Cartographie de la pauvreté : l’expérience du Burkina Faso Projet d’Appui au renforcement des capacités du Système statistique national (ARC-SSN) 9 ACP BK 06 UNION EUROPEENNE Cartographie de la pauvreté : l’expérience du Burkina Faso
La problématique Depuis 1994, le Burkina Faso a réalisé plusieurs enquêtes de suivi de la pauvreté. Ces enquêtes ont permis de caractériser, d’estimer et de bien comprendre l’évolution de la pauvreté dans le pays en général. Elles ont débouché sur l’élaboration de profils de pauvreté au niveau national et régional. Ainsi, la précarité des conditions de vie dans les premiers niveaux ne sont qu’une moyenne et ne permettent pas d’évaluer à leur juste valeur les situations réelles au niveaux (géographiques) plus fins. .
La problématique (suite) Disposer d’informations au niveau local doit donc permettre de lutter plus efficacement contre la pauvreté. La carte de la pauvreté constitue un instrument privilégié dans l’évaluation de l’état de la pauvreté à des niveaux de désagrégation plus fins : provinces et communes.
Qu’est-ce qu’une carte de pauvreté? Ce n’est pas necéssairement une “carte”, mais plutôt: Une base de données détaillée sur la pauvreté et les inégalités. La dimension peut être géographique, mais pas exclusivement.
Quelle est l’utilité d’une carte de pauvreté? Décentralisation (fiscale, prise de décisions et excution de projets au niveau de la communauté, …) ; Ciblage géographique des ressources et des interventions ; Eléments d’analyse pour la prise locale de décisions. Analyse des facteurs propices au développement au sein d’un pays.
Que cherche t-on en fin de compte? La problématique: 1. Une information détaillée sur les indicateurs socio-économiques qui proviennent des enquêtes par sondage. Mais l’échantillon est de taille limitée et la représentativité régionale. 2. Le recensement demeure la seule source d’information sur tous les habitants d’un pays. Mais le nombre d’indicateurs collectés y est limité : peu de données de type économique.
Que cherche t-on en fin de compte? (suite) Les options : 1. Augmenter la taille de l’échantillon de l’enquête. 2. Construire un index de bien-être à partir des indicateurs provenant du recensement. 3. Appliquer une méthodologie qui consiste à combiner les informations des enquêtes avec celles du recensement, en utilisant des techniques économétriques.
Que cherche t-on en fin de compte? (suite) L’option 1 “Augmenter la taille de l’échantillon de l’enquête” présente certains inconvénients : Coût élevé ; Durée de réalisation ; Risque quant à la qualité des données ; Difficultés quant à la comparabilité des résultats.
Que cherche t-on en fin de compte? (suite) L’option 2 “Construire un index de bien-être” pose également des problèmes : Arbitraire Peu accepté, ne remporte pas de consensus Ne se limite souvent qu’à une mesure de la pauvreté Difficile à interpréter (pauvreté = faibles revenus?)
Que cherche t-on en fin de compte? (suite) L’option 3 “Combiner les recensements et les enquêtes auprès des ménages est la meilleure. Elle offre les avantages suivants: Les estimations obtenues sont prêtes à l’emploi; La précision statistique est mesurable; Les premiers résultats sont encourageants; Cependant la méthode requiert un grand nombre de données.
Comment construire une carte de pauvreté ? Quelles sont les données requises ? Une enquête auprès des ménages de bonne qualité et un recensement exécutés pendant la même période. L’enquête auprès des ménages et le recensement doivent avoir en commun un certain nombre de variables (composition des ménages, scolarisation, accès aux services sociaux de base, emploi, etc.)
Comment construire une carte de pauvreté ? Trois étapes: Etape 1: identifier les variables en commun ; Etape 2 : estimer le modèle de consommation à partir des données de l’enquête auprès des ménages, en n’utilisant que les variables communes ; Etape 3 : appliquer ce modèle aux données du recensement, afin de prédire la consommation de chaque ménage et de déterminer des niveaux de pauvreté et d’inégalité.
Exemples de résultats : la pauvreté dans les villes du pays 4 indicateurs pour mesurer la pauvreté : L’incidence de la pauvreté (P0) représente la proportion de personnes (ou de ménages) pauvres dans l’ensemble de la population; La profondeur de la pauvreté (P1) est la distance moyenne qui sépare les personnes pauvres du seuil de pauvreté. Elle permet de déterminer le montant théorique des ressources nécessaires pour éliminer la pauvreté si on pouvait cibler chaque pauvre et ramener son niveau de dépense au seuil de pauvreté
Exemples de résultats : la pauvreté dans les villes du pays (suite) La sévérité de la pauvreté (P2), cette mesure tient surtout compte des inégalités entre les pauvres. La profondeur et la sévérité sont des mesures particulièrement importantes pour l'évaluation des programmes et des politiques. Un certain programme peut s'avérer efficace pour réduire le nombre de pauvres (l'incidence de la pauvreté) en améliorant uniquement le sort de ceux qui sont les plus proches de la ligne de pauvreté.
Exemples de résultats : la pauvreté dans les villes du pays (suite) D'autres interventions pourraient s'avérer mieux adaptées à la situation des couches les plus pauvres, mais leur impact serait plus faible sur l'incidence générale (si elles rapprochent les plus pauvres de la ligne de pauvreté sans toutefois leur permettre de la dépasser). Indice de Gini : Il s'agit d’une mesure de l'inégalité. Le coefficient varie entre 0, qui traduit une égalité complète, et 1, qui indique une inégalité totale.
Cartographie de la pauvreté: expérience du Burkina Faso. La pauvreté dans les villes Ouagadougou et Bobo Dioulasso ont les incidences de pauvreté les plus faibles (respectivement 12,2% et 11,9%) Réo ( 28% de pauvres) apparaît comme la ville la plus pauvre du pays, suivi de près par Gourcy (27%), Nouna (26%) et Poura (23,5 ) Koudougou, Ouahigouya et Gaoua présentent des inégalités élevées. L’indice de GINI dans ces villes se situe respectivement à 51,6, 51,4 et 51,2 16/02/2019 Cartographie de la pauvreté: expérience du Burkina Faso.
La pauvreté dans les arrondissements de Ouaga et Bobo La dépense annuelle moyenne des ménages dans les arrondissements de Ouagadougou est inférieure à celles des ménages des arrondissements de Bobo Dioulasso. Concernant la proportion de pauvres, la situation est quasiment la même dans tous les arrondissements (12% de pauvres environ). La commune de Dafra qui a l’incidence de pauvreté la plus faible est également celle dans laquelle l’inégalité est la plus prononcée
Quelles sont les applications d’une carte de pauvreté ? Une des utilisations possibles de la technique de cartographie de pauvreté est le ciblage. En ciblant les communes les plus pauvres, il est possible de rendre beaucoup plus efficace les différents programmes de lutte contre la pauvreté. Les résultats obtenus peuvent aussi être utilisés pour l’évaluation de différents programmes ou projets de lutte contre la pauvreté ou bien pour aider les chercheurs à mieux comprendre les relations entre la distribution de la pauvreté et différents phénomènes socio-économiques.
Conclusions et perspectives La construction d’une carte de pauvreté permet d’obtenir des indicateurs de pauvreté à des niveaux de désagrégation très fins. La méthodologie utilisée offre la possibilité de calculer une mesure de dispersion des différents indicateurs de pauvreté, et ainsi de donner une idée de la précision des taux de pauvreté calculés. Les données du RGPH 2006 et de l’Enquête intégrale, en cours de réalisation, permettront d’élaborer une carte de pauvreté plus actuelle.