Religions amérindiennes 5. Les cultivateurs de l’Est : les iroquoiens 5.1 Introduction : codes culturels de base
Plan du cours L’Iroquoisie à la période de contact Pourquoi le passage à l’agriculture Organisation sociale système de parenté structures socio-politiques La guerre La femme Lectures recommandées :# 297, 303, 304, *306, 311, *313, 317, 327, 344, 353, 354, 356, 358, 359. Suggestion de visite : le site Droulers à Saint-Anicet (plus important village iroquois découvert au Québec, 15e et 16e siècles)
Iroquoisie à la période de contact Trigger, 1991, p.149 Désignations : Hurons - Wendat Iroquois - Ho-de-no-sau-nee Les populations vers 1625 (circa 120 villages) Hurons (5 nations) : 21 200p. Pétuns : 8 200 Neutres (5 nations) : 24 000 Wenros : 2 000 Ériés (3 nations) : 13 500 Iroquois (5 nations) : 22 100 Suskuehannock : 4 000 TOTAL : circa 95 000 personnes (max. 110 000) territoire grand comme l’Angleterre HURON origine populaire :terme inventé par les marins français pour désigner la coiffure capillaire singulière, la hure du sanglier terme français populaire désignant un ruffian ou homme rustique, par opposition aux indiens de la côte habitués aux blancs auto-nomination : WENDAT : Les Insulaires ou Habitants d’une péninsule. Renvoie à leur territoire ou à la cosmogonie qui les place au centre du monde sur le dos d’une tortue. Désigne leur Confédération IROQUOIS première mention par Champlain (1603), appris d’un Algonkien (Iroquois, prononcé irokwe) se généralise très vite chez les blancs avec plusieurs graphies, mais, aucune langue indienne n’a ce terme pour désigner un groupe iroquois au XVIIe s. on distingue Iroquois d’en-haut (Seneca, Cayuga, Onndaga,(Oneida), et Iro. d’en-bas (Agniers ()neida) après 1723, on parle maintenant des Six Nations (Tuscarora)
Le passage à l’agriculture Expérimentation agricole (1000-500 avant c.) Motifs pour passer à l’agriculture Négatifs chasse oblige à moins de travail chasse nourrit mieux chasse protège mieux des épidémies rentabilité aussi prévisible que l’agriculture positifs: Équilibre adaptatif rompu croissance de population rend hiver de chasse de + en + difficile développement de liens sociaux nés de la vie en groupe l’été Les groupes de chasse se regroupent en maisons longues croissance du pouvoir économique des femmes !000 ans avant le contact, population plus petite sans village ni agriculture 1000-500 : données archéologiques croissance continue de la population pas de rupture totale avec la chasse 500 a.c. : iroquoiens se distinguent régionalement par la poterie des femmes on étire les saisons au même endroit (points de pêche) Expérimentations agricoles en Ontario alternance grands groupes l’été, fragmentation l’hiver
Maison-longue : Lanoraie 1300-1400 traces de piquets foyers (7) Clermont et all., 1983, p. 30
Le village, l’économie VILLAGE Regroupement de maisons-longues : 30-150 maisons-longues Unités familiales abritant de 4 à 20 familles et + Chacune est d’abord un groupe social particulier, une unité de filiation, d’interaction et de coopération (chaque adulte a d^connaître plusieurs maison-longues durant sa vie) 30-150 maisons-longues par village Village palissadé ou non Chaque village déménage à tous les 12 ans environ pour que la communauté dispose d’une terre regénérée ÉCONOMIE De subsistance mixte à proportion variable selon le climat du lieu (3/4 agriculture chez les Hurons) Tous font de la chasse, de la pêche, la cueillette des fruits, le commerce (échange de maïs contre viande animale + cuir) et l’horticulture. Maïs, courges, haricots (les 3 sœurs), 120 jours de croissance nécessaires Femmes : des semailles à la transformation alimentaire, poterie Hommes : chasse, pêche, commerce, préparation initiale des champs (abattage, brulis, débroussaillage)
Système de parenté iroquois Toutes ces femmes sont désignées par le terme commun de «Grand-mère» (L'aînée est la matrone du segment de clan 1 la mère de l'épouse et ses soeurs mari d'un autre clan 2 l'épouse et ses soeurs *soeurs de mère = «mère» * frère de mère = «oncle»1 * frère de père = «père» * soeur de père =« tante»2 3 les enfants de l'épouse et ceux de ses soeurs * tous les gens de cette génération s'appellent entre- eux «frères», «soeurs» et non« cousin», «cousine» 4 Matrilinéarité et Uxorilocalité «Norme générale souffrant exceptions, compromis, aménagements Un individu était du lignage de sa mère et les gendres sortent le plus souvent d’unités résidentielles différentes de sorte qu’une même maison-longue devenait généralement le havre d’une ou plusieurs lignées maternelles apparentées, abritant des femmes étroitement liées génétiquement et des hommes de plusieurs origines se réclamant d’autres lignées maternelles» BARRé..1978, P.46 les enfants des filles de l'épouse *Appelés par 2 indistincte- ment, «petits-fils», «petites- files» 5 les enfants des filles des filles de l'épouse 1. un d'entre-eux peut être chef de clan ou de segm. 2. elle peut demander à un neveu d'organiser un raid (d'après Fenton, 1978)
