DESC de Réanimation Médicale Hépatite Médicamenteuse

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Patients co infectés VIH + Hépatite C
Advertisements

ASTHME BRONCHIQUE L'asthme est une maladie chronique inflammatoire des voies aériennes. Cette inflammation:  -rend les voies aériennes sensibles (hyper.
Manifestations rhumatologiques au cours de l’hépatite virale C
Une hépatite aiguë sévère
Sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot)
Que faire devant un Foie Gras...
A. Daghfous, S. Felah, R. Ben Khélifa, M. Maarouf, L
DIAGNOSTIC DES HYPERFERRITINEMIES
LYMPHOME HODGKINIEN PULMONAIRE PRIMITIF
Diarrhées aigües infectieuses de l'immunocompétent
Les principaux effets secondaires des ARV
Définitions des états infectieux
Thrombopénie provoquée par l’héparine (HIT)
Comment interpréter les tests hépatiques
HEPATITES A VIRUS NON ALPHABETIQUES
PERICARDITES.
Abcès du foie Diagnostic et conduite à tenir
HEPATITES Hépatites virales Hépatites médicamenteuses
Cas Clinique N°1 Adolescent de 15 ans, bonne santé, sans médicaments.
1er épisode: 1986: Mr B… Homosexuel
QCM HAV 1 Quelles sont les propositions exactes?
Une femme de 27 ans, interne à l’hôpital,vaccinée contre l’hépatite B au collège, est victime d’un AES. Les sérologies pratiquées en urgence montrent.
HEPATITE C LA PRATIQUE EN VILLE.
Détection des Anticorps Anti-ADNnatif pour le Diagnostic du Lupus Erythémateux Systémique Étude Comparative de 7 Trousses de Dosage Immuno-enzymatique.
TUMEURS DU FOIE PRIMITIVES ET SECONDAIRES
1 Epidemiologie 2% par an chez les cirrhotiques
Foie et voies biliaires
LES CHOLANGITES AUTO- IMMUNES
Lithiase biliaire.
Dépistage de l’hépatite C
Hépatites B et C prise en charge en 2007
Perturbation aigue du taux des transaminases
Manifestations hépatiques et maladies inflammatoires de l’intestin
Cirrhose.
Cas clinique.
Cas clinique pancréatite chronique
Gastrites Aigues ou chroniques.
Myocardite chez le sportif Quelle prise en charge ?
Lhépatite C en médecine générale Morris Sherman, M.B., B. Ch., Ph. D., FRCP(C) Université de Toronto Janvier 2013.
Rubéole D Aussel.
Projet sur: L’hépatotoxicité Présrnté par: AYMEN BEN AMMAR.
LA MONONUCLEOSE INFECTIEUSE
Introduction Nombreux salariés exposés à des substances potentiellement hépatotoxiques Intoxications aiguës : rares Intoxications chroniques le plus souvent.
HEPATITES FULMINANTES
élaboré par : hejer aloui
IFSI Clermont décembre 2011
Hépatites auto-immunes : Critères diagnostiques Et prise en charge
NEPHRITE INTERSTITIELLE IMMUNO-ALLERGIQUE
Néphropathies tubulo-interstitielles
2010 Cours spécialisation en endoscopie Dr De Vaere
OBSERVATION N°1.
PATHOGENIE BACTERIENNE DES MALADIES PARODONTALES
Les hépatites d’étiologie virale
SEROPREVALENCE DE L’HEPATITE E EN TUNISIE
Epelboin L., Roussin C., Nicand E. Aubry P.
HEPATITES VIRALES.
Atteinte hépatique et anti TNF alpha
Module de thérapeutique
Syndrome de basse T3 en réanimation
LES DIARRHEES INFECTIEUSES
Les hépatites chroniques
Cirrhose du foie.
François VOILLET DESC Réanimation Médicale
Augmentation des transaminases et aptitude
Tumeurs du foie - cas cliniques - Pr. JP. ZARSKI - Septembre 2002
Sémiologie digestive médicale Hépatites virales
Virus de l’hépatite C. HCV - Généralités personnes infectées Infection avec % d’évolution vers la chronicité 20 % d’évolution vers la.
Melle B, 25 ans Sibylle Jammal HEGP-Médecine interne Février 2013 Paris V Sibylle Jammal HEGP-Médecine interne Février 2013 Paris V.
EFFETS INDESIRABLES DES MEDICAMENTS
CARCINOME HÉPATOCELLULAIRE RÉVÉLÉ PAR DES ABCÈS HÉPATIQUES (À PROPOS DE DEUX CAS) Kachkach.H, Aarab.M, Narjis.Y, Rabbani.K, Louzi.A, Benelkhaiat.R, Finech.B.
Transcription de la présentation:

DESC de Réanimation Médicale Hépatite Médicamenteuse Caroline Paricio Hépatite Médicamenteuse Février 2004

Introduction Le foie est le siège principal de la clairance des médicaments, de leur biotransformation et de leur excrétion. Les médicaments sont une cause importante et courante d’atteinte hépatique.

