Petit village pour Grand Site de Midi-Pyrénées Petit village pour Grand Site de Midi-Pyrénées... Au cœur de la vallée du Lot, cette étape incontournable des Chemins de Saint-Jacques recèle bien des trésors : autour des maisons à colombages, l’abbatiale Sainte-Foy des XI et XIIe siècles, ses 250 chapiteaux, ses vitraux contemporains de Pierre Soulages et son tympan aux 124 personnages sculptés dans la représentation du Jugement Dernier, mais aussi le trésor, celui de Sainte-Foy, reliquaire recouvert d’or et de pierres précieuses...
Le nom de Conques vient du site en forme de coquille échancrée par le torrent de l'Ouche et dominant la vallée du Dourdou. L'abbaye de Conques se développa surtout à partir de l'arrivée des reliques de Sainte Foy, jeune martyre d'Agen au Ve siècle. Conques était un grand centre de pèlerinages et une des principales villes-étapes sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, la via Podensis passant par le Puy-en-Velay. Le monastère de Sainte-Foy atteignit son apogée au début du XIIe siècle, sous l'abbatiat de Begon III (1087-1107).
Le bourg de Conques est venu peu à peu se greffer autour de l’abbatiale et du monastère, véritable poumon économique de la région au Moyen-Âge. Avec ses ruelles étroites et escarpées, ses nombreuses fontaines, son pont pavé, ses vestiges de remparts et ses porte fortifiées, ses maisons médiévales en lauzes, schistes ou grès, Conques est un vrai musée.
L'abbatiale Sainte-Foy, incontestable chef-d'œuvre de l'art roman, est l'œuvre des moines de Conques qui avaient acquis une solide réputation de bâtisseurs. Elle est le type parfait des églises dites des routes du pèlerinage. Une richesse spirituelle est à l'origine de ce chef d'œuvre : les restes d'une enfant martyre, ici apportés à la fin du IXème siècle et vénérés avec cette intensité de ferveur qui caractérise la dévotion populaire du haut Moyen Age pour le culte des reliques. L'architecture de l'abbatiale, éminemment fonctionnelle, ne peut que satisfaire l'esprit. Dans sa conception, elle répondait en effet à un double impératif : recevoir la masse des pèlerins qui affluaient vers Conques, et permettre à une communauté de moines dont l'effectif n'avait probablement pas cessé de grossir, de s'assembler pour les offices divins sept fois par jour. Ainsi Sainte-Foy a-t-elle été pensée à la fois comme un sanctuaire de pèlerinage et comme une abbatiale. Pour les habitants de la ville, on avait élevé une église paroissiale distincte dédiée à Saint-Thomas de Cantorbéry, dont il ne subsiste plus que quelques contreforts engagés dans le mur de soutènement de la place Chirac.
Le tympan de Conques est consacré au Jugement Dernier Le tympan de Conques est consacré au Jugement Dernier. Il date du XIIe siècle et se trouvait à l'origine à l'intérieur de l'église. Il n'a été placé à l'extérieur qu'au XVe siècle. Ceci explique qu'il reste quelques traces de polychromie. Il est large de 6,73 m, haut de 3,63 m et compte 124 personnages. Le Christ dans sa mandorle : il mesure 1,16 m de haut. Il lève le bras droit pour accueillir les élus dans le paradis, dans la paix et l’harmonie et baisse la main gauche pour désigner l'enfer dans la violence et le désordre aux damnés.
C'est l'accueil et la circulation des foules qui ont déterminé la structure de l'abbatiale. Les bas-côtés qui encadrent la nef, canalisent les pèlerins en direction du déambulatoire dont le demi-cercle entoure le chœur, lieu d'exposition de la statue de sainte Foy et des divers reliquaires. La nef et les deux bras du transept, aux dimensions généreuses, sont capables de contenir des centaines de fidèles et permettent à tous de voir le prêtre en train d'officier au maître-autel, alors implanté à l'intersection des deux axes perpendiculaires, sous la coupole. En cas d'affluence exceptionnelle, on pouvait encore utiliser les vastes tribunes ajourées d'arcades géminées.
Le déambulatoire. Sanctuaire et abbatial à la fois, l’édifice devait pouvoir recevoir de nombreux pèlerins et permettre leur cheminement, tout en garantissant aux moines prières, silence et clôture. Le chemin de circulation des pèlerins commence dans la nef et ses bas-côtés, puis continue dans le déambulatoire qui encercle le chœur. Siège de la communauté des moines, le chœur contenait au Moyen-Âge les reliques. Les pèlerins pouvaient ainsi s’en approcher et se recueillir. Quatre grilles de ferronneries romanes, fabriquées d’après le « Livre des miracles de Sainte Foy » avec les fers des prisonniers libérés par la sainte, délimitent en spirales et arabesques les deux espaces.