Structures sociales iroquoiennes 1 niveau 1. Le foyer (femme-homme) lignage maternel (segments de clan) suite héréditaire par les mères qui remonte à une grande-maison d'origine Une grande-maison regroupe plusieurs foyers de soeurs, de mères de soeurs (et de filles de soeurs) sous la direction d'une matrone. Les cousines maternelles s'appellent des soeurs. Les soeurs demandent aux neveux de conduire des raids guerriers Clan (fiction légale et non biologique composée de 2 ou + lignages exogamie stricte 2 chefs par clan -paix : héréditaire désigné -guerre : selon valeur
Structures sociales iroquoiennes 2 niveau 2. Le village dirigé par Conseil des chefs de segments de clan Sa paix guerre Sb Sc Sa Sb Sc Sn Anciens Sages Chef de village conseil du village
Structures sociales iroquoiennes 3 niveau 3. La tribu ou nation Conseil des chefs de paix de tous les villages (niveau 2). Un chef est reconnu comme porte-parole apte à signer les traités. Pas de droit d'intervention dans les affaires internes des villages. Chefs de clan Conseil de la nation ou tribu
Structures sociales iroquoiennes 4 niveau 4. La confédération Conseil composé de tous les chefs de paix des conseils des tribus ou nations (niveau 3) chefs clans nation a nation b nation c nation d nation e Conseil de confédération
La confédération des 5 nations FRÈRES PLUS JEUNES (AGNIERS) CANIENGA MOHAWK OUEST SENECA CAYUGA ONONDAGA ONEIDA EST FRÈRES AINÉS CONSEIL DE LA LIGUE 8 MEMBRES 10 MEMBRES 14 MEMBRES 9 MEMBRES 9 MEMBRES CLANS Fonctions d'autorité Tortue : 3 ch Loup : 3 ch Chefs de la paix: siègent au Conseil des Anciens du village; élus par les femmes de leurs familles, avec succession matrilinéaire du titre; candidats sont d'âge moyen, de bonne réputation guerrière et renoncent au sentier de la guerre en devenant responsables du feu du Conseil. Poste plus prestigieux. Cérémonie de condoléances à la mort Moité A Ours : 3 ch Moité B Chef du pin: honneur et fonction accordés à un homme au mérite exceptionnel; fonction cesse avec la mort du porteur; orateurs au Conseil; parle pour les femmes; ambassadeur (ce rôle amène les européens à les confondre avec les vrais chefs) Chef de guerre : rôle et statut liés aux prouesses individuelles; nombre illimité; tendance à avoir un no 1 par famille
La guerre Hommes : la guerre est l’activité la plus valorisée? Et la chasse, et le commerce ? Hypothèse de Viau (2000) : la guerre de capture « un rituel destiné à apprivoiser la mort ayant déclenché un déséquilibre social ou spirituel » p. 43 Initiateurs : décision collective ou vendetta privée Ritualisation : tout est inséré dans un ensemble rituel Remplacement d’un guerrier : responsabilité famille père «Dieu de la guerre» : Agreskoué Image tirée de La chaîne d’alliance, p.88 (P. Rindisbacher, 1815, Wisconsin) Hommes : Dépense colossale d’énergie : entraînement, préparatifs, voyages Plus de pertes de vie que de captifs ramenés à partir de circa 1615, il y avait plus de mâles étrangers dans les villages iroquois que de captifs Initiateurs : -soit une décision des chefs de paix et des anciens au Conseil : pouvoir de persuasion pour amener la paix soit une vendetta individuelle d’un jeune guerrier en quête de gloire, sans appui du Conseil Ritualisation L’ensemble de l’exercice guerrier se conforme à une forme ritualisée qui engage le jeune guerrier dans un cycle dont il ne sort que par la capture, la mort ou le passage au statut d’ancien Agreskoué :on le prie au départ, on lui sacrifie des captifs Divinité guerrière, soleil prédateur, on le reconnaissait avant tout comme le Maître de la vie et le « grand géni du Païs »(Relations) Le Chef de guerre lui demandait notamment de protéger ses compagnons d’arme afin qu’ils reviennent de leur équipée sains et saufs. (Viau, 2000, 90-91)
La femme Pas un matriarcat Complexité du rôle matrilinéarité et uxorilocalité, mais pas de statut supérieur (cf. Héritier, Françoise, Masculin/féminin. La pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 332 p.) Complexité du rôle Transformation de la nature en culture grains : épis et aliments peaux : vêtements argile : vases enfants : possession, identité clanique, négociat. mariage chef potentiel : nomination et destitution des chef réels Place centrale d’Aataensic dans le mythe d’origine