Introduction Perturbations non spécifiques légères jusqu’à la nécrose hépatique fulminante. Le plus souvent, inflammation aiguë et cholestase simulant respectivement l’hépatite virale et l’obstruction biliaire. D’autres types de maladies chroniques et aiguës surviennent aussi. La maladie hépatique médicamenteuse est donc complexe; elle a une symptomatologie changeante et peut imiter de nombreux autres troubles hépatiques.

Epidémiologie ± 1000 médicaments reconnus comme potentiellement hépatotoxiques. Ils provoquent rarement une atteinte hépatique : en effet, lorsqu'un médicament est responsable d'une toxicité hépatique chez plus d'un patient sur 100, il est retiré du marché. Fréquence d'hépatotoxicité ~ 1 / 10.000 à 100.000 patients.

Pathogenèse Obscure le plus souvent. Rarement, le médicament, ou l’un de ses métabolites, exerce une action toxique directe sur les membranes des cellules hépatiques (nécrose toxique). La lésion est alors prévisible et liée à la dose. Plus souvent, l’affection se produit de manière imprévisible chez un très petit nombre de personnes prenant le médicament; elle est indépendante de la dose (hépatite aiguë).

Pathogenèse Dans ces cas, on évoque une prédisposition génétique ou un métabolisme idiosyncrasique. On invoque souvent l’hypersensibilité immunitaire (signes de réaction allergique concomitante rares : éruption, arthralgies ou éosinophilie). La plupart du temps, les causes de la sensibilité individuelle sont inconnues et la pathogenèse précise de la lésion reste également obscure.

Hépatite Médicamenteuse Se qu’il faut connaître : - la plupart des médicaments sont métabolisés par le foie. - de très nombreux médicaments peuvent être hépatotoxiques. - les notions de toxicité médicamenteuse prévisible et imprévisible. - la définition de l'induction enzymatique.

Hépatite Médicamenteuse - la possibilité d'interactions médicamenteuses. - hépatites médicamenteuses cholestatiques, cytolytiques ou mixtes, ces dernières étant les plus fréquentes. - hépatites fulminantes de cause médicamenteuse. - médicaments fréquemment responsables d'hépatites cholestatiques, d'hépatites cytolytiques, d'hépatites chroniques actives et de cirrhoses.

Définition Lésion du foie secondaire à une intoxication par des médicaments. Deux variétés d’hépatite induites par les médicaments : - hépatites cytolitiques : nécrose des cellules hépatiques. - hépatites cholestatiques : gêne à l’élimination de la bile.

Clinique Variable, parfois asymptomatique. Simule l’hépatite aiguë virale. Ictère due à la cholestase. Anorexie, amaigrissement, Dl de l’hypochondre droit, asthénie, hyperthermie, vomissements, parfois manifestations allergiques.

Conduite à tenir Interrogatoire policier : rechercher tous les médicaments en cours de prise ou consommés au cours des derniers mais sans oublier ceux qui peuvent paraître anodins (phytothérapie, laxatifs, somnifères,... ). Si suspicion d’hépatite médicamenteuse : arrêt de tout traitement potentiellement hépatotoxique afin d'éviter la survenue d'une hépatite fulminante ou l'apparition progressive de lésions d'hépatite chronique avec le risque de cirrhose.

Conduite à tenir Rechercher des arguments en faveur de l’origine médicamenteuse : âge supérieur à 50 ans, forte consommation de médicaments, prise d'un médicament hépatotoxique, signes d'hypersensibilité (fièvre, arthralgies, éruption cutanée, hyperéosinophilie sanguine, thrombopénie immunoallergique ou anémie hémolytique). Évaluation des causes non-médicamenteuses.

