contre les Péloponnésiens, Ve siècle av J.-C.

Il en résulte que les historiens sont d’abord des analystes critiques qui vérifient la véracité des souvenirs conservés par la mémoire.

On parle aujourd’hui pour cette étape historiographique de « l’histoire immédiate », elle ne se fait pas au travers d’un moyen (archives, traces archéologiques…) mais immédiatement auprès des témoins directs des événements.

La Renaissance voit l’émergence d’Historiens qui travaillent sur des archives: c’est « l’histoire médiate », elle se fait au travers d’un moyen (archives, traces archéologiques…). Exemple: Nicolas Machiavel, Histoire de la famille Médicis

En conséquence, les témoins des événements consignent et archivent leurs témoignages, afin de peser sur la manière dont les historiens jugeront de leurs actes et de leur temps. C’est l’âge d’or des mémorialistes. Exemple: Le duc de Saint-Simon, dont les Mémoires posthumes sont un témoignage acide du siècle de Louis XIV.

D’où l’idée intuitive que la vérité historique se situe à l’épicentre du triptyque Mémoire – Archives - Historiens. Cette vérité est dite « objective », elle existe et elle est saisissable. Une bonne méthode cartésienne et scientifique permet à l’historien de passer au crible les archives afin de déterminer la véracité des témoignages. L’histoire dit-on alors n’est pas vraiment une science, mais une méthode.

L’école historique française du XIXe siècle incarnée par Langlois et Seignobos est dite pour cette raison « école méthodique », elle a inspiré l’histoire dans les pays anglo-saxons, qui restent encore imprégnés de cette conception.

Cette conception de l’histoire est dite « positiviste », elle postule qu’il existe une vérité historique (« ce qui c’est réellement passé ») et qu’une méthode scientifique peut permettre d’accéder à cette vérité. C’est aujourd’hui une conception largement considérée comme « scientiste », c’est-à-dire qui émane d’une conception un peu naïve ou extrémiste d’une soit-disant toute puissance de la science.

En effet, les trois pôles de ce triptyque ne sont pas fixes. Leur place dans la relation dialectique qu’ils entretiennent entre eux est très variable.

La mémoire par exemple est changeante et multiforme: elle a aussi une importance différente dans le débat public en fonction de l’événement. Par exemple la mémoire d’un événement traumatique est plus difficile à contester pour les historiens parce que les témoins sont aussi des victimes. Dans le cas de catastrophes de grande ampleur (Génocide, guerre civile, guerres mondiales…) les témoins sont souvent organisés en « groupes porteurs de mémoires »

Les archives elles-mêmes constituent un fonds mouvant: on en retrouve, on en perd, certaines existent mais ne sont pas accessibles...

L’historien aussi rigoureux soit-il reste pour partie prisonnier d’une subjectivité qu’il hérite de son origine géographique et sociale, mais aussi du fait qu’il est lui-même le produit d’une histoire…

La vérité historique n’est donc plus un point d’intersection mais un champs d’intersections : elle était positive et absolue, elle est devenue relative.