Autour du sanctuaire, les magnifiques grilles romanes, faites d'enroulements de fer forgé et terminées à près de trois mètres de haut par des pointes acérées, assuraient la protection des reliquaires contre toutes les convoitises. Derrière elles, les pèlerins se trouvaient cantonnés dans le déambulatoire où ils disposaient de bancs de pierre pour se reposer des fatigues de la longue route.
La coupole romane de la tour lanterne, lancée trop hardiment au-dessus de la croisée du transept, s'effondra à une date inconnue. Les travaux de consolidation réalisés, il y a une vingtaine d'années, par les architectes des Monuments Historiques ont permis une meilleure connaissance de cette partie de l'édifice, de ses vicissitudes et de ses transformations. Ainsi la faiblesse des trompes d'angles, destinées à assurer le passage du carré à l'octogone, serait responsable du désastre. La coupole fut remontée au cours des dernières décennies du XVe siècle, en utilisant, pour son voûtement, les techniques de l'architecture gothique.
Le chœur. Les richesses de l’abbatiale et les reliques très populaires au Moyen-Âge, étaient disposées dans le chœur. Espace réservé à la communauté des moines, le chœur était clos au XIe siècle, avec la présence d’un jubé et de murs de clôture. Au-dessus du chœur, la croisée des transepts, la tour lanterne a été refaite au XVe siècle.
Depuis 1994, l'abbatiale de Conques est dotée de verrières conçues par le peintre Pierre Soulages né en 1919 à Rodez. Le matériau utilisé par l'artiste - un verre non coloré, translucide et qui respecte, tout en les modulant, les variations de la lumière naturelle - suggère, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'édifice, une continuité de surface assez exceptionnelle entre murs et fenêtres. A sa manière, le tracé des barlotières et des plombs participe à l'organisation plastique d'une œuvre qui s'inscrit parmi les réalisations les plus originales de l'art contemporain.
C’est en déblayant - à l’initiative de Prosper Mérimée, alors inspecteur des monuments historiques - le côté nord et le chevet que les eaux pluviales et l'humidité dégradaient qu'on a trouvé les sarcophages, peu intéressants d'ailleurs, qui sont aujourd'hui rangés le long du mur. A droite, l'hôtellerie de l'abbaye reçoit toute l'année les pèlerins sur le chemin de Compostelle et des hôtes en quête de silence, de prière et de beauté.
L’aire du cloitre a été rétablie en 1972 L’aire du cloitre a été rétablie en 1972. Autrefois complètement clos, détruit en partie, le cloitre garde des vestiges du Moyen-Âge avec arcades et chapiteaux. Un bâtiment élevé en 1911 contient aujourd’hui le trésor des reliques. Le bassin de serpentine. Le grand bassin claustral a été remonté et restauré à partir d'éléments démontés au moment de la démolition du cloître. Par l'originalité de la pierre utilisée, une serpentine de coloration vert foncé, comme par la beauté de son ordonnance et de son décor sculpté, ce bassin, malheureusement privé de sa vasque centrale, représente un monument sans équivalent connu dans tout l'art monastique.
Conques a aussi le privilège de conserver ses fontaines datant de l'époque romane, toutes conçues sur le même modèle. L'eau de source captée par une canalisation de pierre se déverse dans un réservoir souterrain maçonné et couvert d'une voûte en berceau ; l'accès se fait sur la rue par une ouverture en plein cintre. Au XIIe siècle, le Guide des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle signalait ainsi la fontaine du Plô en contrebas de la place de l'église : « Devant la porte de la basilique coule une source excellente dont les vertus sont plus admirables encore qu'on ne peut le dire ». Son réservoir s'enfonce sous le sol de la place jusqu'à hauteur du portail de l'abbatiale.
Château d’Humières (au milieu). Construit par la famille du même nom, le château d’Humières représente un magnifique exemple d’architecture civile des XVe et XVIe siècles.
Maison en haut de la rue du château avec de magnifiques colombages en forme de rampes d’escalier.
La porte de la Vinzelle est de style roman La porte de la Vinzelle est de style roman. Les pèlerins l'empruntaient en quittant Conques pour gagner le village de la Vinzelle dans la vallée du Lot, puis Figeac et Cahors.
L'originalité de Conques réside aussi dans ses façades à colombages, édifiées selon une même technique, depuis le XVe siècle au moins jusqu'aux environs de 1900 : des pans de bois disposés en oblique ou en X avec un remplissage de schiste. Les plus belles façades ont deux étages en encorbellement, supportées par des poutres aux têtes taillées en console.
Chapelle Saint Roch. Perchée sur son éperon rocheux et autrefois placée sous le vocable de Notre-Dame, la chapelle Saint Roch rappelle l’existence jadis en ces lieux du château primitif de Conques. Dans son gros œuvre, l’édifice actuel date du XVe siècle, mais la sacristie accolée plus ancienne subsiste, caractérisée par une maçonnerie dite “en arête de poisson”. A noter l’existence, sous la chapelle, d’une curieuse cavité creusée à même le rocher, abritant deux bassins. De cette plate-forme naturelle, l’on découvre un magnifique panorama sur le village de Conques, étagé sur la pente.