Conduite à tenir Faire une analyse d'imputabilité pour chaque médicament et voir si des interactions médicamenteuses ont pu se produire :

Conduite à tenir Etudier le délai apparent de survenue de la réaction : Délai "suggestif" s'il s'est écoulé 5 à 90 jours depuis le début d'un premier traitement ou 1 à 15 jours depuis le début d'un énième traitement. Délai "compatible" s'il s'est écoulé moins de 5 jours ou plus de 90 jours après un premier traitement, plus de 15 jours après un énième traitement ou moins de 15 jours depuis la fin du traitement.

Conduite à tenir Examiner l'évolution de la réaction : Evolution "très suggestive"  si la baisse des ALAT est supérieure ou égale à 50% de sa valeur dans les 8 jours et en l'absence de nouvelle élévation de l'ALAT dans le mois suivant l'arrêt. En cas de réadministration du médicament suspecté la réponse est positive si l'activité de l'ALAT double au moins.

Conduite à tenir Parallèlement, éliminer d’autres causes d'hépatite : - rechercher des antécédents hépatobiliaires, un alcoolisme chronique, un contexte épidémiologique compatible avec une infection virale (toxicomanie, transfusion sanguine, intervention chirurgicale importante, séjour en zone d'endémie).

Conduite à tenir - éliminer une pathologie cardiovasculaire susceptible d'avoir engendré une anoxie hépatique (ECG, radiographie de thorax voire échographie cardiaque).

Conduite à tenir effectuer des sérologies à la recherche d'une infection virale : virus des hépatites A, B (et éventuellement D chez les porteurs chroniques de l'Ag HBs), C et CMV, herpès virus, EBV, HIV surtout s'il existe un contexte d'immunodépression. Il faut d'autre part refaire la sérologie 3 mois plus tard si la sérologie initiale était négative car les anticorps apparaissent de façon retardée.

Conduite à tenir - réaliser une échographie abdominale voire une écho-endoscopie ou une cholangiographie rétrograde endoscopique à la recherche d'une cause biliaire.

Conduite à tenir rechercher la présence d'anticorps anti-tissus (anti-mitochondries, anti-muscles lisses, anti-réticulum endoplasmique, anti-nucléaires) en faveur d'une maladie auto-immune. La situation peut être délicate car la présence de ces anticorps peut aussi bien être le marqueur d'une pathologie auto-immune qu'un signe d'immuno-allergie en cas d'atteinte médicamenteuse.

Hépatite Médicamenteuse La place de la ponction-biopsie hépatique (PBH) ? Non indispensable au diagnostic Nécrose hépatocytaire centro-lobulaire ou diffuse, associée à un infiltrat inflammatoire non spécifique touchant le lobule et les espaces portes. La présence de polynucléaires éosinophiles dans l'infiltrat oriente vers l'origine médicamenteuse. La PBH permet d’éliminer une hépatopathie non médicamenteuse.

Quand envisager la responsabilité d'un médicament devant une maladie aiguë du foie ? médicament connu pour être hépatotoxique; médicament nouvellement mis sur le marché; début de la prise du médicament de plus de 8 jours et de moins de 4 mois lorsque les manifestations hépatiques s’installent; - arrêt de la prise du médicament de moins de 15 jours lorsque les manifestations hépatiques s'installent;

Quand envisager la responsabilité d'un médicament devant une maladie aiguë du foie ? - reprise par inadvertance d'un médicament déjà pris et ayant été associé à des manifestations compatibles avec une hépatite dans le passé; - il s'y associe une éosinophilie, ou une éruption cutanée; - aucune des causes habituelles d'atteinte hépatique aiguë (virale, anoxique, vasculaire ou biliaire) n'est présente.

Prise en charge Arrêt du médicament incriminé. - Traitement symptomatique parfois jusqu’à la transplantation hépatique. - déclarer le cas au Centre de Pharmacovigilance. - remettre au patient une attestation écrite de l'hépatite médicamenteuse. - lui remettre la liste de tous les médicaments proscrits car contenant le produit responsable. - lui remettre une ordonnance pour un produit de substitution n'appartenant pas à la même famille chimique et donc peu susceptible de réaction croisée.

Pronostic Variable. Atteinte aigue : guérison avec le retrait du médicament incriminé. Parfois évolution de la nécrose aiguë grave vers la cicatrisation postnécrotique. Atteinte chronique : aggravation de l’inflammation et de l’affection hépatocellulaire cédant avec le retrait du médicament. La fibrose concomitante sera irréversible.

Conclusion La cause médicamenteuse doit rester présente à l'esprit dans toute atteinte hépatique. La quasi totalité des médicaments peut être hépatotoxique. La présomption se fonde sur un certain nombre de critères chronologiques et cliniques.